Justine, Maria et le Real ont fait vibrer Madrid !

S’il y a bien une ville où il fallait être ce week-end, c’est sans aucun doute Madrid. La capitale espagnole était non seulement baignée de soleil mais accueillait les Masters féminins et un alléchant Real Madrid – Majorque. CartonRouge.ch y était ! Récit d’un week-end «muy muy muy espectacular».

Le but de mon périple à Madrid était de rendre visite à un ami sur place – que je baptiserai ici «Crevette à l’ail» – et de découvrir cette métropole dont j’avais entendu tant de bien. Ceci étant, on est bien d’accord, aller à Madrid sans voir un match du Real, c’est comme visiter Amsterdam sans passer par le Quartier rouge, oh pardon, c’est comme visiter Paris sans passer par le Louvre ! Bref, je réservai mon séjour du vendredi 9 au lundi 12 novembre, seul week-end du mois avec un match du Real.  C’est presque par hasard que Crevette à l’ail et moi apprenions qu’il y avait un autre événement de taille à Madrid ce week-end là : les deux dernières journées du Masters féminin. CartonRouge.ch ne recule devant rien pour t’offrir des reportages exclusifs, ami lecteur, et s’est donc démené pour obtenir deux accréditations pour le bouquet final de la saison 2007. Le rêve pouvait commencer…

Vendredi 9 novembre

Arrivée à Madrid avec le vol Iberia vers 22 heures, tapas, vin, bières, re-bières, whisky-coca («mais dis donc, ils servent des doses de cow-boy ici !»), re-whisky-coca, re-je-ne-sais-pas-quoi, black-out.

Samedi 10 novembre

Nous arrivons à la Madrid Arena à 13h30 munis d’un attirail de «vrais» journalistes (en gros : un stylo et un bloc-notes…) et d’un copieux petit déjeuner à base d’oeuf, d’oignons et d’ail. Mon compère avait heureusement un paquet de chewing gum dans la poche, produit indispensable pour tout célibataire endurci comme lui. Alors que le premier match est programmé à 14 h, nous nous rendons vite compte qu’on est largement en avance : la salle de presse est vide, les gradins sont déserts et l’ambiance est inversement proportionnelle à notre gueule de bois…  Maria Sharapova et Anna Chakvetadze entrent sur le court dans l’indifférence la plus totale. Force est de constater que dans une ville qui soupe à 23 heures et qui ferme ses boîtes à 7 heures du matin, 14 heures coïncide à la descente du lit, voire au premier café pour les lève-tôt…


Maria Sharapova de très près…

Sur les 10’500 places assises de la Madrid Arena, il devait donc y en avoir 7’000 à la disposition de tes deux serviteurs. Nous scrutons l’horizon et l’on se dit que «ouais, ça pourrait être sympa de voir Sharapova de très, très près». Nous nous dirigeons donc vers les loges situées derrière le court et cela ne semble pas déranger les quelques stewarts engagés pour brasser de l’air. Nous avons le choix entre la loge de la banque Caixa et celle de la ville de Madrid. Allez, quitte à se faire engueuler, autant que ce soit par le maire… Et c’est parti pour une heure trente de bonheur, à deux mètres d’une des plus belles filles du circuit, dégoulinante, en petite tenue, enfin bref, je m’égare… Le match, largement dominé par Sharapova, est rythmé par les sms des copains qui nous demandent «si c’est bien vous, les deux guignols qu’on voit à la télé ?…» Eh oui, c’est bien nous !


…d’encore plus près…

La seconde demi-finale oppose Justine Henin à Ana Ivanovic, une belle affiche entre la numéro 1 mondiale et la jolie Serbe. Nous regagnons nos places VIP après une pause sandwich-hot dog, mais il est 16 heures et l’Espagne est désormais debout… Et ce qui devait arriver arriva, trois hommes en costard cravate débarquent dans la loge et nous invitent poliment à foutre le camp. C’est donc en tribune de presse que nous suivons ce match, tant pis pour les clins d’oeil à Ivanovic et les sms des copains… Henin l’emporte en deux sets serrés, son expérience et sa gestion des points importants auront eu raison d’une Ivanovic trop approximative.
La journée fut agréable mais l’on sent que ce Masters ne passionne guère les Espagnols. Il n’y a qu’à lire la presse locale pour s’en convaincre. Tout juste une demi page dans El Pais et une couverture quelconque dans AS… «Mais bon, se dit-on, ça devrait quand même être guichets fermés pour la finale…»

