Hold-up à Goodison Park

Incapable d’élaborer la moindre action de football avant les arrêts de jeu mais maître dans l’art de la simulation, l’antijeu et la provocation, Arsenal s’est imposé 4-1 à Goodison Park. Selon l’expression consacrée, le score ne reflète pas la physionomie de la rencontre : Everton a dominé les débats et a ouvert le score mais s’est fait hara-kiri en offrant trois buts aux Gunners sur des énormes bévues de sa charnière centrale.

Traditionnellement, lors des fêtes de fin d’année, les Anglais migrent massivement vers la Suisse pour y trouver la neige, les montagnes et les pistes de ski. Du coup, les vols low cost entre la perfide Albion et Genève se multiplient à cette époque de l’année. Comme on est plus attiré par la verdure des terrains de football que par la blancheur immaculée des champs de neige, on effectue le chemin inverse, puisqu’il n’y a guère qu’en Angleterre où l’on peut se mettre du football sous la pupille plus ou moins tous les jours entre Noël et Nouvel An.Notre périple débute dans cette belle ville de Liverpool avec Everton – Arsenal. Nous sommes tout de suite mis au parfum britannique : un vent à décorner les bœufs, une succession d’averses violentes et glaciales, un hamburger dégoulinant d’oignons et quelques pintes dans un pub attenant au stade en regardant West Ham – Manchester. Jusque là, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Les choses ont commencé à se gâter lorsque Cristiano Ronaldo a manqué le penalty du 0-2 qui aurait assuré la victoire mancunienne. Depuis lors, tout a été de mal en pis : dans l’enchaînement, les Hammers ont renversé la vapeur à Upton Park et, plutôt que de mettre la pression sur Arsenal en prenant 4 points d’avance au classement, United laissait l’opportunité aux Gunners de reprendre la tête de la Premier League.


Les Gunners d’Arsène Wenger reprennent la tête

En 1ère mi-temps, cette perspective n’a pas semblé motiver plus que cela les joueurs londoniens dans le vétuste mais convivial stade de Goodison Park. Tellement vétuste d’ailleurs qu’un projet de nouveau stade est en route, ce qui n’a pas l’air de plaire aux supporters qui contestent la délocalisation du stade des Toffees en banlieue, à Kirkby. En 1ère période donc, le jeu d’Arsenal est d’une affligeante pauvreté ; on a beau chercher, on ne trouve pas d’action des Gunners digne d’être mentionnée. Si le match n’est pas désagréable, le mérite en revient essentiellement à Everton, qui se montre beaucoup plus dynamique et entreprenant. C’est donc en toute logique que les Toffees vont ouvrir le score sur un corner remarquablement tiré par Arteta qui rebondit sur Bendtner et permet à l’excellent Tim Cahill de marquer de manière peu orthodoxe. Everton aurait même pu atteindre la pause avec un avantage plus conséquent si un tir de Phil Neville n’avait pas flirté avec la lucarne au terme d’une magnifique action de football.
On pouvait penser qu’Arsène Wenger ne pourrait se contenter d’une aussi piètre prestation de son équipe et y apporterait quelques retouches à la pause. Il n’en a rien été et les faits ont donné raison au technicien français : sans vraiment mieux jouer, Arsenal n’a eu qu’à attendre les erreurs adverses pour s’adjuger la victoire. Tout a commencé avec une ouverture hasardeuse de Clichy sur laquelle la charnière centrale Yobo – Jagielka se troue, avant de s’arrêter de jouer, permettant à Eduardo d’égaliser en toute quiétude. Rebelote une dizaine de minutes plus tard, lorsque Jagielka, pourtant largement en avance, laisse passer le Croate pour le 1-2. C’était d’autant plus cruel pour Everton que les Toffees auraient pu reprendre l’avantage quelques instants auparavant sur un centre de Lescott et une reprise de la tête de Yakubu juste à côté.
Et c’était surtout le pire scénario pour l’intérêt du match : bien que séduisant jusque-là, Everton n’avait pas les ressources pour inverser le tendance, malgré une large domination territoriale. Mais surtout, cet avantage au score a permis aux Gunners d’user et d’abuser de tout ce que l’on n’aime pas voir sur un terrain de football : pertes de temps, simulations, provocations… D’accord, c’est de bonne guerre mais il y a des limites à ne pas franchir et là Arsenal a largement outrepassé les limites de la bienséance.


