Favre blanchi à la Chaux

Peut-être plus encore que chez les autres équipes, ce premier match était jugé très très important par les supporters de ce LS version 2008-2009. Il s’agissait à la fois d’oublier un tant soit peu les deux dernières saisons (les pires de l’histoire du club depuis sa fondation en 1896), de confirmer que la campagne des transferts jugée unanimement convaincante allait trouver son prolongement en actes sur le terrain, et de capitaliser d’entrée sur un tirage au sort idéal.

Idéaux le contexte de ce premier match, l’adversaire désigné, la date… Il faut avoir de la chance pour tomber à la Tchaux fin juillet, soit juste avant les premières giboulées de la mi-août. Pour jouer le premier match de la saison sur une pelouse une fois n’est pas coutume absolument parfaite (on en aurait brouté), probablement entièrement changée cet été, alors que dès les premières pluies et chutes de neige, les autres équipes joueront dans l’habituelle taupinière qui interdit tout beau jeu. Pour rencontrer ce FCC-là, enfin, exsangue, en crise perpétuelle depuis l’arrivée du déplorable Président Tacconi, sorte de fils bâtard de l’accouplement improbable de Waldemar Kita et de Marc Roger. Avec ses 17 joueurs sous contrat dont 3 gamins de 19 ans montés en catastrophe des juniors A (qui pour les entourer dans ces conditions ?), avec 5 joueurs sous contrat à deux semaines de la reprise, avec des tests tous azimuts et avec la majeure partie de l’équipe finalement retenue qui a raté les quatre cinquièmes de la préparation et n’a jamais joué ensemble, il était impossible de tomber sur un contexte plus favorable pour ce match de reprise.


Cotting a misé sur un frileux 4-5-1

Pour toutes ces raisons, le LS n’avait pas le droit à l’erreur. L’équipe a montré quelques bonnes choses lors des matches amicaux de l’intersaison, si l’on se dépêche d’oublier la pitoyable partie contre Olympique Croix-de-Savoie (si j’avais écrit un compte rendu de ce non-match, vous auriez cru que j’étais atteint du syndrome de Gilles de la Tourette). Une équipe du Lausanne-Sports mieux équilibrée, qui a en partie résolu ses récurrents problèmes de latéraux et s’est consolidée en attaque, où le départ de Thurre aurait à lui seul renforcé le secteur. Un groupe qui s’appuie en bonne partie sur la même ossature que la saison précédente, renforcé par des joueurs qui connaissent la maison, sa façon de fonctionner, son Histoire : Diogo, Bilibani, Marazzi… Avec l’incorporation de trois jeunes espoirs du cru qui rejoignent les Pasche, Basha, Stadelmann et Gabriele (tous les sept nés entre 1989 et 1991), avec l’arrivée des deux attaquants Hélin et Boughanem, avec enfin l’incorporation future de deux Brésiliens issus du partenariat avec Campus Pelé, le LS semble en mesure d’atteindre l’objectif fixé par les dirigeants de Grand Chelem Management : une place dans les cinq premiers. C’est à mon sens le maximum que cette équipe peut viser, en mouillant le maillot, en étant concentrée du début à la fin, et si les Brésiliens s’avèrent être de vrais renforts. Dans le cas contraire, ce LS semble en tous les cas capable de s’éviter la lutte contre la relégation, et de poser les bases pour une montée en puissance qui pourrait trouver son apogée autour de la saison 2010-2011, quand nos jeunes seront arrivés à maturité et que – prions – la construction d’un nouveau stade «obligera» le LS à avoir de réelles ambitions de montée.

Tout semblait donc réuni pour une bonne entrée en matière, les plus optimistes estimant presque que le FCC aurait plutôt intérêt à ne pas se présenter sur la pelouse afin de limiter les dégâts avec un flatteur 0-3 par forfait. Pourtant, à la mi-temps, la centaine de supporters bleus et blancs (dont 25 BWFK et 3 RL) avait le regard perdu dans le vague. Aligné dans un frileux 4-5-1 qui semble être le système de prédilection de Cotting, le LS avait bégayé sa partition, en partie à cause de deux joueurs complètement à côté de leur sujet, Barroso à droite de la défense et Drago à gauche de l’entrejeu. Ajoutez à cela la mise en route laborieuse de Balthazar – qui montera en puissance par la suite – et les mauvais choix de Marazzi, et vous aurez l’explication de ce 0-0 inquiétant après 45 minutes initiales, et deux occasions à deux. Certes la possession de balle était clairement lausannoise, et certaines lacunes dans le jeu des jaunes et bleus devenaient de plus en plus criardes au fur et à mesure de l’avancée de la partie, mais on sentait que le LS n’était pas à l’abri d’un but-gag, ou d’un pénalty qui aurait entamé le mental vaudois.


