Plongée dans les profondeurs du classement

Genève-Servette se voyait proposer un week-end placé sous le signe de la Suisse centrale, du fond de classement et des victoires impératives. Mission accomplie, avec plus de difficulté que ça n’aurait dû.

Pour le premier acte, les Genevois recevaient un Zoug en reprise, et qui a bien l’intention de repasser du bon côté de la barre. Pour ce faire, les gens du paradis fiscal devront toutefois produire un autre genre de performance que celle livrée aux Vernets. Ils y furent en effet presque aussi transparents que l’alcool qui leur tient lieu de spécialité.Après moins de douze minutes de jeu, c’était déjà 2-0 pour les locaux grâce à deux jeux de puissance, et le match semblait déjà plié. Même lorsque Micki Dupont réduisait les distances d’un tir qui surprit tout le monde par son manque de déviation, on pensa que ce ne serait qu’une péripétie.
C’était sans compter sur la terrible propension des Aigles à se compliquer l’existence. Trente secondes plus tard, alors que le jeu était installé dans la zone genevoise, Paul Savary négociait particulièrement mal un puck dans la bande, avant qu’Olivier Keller ne fasse avoir comme un gamin par Brad Isbister, pour un des rares coups d’éclat positifs du Canadien.
Pire : à peine avait-on le temps d’engager que Fabian Schnyder donnait l’avantage à ses couleurs sur une séquence lors de laquelle on pouvait légitimement se demander s’il y avait des joueurs grenat sur la glace. Une situation improbablement retournée par Zoug en 48 secondes, voilà qui rappelait des souvenirs, et pas forcément des bons.
Accusant le coup, les hommes de Chris McSorley apparaissaient bien fantomatiques en début de deuxième tiers et laissaient l’initiative à leur adversaire, qui ne savait trop qu’en faire. Et paradoxalement (ou pas), c’est un coup dur supplémentaire qui allait réveiller tout le monde. Peu après la mi-match, Gianluca Mona, qu’on ne sentait pas dans son assiette depuis le début de la partie, abandonnait les siens, victime d’une blessure au genou. Le scénario que l’on redoutait tant, la défection de l’incontestable n°1 devant le but, se produisait donc.
C’est à Federico Tamo qu’il incombait de prendre cette lourde succession. Et il le fit plutôt bien. Pas toujours de manière très orthodoxe, mais efficacement, de sorte que les Zougois n’allaient pas trouver la faille. En 46 minutes de jeu en LNA, Tamo n’a donc toujours pas courbé l’échine.
Entre-temps, les Genevois se trouvaient contraints de serrer les rangs et reprenaient peu à peu la main sur le match. Il fallait toutefois attendre les cinq dernières minutes chères au commissaire Bourrel pour que tout cela se concrétise enfin. Et de fort belle façon, sur un impressionnant coast-to-coast de Tony Salmelainen qui récupère le puck dans son arrondi, s’échappe irrémédiablement sur le côté gauche, puis profite de l’appel au centre de Paul Savary qui revient du diable vauvert, pour traverser la patinoire et fixer Reto Berra, casaque grise, toque bleue, et finalement glisser le palet dans le but ouvert et l’angle fermé, Mesdames et Messieurs, c’est extraordinaire.
Byron Ritchie donnera dans la foulée l’avantage définitif à ses couleurs en profitant d’une belle récupération de Juraj Kolnik à la bleue.
Cette formalité étant accomplie, on pouvait songer à se déplacer dans le frigo léventin pour y affronter une équipe d’Ambrì au fond du trou. (Certes, vous me direz avec raison que de toute façon, à Ambrì, on est toujours dans un trou, mais il n’empêche.)
Mona étant toujours sur les plots, le car genevois avait profité de son passage par les bords du lac de Sempach pour aller faire coucou à l’équipe nationale des moins de vingt ans, et surtout récupérer Benjamin Conz, 17 ans. Le frère de qui-vous-savez (indice : il porte le même nom) se retrouvera même carrément bombardé titulaire. Et du travail, il en aura plein les bras, les biancoblù se montrant contre toute attente (ou pas) pour le moins entreprenants. Mais le benjamin de la famille Conz se montrera parfaitement à la hauteur, affichant une sûreté impressionnante et causant le désespoir des attaquants adverses.
Ces bases étant assurées, les Aigles pouvaient dérouler sans trop forcer, laissant passer l’orage tessinois pour placer leurs banderilles. La première était plantée à la mi-match par le décidément intenable Tony Salmelainen, qui concrétisait une période de domination de la deuxième ligne lors de laquelle il avait précédemment vendangé deux ou trois belles opportunités. Serge Aubin, excellent lui aussi, se chargeait de donner un peu d’air aux siens en faisant preuve d’opiniâtreté lors d’une mêlée devant Jonas Müller, venu renforcer des Léventins toujours orphelins de Thomas Bäumle.
Mais une fois encore, les Genevois allaient tout faire pour aider leur adversaire à se relancer. Cette fois, il s’agissait visiblement de travailler le boxplay, ce qu’ils eurent moult occasions de faire. Le tournant définitif de la partie arrivait en début de troisième période, lorsque Jonathan Mercier donnait un nouvel aperçu de son talent un brin incongru. Alors que son équipe était en infériorité numérique et qu’il avait toute latitude de libérer tranquillement son camp, il expédiait un dégagement qui terminait sa trajectoire dans les filets de protection… derrière le but adverse, offrant presque une minute et trois quarts de double supériorité numérique. Et il faudra un incroyable arrêt pour empêcher Paolo Duca de relancer la partie.
Dégoûtés, les bleu et blanc et rouge (pour la lanterne) se décourageront progressivement, leur dernière tentative à 6 contre 5 ne produisant rien, sinon un caviar d’Aubin pour Salmelainen.
Neuf points en trois matches, l’objectif est donc atteint pour des Servettiens qui ne laissent ainsi pas Lugano et Berne prendre le large sans jouer, et ce malgré une infirmerie qui ne cesse de s’emplir. À ce sujet, si la blessure de Mona se révélait sérieuse, le staff irait sans doute repêcher Michael Tobler dans l’équipe-ferme. Ce qui pourrait s’avérer rigolo (ou pas) quand on se souvient de ses dernière performances en grenat. Si tel scénario se produit, il sera en tout cas prévenu : il aura de la concurrence.
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Genève-Servette – Zoug 4-3 (2-3 0-0 2-0)

