Ce soir, à Viège par exemple ? Samedi dernier devant 3’878 spectateurs frigorifiés, le Lausanne HC a fêté Noël en assurant le service minimum pour venir à bout d’un HC Martigny désarmé. La fin de l’année approche, tout comme le futur bilan 2006 du LHC, et le parcours de la bande à Cadieux ressemble de plus en plus à l’étrange affaire du roman de Robert Louis Stevenson.
Dr. Jekyll à Malley, les Lausannois ont démontré une volonté et un spectacle insoupçonnés sous l’ère Leime avec d’étonnantes performances face aux ténors de l’antichambre de la LNA. Le CIGM a vibré et même frissonné plus souvent qu’à son habitude depuis la prise de pouvoir de Gargamel à la bande. Le feu Titanic finlandais, qui recherchait désespéramment un capitaine pouvant lui donner une ligne de conduite et surtout un système de jeu, s’est transformé en un paquebot québécois insubmersible sur ses terres. Mr. Hyde à l’extérieur, les Vaudois ont réussi l’exploit de ressembler au personnage double de Stevenson. Comment est-il possible d’enchaîner une performance de choix face à un solide Langenthal à domicile et, trois jours plus tard, d’être un fantôme dans une patinoire glaciale où seules les banquettes vides et la Guggenmusik inspirent les journalistes locaux ?
Cette semaine, les Lions auront la possibilité de modifier cette «tendance schizophrène» avec un difficile déplacement, ce soir, à la Litternhalle de Viège et samedi à la Tchaux, où la bande à Gary Sheehan reste sur deux victoires cette saison.
Un cadeau de Noël en forme de victoire
Une fois n’est pas coutume, le LHC n’a pas gratifié son fidèle public d’une spectaculaire prestation, dû en partie à la faiblesse de son adversaire du soir, le HC – Père Noël – Martigny. Les Octoduriens, en proie à de sérieux doutes, ont allégrement distribué les cadeaux placés dans la hotte d’un «Nunuss» légitiment dépité et impuissant.
Le jeune Gailland, au bord des larmes, se permit même en plein shift d’hurler à Knopf que si la défense continuait à ce rythme, il n’aurait plus rien sous le sapin… Aux dernières nouvelles, il aurait tout de même reçu une carte postale de Mc Sorley lui proposant un stage de coupe-citron et dégraisseur de melon (qui lui fera probablement le plus grand bien).
Une opposition à sens unique
La rivalité entre les deux clubs n’est plus ce qu’elle était. Depuis leur retour en Ligue Nationale B, les Martignerains tentent désespérément de décrocher leurs premiers points face au pensionnaire de Malley. La domination sportive des Vaudois est écrasante : six victoires en autant de confrontations, une différence de buts de 33-12 à faire pâlir les plus optimistes supporters valaisans. Le club du président Schwéry est bien parti pour, comme l’année dernière, brader son faible contingent entre Noël et Nouvel An et réserver des vacances au chaud dès le mois de février.
Les Lausannois, de leur côté, n’ont pas dû forcer leur talent pour engranger trois points indispensables afin de recoller au peloton de tête qui se tient d’ailleurs dans un mouchoir de poche : trois points entre Ajoie, troisième, et Sierre, sixième. Emmené par un duo d’étranger un ton au dessus du lot, le groupe du capitaine Aeschlimann a une fois de plus sauvegardé son invincibilité à domicile face aux équipes de LNB depuis que Heikki Leime a quitté le vestiaire.
Fight club
La rivalité sportive au point mort, il ne reste plus qu’à raviver la flamme en dehors de la patinoire… Le troisième tiers de la rencontre est entamé depuis quelques minutes lorsque deux énergumènes estampillés SO chargent le grillage séparant la tribune du virage visiteur. Ils seront stoppés dans leur élan par… un préposé à la sécurité, pour une fois efficace.
Parallèlement, l’inventeur de la roue valaisanne réussit l’exploit (…) de se glisser dans la forteresse ennemie et d’arracher un drapeau à un enfant haut comme trois pommes sous les yeux d’une sécurité plus encline à regarder le match qu’à intervenir. Le courage, au contraire de la stupidité, n’était pas au rendez-vous de ce derby.
Les supporters des deux clubs n’ont pas besoin de ces «sauvages» plus motivés à castagner leurs vis-à-vis qu’à soutenir leur équipe. Après une banderole pour Julien qui avait une allure nauséabonde pour la majorité des partisans de Malley, une frange du virage Ouest refait parler d’elle en désertant les gradins pour s’adonner aux bastons de rue. On espère que les nombreux robocops présents ce soir-là, munis de caméra et d’appareil photo, on fait leur travail d’intervention et que le club prendra des sanctions exemplaires en interdisant les trouble-fêtes de patinoire.
LHC – Martigny 5-1 (2-1, 2-0, 1-0)
Malley : 3’878 spectateurs.
Arbitres : Peer, Abegglen, Sommer.
Buts : 1’23 Aeschlimann (Kamber) 1-0 ; 7’31 Christen (Reber) 1-1 ; 16’10 Botta (Conz) 2-1 ; 20’13 Bélanger (Lefebvre) 3-1 ; 29’36 Schaublin (Bélanger, Lefebvre/5c4) 4-1 ; 55’10 Lussier (Staudenmann, Schaublin/5c4) 5-1.
Pénalités : 9×2 pour LHC ; 8×2 pour Martigny.
Écrit par Daniel Corthésy
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