Hongrie – Portugal : Se faire dépuceler par Scarlett Johansson

Le privilège du rédac chef, c’est de refiler Pologne-Ukraine aux copains, et de se garder ce genre de match. Putain quel pied ! Le gamin qui découvre le football sur ce match, c’est comme s’il s’était fait dépuceler par Scarlett Johansson (et que ça avait duré 70 minutes, respect éternel).

Le résumé.

Il aura fallu attendre le 33ème match de cet Euro pour enfin vivre 70 minutes de folie. Non seulement les joueurs se sont donnés comme des cinglés, mais en plus le scénariste avait un talent fou, avec la Hongrie qui plantait des goals improbables chaque fois qu’on pensait qu’ils allaient couler. Il y a des champions de billard à trois bandes qui rougiraient de la trajectoire de la balle sur le dernier but hongrois, mais rien que pour voir la tronche de CriCri à ce moment-là, ça valait le coup.

L’homme du match.

Comme footballeur, je le place comme tout le monde aisément dans les 10 plus forts du moment. Par contre, au sujet de l’image qu’il donne de lui, je laisse la parole à un confrère :

« Et n’oublions pas Cristiano Ronaldo, non pas un être humain mais une monstrueuse verrue génitale. Il devrait y avoir une pommade contre ça. Je pourrais gifler ce type pendant des heures. Ça me ferait une pratique sportive. Il me semble que mon pied a été inventé pour lui botter le cul. (Mais je ne connais pas ses sentiments à mon égard.) » Robert McLiam Wilson in Charlie Hebdo du 15 juin 2016.

Tout est là. En fait ce gars doit arrêter de faire autre chose que du foot. Ne jamais parler, ne jamais donner son avis, ne jamais faire autre chose que des Madjer. Parce que que ce soit clair : aujourd’hui tu es derrière l’Islande. Alors tu fermes ta gueule.

La buse du match.

Les secundos supporters portugais. Les gars ils tombent dans un groupe avec, tenez-vous bien, l’Islande, la Hongrie et l’Autriche, ils démoulent trois matches nuls à la con et ils s’en vont klaxonner dans nos rues comme s’ils étaient champions du monde. C’est bien, c’est une bonne preuve d’intégration. Ça me rappelle l’époque Wolfisberg/Jeandupeux, où l’on se satisfaisait de défaites honorables contre la Tchécoslovaquie. A noter qu’ils ont été rejoints tard dans la nuit par des Pioums qui ont carrément fêté la défaite contre l’Irlande.

Le tournant du match.

A la 70ème, lorsque les Hongrois ont arrêté de jouer. Les gars, complètement cramés, décident de solder la fin de match et je n’arrive même pas à leur en vouloir. Franchement après le spectacle proposé (on parle de la Hongrie hein ! Pas du Brésil de Pelé en 1970), je pardonne le changement de rythme. Et déjà, après ce match de fous, je redoute de voir le suivant, forcément moins bien. Ça va être comme s’immerger pendant 4 heures dans les graphismes incroyables du dernier Uncharted sur la PS4, puis se balader à Yverdon.

Le geste technique du match.

La Madjer de CR7 sur le deuxième but. En images, s’il vous plaît :

Le geste pourri du match.

La blanchisseuse de Kiraly qui, match après match, lave son bas de pyjama et lui rend sa belle couleur gris-souris-écrasée-sur –la-route-avec-taches-d’herbe-sur-les-genoux-parce-que-là-on-peut-rien-faire. Franchement, son training ne passerait pas un contrôle à la Blécherette. Mais je l’ai bien observé, et je sais pourquoi je le trouve sympathique : il a quand même un petit air de Pino Varquez avec les vétés.

Ce match m’a fait penser à…

Le hongrois est une langue de la branche finno-ougrienne des langues ouraliennes, dont les autres membres sont le finnois et l’estonien. Autant dire que le gars qui se lance dans la vie active en comptant sur le fait qu’il est bilingue rhéto-romanche / hongrois est assez mal barré. Comment voulez-vous communiquer avec ces gens ? Leur pays se nomme la Hongrie, et eux ils prononcent cela Magyarország, c’est idiot. Chez eux, Kocsis c’est une légende du football, chez nous c’est un petit os près du trou du cul. C’est perdu d’avance.

L’anecdote.

La Hongrie a été une des plus grandes équipes du monde, dans les années 50. Annoncer cela à un jeune qui s’intéresse au foot aujourd’hui (à une époque où le simple fait de consulter le Teletext te classe parmi les fossiles), c’est aussi incongru pour lui que de lui rappeler que Moutier a joué en LNA ou que Sion a été un jour une équipe formatrice.

La minute Pierre-Alain Dupuis.

Notre ami Rinaldi s’est planté durant tout le match quand il s’agissait d’annoncer qui serait le meilleur troisième. Je le renvoie à sa calculette. Mais ce qui m’a fait le plus sourire, c’est le fait qu’il ait adapté la prononciation des noms des joueurs hongrois suite  à un mail reçu d’un supporter de là-bas. Un mail, un seul, et il l’a fait ! Franchement, il faut tenter le truc avec notre huitième de finale contre la Pologne, il doit y avoir moyen de lui faire croire que Grosicki se prononce Grozizi.

Le tweet à la con.

La rétrospective du prochain match.

Contre la Croatie, Cristiano retombe dans ses vieux travers, touche quatre poteaux, trois lattes, rate deux pénos, plante un autogoal avant de se faire sortir par son entraîneur, sortie à l’occasion de laquelle il rate le banc et se fracture le Kocsis, en hommage.

La Hongrie est tellement surprise d’être en huitième qu’elle oublie de se présenter au stade et la Belgique gagne 3-0 par forfait.

A propos Yves Martin 247 Articles
Cette Nati a deux vertus : celle de faire rêver quasi tout son peuple, et celle d'emmerder les connards de la fachosphère. Longue vie à elle.

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