CSKA Moskva – Inter de Milan, même pas froid !

Je ne recule vraiment devant rien pour t’offrir, cher lecteur, des exclusivités en tout genre. Cette fois mon petit périple footballistico-professionnel m’a emmené voir un match dont le speach n’augurait rien de bon. Un match dans le froid moscovite avec comme tête d’affiche, l’Inter de Milan, équipe honnis dans mon cœur de Milanesta ! Qu’à cela ne tienne, voilà un compte-rendu qui, je l’espère, te donnera envie de venir voir un jour un match dans ma nouvelle ville, Moscou !

Me voilà donc moscovite depuis à peine cinq jours, et déjà je saute sur l’occasion que m’offre un ami pour aller assister à un match de Champion’s League. Rendez-vous est pris pour une affiche ma foi alléchante pour un fan du Milan AC, CSKA – Inter. On ne sait jamais finalement, une surprise pourrait m’apporter joie et bonne humeur dans ce froid moscovite.Nous nous retrouvons avec des amis russes devant une station de métro au nom imprononçable dans la périphérie du centre de Moscou. Tout autour de moi s’étendent les buildings que l’on dirait tout droit sortis d’un film dans lequel les Zombies auraient pris la place des hommes ! Béton gris immaculant les routes à six voies et les trottoirs, immeubles gris en guise d’horizon et ciel gris en guise de toit… Bref un magnifique paysage de carte postale ! Avant de rejoindre le stade, nous nous permettons d’imiter nos hôtes russes en allant acheter une bière tiède dans un quelconque magasin afin de la siroter sur les trottoirs gris asphaltes où jonchent déjà quantités innombrables de ses confrères. En route pour le stade !

Après une petite marche nous voilà arrivés au stade du… Lokomotiv Moskva ! Non pas de panique, nous ne nous sommes pas trompés de lieu de culte. Le CSKA construit en ce moment une toute nouvelle enceinte. Quand le FC Bâle bâtit son nouveau stade, il devait se rabattre sur un petit stade de province au nom aussi imprononçable que la station de métro précédemment citée, mais à Moscou, pas de panique, il doit bien avoir cinq ou six stades de 30’000 places… Notre arrivée fut d’ailleurs assez déconcertante. À quelques mètres de l’entrée, nos amis russes nous demandèrent, à mon collègue français et à moi-même, d’arrêter de parler en français. Pourquoi ? Ben si l’un des milliers de militaires présents autour du stade nous avait entendu parler une langue autre que celle de Pushkin, il nous aurait sans doute arrêté pour nous demander nos papiers et nous aurions perdu une vingtaine de minutes en palabres inutiles. Tout ça pour un backshish bien mérité… Rassurant !
Nous voilà enfin arrivés dans le stade, et pas n’importe où, dans le kop des ultras du CSKA ! Le coup de sifflet initial a déjà été donné, je loupe donc l’hymne de la CL qui m’aurait pourtant tellement rappelé de bons souvenirs vécus au Stade St-Jacques. Qu’à cela ne tienne, je commence à demander à mes voisins des détails sur le CSKA. L’anecdote la plus «locale» et sympa est que le CSKA est le club de… l’armée ! En effet, en Russe, CSKA veut dire (enfin «à peu près» dire, oui mon russe n’est pas encore au top…) Centrni Sportovní Klub Army, ce qui équivaut en français à : Centre Sportif Club Armée… Je commence à mieux comprendre la présence de tant de militaires dans les tribunes !
Mais il y a encore autre chose que je remarque dans les tribunes et que l’on n’a pas l’habitude de voir habituellement dans les travées de la Pontaise ou du stade de la Route de Lorient : les filles ! En Russie, les pom-pom girls ne se trouvent pas sur la pelouse, mais bien au milieu des spectateurs. De superbes filles habillées comme si elles allaient en boîte de nuit, talons aiguilles et jupes de circonstance, arpentent les sièges 147 Secteur 4, 23 Secteur 8 etc.… Un vrai défilé de mode !

Les ultras du CSKA n’en tiennent guère rigueur et entament bon nombre de chants que mon oreille, encore trop novice en Pyccknn (russe), n’arrive pas à comprendre. Et une fois commencés, les chants ne s’arrêtent pas. Un virage répond à l’autre, même les tribunes nord et sud mettent du cœur à l’ouvrage. Et que dire du brouhaha au moment de l’ouverture du score par les locaux ! Il ne faudra que le talent de Crespo pour calmer un peu ce peuple au sang bouillant et si chaleureux ! Le match en lui-même ne casse pas des briques (cela reste l’Inter après tout…). Les belles actions répondent aux maladresses cosaques ou italiennes lorsque, d’un coup, au milieu de la seconde période, W. Samuel, auteur soi dit d’un match catastrophique, permet à l’équipe visiteuse de prendre l’avantage. Après cinq minutes un peu balbutiantes, les chants reprennent de plus belles !
Toutefois, comme tout supporter digne de ce nom, au moment où l’on se rend compte que les dés sont joués en la faveur de l’ennemi d’un soir, un froid glacial commence à nous prendre à la gorge, comme si la fin des chants permit à dame froid de reprendre de la vigueur. Fin du match, nous descendons les gradins en direction du métro qui se trouve à 100 mètres du stade. Et là, une vision faisant voyager 30 années en arrière assaille mes yeux. Au lieu d’être guidé par des grilles et barrière de sécurité, c’est bien une marée humaine de militaires en armes qui nous escortent jusqu’à la bouche de métro ! Du jamais vu dans ma vie, et ce même au plus fort du coup d’état en Thaïlande que j’ai pourtant vécu en direct ! Et il faut voir la tête de ces jeunes soldats. On dirait qu’ils ont à peine 13 ans et viennent des quatre coins de la Russie ! Imagine seulement, cher lecteur, le service militaire en Russie dure… deux ans ! Et en général tu n’es pas envoyé à trois heures de train de ton petit chez toi, mais bien à l’autre bout du plus grand pays du monde !

