Rares ont été les championnats dans le calcio où l’issue était connue bien à l’avance. Force est de constater que cette année, l’Inter a été un vrai rouleau-compresseur qui n’avait au départ qu’un seul gros adversaire, la Roma, les autres ayant une pénalité plus ou moins lourde suite aux scandales du Calciopoli.
Les supporters de l’AC Milan devront donc s’abstenir de chanter quelques temps le fameux «Non vincente mai» (vous ne gagnez jamais), les frères ennemis viennent en effet de signer un doublé et c’est une fête indescriptible qui s’est déroulée toute la nuit à la Piazza Duomo de Milan.C’est donc à cinq journées de la fin que l’Inter peut enfin coudre le fameux écusson de l’Italie sur le maillot de l’année prochaine. Tout était pourtant prêt en semaine à Milan, puisque tous les nerazzuri avaient emmené avec eux leur machine à coudre, lors du fameux match Inter – Roma qui s’est disputé mercredi soir dernier. Mais parfois le foot nous amène des résultats bien loin de tout pronostic… et ainsi, après s’être fait balayer de la Champion’s League par Manchester, la Roma trouvait les ressources nécessaires une semaine plus tard pour infliger à l’Inter la seule et unique défaite de tout le championnat (3-1), qui plus est à San Siro, renvoyant l’attribution du titre à plus tard. Un dernier sursaut d’orgueil des Romains pour prouver qu’ils étaient bien les seuls challengers cette année, même si l’Inter de Mancini – à qui revient une grande part du mérite – a vraiment évolué sur une autre planète cette saison. S’il fallait désigner un homme par-dessus tout, ce serait difficile car tous ont rempli à merveille leur rôle et le foot, on le sait, c’est avant tout un sport d’équipe, mais la palme serait probablement à donner au Suédois Zlatan Ibrahimovic, qui a illuminé l’équipe par ses buts mais surtout par ses coups de génie de technique pure et de classe cristalline.
Crespo fête le titre avec les tifosi !
La mathématique a finalement rendu son verdict hier et comme cet été, le fameux n° 23 (numéro porté en honneur à son idole Michael Jordan) a été l’homme fort du moment important. Le grand Materazzi – depuis enfant supporter de la Lazio – a en effet porté le coup fatal à la Roma, en permettant à l’Inter de passer l’épaule à Sienne 2 à 1 grâce à deux de ses goals, dont un sur penalty, tout comme ce fut le cas à Berlin cet été. On dira que c’est un homme qui sait être présent dans les moments importants alors que survient le «Money Time» si cher en NBA, à savoir les instants où l’on justifie son salaire et où il ne faut pas trembler face à la pression.
Avec le recul et les enquêtes actuelles, on se dit que l’Inter aurait probablement dû être champion une ou plusieurs fois dans les années 90, car le Calciopoli retrace les magouilles des deux-trois derniers championnats, mais la mémoire nous rappelle certains événements bien défavorables au président Moratti, qui voit enfin ses millions investis rapporter un trophée autre que la Coupe UEFA de 1998. Mais laissons la justice s’occuper de tout ça…
Pour que l’Inter puisse fêter ce dimanche ce scudetto attendu sur le terrain depuis 1989 (!), il fallait que la Roma perde à Bergame et c’est l’ironie du sort pour les giallorossi, de perdre le match décisif contre une équipe qui a exactement les mêmes couleurs que l’Inter… C’est donc contre une Atalanta surmotivée à se qualifier pour la coupe UEFA que la Roma sans Totti, Mexes et Mancini a finalement baissé la garde et perdu 2 à 1. Il est à relever que le deuxième goal signé par Zampagna est une pure merveille. Centre ras-terre touché de la pointe du pied droit pour lever légèrement la balle et tir soudain en pivot lobant défense et gardien, depuis une position excentrée sur la droite, à la hauteur du point de penalty. Vraiment une merveille de goal… Si Totti l’avait réalisé, on serait encore en train de montrer le ralenti sur SKY ou sur la RAI…
Les Romains joueront le derby dimanche prochain
Comme le championnat semblait joué d’avance, c’est probablement un suicide volontaire de la Roma, qui pour rien au monde n’aurait voulu gâcher le derby de la semaine prochaine face à la Lazio. En effet, l’idée de l’attribution du titre à l’Inter, alors que les adversaires du jour sont les cousins de la même ville, aurait été insupportable pour les tifosi de l’équipe de Spalletti. C’est donc désormais sans aucune pression qu’elle va affronter ce prochain match, puisque la deuxième place ne semble plus faire aucun doute, la Lazio à onze points derrière ayant elle-aussi concédée la défaite dimanche suite à une belle série quinze matches sans défaite (dix victoires et cinq nuls).
