Quand ça veut pas…

Il existe une mine d’or en ce qui concerne les jeunes talents du football qui s’appelle Football Manager. Ce jeu regroupe une base de données de près de 370’000 joueurs, pour sa livrée 2009, et il a pour habitude de révéler aux accros de ce jeu des stars avant l’heure.

Les lobotomisés de ce logiciel de management sportif connaissaient ainsi Zlatan Ibrahimovic alors qu’il débutait à peine à Malmö, ils avaient élevé Javier Saviola au rang d’idole avant ses 17 ans et Rafael Van de Vaart était d’accord de venir à l’OM à 15 ans et demi pour terroriser les défenses de Ligue 1. C’est d’ailleurs tout sauf un hasard si le club d’Everton s’est associé à « FM » pour bénéficier du réseau des 1’000 scouts que le jeu emploie.Mais forcément, il y a une part de « déchets » dans les prédictions des recruteurs. Ainsi, des éléments extrêmement prometteurs du Tadjikistan, du fin fond de l’Indonésie ou des Pays baltes n’ont jamais éclos au plus haut niveau. Il en est un pourtant, qui a marqué à jamais les fanatiques de ce jeu, que je qualifie habituellement « d’exterminateur de vie sociale ». Il est Roumain, il s’appelle Florentin Petre.
Vous le connaissez, certes, il a (un peu) joué pendant l’Euro 2008. Mais sa carrière est loin d’être un long fleuve tranquille. Né en 1976 à Bucarest, le petit (1m67) ailier reste fidèle quasiment toute sa carrière au Steaua, sauf un rapide intérim à l’UTA Arada en 1994. Pendant dix ans, il a écumé le flanc droit de l’ancien club de l’armée locale, avant d’aller monnayer ses talents en Bulgarie (CSKA Sofia), puis en Russie. Il est aujourd’hui le fer de lance de l’attaque du mythique… Terek Grozny.
Mais c’est en l’an 2000 que Petre a rejoint la caste des malchanceux notoires. Alors qu’il vient de fêter le doublé Coupe-Championnat avec l’équipe à l’étoile, l’international roumain aux 56 sélections (tout de même) part tranquille pêcher pour fêter ça. S’en suit un épisode qui pourrait être burlesque s’il n’avait été vrai. Son fil se prend dans des câbles électriques sous-marins et Florentin se prend une décharge telle qu’il doit être hospitalisé. Pas de bol me direz-vous en pouffant derrière votre écran ? Certes, mais dans la foulée, il a réussi à choper une hépatite C, ne me demandez pas comment…
Deux ans plus tard, il a retrouvé enfin le chemin du pré vert. Pour se venger, il aligne deux titres avec le Steaua. Il est resté fidèle à son club de cœur jusqu’en 2006 et prend enfin son envol. Au CSKA Sofia, certes, mais avec ses 21 buts en 50 rencontres de championnat domestique il laisse enfin éclater son talent. Il a alors 31 ans et sa carrière est derrière lui.
Mais les fans français de Football Manager ont tous été émus en octobre dernier. Petre les a en effet rappelé à son bon souvenir. Lors du match de qualifications à la Coupe du monde 2010, il ne faut que six minutes au milieu de terrain pour donner une longueur d’avance aux Roumains. Un destin bizarre pour un joueur qu’Everton aurait sûrement recruté en 1998, en se fiant à la base de données de « Manager ».