Bref, voyant tous ces militaires, je me mets à observer un peu plus attentivement la foule, cherchant une explication à tout ce dispositif. Mais les gens sourient et blaguent, on ne dirait pas qu’ils viennent de perdre tout espoir de se qualifier pour le prochain tour de la CL. Quand on pense que lorsque les Russes ont battu les Anglais la semaine dernière, cinq supporters de la Perfide Albion se sont retrouvés à l’hôpital victime de la «joie» russe… En résumé je crois bien que le Russe fonctionne à l’envers : quand il perd, il est content, et quand il gagne, il tape ! Ils sont fous ces Russes !
Qu’à cela ne tienne, malgré les autorités omniprésentes, le froid, la défaite et la bière tiède, je peux vous assurer que j’ai passé un excellent moment avec des gens chaleureux mettant une ambiance magnifique dans un stade qui n’était d’ailleurs, faut-il le rappeler, même pas le leur ! Davai CSKA !

Écrit par Eric Laurent

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6 Commentaires

  1. Excellent article sur le foot un peu dailleurs et pas seulement de leurope de louest! Continue seulement!

    « Le match en lui-même ne casse pas des briques (cela reste l’Inter après tout…)  » Jadore et en plus tellement vrai!!

    Forza Roma..

  2. au lieu de te les geler devant la bouche de métro, tu aurais pu arpenter le stade a la fin du match et prendre des photos du joli défilé de mode auquel tu as assisté et les faire partager aux lecteurs…
    Cest toujours les memes qui ont les bons coups.

    Super article, on se les gelait avec toi tellement cétait du vecu !

  3. Ah Tcherkizovskaïa, quel stade magnifique ! Mon dernier souvenir là-bas remonte à Lokomotiv-Dynamo Kiev en Ligue des Champions, quel souvenir énorme ! Ton article est sympa, tu aurais pu plus insister sur la beauté phénoménale de ce stade, mais sinon vraiment excellent.

    Juste une chose encore, le Tzaïska était le club de larmée à lépoque soviétique, là ça ne veut plus dire grand-chose, cest surtout pour le folklore. Comme le Dinamo qui était le club du Ministère de lIntérieur, il y avait mille anecdotes à raconter par rapport au Spartak, le club des syndicats (« Club du peuple », même si cette version est remise en cause par bien des Soviétologues). Maintenant, ces clubs nont plus vraiment de spécificités, ils sont tous semblables et apartiennent à des oligarques genre Giner ou Fedortchenko.

    Donc, Tzaïska, club de larmée, oui, mais seulement historiquement…A part ça, déçu de la performance des hommes de Gazzaev ce mardi, il y avait largement de quoi battre lInter. Avec Igor Akinfeev, cela aurait été sans doute différent, il manque beaucoup au Tzaïska, lui…Venyamin Mandrykin est pas mal, mais il est moins sûr quAkinfeev et cela a coûté au moins quatre points au Tzaïska dans cette campagne européenne. Dommage !

    Me réjouis de lire tes prochaines contributions en tout cas ! Et puisque tu es à Moscou, nhésite pas à aller voir les derniers matchs de championnat, cest la lutte pour le titre ces temps ! Le Spartak joue à Luzhniki (sortie de métro « Vorobiovi Gory » ou « Sportivnaïa »), nhésite pas à aller suivre cette lutte pour le titre face au Zenit ! Actuellement, les deux clubs sont à égalité de points, ça va être passionnant.

    Spartak Vperiod !

  4. Voilà 2 mois que jattend que carton rouge publie un atricle sur le calcio (un peu mis à part par rapport à la Ligue 1 et la Bundes).
    Lorsque jai vu le titre « CSKA – Inter » je me suis dit, cool enfin un article sur le foot italien et en plus sur lInter, le club que je soutient. Quelle ne fut pas ma déception après la lecture des 3 premières lignes en constant que larticle était écrit par un milaniste. Quel sacrilège ! 😉 Même pas la peine de lire la suite de larticle 🙂
    PS: si un interite devait écrire un article sur le Milan il y aurait pas mal de choses à dire également, surtout en ce moment pas très glorieux pour nos cousins milanistes (cest de bonne guerre).
    INTER FOREVER

  5. Bonjour Tao et merci pour ton commentaire.

    CartonRouge.ch n’a pas couvert le Calcio (ni la Liga dailleurs) cette saison et nous en sommes les premiers conscients. Nous avons néanmoins une bonne nouvelle pour toi et tous nos lecteurs : un rédacteur d’origine italienne devrait très bientôt rejoindre notre équipe et couvrir le Calcio de manière régulière. Affaire à suivre…

    Sache aussi que CartonRouge.ch est sans cesse à la recherche de rédacteurs en herbe passionnés de sport. Comme on dit… à bon entendeur salut !

    La rédac’

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