Dimanche 11 novembre

Malgré les nombreuses publicités en ville et les efforts des organisateurs à proposer des prix attractifs (des places dès 33 euros pour la finale et des forfaits hebdomadaires, finale comprise, dès 110 euros…), la salle n’affiche pas complet pour le choc entre Sharapova et Henin. 6’000 à 7’000 personnes sont présentes ; aussi ne manque-t-on pas de s’étonner de voir le match du Real programmé à 19 h alors que la finale du Masters débute à 16 h… Mais on en parlera plus tard.
La finale est spectaculaire, intense, explosive. Sharapova sert du plomb, attaque, crie, sautille et le public vibre, enfin ! La fin du premier set est complètement folle avec un jeu, à 6-5 sur le service de Henin, qui dura pas moins de 22 minutes pour 28 points disputés : Sharapova l’emporte sur sa huitième balle de set, le public est debout, hystérique ! Cette finale, on le sent tous, va être «énorme». Le deuxième set tient également toutes ses promesses, certains échanges sont splendides, le spectacle est total.

Mais l’heure avance et indique déjà 18h15 à 4-4 au deuxième set… Et, comble de malchance, Henin domine son adversaire et va sûrement égaliser… S’en suivent dix minutes d’hésitation pour tes deux serviteurs : rester pour voir la fin de cette finale ou courir jusqu’à Santiago Bernabeu pour la rencontre du Real ? Je suis plutôt pour le tennis : «Allez on reste, peut-être qu’il y aura 0-0 et que ce sera un match pourri». La Crevette à l’ail, fan des Galactiques, est catégorique : «Non mais t’es fou, le Real c’est 80’000 personnes, c’est Robinho, Raul, Van Nistelrooy, il y aura des buts, c’est sûr !». Il est 18h30, Henin vient de gagner le deuxième set et l’on décide finalement de partir, au pas de course, pour le match du Real. Une scène étonnante se déroule alors devant nos yeux : nous ne sommes pas deux à courir mais bien plusieurs centaines ! Des jeunes, des vieux, des familles, tous avaient choisi de faire comme nous et d’enchaîner les deux événements sportifs dominicaux. Le troisième set de la finale du Masters se joua donc devant 400 à 500 spectateurs de moins, quel beau gâchis et quel manque d’organisation ! Etait-il si compliqué de programmer Real – Majorque à 21 h ?
Il est 18h55 lorsque nous sortons du métro et tombons nez à nez face à l’impressionnant Estadio Santiago Bernabeu ; à 18h57, nous sommes dans le stade ; à 18h59, nous voilà armés d’une bière sans alcool (on n’est pas en Allemagne), assis à nos places et prêts à vibrer. Il nous faut 180 secondes pour comprendre que l’on a fait le bon choix, soit le laps de temps nécessaire pour voir la première grosse occasion du match… Après 16 minutes, il y a déjà 2-1 pour le Real, deux buts du génie Robinho contre un but du très bon Varela. On ne comprend pas trop ce qu’il nous arrive, on savoure, on rêve. Et le meilleur reste à venir… 

Il est 19h30 lorsque l’on apprend que Justine Henin vient de gagner la finale, 6-3 au troisième. Avec 3h24’ de jeu, c’est la plus longue finale de deux sets gagnants jamais disputée dans l’histoire du tennis féminin, le 12ème match le plus long de l’ère Open… On a bel et bien raté une finale historique mais ce qu’il se profile devant nos yeux, sur cette pelouse mythique, est en train de dépasser toutes nos espérances : dos au but, Varela contrôle, élimine Torres et, de 30 mètres, arme un missile qui finit dans la lucarne de Casillas, grandiose ! 2-2 après 37 minutes, c’est mérité pour une équipe de Majorque offensive, joueuse, séduisante. Pour la petite histoire, ce petit bijou sera élu «plus beau but de la 12ème journée de Liga par la télé espagnole». A savourer sans modération.
La seconde période va débuter par un coup de théâtre : la défense madrilène cafouille et Güiza, seul sur la ligne des 16 mètres, glisse le cuir dans le petit filet de Casillas (58e). Le néo international espagnol s’en va fêter le but au poteau de corner, faisant mine de tirer une balle en direction des supporters de Majorque, parqués au 3ème étage. L’image est plutôt sympa. On se réjouit d’ailleurs de l’ambiance bon enfant et familiale autour de Santiago Bernabeu. La présence policière relativement discrète nous rappelle qu’en Espagne on va d’abord au stade pour voir du foot, et non pour cogner. La Liga ne semble pas souffrir des problèmes du hooliganisme. En tout cas ce n’est pas le «kop» du Real Madrid, à peine plus bruyant et imposant que Les Musclés du Club Dorothée, qui nous fera craindre des émeutes… Si les chants ne sont pas légion, l’ambiance reste très chaude, parfois électrique, dans cette enceinte bien compacte, où le public ne manque pas une occasion de se lever, hurler, applaudir ou contester les décisions arbitrales, avec une mauvaise foi criante.
Ce but des visiteurs va littéralement transcender les Madrilènes. Ce sera incontestablement la plus belle période du match avec une équipe du Real déchaînée, un public surexcité et un spectacle total (bis). L’énorme pression exercée par le Real va payer et les deux buts tombent comme des fruits mûrs : Robinho, intenable, passe deux défenseurs et sert un caviar à Raul (62e) avant que «Ruuuuuuuuuuuud», plutôt discret jusque là, libère les 80’000 socios d’un tir croisé imparable (73e). Santiago Bernarbeu explose, nous aussi !