Patinoire des Vernets, 6’138 spectateurs
Buts : 7’27 J. Kolnik (S. Aubin, G. Bezina / 5 contre 4 / D. Camichel) 1-0, 11’29 G. Bezina (F. Conz, S. Aubin / 5 contre 4 / J. Steinmann) 2-0, 16’17 M. Dupont (B. Isbister / 5 contre 4 / R. Suri) 2-1, 16’45 B. Isbister (sans assistance) 2-2, 17’05 F. Schnyder (R. Diaz, D. Camichel) 2-3, 55’38 T. Salmelainen (sans assistance / 5 contre 4 / B. Isbister) 3-3, 56’55 B. Ritchie (J. Kolnik) 4-3.
Arbitres : K. Popovic ; J. Dumoulin, N. Fluri.
Genève-Servette : G. Mona (32’12 F. Tamo) ; G. Bezina ( ), J. Mercier ( ) ; O. Keller (0), J. Gobbi (0) ; R. Breitbach (-1), D. Vukovic (-1) ; S. Schilt ( ) ; J. Kolnik (0), B. Ritchie (0), D. Rubin (0) ; F. Conz ( ), S. Aubin ( ), T. Salmelainen ( ) ; P. Savary (-1), M. Trachsler (-1), J. Cadieux (-1) ; R. Suri ( ), G. Augsburger ( ), F. Debrunner ( ). Absents : M. Hoehener, T. Deruns, F. Heynen, I. Fedulov, C. Rivera (blessés), B. Conz (équipe nationale U20), J.-P. Vigier et J. Gailland (surnuméraires).
Zoug : R. Berra ; J. Harrison (+1), M. Dupont ( ) ; R. Back (+1), R. Diaz (+2) ; M. Kress (-1), D. Meier (-1) ; M. Maurer ( ) ; B. Christen (+1), J. Holden (+1), B. Isbister (+1) ; D. Brunner (-1), P. Fischer I (-1), P. Di Pietro (-1) ; C. Camichel ( ), D. Camichel (+1), F. Schnyder (+1) ; F. Lüthi ( ), J. Steinmann ( ), C. Casutt (+1). Absents : D. McTavish, P. Sutter et P. Oppliger (blessés), E. Bianchi, J. Fischer et S. Zurkirchen (surnuméraires).
Pénalités : 7 x 2’ contre Genève-Servette, 5 x 2’ contre Zoug.
Notes : 5’57 Déviation de B. Isbister sur le poteau. 35’02 B. Ritchie allume le montant. 58’55 Temps mort Zoug. R. Berra quitte sa cage jusqu’à la fin du match.

