Schalke 04 freine le Hertha Berlin

Après quatre victoires consécutives en championnat, le Hertha Berlin a dû s’avouer vaincu à Gelsenkirchen face à Schalke 04 (1-0). Face à un adversaire en crise, les Berlinois se sont montrés beaucoup trop timorés pour prétendre repartir avec quelque chose de la fabuleuse Veltins-Arena.

En début de saison, Schalke 04 était régulièrement cité parmi les candidats au titre de champion d’Allemagne, voire même comme le principal rival du Bayern Munich. Personnellement, j’en faisais mon favori. Mais rien ne s’est passé comme prévu du côté de Gelsenkirchen : il y a d’abord eu l’élimination en qualifications de la Ligue des Champions contre l’Atletico Madrid (soit dit en passant, sans le moindre incident, malgré les grands méchants policiers espagnols). On se disait que cela pouvait être un mal pour un bien en libérant des énergies supplémentaires pour l’objectif ultime, reconquérir ce titre qui fuit Gelsenkirchen depuis 50 ans.

La descente aux enfers

Mais en Bundesliga aussi, les choses se sont gâtées pour les Knappen : il y a eu un premier tournant néfaste lors de la 4e journée à Dortmund où Schalke a perdu la tête du championnat en concédant le nul 3-3 après avoir mené 0-3 à la 65e dans un Revierderby de folie. Depuis lors, tout a été de mal en pis pour Null Vier : défaite contre le néo-promu Cologne, nul à domicile contre le modeste Bielefeld et, deuxième tournant, une défaite à la Veltins-Arena contre le Bayern Munich après avoir outrageusement dominé les débats. La suite s’apparente à une longue descente aux enfers avec des nouveaux revers à Leverkusen et Stuttgart et une défaite en Coupe UEFA contre Manchester City. Dernière avanie en date avant ce match contre Berlin, une défaite éliminatoire en Coupe UEFA sur le terrain du club ami de Twente Enschede, d’où sont issus l’entraîneur des Knappen Fred Rutten et de nombreux joueurs actuels ou passés du club de Gelsenkirchen.

La Veltins-Arena toujours au top

C’est un peu le cheminement inverse pour le Hertha Berlin : après quelques gros couacs en début de saison, notamment un nul et une défaite à domicile contre Bielefeld et Cottbus, les Berlinois sont peu à peu remontés au classement et débarquent à Gelsenkirchen auréolés d’une série de quatre victoires consécutives et d’un flatteur 3e rang au classement. Même si l’Alte Dame reste sur une défaite amère en Coupe UEFA contre Galatasaray (0-1) sur un penalty bien sévère, alors que l’arbitre italien, un digne successeur de Roberto Rosetti, aurait dû siffler trois penalty beaucoup plus flagrants en faveur du Hertha dans les dix dernières minutes.
Schalke en crise ou pas, un match à la Veltins-Arena, surtout dans la Veltins-Nordkurve, là où se trouvent les supporters les plus fervents de Null Vier, cela reste quelque chose d’assez sympathique. Contrairement à d’autres enceintes modernes, comme l’Allianz Arena, le Stade de France, Wembley ou la LTU-Arena, le stade de Gelsenkirchen a su éviter le piège du colosse de béton froid et aseptisé. Et la multiplication des loges et des espaces VIP, indispensables à un club de foot moderne, n’empêche pas une ambiance chaleureuse, même si l’on a eu connu les supporters königsblaue beaucoup plus bruyants qu’ils ne l’ont été samedi. Et puis qui dit Veltins-Arena dit bien sûr Veltins, la fameuse bière locale. Il y avait 100 euros sur nos Knappenkarten, les portefeuilles électroniques du stade, il en est resté 2,70 ; on a mangé une Currywurst, je te laisse deviner où est passé le reste.

