Xamax : le bal des opportunistes

Trois points très précieux sont venus récompenser des Xamaxiens aux deux visages. Ils évitent un vilain coup de barre et une crise qui aurait été difficile à dissimuler.

Tout a fichtrement mal commencé. Incapables de poser le pied sur le ballon et encore moins d’aligner un semblant de jeu, les rouge et noir nous ont fait bien peur. Après 20 minutes pour tout vous dire, je voyais clairement les locaux se prendre une belle volée. Et le début des ennuis, mais alors des vrais ennuis. Et puis Besle a eu une idée géniale. Un petit attentat discret. En pivot, comme une ballerine, alors que Yakin se lance pour tenter de marquer de la tête au 2ème poteau, le numéro 4 xamaxien tend la jambe et lacère le malvenu. On connaît le Yakin râleur, simulateur et provocateur, mais là on l’a vu… victime. Un rôle de composition inhabituel pour l’idole bernoise, qui a au moins eu le don de mettre tout le monde d’accord : s’il reste comme ça, c’est qu’il a vraiment mal. «Borgne to be a star» comme me disait un ami. Sa sortie, sous les sifflets d’un public neuchâtelois bien peu inspiré en l’occurrence, mettra petit à petit un terme à l’hégémonie jaune, même si Haeberli peut, quelques minutes plus tard, fusiller Zubi dans l’indifférence d’une défense aux abois.

Yakin s’est fait sécher

C’est le moment que choisit Wölfli pour nous offrir un coup de pouce comme Xamax en avait bien besoin. Sorti à contretemps sur une percée de Rossi superbement lancé par Everson, le «chou-fleur» bernois ramasse tout sur son passage. Pas malin car pas dit que Rossi aurait pu encore la pousser au fond, et pas malin car tout arbitre qui connaît la règle de la faute de dernier recours aurait expulsé le portier. A se demander comment on ne peut pas donner le rouge pour cela, la règle étant pourtant claire et aussi inéluctable que 2 et 2 font 4. Tant pis, on repassera. Le pire étant encore les journalistes de la TSR qui ont le toupet de jouer les étonnés «tiens, carton jaune pour Wolfli ? c’est un peu sévère». Mais vouiiiii.
Toujours est-il qu’il fallait sans doute ce petit coup de pouce – et le premier but de l’année – pour relancer un brin de velléités offensives. Ce Xamax trop tendre, trop mou et pas assez motivé allait petit à petit retrouver son envie, malgré les effrayantes errances de Joksimovic. Le malheureux ne risque hélas pas de rejouer de si tôt. Très durement critiqué avant Noël par un Bernasconi légèrement imbibé, il a hier totalement raté son joker. Et malgré le 2ème but extraordinaire de Szlyko, Castella ne se laissait pas prendre à un excès de confiance. Il y a fort à parier que les décibels sont montés dans le vestiaire xamaxien.
Match plus équilibré donc en 2ème mi-temps et des Xamaxiens moins têtus. Joksimovic est sorti comme on pouvait s’y attendre, et Chihab recule. On prend son temps (Chihab), on fait aussi le travail ingrat (Chihab encore) et malgré les quolibets d’une foule toujours aussi exigeante, on construit intelligemment (Chihab toujours). Non je ne suis pas enrhumé, vous l’avez compris, l’homme de la 2ème période est Chihab. En vrai patron, en capitaine même, le Marocain travaille avec ses 10 coéquipiers, a l’œil partout (un peu comme Yakin, mais il l’enlève quand même au dernier moment lui) et abat des kilomètres comme si de rien était.

Chihab était partout

A mesure que les supporters bernois se taisent, Xamax s’enhardit. Et puis bon, à quoi bon construire quand un type comme Johnny Szlykowicz vient vous faire une petite démo comme celle de l’heure de jeu ? Un 110 mètres haies plus tard, l’insolent petit sosie de «Calvin» mais sans son «Hobbes» mystifie quatre Bernois en un coup de rein, avant de se présenter seul face à Wölfli. Sans trembler, il trompe une fois encore son vis-à-vis et offre deux longueurs d’avance à ses coéquipiers. Tout y est, vitesse, technique, sang froid. L’occasion aussi, anecdotique, pour les supporters neuchâtelois de noter que Seif Ghezal, le nouveau défenseur bernois convoité par Xamax durant Noël, n’est pas encore la star dont on nous parlait, régulièrement dépassé techniquement tant par Rossi que Szlyko.
C’est l’histoire d’une journée qui aurait pu très mal finir. Au final, Xamax se donne un petit peu d’air et se prend même à rêver de la 4ème place, place qui serait plus que possible en cas de victoire samedi prochain à GC. Reste que Xamax doit comprendre qu’il ne gagne que quand il joue à fond, sans compromis.

Photos Pascal Muller – copyright www.mediasports.ch

NE Xamax – Young Boys 3-1 (2-1)

La Maladière : 6520 spectateurs.
Arbitre : M. Wermelinger.
Buts : 19e Häberli 0-1. 33e Rossi (penalty) 1-1. 45e Szlykowicz 2-1. 59e Szlykowicz 3-1.
NE Xamax : Zuberbühler; Jenny, Besle, Joksimovic (46e Rak), Bah; Nuzzolo, Everson, Chihab, Szlykowicz; J. Paulo (74e Coly), Rossi (85e Lang). Entraîneur: Castella.
Young Boys : Wölfli; C. Schwegler, Ghezal, Zayatte, Liechti (67e Kulaksizoglu); Schneuwly, Hochstrasser, Yapi (80e Doubai), Raimondi; H. Yakin (16e Regazzoni); Häberli. Entraîneur: Andermatt.
Notes : Xamax sans Jaquet, Malenovic (blessés), Quennoz (suspendu). YB sans Varela (blessé), ni Tiago (pas convoqué)
Cartons jaunes : Zuberbühler (13e, réclamations), Joksimovic (18e, faute), Zayatte (32e, faute), Wölfli (32e, réclamations), Schneuwly (51e, jeu dur), Ghezal (54e, faute), Lang (91e, on cherche encore).

Écrit par Roby Steedman