Interview de Stéphane Chapuisat

Avec le calme et la timidité qu’on lui avait connus durant sa longue carrière, Stéphane Chapuisat a reçu Carton Rouge aux abords du stade de la Pontaise à Lausanne, là où il avait débuté son parcours exceptionnel. Car c’est ailleurs que Chappi a réussi ce qu’aucun autre joueur suisse n’a jamais fait : il a été l’un des grands artisans de la conquête de la Champions League par le Borussia Dortmund avec qui il est aussi devenu le deuxième meilleur buteur étranger de Bundesliga avec plus de 100 buts en 8 ans. Mais le Vaudois de 37 ans fraîchement retraité ne peut être réduit à des chiffres ou à des statistiques, il reste un homme très ouvert et disponible malgré qu’il ait fait rêver des milliers de jeunes en Suisse et en Allemagne. Il est le premier à inaugurer cette rubrique baptisée Place des Grands Hommes.

Carton Rouge : Après une carrière comme la vôtre, comment se sent-on après avoir raccroché ses crampons ?

Stéphane Chapuisat : Cela ne fait que 4-5 mois que j’ai arrêté et pourtant je me sens bien. J’ai une nouvelle fonction et donc un nouvel objectif, ce qui est le plus important. Je donne également des entraînements pour les attaquants, je reste donc encore sur le terrain et joue de temps en temps pour le plaisir. De ce fait, même si j’ai un peu décroché du foot, je suis encore bien dans le coup.

CR : Finir sa carrière dans votre premier club, était-ce un souhait ?

S. C. : Ce fut un heureux concours de circonstance : le LS venait de remonter en Challenge League avec dans ses valises un projet intéressant et de mon côté, avec mes 36 ans, j’arrivais gentiment au bout de ma carrière. Tout était donc rempli pour que ma venue se concrétise. Il est vrai que si Lausanne avait été en Super League cela ne se serait probablement pas réalisé. J’étais content de finir ma carrière à Lausanne même si je n’y avais jamais pensé ; le football va tellement vite, il y a des blessures et lorsqu’on est joueur, on ne fait pas de plan à long terme.

CR : En quoi consiste votre nouveau poste de président délégué au FC Lausanne-Sport ?

S. C. : Je suis employé à 50 %. Pendant la moitié de mon emploi du temps, je m’occupe des relations publiques. Je représente le club auprès de nos sponsors et soigne notre image de marque. L’autre moitié du temps, j’entraîne les attaquants de la première équipe.

CR : Parlez-nous de votre expérience en tant qu’entraîneur.

S. C. : C’est ce que je fais à côté de mon poste au Lausanne-Sport. J’ai commencé le premier septembre à entraîner des jeunes attaquants au Centre de Sport Etude à Payerne. J’ai du plaisir à le faire maintenant, mais il est encore trop tôt pour en tirer un véritable bilan.

CR : Vous jouez maintenant avec les seniors de Malley, comment cela se passe-t-il ?

S. C. : À l’heure actuelle, je me sens en bonne forme, cela me permet encore de jouer. Le plus important pour moi est le plaisir que je garde en pratiquant le football. De plus, nous avons une bonne équipe et l’ambiance y est très agréable.

CR : Est-ce que ces nouvelles occupations ont changé votre image du football ?

S. C. : Oui ça change, c’est sûr que lorsque l’on joue, on a les matchs, on s’entraîne, mais maintenant c’est une autre vie, ce sont des autres journées et des autres horaires. A la fin de votre carrière, on a quand même dans l’esprit qu’un jour il faudra faire autre chose, trouver une nouvelle orientation. Toujours est-il que mon occupation actuelle me satisfait tout à fait.

CR : Pensiez-vous déjà à l’après-foot avant de débuter votre carrière ?

S. C. : Non vraiment pas, on pense surtout à jouer. À moins d’avoir une autre passion que le foot à côté, on n’y pense pas. Footballeur est un métier de rêve. On appréhende tout  de même le fait de se retrouver devant une nouvelle tâche qui nous plaise moins. L’important était de retrouver un travail qui me procure autant de plaisir.

CR : Au début de l’année, pour le jubilaire de l’UEFA, l’ASF vous a élu meilleur joueur suisse des 50 dernières années, qu’est-ce que cela évoque pour vous ?

S. C. : C’est une distinction prestigieuse et une belle reconnaissance.

CR : Participez-vous à l’organisation de l’Euro 2008 ?

S. C. : Oui, je fais partie de ce que l’on appele Play Switzerland qui va débuter à la fin du mois. On est 4-5 personnes derrière ce projet et chacun selon son temps participera à diverses manifestations pour promouvoir l’Euro dans notre pays.

CR : Est-ce que la Suisse peut aller au bout de l’Euro 2008 malgré ses apparentes lacunes en attaque ?

S. C. : C’est difficile à dire. Pour les joueurs, le but est d’arriver en finale. Je pense que l’on verra au mois de juin 2008 la forme de l’équipe, les blessures, mais je suis sûr que la Suisse est capable de faire un super Euro. Mais cela reste une lointaine projection et dans ma position, c’est dur à dire. Lorsque l’on est joueur, on se fixe un but que l’on veut véritablement atteindre et c’est donc délicat de donner un avis lorsqu’on est en dehors de cette situation.

