La symphonie peut débuter !

L’Open d’Australie, première des quatre grandes symphonies tennistiques de l’année, est sur le point de débuter. Avec elle, son lot de récitals torrides (on parle bien des températures…), ses premiers vrais duels virtuoses (on parle évidemment de l’ATP…) et ses premiers sérieux indices pour la saison 2010… masculine ! Pour les dames, comme à l’accoutumée, on se gardera de tout pronostic, même si les revenantes belges font déjà figure de favorites avec les sœurs Williams. Voici donc les principaux mouvements de la symphonie australienne, qui seront à admirer et à écouter en direct dès lundi. Pour plus de confort, Carton Rouge vous déconseille toutefois la TSR, le bruit de fond étant souvent gênant et navrant !

Préludes

En guise de préludes chez les hommes, on retiendra deux tournois, ceux de Chennai et Doha. À Chennai tout d’abord, on notera surtout l’excellent parcours de Stan, malgré la défaite en finale. Même si le tournoi n’avait aucun Top 10 pour tête d’affiche, notre Suisse romand préféré à pu engranger quelque confiance bienvenue après une saison 2009 en demi-teinte et un tournoi exhibition raté. Cette année 2010 consacrera-t-elle enfin le futur papa ? On lorgne déjà sur un quart de finale en Grand Chelem, exploit qui n’en serait plus un au vu du jeu proposé. Mais attention, la pression et Stan, ça n’a pas toujours fait bon ménage. A lui d’imposer le tempo, de tenir la cadence et donc de composer la partition !
Côté Doha, au Qatar, ce sont Nadal, Davydenko et Federer qui ont joué de fort belles préludes. Les trois hommes se partagent tout de même quatre des cinq plus grands rendez-vous de 2009. Malheureusement, Rodgeur a failli, non que le violon fut désaccordé ou que le virtuose lui-même se soit égaré, mais il y avait en face un Davydenko avec sa fanfare de coups aussi laids et insipides que sa personnalité, mais ma foi diablement efficaces. Le bourreau russe a donc tué l’artiste, notre Mozart des courts. Diantre !

Mais revenons à nos pronostics : Rodgeur n’a certainement pas tout donné pour revenir dans cette partie, préférant subtilement se préserver pour la symphonie. Malgré la défaite, je l’ai trouvé conquérant et hargneux, certes malmené, mais sûr de lui et de son art. Toutefois cela ne saurait voiler les tendances du nouveau Federer : parfois trop inconstant, certains matches lui échappent. J’ai aussi la nette impression qu’il ménage sa condition physique, car face à la nouvelle génération, il n’a plus tout à fait les mêmes capacités de résistance et de récupération.
Un succès de Rodgeur à Melbourne devra donc autant que possible passer par des matches en trois sets. Sa concentration devrait également dépendre du facteur physique, même on sait que dans les grands rendez-vous, il est capable de se ressaisir et se surpasser. Mais jusqu’où ?

La symphonie masculine

Très apprécié par les joueurs qui le surnomment le «Happy Slam», le tournoi homme ne devrait pas décevoir. Murray, Nadal, Djokovic, Del Potro, Davydenko et Federer sont en effet dans un mouchoir de poche, ce qui promet de somptueux coups d’archet ! On notera le retour au premier plan de Nadal, qui semble s’être débarrassé de ses problèmes physiques et donc de ses horribles bandages. Il ressemblerait (presque) à un joueur de tennis… Mais pour combien de temps ? Tenant du titre en Australie, le Majorquin sera l’un des grands favoris à sa propre succession. Je pressens aussi volontiers Davydenko, vainqueur à Doha face à… Rafa ! Mais en Grand Chelem, c’est le trou noir pour le moment. Derrière les deux finalistes de Doha viennent Federer, puis Del Potro. Mais tout reste à confirmer. Il faudra attendre la fin de la première semaine pour parier plus sérieusement et ranger les billets de Monopoly.

La symphonie féminine… cacophonie annoncée ?

Soyons francs, la saison 2009 a tourné au vinaigre : une partition bâclée, des musiciennes de la balle jaune sans talent et une cheffe d’orchestre irascible qui répond au doux nom de Williams (pas John, l’illustre compositeur des musiques de «Harry Potter» ou «La Guerre des Etoiles», mais Serena) ! Seul l’US Open a sauvé une saison médiocre grâce au talent de «super mamy» Clijsters. Avec le retour victorieux de Henin en ce début de décennie, j’ai le secret espoir que le vrai et beau jeu peut encore être pratiqué, à l’instar des quelques ténors masculins. Car côté féminin, le lyrisme est bel et bien absent, entre les jeux de fond de court version «anciens blocs de l’Est» et les cris stridents inaudibles. C’est un peu comme jouer la «Flûte Enchantée» de Mozart avec un synthétiseur, c’est intenable.

Il y a bien un classement officiel nommé WTA – «Watch The Agony» ou «Whales To Avoid», à vous de voir – mais qui ne correspond à rien. Ce classement est aussi sérieux que le curriculum vitae de Paris Hilton. Bref, après les Belges et les sœurs Williams, je propose l’armada russe (pas besoin d’être devin, vous acquiescerez), Kuznetsova et Dementieva, éventuellement Sharapova, mais elle est encore hors de forme – peut-être une laryngite suite au froid sibérien qui envahit l’Europe. Viennent ensuite Ivanovic, Jankovic ou pourquoi pas les deux belles promesses de 2009, Wickmayer et Wozniacki.
Côté suisse, il faudra compter sur Timea et Stéphanie Voegele, mais pas en deuxième semaine. On ne présente plus la première des deux – si nécessaire, se procurer le Migros Magazine de la semaine passée, vous apprendrez même à cuisiner avec Timea – et la deuxième non plus, suite à son beau parcours à l’US Open de l’année passée. Deux espoirs à confirmer, qui ne peuvent que faire du bien au tennis suisse.
Pour conclure, je tiens sincèrement à saluer la décision courageuse de Patty Schnyder, qui renoncer à faire le déplacement en Australie à cause d’un problème au talon d’Achille. Qu’il s’agisse réellement d’un souci physique ou plutôt d’un défaut de motivation, peu importe, elle fait enfin preuve de discernement. Et puisqu’elle n’a plus rien à prouver, je préfère infiniment la voir fraîche à Paris que défraîchie à Melbourne. Alors pour une bonne première résolution 2010, c’en est une !

Écrit par Jérôme Nicole