Domination stérile

Il fallait bien cela pour s’occuper car le match n’a pas été fameux. Schalke devait se réconcilier avec son public et a pris le match en main mais sa domination est restée bien stérile. Les choses auraient pu prendre une tournure différente si Kevin Kuranyi n’avait pas galvaudé une grosse occasion en début de match après une bévue du défenseur brésilien Kaka. Mais, en panne de confiance, le buteur de Schalke a tiré sur le gardien Drobny. Il sortira à la mi-temps, ce qui provoquera une immense ovation dans le stade. L’ancien attaquant de Stuttgart, déjà exclu de l’équipe d’Allemagne après un coup de sang en marge du match Allemagne – Russie, vit décidément des heures difficiles. Tout comme son équipe, qui, malgré sa domination, ne parvient pas à se montrer dangereuse. C’est un problème récurrent de Schalke 04 depuis le départ du Brésilien Lincoln il y a 18 mois : l’équipe manque de créativité. Après des débuts prometteurs en Bundesliga, Ivan Rakitic paraît plafonner et n’est plus titulaire.
Quant à l’armada sud-américaine débarquée à Gelsenkirchen l’an dernier (Grossmüller, Zé Roberto, Sanchez), elle est à ranger au rayon des flops. D’ailleurs, dans la crise qui frappe Schalke, le directeur sportif Andreas Müller est encore plus contesté que l’entraîneur Fred Rutten. Bref, malgré quelques bonnes inspirations du Hollandais Engelaar, en progrès après un début de saison décevant, et les rushs du latéral Westermann, Schalke se montre plutôt du genre brouillon. Même les balles arrêtées, jadis la grande force des Knappen, ne sont pas dangereuses. Et dire que le tireur patenté des coups de pied arrêtés de Schalke, le latéral Christian Pander, se morfondait sur le banc.

Décevant Hertha

Face à ce Schalke volontaire mais peu inspiré, le Hertha Berlin s’est lui montré d’une prudence excessive. Si Lucien Favre réussit des résultats remarquables avec l’Alte Dame, il n’y applique pas tout à fait les mêmes principes de jeu qu’à Echallens, Yverdon ou Zurich. Le Hertha Berlin a tendance à laisser l’initiative du jeu à l’adversaire. Les Berlinois n’ont pas profité de leur bonne série actuelle pour aller titiller la défense de Schalke qui reste la plus imperméable de Bundesliga. On notera un but du Serbe Kacar annulé pour une faute préalable sur son compatriote Krstajic mais sinon la production offensive du Hertha a confiné au néant. Bref, au vu de ce qu’il montré à Gelenskirchen, Berlin pouvait au mieux espérer un match nul et vierge.

La délivrance

Null Vier s’est fait plus pressant après la pause. C’est resté laborieux mais les actions étaient beaucoup plus tranchantes devant le but berlinois. On croit au but sur une reprise d’Altintop dans le petit filet extérieur (54e). Ce n’était que partie remise : à la 65e, Gerald Asamoah a délivré la Veltins-Arena en reprenant un centre du Péruvien Farfan sur lequel le gardien Drobny et son mètre 92 se sont montrés trop courts. C’était le but d’une victoire amplement méritée car, malgré l’entrée en jeu de Marko Pantelic, le Hertha ne montrera guère de signe de révolte. Toujours en froid avec Lucien Favre, l’attaquant serbe adressera le seul tir dangereux du Hertha de la partie, une frappe juste au-dessus à la 85e. C’était bien sûr trop maigre pour espérer contester le succès des Knappen. Un succès qui évite à Schalke de s’enfoncer encore un peu plus dans la crise et lui redonne quelques couleurs avant d’aller affronter le leader Hoffenheim dimanche prochain en clôture du 1er tour.

Schalke 04 – Hertha BSC Berlin 1-0 (0-0)

Veltins-Arena, 60’999 spectateurs.
Arbitre : M. Kempter.
But : 65e Asamoah (1-0).
Schalke 04 : Neuer ; Rafinha, Höwedes, Krstajic, Westermann ; Jones, Ernst, Engelaar ; Asamoah (90e Kobiashvili), Kuranyi (46e Halil Altintop), Farfan.
Hertha : Drobny ; Stein (71e Pantelic), Kaka, Simunic, Friedrich ; Nicu, Kacar, Dardai, Cicero ; Raffael (63e Domovchiyiski) ; Voronin (77e Chermiti).
Cartons jaunes : 25e Stein, 51e Jones, 87e Simunic, 89e Cicero.

Écrit par Julien Mouquin

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7 Commentaires

  1. « Il y avait 100 euros sur nos Knappenkarten, les portefeuilles électroniques du stade, il en est resté 2,70 ; on a mangé une Currywurst, je te laisse deviner où est passé le reste. »

    Superbe !!!

