Ma patinoire est jaune, mon sommeil est de plomb

Ce pourrait être à cause d’un réveillon bien arrosé. Pourtant, Paul Savary est toujours en état de marche. Ce pourrait être à cause de la coupe Schpengler. Pourtant, les Bernois n’ont pas participé à cette faaaaaaantastique autant que grisonne compétition. Pas d’excuse, ce fut simplement un match de merde, remporté par la moins pitoyable des deux équipes.

Si vous n’avez vu de la rencontre que des reflets filmés, vous avez sans doute retenu une action comme tournant du match. À la 38e, Genève-Servette est en supériorité numérique et, assez étrangement, les Bernois dégagent le palet. En l’occurrence plein axe, assez mollement, et à dangereuse portée de Thomas Ziegler. Benjamin Conz doit donc sortir pour dégager le puck. Sauf qu’il choisit le mauvais côté, et son renvoi ouvre la cage vide au Bernois, qui nous avait jusque là surtout démontré toute sa science de la charge avec le coude. 2-0, Genève-Servette ne reviendra plus. C’est donc de la faute de Conz.Si l’on a suivi l’intégralité de la rencontre, les choses sont un brin différentes. Tout d’abord parce que cette énorme boulette fut la seule de la rencontre pour le Jurassien, qui multiplia les parades, annihilant notamment de superbe façon un breakaway de Simon Gamache gracieusement fourni par Goran Bezina. Le jeune gardien prouva également sa grande maturité en ne se laissant pas le moins démonter par sa bévue, n’hésitant pas à retourner dégager des pucks quand la situation l’exigeait.
Mettre la faute sur Conz est également erroné pour une autre raison : pour une équipe aussi apathique que Genève-Servette ce vendredi, c’est bien le 1-0 qui a signé la défaite. Jusque là, les occasions dangereuses créées par les Aigles se comptaient sur la main d’un boucher distrait, et devaient plus aux hésitations d’un Marco Bührer peu inspiré qu’à leur créativité. L’essentiel semblait surtout de préserver le 0-0 le plus longtemps possible en espérant que ça passe sur un malentendu.
Plus grave : les hommes de Chris McSorley furent totalement incapables de hausser le niveau à partir du moment où ils furent menés au score. Le troisième tiers, qui aurait dû voir leur révolte, fut encore moins productif que les autres, rendant totalement inéluctables la victoire bernoise et le but de Christian Dubé dans la cage vide qui la scellait.
Il faut dire aussi que le jeu de transition brilla par son inexistence complète, rappelant les premières saisons de l’ère McSorley. Difficile dans ces conditions de créer quoi que ce soit face à des défenseurs qui sont de surcroît tout sauf des manches. Par la grâce de Bezina, on l’a vu, mais aussi de Gaëtan Augsburger, de John Gobbi, particulièrement à côté de ses pompes, ou encore de Byron Ritchie, les Grenat auront plus souvent porté le danger vers leur cage.
Ce n’est pourtant pas que les Bernois furent étincelants. Dès les premières secondes, ils annonçaient la couleur. Sur le développement de la première action genevoise, les Nounours attendaient en effet sagement à la ligne rouge, seul Ivo Rüthemann se risquant un peu plus avant, mais en deçà de la bleue, faut pas déconner non plus. Terriblement minimalistes, ils ne montrèrent longtemps la tête qu’en jeu de puissance. Ils eurent surtout le mérite de saisir quelques unes de leurs chances et de fournir un jeu collectif un peu plus développé, ce qui n’est certes pas bien difficile.
Après le show qui avait clos 2008, les Genevois auront donc entamé la nouvelle année par une prestation qui fait renaître un semblant d’inquiétude face à un adversaire pourtant pas beaucoup mieux disposé que les Lions zurichois. La soirée pyjama contre Davos nous en dira un peu plus sur l’étendue des dégâts, si dégâts il y a.
Petite note de médisance : selon les chiffres officiels, 16’789 spectateurs ont assisté à la rencontre, soit l’équivalent d’un match à guichets fermés avant les travaux à la GéantJaune Arena. Or non seulement le public n’était pas particulièrement serré, mais une bonne partie des anciennes places debout se sont vues garnir de sièges, et de grands vomitoires ont été creusés dans le «mur» bernois. Il est donc rassurant de voir que les Genevois ne sont pas les seuls à embellir leurs affluences.
Photos Pascal Muller, coypright www.mediasports.ch