CR : Qu’avez-vous pensé de la dernière Coupe du Monde et du spectacle proposé ?

S. C. : La première place du groupe fut déjà une belle performance, c’est ce que l’on pouvait attendre de la Nati et c’est bien évidemment dommage de perdre de cette manière. Cela reste la loi du foot, la dernière image est triste, mais c’est comme ça. En ce qui concerne le spectacle, je l’ai trouvé pas mal mais est-ce que c’était mieux en 2002 ? Difficile à dire. Avec l’élimination du grand favori qu’était le Brésil on voit que tout est possible dans le foot, c’est la même chose pour la France après son début en demi-teinte.

CR : Un mot sur le coup de boule de Zidane ?

S. C. : Il est souvent compliqué de parler d’une chose que l’on n’a pas faite soi-même. C’est vraiment dommage d’achever une telle carrière sur un tel comportement, d’autant plus qu’il ne restait que dix minutes avant la fin du match. Toutefois, Zidane reste et restera un joueur extraordinaire et ce geste ne va pas ternir tout ce qu’il a accompli auparavant pour le football. Cela reste l’avis d’un autre footballeur. Celui qui aime le foot se rappellera davantage de ses beaux gestes que de ce malheureux dernier coup de tête.

CR : Etes-vous pour ou contre l’utilisation de la vidéo dans le football ?

S. C. : Cela fait longtemps que l’on en parle. Il faudrait équiper tous les stades de foot, mais l’ampleur de la tâche semble a priori utopique. Je ne sais pas si un jour on arrivera à mettre en place cela, peut-être durant les grandes manifestations. Il est évident que cela pourrait jouer un rôle positif dans certaines situations, la position du téléspectateur étant souvent privilégiée par rapport à celle de l’arbitre. Mais on ne peut pas arrêter le jeu pour vérifier s’il y a hors-jeu ou pas, par contre pour savoir si le ballon a franchi la ligne ou non cela pourrait être utile, mais c’est assez rare, est-ce que cela en vaut-il vraiment la peine ?

CR : Que vous inspire le début de saison du FC Sion ainsi que l’affaire Clausen ?

S. C. : L’affaire Clausen est complexe et on ne possède pas tous les éléments lorsqu’on n’est pas sur place. Ils ont fait un excellent début de championnat et c’est bien pour le football romand. Ils avaient déjà une bonne équipe l’année passée qu’ils ont réussi à bien renforcer. Cela montre également aux autres clubs phares qu’avec un projet et des moyens il y a toujours quelque chose à réaliser.

CR : Lausanne et Sion étaient vraiment proches l’année passée, vous arrive-t-il de penser que LS aurait pu être à la place de Sion en Super League ?

S. C. : Non pas du tout, Lausanne n’a pour l’instant pas les moyens financiers pour monter et se maintenir durablement au sein de l’élite. La situation sportive actuelle n’est pas facile à gérer mais il faut l’accepter. Néanmoins, la saison dernière a été excellente, et nous y avons cru jusqu’au bout, cela restera un souvenir merveilleux.

CR : Et cette saison ?

S. C. : Notre objectif est de finir dans les six premiers. Pour l’instant, c’est le cas mais le championnat est long et va rester serré jusqu’à la fin, tout peut changer très vite. L’important est de rester le plus longtemps possible dans le coup. Pour ce qui est de l’ascension, on reste réaliste, dans le court terme, ce n’est pas envisageable. Il faut travailler sur le long terme pour avoir un budget de Super league et là on pourra se fixer cet objectif. Monter pour ne pas pouvoir assumer financièrement n’est pas intéressant. Dans l’immédiat, on pense au projet du nouveau stade qui serait vraiment très important pour toute la région et qui nous placerait sur le bon chemin. Dans les années 80, il y avait toujours Sion, Servette, Xamax et Lausanne dans l’élite. En ce moment, le foot romand subit une petite baisse, et remonter n’est pas facile mais cela reste notre but.

CR : Et enfin quels sont vos projets ?

S. C. : Je suis là pour 5 ans, j’ai donc ce projet à Lausanne et pour l’instant il n’y en a pas d’autres, on verra plus tard.

Écrit par Nicolas Jayet

Commentaires Facebook

2 Commentaires

  1. alors chappi , j adore , je suis belge mais c est un joueur comme lui qui m a fait aimé la suisse et son équipe nationale , un grand talent sur et en dehors des terrains , un grand nom du foot …

  2. chapuisat et a mes yeux le plus grand joueurs suisse de tout les temps(meme plus forts que frei et que sutter).le numero 11 et le 9 sont mes chiffres porte bonheurs. je tiens a lui dire que jaimerai bien partager un moment en sa compagnie juste pour le voir ne seraise qu une seule fois. meme 1 min. hei chappi oublie pas tout se que tu as fais pour la suisse et pour le LS (qui et aussi mon club preferer) ces plus que grandiose. MERCI

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.