Malgré un match moyen, Fabregas
et Arsenal ont mis 4 buts à Everton

Le sommet du ridicule a été atteint lors de l’expulsion justifiée de Bendtner, qui n’a vraiment pas saisi la chance qui lui était donnée avec cette titularisation. Le Danois est sorti en marchant tout tranquillement. Pendant ce temps, Eduardo, voyant Adebayor se préparer au bord du terrain, est allé se placer le plus loin possible du banc de touche. Une fois Bendtner au vestiaire, Wenger a demandé le changement et Eduardo est à son tour sorti au petit trot, provoquant l’ire de Goodison Park mais pas celle de l’arbitre, qui aurait pourtant pu donner au Croate un carton jaune synonyme d’expulsion.
Everton ne profitera pas de sa supériorité numérique, une nouvelle mésentente entre Yobo et le gardien Howard, qui se sont livrés à une partie de «à toi à moi» sur une ouverture anodine, permettant à Adebayor de classer l’affaire. Le match se terminera dans la confusion avec l’expulsion d’Arteta, auteur d’un gros match jusque là, sur une énième simulation de Fabregas. Sur ce coup-là, ce grand pleurnicheur d’Arsène Wenger ne pourra pas incriminer l’arbitrage, favorable aux Gunners, surtout si l’on songe aux interventions très limites sur Arteta et Yakubu en fin de 1ère mi-temps qui auraient pu valoir un coup franc à l’orée des seize mètres et un penalty aux Toffees.
Puisqu’il n’est jamais trop tard pour bien faire, Arsenal est tout de même parvenu à nous proposer une action de jeu, à la 93e, permettant à Rosicky de sceller la marque. Pour couronner cette triste soirée, un mauvais timing dans nos déplacements aux buvettes et le très faible débit de ces dernières ne nous ont même pas permis de goûter la Chang Beer, dont la publicité figure sur les maillots d’Everton. Fort heureusement, Liverpool by night était fidèle à elle-même et nous a vite fait oublier cette équipe d’Arsenal qui est apparue, sur ce match-là en tous les cas, comme un pâle leader du championnat anglais.

Everton – Arsenal 1-4 (1-0)

Goodison Park : 39’443 spectateurs (guichets fermés).
Arbitre : M. Atkinson.
Buts : 18e Cahill (1-0), 47e Eduardo (1-1), 58e Eduardo (1-2), 78e Adebayor (1-3), 93e Rosicky (1-4).
Everton : Howard ; Hibbert (70e A. Johnson), Yobo, Jagielka, Lescott ; Arteta, Carsley, P. Neville, Pienaar ; Cahill ; Yakubu.
Arsenal : Almunia ; Sagna, Gallas, Touré, Clichy ; Hleb (82e Diarra), Fabregas (88e Rosicky), Flamini, Diaby ; Bendtner, Eduardo (74e Adebayor).
Cartons jaunes : 24e Bendtner, 66e Eduardo, 68e Clichy, 86e Fabregas, 86e Flamini.
Cartons rouges : 74e Bendtner (2e avertissement), 84e Arteta (coup de coude).

Écrit par Julien Mouquin

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4 Commentaires

  1. Daccord avec toi sur beaucoup de points dans ton article, Arsenal a livré un mauvais match et le score final est immérité pour Everton. Mais le carton rouge contre Arteta (tout comme celui de Bendtner, qui aurait dailleurs mérité un ordre de marche direct) était justifié. Cétait la 2ème fois du match quil faisait usage abusif de ses bras au niveau du visage (1ère fois contre Clichy), alors on peut discuter la réaction de Fabregas qui était exagérée, mais faute il y avait!

  2. Roh la la, faut quand meme pas verser dans lanti-arsenalisme primaire. Jusqua maitenant, on leur reprochait detre joli a voir mais incapable de resister la pression de bourrins du nord du pays en deplacement, ils ont decides de contrer le style physique comme ils peuvent.

    Kirby est une ville en dehors de Liverpool en fait. De plus le nouveau stade est surtout une affaire de thune vu que Tesco (le plus gros super-marche British) offre de payer en partie. Profitez-bien de Goodison, un vrai stade anglais avec une acoustique superbe et une ame situe dans un quartier bien popu.

  3. Avec un budget inférieur, Arsenal fait jeu égal avec ManU. Alors chapeau à Wenger et à cette formidable équipe de jeunes pour cette magnifique et MERITEE première place. Pourvu que ça dure.

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