  2. « Mohammed war ein Prophet
    Der vom Fußballspielen nichts versteht
    Doch aus all der schönen Farbenpracht
    Hat er sich das Blau und Weiße ausgedacht »

    Juste incroyable cette Veltins-Arena. Pis ce qu’il y a de bien, c’est les « valises » de 6 chopes. Faudrait qu’à Malley on propose ça aussi.

    C’était le premier match du week-end, et de loin le moins bien. Me réjouis du compte-rendu de celui de dimanche.

    Je m’attendais pourtant à une ou deux phrases des pérégrinations Juliennes au Kronsky et à la Alte Hütte… et dans les taxis affublés de l’abominable plaque minéralogique GE.

    Salutations

  3. Je pense que la petite pique envers les supporters marseillais n’a pas lieu d’être dans ton article, qui par ailleurs est excellent.

    Les supporters allemands ne sont pas des anges non plus. Il y a suffisamment de problèmes chaque week end pour le confirmer…

  4. @Dimo

    « Les supporters allemands ne sont pas des anges non plus. Il y a suffisamment de problèmes chaque week end pour le confirmer…  »

    Tout y est : l’affirmation sans preuve, le ton qui ferait croire que toi au moins tu sais, les trois points de suspension. Manque peut-être juste un petit « ABE » à la fin, histoire que le lecteur sache que ce commentaire est l’oeuvre d’un vrai connaisseur.

    Pour revenir à l’OM et à ce qui s’est passé avec Santos, j’avoue, j’en ai rien à taper. Mais probablement la raison est à trouver dans le mouvement « ultra » qui sont des supporters différents du supporter lambda. Un ultra lausannois m’a dit une fois « on ne met pas de maillot parce que seuls les joueurs doivent le porter ». A Schalke par exemple, 99.99 % des Knappen mettent un maillot et il y a effectivement quelques ultras. Un supporter non-ultra peut détester profondément une équipe adverse (c’est mon cas pour Genf-Serviette), les supporters ultra se donneront rendez-vous avec les ultras adverses sur une aire d’autoroute pour se foutre dessus. Là est la différence.

    Salutations

  5. Premièrement le but n’était pas de donner des preuves de quelconques agissements de supporters allemand, car là n’était pas le plus important de mon post.

    Deuxièmement si je me permets d’écrire quelque chose concernant les violences en allemagne, c’est que je parle en connaissance de cause. Tu n’es pas le seul à avoir été suivre des matches en Allemagne, personnellement je n’ai jamais été à la Veltins Arena, mais en revanche je suis allé à Cologne, Francfort, Hambourg ou encore St-Pauli et Dresden, et des scènes de violence j’en ai vu… souvent même.

    Troisièmement je ne cherche pas à défendre le mouvement ultra, étant donné que je n’en fait pas partie, c’est simplement que j’adhère plus à leur façon de supporter leurs couleurs que celles d’un supporter lambda. Personnellement quand je vois dans des clubs comme Schalke (c’est un exemple) ou les gens vont à la Veltins Arena (nom sponsorisé… ou sont les valeurs historique du club?), avec le maillot adidas du club (99.99% selon toi), la casquette adidas du club, l’écharpe adidas du club, et j’en passe (des consommateurs modèles quoi!) alors oui je préfère largement la façon active qu’ont les ultras de supporter leur club (même si elle peut paraître marginale), ainsi que les protestations de leur part envers les dérives qu’engendre le foot business.

    Pour en revenir à l’om, je parle aussi en connaissance de cause puisque j’étais présent à madrid (nous étions même plusieurs suisses présents). et la violence policière espagnole je l’ai vue de mes propres yeux, j’en ai même été victime. Et je peux te dire qu’il n’y avait pas 2000 ultras dans le parcage marseillais.

    Voilà, mon premier post n’était pas censé avoir un ton moralisateur, j’apprécie les articles de Julien Mouquin. Mais ça phrase envers les supporters marseillais était déplacée, hors contexte, et remplie de préjugé, c’est pour cela que je souhaitait réctifier.

    Salutations

  6. Mouais, je vois.

    Quand on écrit « il y a suffisamment de problèmes chaque week-end pour le confirmer », cela fleure bon les préjugés aussi. Et surtout cela balance une bonne dose de rumeur.

    Julien rempli de préjugés ? Meuh non ….. on est sur carton rouge, et on peut tout se permettre ! Même chier sur les ultras du club de coeur de Gary. Ou sur les ultras tout court. Un mal nécessaire.

    Quant à ton point de vue sport-business, je le partage entièrement.

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