Vous voulez des podiums suisses ? Alors, s’il vous plaît, polluez la planète. Le réchauffement climatique n’aura pas seulement chamboulé le calendrier de la Coupe du monde de ski alpin cet hiver. Il aura aussi permis les folles remontées lors des secondes manches, un petit jeu où les Helvètes brillent.
Adelboden le 7 janvier 2007. Marc Berthod se classe 27e sur le tracé initial du slalom. Il s’élance donc l’après-midi en quatrième position. Le Grison prend tous les risques. Ca passe. Les quelque 10° régnant dans la station bernoise feront le reste. La neige ramollit au fil des minutes. La piste se dégrade après chaque concurrent. La «Chuenisbärgli» devient impraticable. Marc Berthod s’impose.Wengen le 14 janvier 2007. Même scénario, mais en plus «inskiable». La piste de slalom du super-combiné ne tient que cinq minutes, le temps pour l’Autrichien Mario Matt, 30e après la descente matinale, de descendre puis de bondir de 29 rangs pour triompher. Parti en 17e position, Marc Berthod se bat dans la «soupe», gère les crevasses, termine sur la deuxième marche du podium. Juste après lui, Silvan Zurbriggen l’imite et complète le tiercé gagnant.
La stratégie idéale consisterait donc à skier avec le frein à main en première manche, histoire de pouvoir ensuite bénéficier d’une piste vierge ? Trop aléatoire. Pour la petite histoire, Mario Matt a profité du forfait de quatre coureurs et d’une avance d’un centième pour avoir le privilège de s’élancer le premier l’après-midi…
Bref, il faut être vernis. Et les Suisses le sont cette saison (le Poulidor Didier Cuche excepté…). Mais la chance ne fait pas tout. C’est tout une technique de skier dans ces conditions : attaquer dans les zones d’ombre, assurer là où le soleil a détruit la piste, ne pas donner trop de carres, arrondir les virages, favoriser l’efficacité au style, etc. Un art dans lequel Berthod et cie excellent.
Conclusion, réjouissons-nous de la disparition des hivers d’antan ! Saluons l’augmentation du gaz à effet de serre dans l’atmosphère ! Abandonnons le protocole de Kyoto ! Subventionnons l’industrie chinoise ! Roulons en 4×4 ! Ne votons plus Daniel Brélaz ! Le renouveau du ski suisse est à ce prix…
Écrit par Grégoire Silacci
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