CP Berne – Genève-Servette 3-0 (0-0 2-0 1-0)

Postfinance Arena, 16’789 spectateurs.
Buts : 33’10 C. Dubé (M. Gélinas / 5 contre 4 / R. Breitbach) 1-0, 38’00 T. Ziegler (sans assistance de R. Josi, quoi qu’en dise la Ligue / 4 contre 5 / M. Leuenberger) 2-0, 59’38 C. Dubé (S. Gamache, M. Gélinas / cage vide) 3-0.
Arbitres : D. Stricker ; R. Bürgi, S. Marti.
CP Berne : M. Bührer ; M. Leuenberger, T. Roche ; R. Josi, D. Jobin ; P. Furrer, B. Gerber ; S. Gamache, C. Dubé, M. Gélinas ; I. Rüthemann, M. Plüss, P. Bärtschi ; M. Reichert, A. Châtelain, R. Abid ; D. Meier, T. Ziegler, T. Meier ; É. Froidevaux. Absents : P. Rytz, A. et P. Berger (blessés) ainsi que S. Bordeleau (surnuméraire).
Genève-Servette : B. Conz ; G. Bezina, S. Schilt ; O. Keller, J. Gobbi ; R. Breitbach, D. Vukovic ; F. Heynen ; J. Kolnik, B. Ritchie, D. Rubin ; T. Deruns, S. Aubin, T. Salmelainen ; P. Savary, M. Trachsler, J. Cadieux ; F. Conz, G. Augsburger, F. Debrunner ; I. Fedulov. Absents : G. Mona, M. Hoehener, C. Rivera, J. Mercier (blessés), J.-P. Vigier, R. Suri et J. Gailland (surnuméraires).
Pénalités : 2 x 2’ + 10’ (D. Jobin / charge dans le dos) contre le CP Berne, 4 x 2’ + 10’ (J. Gobbi / méconduite) contre Genève-Servette.
Notes : 15’ M. Reichert tire sur le poteau. 59’00-59’38 B. Conz cède sa place à un sixième attaquant.

Écrit par Yves Grasset

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2 Commentaires

  1. Venu de Malley nous nous réjouissions de venir voir un match de LNA, qui plus est à la Bern Arena.
    Mais quelle déception, du jeu présenté par des Aigles toutes griffes dedans, sans schéma de jeu et avec un nombre inclaculable de mauvaises passes, et de celui d’Ours à peine plus inspirés (en hibernation ?).
    Quand à l’affluence, je pense qu’ils ont en effet dû forcer un peu sur le vin chaud …..16’789 spectateurs ou non, peu d’ambiance dans tous les cas.
    Bref, un match qui n’aura pas réussi à nous réchauffer dans le frigo de la Bern Arena, ni à nous faire oublier un finalement très bon spectacle présenté dans le derbi de LNB quelques jours auparavant dans une patinoire (soit disant…) comble et animée.

  2. « Les occasions dangereuses créées par les Aigles se comptaient sur la main d’un boucher distrait »

    Ah ah ah !! Excellent !
    Quand le Blues du Tram 12 pointe son nez, je fonce sur Carton Rouge et l’affaire est réglée..
    Merci de nous faire rigoler les gars !
    Et merveilleuse année à toute l’équipe.

    Olivier Aubert – Zurich (ex-GS player 1964-76.. longuetaïmmago, fuck ! ;o)

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