La fin du calvaire pour Senderos ?

De retour chez les Gunners en juillet 2009 après un an de prêt à l’AC Milan, Philippe Senderos n’a joué que deux matches pour Arsenal en six mois. Était-il blessé ? Apparemment non, simplement laissé aux oubliettes par Arsène Wenger qui avait refusé qu’il quitte le club en août dernier. Il y avait de quoi se faire du souci pour Philippe et au rythme de 0.33 match par mois, il ne serait sûrement pas du voyage en Afrique du Sud. Mais les événements de ces derniers jours dans le nord de Londres vont sûrement donner à Senderos une chance de rebondir.

D’un avenir très prometteur aux oubliettes

C’est en décembre 2002, à seulement 17 ans, que l’ex-Servettien signe à Arsenal, alors que le Real Madrid, Manchester United, Barcelone et j’en passe lui faisaient des yeux doux. Il rejoint le club en 2003 mais sa première saison est marquée par des blessures de longue durée. Il fait ses débuts en Carling Cup en même temps que son compatriote Johan Djourou en octobre 2004 à Manchester City (désormais Manchester Citeh). Il prend ensuite une place prédominante dans la défense des Gunners en mars 2005 et contribue à de nombreux matches sans buts concédés. Sa première vraie saison à Highbury est couronnée le 23 mai 2005 au Millenium Stadium de Cardiff où il soulève la mythique FA Cup (dernier titre d’Arsenal à ce jour !) après une prestation des plus impressionnantes face à Rooney, Van Nistelroy, Cristiano Ronaldo et autres Red Devils.
Lors de la saison 2005-2006, Philippe confirme. Il contribue grandement à la série de dix matches sans concéder le moindre but en Ligue des Champions (un record) qui mènera Arsenal à sa première finale de C1. Après le succès 1-0 en demi-finale aller face à Villareal, il se blesse le samedi suivant en championnat contre les Spurs de Tottenham. Le Genevois se remet à temps pour la finale mais Sol Campbell, qui revient aussi de blessure, lui est préféré et Arsenal s’incline 2-1.
Il fait ensuite partie des jeunes talents les plus médiatisés lors du Mondial allemand. Lors du troisième match de groupe de la Nati, il marque contre la Corée mais se blesse ensuite à l’épaule et paradoxalement, c’est peut-être là le tournant de sa carrière à Arsenal. Le 31 août 2006, dans les dernières secondes du mercato d’été, Wenger signe William Gallas. Dès lors, Gallas et Touré sont les premiers choix du tacticien alsacien et Senderos se contente des seconds rôles avec Djourou.

La saison suivante n’est guère meilleure pour le Genevois. Il dispute certes 27 matches comme titulaire mais n’impressionne plus autant et ne reviendra jamais à son niveau de 2006. Le point le plus bas de sa carrière londonienne restera sûrement la défaite 4-2 des Gunners face à Liverpool en quart de finale retour de la Ligue des Champions 2008. Arsenal menant 1-0, Senderos oublie Hyypiä sur un corner et ce dernier égalise beaucoup trop facilement pour un match à ce niveau-là. Sur le 2-1 des Reds, il est mystifié par Torres mais peu de défenseurs auraient pu faire mieux. Le lendemain, le Sun annonce avoir retrouvé un Senderos en larmes et en sanglots dans les vestiaires d’Anfield après la rencontre. Quelques semaines plus tard, Philippe part à l’AC Milan pour un prêt d’un an. Ces prêts desquels les joueurs ne reviennent traditionnellement pas.
Mais malgré quelques matches et des performances satisfaisantes, Milan ne veut pas acheter le Suisse qui retourne à Arsenal en juillet 2009. En août, le télétexte annonce Philippe à Everton, ce qui paraît très logique suite à l’arrivée de Vermaelen à Arsenal et au transfert de Lescott des Toffees à Manchester Citeh. Coup du sort, Johan Djourou se blesse avant le match amical de la Suisse face à l’Italie. Il sera absent jusqu’en mars et Wenger ne veut donc plus laisser partir Senderos, ayant besoin de quatre défenseurs centraux. C’est le début du vrai cauchemar pour Philippe. Deux apparitions seulement pour Arsenal lors des six derniers mois et ce en Carling Cup, entouré presque exclusivement de jeunes de moins de 20 ans. Il ne fait pas partie de l’équipe lors de la défaite d’Arsenal à Citeh au tour suivant et même pas lors du sixième match de groupe de C1 lors duquel Wenger n’aligne que des jeunes espoirs et autres réservistes. Encore pire ? Il ne joue même pas avec l’équipe réserve. Début janvier, Wenger annonce qu’il alignera peut-être le Suisse en Coupe face à West Ham si ce dernier passe un «fitness test» dû à une inflammation du pied… Mais pas de Senderos en vue lors du match en question où les seuls Suisses présents sont Valon Berahmi (futur Red Devil ?) et le jeune Fabio Daprelà (West Ham), dont on entendra sûrement beaucoup parler prochainement.

