La passion…

Qu’est-ce qui peut bien pousser un gars comme Michael Schumacher à revenir, à 41 ans ? Lui qui a tout réussi, tout gagné, qui est le champion des champions, l’idole des idoles, la star des stars, la référence absolue sur quatre roues ? Qu’a-t-il à gagner ? De l’argent en tout cas pas si l’on songe que son salaire ne représentera même pas les intérêts de sa fortune s’il la plaçait sur un compte Campus à l’UBS.

De la gloire il ne doit plus vraiment en avoir besoin vu son palmarès et son absence complète d’esprit «people». Non, ce qui manque à Schumi, c’est ce délicieux stress de la compétition, cette euphorie lorsqu’on gagne, cette frustration lorsqu’on perd, cette enivrante dose quotidienne d’adrénaline qui fait que les champions comme lui s’emmerdent loin de toute cette folie ! Mais toute cette folie s’emmerde aussi sans eux, et ce n’est pas un hasard si depuis son départ la F1 se cherche une nouvelle identité à coup de nouveaux règlements absurdes et de procès sans fin.
 
Schumi, c’est l’histoire d’un surdoué stakhanoviste, d’un homme avide de défis et perfectionniste. Un perfectionniste extrême. Et c’est sans doute ça qui l’a aussi poussé à revenir. Depuis 3 ans, la F1 était encore plus perfectible qu’avant : Schumi n’était plus là.En 1994, pour rappel, Senna nous quittait dans des circonstances tragiques, ce qui l’a propulsé au rang de légende. Mais avant cette accident, c’est bel et bien le jeune Michael Schumacher qui dominait le début de saison, lui qui avait remporté les deux premiers GP sur une voiture alors encore moins performante que celle du Brésilien. Alors que la FIA avait tout tenté pour l’en empêcher, Schumi remporte son premier titre au terme du dernier GP de cette saison, sur un geste assez anti-sportif sur Damon Hill. Il retentera une manœuvre du même genre sur Villeneuve en 1997 mais en vain cette fois. Certains aiment se souvenir uniquement de ce côté mauvais perdant (il a refait un coup fourbe en calant à Monaco en 2006), mais tous les plus grands ont leurs écarts de conduite, même Federer lorsqu’il parle de Murray, lorsqu’il chiale comme un bébé après sa défaite en finale de l’Australian Open ou lors de son speech après son triomphe à Wimbledon en 2009 (sans parler de son mariage avec Mirka). Même Dieu laisse faire des guerres et des gens crever du cancer… Et ne venez pas nous bassiner avec vos belles thèses sur le fair-play, la plupart d’entre vous sont fans de foot.

Schumi remporte encore le titre en 1995 en survolant littéralement le championnat. Mais il lui fallait un nouveau défi, sans Senna, c’était trop facile. Alors l’homme décide de s’attaquer à une montagne : ramener Ferrari au sommet, après une longue période de disette. Et c’est dans ces années que l’Allemand a vraiment bâti sa légende : il n’a jamais rien relâché, il a su garder ses troupes motivées, pour passer du fond du gouffre au statut de rouleau compresseur, avec cinq titres consécutifs, de 2000 à 2004, exploit jamais réalisé.
En 2006, le «Baron Rouge» se retire, battu deux années de suite par Alonso. Mais une chose est claire : les deux ne sont pas de la même  trempe : Alonso démarre une campagne de destruction dans la presse espagnole contre le pauvre mécano qui a mal serré sa roue, et Schumi qui perd le titre suite à une casse moteur à l’avant dernière course de 2006 prend le temps d’aller remercier et serrer la main de chacun de ses mécanos après cet incident. Il combinait talent, connaissances techniques, détermination et a toujours été respecté, apprécié et même souvent admiré par ceux qui ont travaillé avec lui. La marque des plus grands. Mais Schumi aura donc pris sa retraite sur une défaite. C’était alors presque évident qu’il reviendrait.
Il a tout à perdre, mais la passion est plus forte que tout. La course c’est sa vie ! Au mieux il sera champion du monde une 8ème fois et deviendra l’un des pilotes à avoir marqué l’ère post-Schumi. Au pire, il donnera une valeur inestimable aux victoires de ses futurs adversaires puisqu’ils auront réussi à battre Schumacher. Une chose est sûre, comme les plus grands artistes, il ne sera compris de tous qu’après sa mort, et on ne peut que lui souhaiter d’avoir une mort à sa mesure, en faisant ce pourquoi il vit et a toujours vécu : comme Jochen Rindt en 1970, sacré champion du monde à titre posthume. Et la FIA n’aura plus qu’à retirer à jamais le numéro 1 de la grille de départ, pour rendre définitivement à Schumi ce qui lui appartient : le statut de roi absolu de la Formule 1.
Welcome back !

Écrit par Sébastien Junod

Commentaires Facebook

4 Commentaires

  1. A mon avis, il n’a strictement rien à perdre. Soit il gagne et c’est fabuleux. Soit il perd et ce sera la voiture, l’âge, la blessure à la nuque et compagnie.

    Et les voitures seront tellement différentes que c’est presque un autre sport qu’il va découvrir.

    Juste un regret: il n’est pas revenu sur une Ferrari. Et ça, ça fait mal.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.