Ambrì-Piotta – Genève-Servette 0-3 (0-0 0-2 0-1)

Valascia, 3’110 spectateurs.
Buts : 30’22 T. Salmelainen (S. Aubin, J. Kolnik) 0-1, 39’49 S. Aubin (F. Conz, G. Bezina) 0-2, 58’30 T. Salmelainen (S. Aubin / but vide) 0-3.
Arbitres : A. Ravodin, D. Stricker ; T. Wehrli, D. Wirth.
Ambrì-Piotta : J. Müller ; N. Naumenko (-1), R. Bundi ( ) ; Z. Kutlak (-2), M. Gautschi (-1) ; D. Marghitola ( ), F. Stephan (-1) ; N. Celio (-1), J. Horak ( ) ; N. Clarke (-2), M. Wahlberg (-2), J. Walker (-1) ; A. Demuth ( ), R. Stirnimann (-1), P. Duca (-1) ; C. Micheli (-1), M. Bianchi (-1), M. Murovic (-1) ; G. Christen ( ), M. Zanetti ( ). Absents : T. Bäumle, E. Westrum, M. Sonnenberg, L. Schönenberger, D. Mattioli (blessés) et G. Sciaroni (équipe nationale U20).
Genève-Servette : B. Conz ; G. Bezina (+2), J. Mercier (+1) ; O. Keller ( ), J. Gobbi (+2) ; R. Breitbach (+1), D. Vukovic ( ) ; S. Schilt ( ) ; J. Kolnik (+1), B. Ritchie ( ), D. Rubin ( ) ; F. Conz (+2), S. Aubin (+3), T. Salmelainen (+3) ; P. Savary ( ), M. Trachsler ( ), J. Cadieux ( ) ; R. Suri ( ), G. Augsburger ( ), F. Debrunner ( ). Absents : G. Mona, M. Hoehener, T. Deruns, I. Fedulov, F. Heynen, C. Rivera (blessés), J.-P. Vigier, J. Gailland et T. Bezina (surnuméraires).
Pénalités : 4 x 2’ contre Ambrì-Piotta, 9 x 2’ contre Genève-Servette.
Notes : 11’17 J. Gobbi ajuste la latte. 57’39 Temps mort Ambrì. J. Müller quitte sa cage. 58’30 J. Müller reprend sa place.

Écrit par Yves Grasset

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8 Commentaires

  1. J’adore cet article ! énorme. Surtout le passage ou l’on entends clairement léon zitrone ! que c’est beau.

    Plus deux trois fins jeux de mots, grand moment de rigolade. Bien au niveau du PP de GSHC (ou pas)

  2. 2 gardiens différents réalisant chacun un blanchissage l’un après l’autre pour le même club….ça doit-être un record digne du guinness !!! ou du LHC..

  3. Tout d’abord félicitations au GSHC pour ce w-e plein.

    Ensuite petit coup de gueule pour Carton rouge: depuis quelques temps, où est donc passé le petit côté provocant qui donnait du piment et des discussions parfois animées ? Ce genre d’article, on pourrait presque même le lire dans un certain torchon orange (non, là quand même j’exagère…) Carton Rouge serait-il rentré dans le rang?

  4. Oh ? des nostalgiques des attaques à 2 sesterces de M. Baudry. C’est chou.

    Enfin, la au moins, à défaut d’être polémique, c’est drôle !

    et oui, on ne peut pas tout avoir.

    ps: demi blanchissage pour Tamo, non ?

  5. Et malgré trois victoires consécutives, Genève-Servette est un peu dans une sorte de no man’s land au classement. Ni en haut, ni en bas – le club « Ventre Mou » (trop fort sur la durée pour les Ambri Fribourg – trop faible sur la durée pour les 5 au dessus).

  6. à henri: certes gshc est entre les deux pour le moment, mais comme tu dois sans doute le savoir, le classement est boiteux, étant donné que Zurich a 32 matchs tout comme Fribourg et Bienne, tandis que d’autres en ont 30 et même 29 comme gshc. Alors oui, il y a un trou entre gshc et les meilleurs, mais quand tout le monde aura le même nombre de matchs, là on pourra vraiment parler de la place des équipes en lna.. car si on commence comme ça, Fribourg pourrait même être dépassé par rappi..

    bref, on verra à la fin du championnat!

    Sinon, très bon article!

  7. @ D

    On verra bien à la fin du championnat, mais j’ai une vague impression que GSHC n’est pas au même niveau que la saison passé.

    Impression peut être fausse, mais j’ai l’impression que GSHC fait un maximum de points contre les mal classés, et est régulièrement battu par les mieux classés (qui veut se lancer à faire un classement des 6 premiers, avec leurs confrontations directes seulement?).

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