La fin de match est haletante, dantesque. Alors que le public commence gentiment à quitter le stade, le Real recule devant la pression des visiteurs. Majorque fait le siège des 30 mètres adverses, les Merengues se défendent comme ils peuvent, parfois avec maladresse. Le ballon est expédié deux fois dans les tribunes et met près de 20 secondes pour revenir (comme quoi le Real Madrid et le FC Le Mont ont un point en commun…). Majorque passe tout près de l’égalisation à 92ème à la suite d’un centre tendu devant le but. Les Galactiques sont proches de la rupture mais tiennent leur victoire. Ça y est, l’arbitre siffle la fin du match et tout un stade explose pour la cinquième fois de la soirée, magique !
S’il ne fallait retenir qu’un acteur de cette magnifique «pièce», ce serait Robinho. Le Brésilien a constamment créé le danger, provoqué l’adversaire, réussi des dribbles et des débordements et, surtout, marqué deux buts et offert l’égalisation à Raul. Bref, il a illuminé la partie de toute sa classe. Un futur Ballon d’Or. La presse espagnole sera dithyrambique à son sujet, allant jusqu’à le comparer au roi Pelé. Le journal Gol lui attribuera la note de 9 sur 10 tandis que l’AS lui décernera 4 étoiles, soit la perfection, ou presque. Le capitaine Raul aura également été exemplaire et l’on comprend aisément la fascination du public madrilène qui applaudit, que dis-je, encense chacun de ses gestes. Le mythique no 7 a encore de beaux jours devant lui. La performance du petit Brésilien Marcelo est également à saluer. Et celle, dans le camp adverse, de l’excellent Varela, qui n’a aucun lien de parenté avec son vilain homonyme des Young Boys, soit dit en passant.   
En quittant le stade la tête pleine de souvenirs, nous ne manquerons pas d’avoir une pensée pour le petit Beltran et son père, socios du Real Madrid qui nous ont gracieusement prêté leur abonnement pour ce match. Sûr que du haut de ses 12 ans, Beltran aurait rêvé d’être à Santiago Bernabeu ce soir-là, comme tous les gamins de son âge qui aiment le foot. Nous n’avons pas 12 ans mais avons admiré le spectacle comme des enfants qu’on amène pour la première fois au stade. 7 buts, du jeu, des stars, 80’000 passionnés, une ambiance explosive : décidemment, il ne manquait que des vraies bières pour un bonheur total ! Allez, ça nous laisse encore une chance de faire mieux… En Allemagne avec Julien Mouquin ??

Lundi 12 novembre

L’avion décolle à 22h avec une heure de retard. Cet après-midi il faisait 20 degrés à Madrid. En arrivant il fait 2 degrés sur le tarmac de Genève-Cointrin. Ça s’appelle un retour sur terre.

Real Madrid – Majorque 4-3 (2-2)

Santiago Bernabeu : 79’500 spectateurs.
Arbitre : M. Fernández Borbalán.
Buts : 11e Robinho 1-0, 12e Varela 1-1, 16e Robinho 2-1, 35e Varela 2-2, 59e Güiza 2-3, 62e Raul 3-3, 73e Van Nistelrooy 4-3.
Real Madrid : Casillas; Torres, Cannavaro (Pepe, 45’), Heinze, Marcelo; Sneijder (Higuaín, 74’), Gago, Diarra, Robinho (Drenthe, 88’); Raúl,Van Nistelrooy.
Majorque : Lux; F.Navarro, Héctor, Ballesteros, Varela (Víctor, 90’); Nunes, Basinas, Pereyra (B.Valero, 51’), Arango (Webó, 76’); Ibagaza, Güiza.

Masters féminin

Demi-finales :
Sharapova – Chakvetadze 6-2 6-2
Henin – Ivanovic 6-4 6-4
Finale :
Henin – Sharapova 5-7 7-5 6-3

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