Des raisons d’espérer

Qu’a fait Senderos pour mériter tout cela ? Comment un tel joueur peut-il être radié de telle manière par Arsène Wenger ? D’autres joueurs ont eu droit à beaucoup plus d’erreurs sous Wenger et comme l’a dit mercredi un fameux fan d’Arsenal sur un blog : «Oui, il a souvent peiné face à Drogba, mais ce n’est pas comme si c’était le seul. Vous pourriez aligner presque tous les défenseurs centraux d’Angleterre, et beaucoup d’à travers l’Europe, peu n’auraient réussi à contenir Drogba lors des 5 dernières années». J’ai toujours admiré Wenger et cela ne changera pas, mais la façon dont il a traité Senderos est déplorable aux yeux de beaucoup de fans.
Senderos a sûrement été victime de ses blessures et des ses erreurs défensives parfois décisives. Mais à mes yeux, son plus gros problème fut un manque de confiance. Confiance qui est dure à retrouver lorsqu’on joue par intermittence. Lors des derniers matches importants où il avait l’occasion de refaire ses preuves, Philippe a eu la poisse de commettre à nouveau des erreurs aux conséquences plutôt graves, et dans ces conditions, difficile de retrouver la confiance et les aptitudes qui faisaient de lui cet excellent Gunner en 2006. Certains fans d’Arsenal seront contents de le voir enfin partir, d’autres comme moi-même sont tristes de la tournure des événements. Saviez-vous que Wenger avait hésité à donner le brassard de capitaine au jeune Suisse en 2005 déjà, suite au départ de Patrick Vieira ? Xavier Rivoire le révèle dans sa biographie d’Arsène Wenger. Ce dernier avait en effet consulté Tony Adams à ce sujet avant de finalement donner le brassard au 2ème dauphin du Pigeon d’Or 2009. La carrière de Philippe Senderos à Arsenal aurait pu se passer si différemment…

Heureusement pour lui, la porte des oubliettes devrait enfin s’ouvrir ces prochains jours. En effet, Arsenal est sur le point d’engager le vétéran Sol Campbell, sans club depuis quatre mois mais s’entraînant avec Arsenal et qui a joué avec son équipe réserve mardi soir. Avec Campbell et Sylvestre en doublure de la paire Gallas-Vermaelen, sans oublier le retour de Djourou prévu en mars, Wenger peut enfin laisser partir Senderos. Paradoxalement, c’est le joueur vieillissant que Philippe était prédestiné à remplacer il y a quatre ans qui va le pousser vers la sortie ! Mais pour son bien ! Plusieurs clubs sont apparemment intéressés, en Angleterre et à l’étranger mais Philippe n’a pas de préférence, il veut simplement jouer au football. Comme il l’a affirmé à la BBC récemment : «Je veux m’en aller, je veux et je dois jouer avant la Coupe du Monde.  Je ne veux pas jouer avec la réserve, je veux simplement partir». Il ne reste plus qu’à espérer que son souhait se réalise avant le 31 janvier, mais je ne vois pas ce qui pourrait l’en empêcher cette fois-ci. Philippe a le talent et l’attitude de leader pour rebondir. Nul ne sait où il va aller, mais je ne pense pas qu’il reviendra en Suisse même si de mauvaises langues l’y annoncent déjà ! Bonne chance à lui et j’espère qu’Arsenal le regrettera un jour ! Mais dans un futur plus proche, j’espère qu’il sera au sein de la défense suisse le 16 juin prochain face à l’Espagne, autre nation de son cœur.
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Écrit par Alexander MacKenzie