Balte hasard, mais sans rois mages

Comme toute équipe jouant en grenat qui se respecte, la Lettonie devrait royalement se planter durant ces Mondiaux. Le Lettonie – Autriche du mercredi 29 avril à Berne, opposant les Grenats de l’Est aux Aigles autrichiens, aura d’ailleurs des allures de derby servetto-servettien. Avis à nos lecteurs genevois qui voudraient enfin voir des Grenats ou des Aigles triompher dans la capitale, il reste encore quelques billets !


1) Pourquoi ai-je choisi de présenter ce pays ?
Pourquoi y a-t-il des gens qui se lèvent très tôt le matin pour se détruire la santé en allant travailler sur un chantier ? Pourquoi est-ce que quelqu’un est responsable de passer avec une pince et un sac-poubelle après ce que les CFF appellent très pudiquement un «accident de personne» ? Non, franchement, la question est déplacée.
Parfois, il convient d’être humble et de se réjouir de ce qui vient dans la vie. D’ailleurs je suis de ceux qui trouvent préférable que certains commentent les matches de la Champion’s League, plutôt qu’ils soient en charge de la sécurité d’une centrale nucléaire.

2) À quoi sert ce pays ?

Piège scolaire du programme de géographie de 7e année, la Lettonie a pour capitale :
a) Riga
b) Vilnius
c) Tallin
Une bonne réponse à cette question prédisposera l’élève à entreprendre une vie exemplaire et à s’ouvrir sur le monde. Il fera partie de cette élite qui parle allemand, comprend la règle du hors jeu dans plusieurs sports, lit CartonRouge.ch et travaille pour une grande banque.
Si une mauvaise réponse est donnée à cette question, il ne fait nul doute que l’élève aura de bonnes chances de devenir un fauteur de troubles. S’il ne trouve pas d’embauche comme commercial chez Cablecom ou changeur de couches dans un mouroir, il égayera pathétiquement ses fins de semaine en soutenant un club de LNB, voire de basketball. On rencontrera son opinion de temps à autre sur planetehockey.ch, exprimée sous la forme de quolibets phonétiques.
Vous l’avez compris — et assez entendu lorsque la Nati doit l’affronter —, la Lettonie est un test.

3) Comment joue-t-on au hockey dans ce pays ?
Le pays est un grand récolteur de patates. Puisque ce labeur est harassant et très répétitif, les paysans ont, au fil du temps, développé des manières ludiques de déterrer les tubercules et de les rassembler dans de grands bacs de 1.22 de hauteur sur 1.83 de largeur.
En raison de la consommation abusive de dérivés liquides de la patate et de l’ustensile perforant qui leur servait de crosse (une sorte de bêche appelée fossoir), de nombreux accidents sont venus endeuiller ces périodes d’opulence du calendrier agraire de Livonie.
On décida, peut-être par athéisme présoviétique, de supprimer la trinité du fossoir pour le remplacer par une et simple dent, en bois. Le fossoir monodentaire était né. Si aujourd’hui, son nom porte à confusion avec le célèbre fossoyeur édenté (Dany Heatley, http://www.cbc.ca/sports/story/2005/02/04/heatley050204.html), il fut dans l’histoire, le premier objet capable de réaliser des lancers frappés et du poignet sur terre.
Les Lettons eurent le loisir de se rendre compte qu’ils furent dépossédés de leur invention par le Canada qui allait pouvoir allier les valeurs originelles du jeu à toutes leurs qualités développées dans le harponnage de phoque et la déforestation.
On ne saura jamais si le hockey a une origine lettone. Le sujet est trop polémique. Mais les légendes font rêver les peuples. Pensez à celui qui revendique l’invention de la raclette AOC Valais.

4) Pourquoi vont-ils gagner les Mondiaux ?

Piotr Ugrumov a officieusement rejoint le staff de l’équipe à titre de conseiller spécial en santé.

5) Pourquoi vont-ils se faire éliminer au premier tour ?
Contrairement à l’or, à l’argent ou au bronze des médailles, le Letton se réserve à des utilisations moins nobles, telles que la robinetterie, le décolletage et les douilles d’artillerie.
Si l’on devait encore voir du laiton sur la glace au second tour, ce serait dû au fait qu’un «supporter», peu collectionneur, exerce la détestable habitude de balancer des pièces de 5 et 10 cts frappées entre 1913 et 1918.
Vous en conviendrez, les probabilités sont faibles, surtout lorsque l’on sait que c’est au moins 3 mois de salaire là-bas.

6) Qui sont les joueurs à surveiller ?

Franchement, aucun. D’ailleurs, contrairement à mes collègues, je suis certain que Kristofs Chervs, Mouik Brèss, Logan Pastardos ou Chanfran Soitrossé ont déjà commencé à bûcher les feuilles de matches. C’est d’ailleurs pour cela qu’ils sont accrédités.

7) Qui sont les joueurs à ne pas surveiller, mais dont on peut éventuellement se moquer ?

Atvars Tribuncovs, né à Ogre. Il devrait être néanmoins inoffensif pour les plus jeunes supporters. Il a déjà été prévenu que les enfants suisses étaient bourrés à la Ritaline et avaient toute sorte de ferraille dans la bouche. Puisque ces deux substances sont sur la liste grise de l’Agence Mondiale Antidopage, il n’y a pas à craindre que l’une des fringales du monstre provoque une interruption de jeu et le passage de la Zamboni en plein tiers.

8) Une bonne raison de les supporter ?
Supporter la Lettonie, c’est comme suivre les conseils de Jamie Oliver en cuisine. Au début, vous vous trouverez vous-mêmes très cons, mais passé un certain stade, vous verrez les patates autrement.

9) Une bonne raison de ne pas les supporter ?
Le mâle Letton, outrageusement possessif, passe l’entier d’une rencontre à appeler sa femme d’un signe sonore distinctif (sifflement) pour qu’elle lui accorde — comme cela se doit en tout temps — la totalité de son attention.

10) Bon d’accord, mais sinon ?

Comment appelle-t-on un Letton qui joue en Hongrie ?
Réponse : une douille molle. (Voir article sur la Hongrie)

Écrit par Jean-Boris Cochet-Lamouche

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