Cette même Lazio qui a enchanté tout le monde cet hiver, puisqu’elle était hier encore en tête du championnat «retour» devant l’Inter, semble avoir quelques soucis à l’approche du match le plus important de l’année pour les habitants de la ville éternelle, mais il semble que ce soit principalement un problème d’effectif suite aux suspensions et blessures multiples. Un petit mot sur Behrami, notre petit Suisse qui remplace merveilleusement bien Oddo sur le flanc droit (il est titulaire indiscutable et a même inscrit un goal il y a deux semaines) mais peine toujours à maîtriser sa fougue, ce qui lui vaut parfois, comme mercredi face à Chievo, un carton rouge. C’est aussi une preuve que les biancocelesti ont un peu la tête ailleurs en ce moment et que tout ne tourne plus aussi facilement qu’avant. La Fiorentina, avec le score minimal de 1-0 (Mutu), en a profité pour leur rappeler qu’il existait le «2» au Sport toto. Cela dit, la troisième place actuelle, synonyme de préliminaire de Champion’s League, est bien au-delà des objectifs du début de saison… Prochain acte dimanche prochain au Stadio Olimpico pour une rencontre entre les deux meilleures défenses… Espérons que le match ne nous livre pas un misérable 0-0 !
Ronaldo est en grande forme en ce moment
A la quatrième et dernière place qualificative pour la Ligue des Champions on retrouve un habitué, puisque revoilà enfin le Milan AC qui a mis du temps à remonter dans le dernier carré mais semble désormais lancé à la poursuite de la Lazio qu’il pourrait bien doubler sur le fil, au vu du petit point qui les sépare. Ronaldo a été le grand artisan de la victoire des rossoneri face aux Sardes de Cagliari, avec deux goals, dont un assez comique du torse (un peu comme si on faisait une passe au gardien, mais là le gardien était aux fraises…). De même Pirlo a signé un coup-franc dont il a le secret pour assurer de manière définitive la victoire finale de 3-1. Bref une fin de saison en crescendo avec entre deux, les rencontres contre Manchester…
Derrière, Empoli, Palerme et la Fiorentina qui ont longtemps maintenu l’espoir de rejoindre la Champion’s League, semblent aujourd’hui devoir se résigner à se battre pour l’UEFA. Mais les comptes se font toujours à la fin et la Fiorentina semble ne pas vouloir abdiquer malgré les neuf points qui la séparent du Milan AC. Leur duo d’attaque Mutu-Toni est une vraie machine à goals (31 à eux deux) et tout faux pas sera guetté par les viola qui devraient finalement passer Empoli – un peu court avec son effectif – et Palerme qui ne gagne plus depuis la mort du policier lors du derby de Sicile (dix matches).
Dernières considérations du week-end, avec le 99ème goal de Lucarelli (numéro de son maillot) sous les couleurs du Livorno qu’il quittera en fin de saison. C’est son 18ème goal cette saison (dont deux sur penalty) qui met ainsi la pression sur Totti, le meilleur marqueur actuel avec 21 réussites (dont quatre sur penalty). Goal magnifique aussi de Reto Ziegler d’un tir puissant en pleine toile depuis l’orée des seize mètres, lors de la victoire de la Sampdoria face à Messina, qui prouve que Novellino a eu raison de le faire jouer d’entrée, puisqu’il a ensuite tiré le corner à l’origine du deuxième but.
Écrit par David Porchet
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