Du remplissage bien gentillet

Plus ou moins assuré de sa deuxième place au classement, le Borussia Dortmund n’a plus grand-chose à jouer en Bundesliga et n’a donc plus d’autres objectifs que de se faire plaisir et de faire plaisir à son fidèle public. Nonobstant une victoire sans histoire, le but n’a pas vraiment été atteint samedi au Westfalenstadion contre Mainz. Pour être franc, on s’est un peu ennuyés.

Lors des deux saisons écoulées, à cette période de l’année, le Borussia Dortmund était à la recherche des derniers points nécessaires à la conquête du titre de champion d’Allemagne. On abordait donc tous les matchs dans un état d’excitation fébrile avec beaucoup de stress et de tension. Il en va bien différemment cette année. Il est désormais plus ou moins acquis que le Borussia terminera cette Bundesliga 2012-2013 à la deuxième place et cette fin de championnat s’apparente à du remplissage. Du coup, on arrive au match détendus dans une perspective purement hédoniste, on a tout loisir de prendre le soleil qui illumine enfin la Ruhr sur les terrasses ou dans les Biergarten et éventuellement, si affinités, profiter du spectacle et savourer une victoire de notre équipe favorite. Cela manque un peu de sel et d’exaltation mais cela n’empêche pas les quelques 80’000 places du Westfalenstadion de s’arracher chaque week-end en quelques minutes. Il faut plus qu’un enjeu tout relatif et des adversaires pas trop attractifs pour faire bouder le peuple jaune et noir.

Gentil, joli

Traditionnellement, les matchs entre Dortmund et Mainz débouchent toujours sur des duels acharnés. Les deux clubs ont noué une relation particulière du fait du très long bail passé par Jürgen Klopp comme joueur puis entraîneur du Karnevalsverein avant de devenir l’entraîneur à succès du BVB. Et puis les deux formations pratiquent un football similaire, basé sur un pressing intense et un jeu très vertical. Mais le match de samedi fut bien moins engagé que les duels dortmundo-mayencennois des dernières saisons ou du 1er tour. Pourtant, malgré la proximité du match de Ligue des Champions, Jürgen Klopp avait renoncé au turnover et aligné sa meilleure équipe, plus ou moins celle qui devrait débuter contre le Réal Madrid, à l’exception peut-être de Kehl ou Bender pour remplacer Sahin. Mais manifestement, les esprits étaient déjà tournés vers le choc contre les Merengue et les Pöhler se sont contentés du service minimum.

32 secondes

Le scénario du match n’a guère contribué à exalter les foules puisque tout a été plus moins plié après trente-deux secondes de jeu. Sur une ouverture de Mats Hummels, le gardien Paul Wetklo se troue devant cette Südtribüne qui le déteste tant et Marco Reus n’a plus qu’à marquer dans le but vide. Logique, le transfuge de Mönchengladbach marque le 75% de ses buts dans le premier quart d’heure. C’est en vain que l’on a attendu la réaction d’une équipe de Mainz décimée par les blessures et la méforme de son buteur Szalai. De tout le match, la seule alerte pour le BVB viendra d’un tacle de Mats Hummels qui n’était pas loin de la faute de dernier recours, le genre de geste à éviter à tout prix contre le Real. Mais sinon, la défense dortmundoise a passé un après–midi très tranquille contre un adversaire bien timoré.

Et de douze…

Entre un Dortmund qui ne voulait pas et un Mainz qui ne pouvait pas, la partie n’a pas atteint des sommets. Même l’ambiance du Westfalenstadion a tranquillement ronronné. Le Borussia n’aurait pas dû attendre les dernières minutes pour se mettre à l’abri mais le dernier geste manquait de conviction. Wetklo sauve devant Reus et Subotic, Lewandowski, Schmelzer ou Reus ne cadrent pas leur frappe, alors que Svensson sauve sur sa ligne devant Hummels. Mais on savait que ce deuxième but allait finir par tomber puisque, depuis douze rencontres, Robert Lewandowski marque au moins un goal à chaque match de Buli. Cette fois-ci, le Polonais a dû attendre la 87e pour trouver la faille au sortir d’une magnifique triangulation avec Moritz Leitner et Lukasz Piszczek. 2-0 score logique pour un match que ne nous laissera pas un souvenir impérissable, même si l’on a finalement pas mal fêté cette victoire. Et, à la limite, si on peut revivre un match aussi moyen contre le Real avec le même résultat au bout, on est preneurs. Mais a priori, cela s’annonce un petit plus compliqué.

Folie partagée

On m’a souvent dit que j’étais un peu fou avec mon Borussia Dortmund et mes innombrables déplacements dans la Ruhr, je l’assume complètement. Mais je suis assez contents de voir qu’il y a d’autres fans en Suisse qui partagent cette folie, c’est rassurant. Pour te situer la couche des mecs, dimanche, dans le car qui nous ramenait vers la mère partie, on s’est visionné un huitième de finale de Coupe d’Allemagne Düsseldorf – Dortmund qui s’était soldé sur un score de 0-0… Cela fait rêver, n’est-ce pas ?
Après cette sympathique promenade contre Mainz, le Borussia Dortmund va retrouver des rencontres qui s’annoncent un peu plus disputées avec le match aller contre le Real Madrid, un déplacement à Düsseldorf où l’ambiance est toujours assez chaude, le retour contre le Real et le duel de prestige contre le Bayern Munich au Westfalenstadion. Finalement, pour une fin de saison de remplissage, on pouvait encore quand même espérer trouver deux ou trois bonnes raisons de s’exalter avec notre cher BVB. Du moins, jusqu’au coup de massue de l’annonce du transfert de Mario Götze au Bayern Munich, là j’en viens presque à hésiter à renoncer au déplacement contre le Real Madrid ; cette semaine qui avait débuté de manière bien gentillette contre Mainz pourrait devenir l’une des plus noires de l’histoire du club…

Borussia Dortmund – FSV Mainz 05 2-0 (1-0)

Signal Iduna Park, 80’645 spectateurs (guichets fermés).
Arbitre : M. Meyer.
Buts : 1e Reus (1-0), 87e Lewandowski (2-0).
Dortmund : Weidenfeller; Piszczek, Subotic, Hummels, Schmelzer; Gündogan, Sahin; Blaszczykowski (62e Grosskreutz), Götze (74e Schieber), Reus (86e Leitner); Lewandowski.
Mainz : Wetklo; Bell, Svensson, Noveski, Pospech; Baumgartlinger; Risse (57e Szalai), Zimling, Malli, Rukavytsa (81e Caligiuri); Parker (70e N. Müller).
Cartons janues : 31e Reus, 41e Hummels, 68e Bell, 78e Zimling, 70e Schmelzer, 90e Wetklo.
Notes : Dortmund sans Kehl ni Bender (blessés), Mainz sans H. Müller, Kirchhoff, Choupo-Moting, Bungert, Klasnic, Zabavnik ni Ede (tous blessés).

Écrit par Julien Mouquin