Excellente entrée de Pasche

En fait de but-gag, il a fallu que Drago tente pour la trentième fois un tir moitié anodin moitié raté à la 52e – alors que personne ne pensait le voir réapparaître en seconde mi-temps – et que le défenseur Moumouni le dévie malencontreusement dans ses propres filets pour que les Vaudois prennent un avantage mérité. Abdou Moumouni marque ainsi son second goal pour le LS, une dizaine de mois après avoir planté le 0-2 pour le LS en Coupe à Baulmes. Le public a alors rapidement compris que les Chaux-de-Fonniers, s’étiolant physiquement comme attendu et incapables de puiser des ressources dans un esprit d’équipe encore à forger, ne seraient pas capables de recoller. D’autant que l’entrée de Pasche à l’heure de jeu pour Drago (enfin !) a dynamisé le jeu au milieu du terrain, le LS vivant à ce moment sa meilleure période, avec notamment un caviar de passe en profondeur pour Diogo. Le même Pasche provoquera ensuite le pénalty indiscutable de la victoire.

On peut également noter l’entrée de Sonnerat dans un rôle inédit de milieu gauche à la place de Balthazar, duquel il s’est bien sorti, puis celle, trop tardive pour juger, de Hélin. Les nonante minutes de jeu offertes à Barroso ne peuvent elles s’expliquer que par le manque de solution de rechange à disposition de Cotting aux postes de latéraux. On risque malheureusement d’en reparler dès les premiers bobs et autres suspensions.

Bref, trois points qui étaient indispensables pour commencer l’exercice et travailler sereinement à la venue de Thoune, l’ex-équipe de LNA dont les supportrices ont du mal à s’asseoir. Le calendrier qui attend les Lausannois est en effet beaucoup moins clément qu’à son entame, avec Thoune, Gossau à l’extérieur, Wil et Wohlen dans le viseur. On saura d’ici un mois le rôle que le LS est en mesure de jouer dans ce championnat qui s’annonce très serré, émaillé de derbies romands et riche en émotions.
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

La Chaux-de-Fonds – Lausanne-Sports 0-2 (0-0)

La Charrière, 613 spectateurs.

Arbitre : M. Zimmermann.

Buts : 52e Drago 0-1. 74e K. Boughanem (pén.) 0-2.

FC La Chaux-de-Fonds : Fickentscher; Caso, Moumouni, Kébé, Witschi; Fermino (78e Conde Redondo), M. De Azevedo, Raimondi (67e Elia); Doudin (87e Apostoloski); Mica, Murati.

Lausanne-Sports : Favre; Barroso, Malacarne, Eli, Bilibani; Rey, Diogo; Balthazar (73e Sonnerat), Marazzi (80e Hélin), Drago (62e Pasche); K. Boughanem.

A propos Yves Martin 247 Articles
Cette Nati a deux vertus : celle de faire rêver quasi tout son peuple, et celle d'emmerder les connards de la fachosphère. Longue vie à elle.

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5 Commentaires

  1. Article très bien écrit comme dhab. Par contre, je te trouve très sévère à lencontre du FC LS. Faisons preuve de patience. Les garçons avaient tout à perdre de ce match. Techniquement et au niveau de la circulation du ballon, léquipe est largement dans les cinq premiers de Challenge League. Tu parles du 4-5-1 frileux. En phase offensive il doit se transformer en 4-3-3. Ce système demande des automatismes qui seront bientôt huilés. Concernant Dario Drago, Il faut savoir quil joue légèrement blessé. En effet, il souffre encore de sa cheville gauche. De plus, cest un attaquant de pointe et il doit sadapter à ce nouveau rôle de demi de couloir. En pleine possession de ses moyens et lorsque il aura assimilé sa nouvelle position, sa vitesse va certainement nous amener énormément. Perso, je vois lavenir avec optimisme et je vous recommande de venir à la Pontaise pour encourager nos joueurs qui pourraient bien en surprendre plus dun.

  2. un tout bon papier. Je ne sais pas si lallusion aux fesses des supportrices du fc Thun était nécessaire, mais tu réussi à faire passer la pilule avec grâce.
    Si le LS était aussi bon quYves Martin, il y aurai 3 équipes à 9 points en têtes de LNA.

  3. Samedi en voyant jouer LS, jai repensé au LS de Trumpler ou Duvillard. On ressent un certain potentiel dans cette équipe mais ça ne sort pas, et vers la mi-match on commence à sennuyer et à regarder le paysage.
    Le FCC de samedi était faible, cette victoire 2-0 obtenue avec de la chance est un petit score contre cet adversaire. A mes yeux K. Boughanem nest pas un renfort, et comme Helin n’est pour l’instant pas à l’aise dans le système du LS, l’attaque n’est pas bonne. Diogo c’est le tôlier de cette équipe, il prend de la place, il s’impose mais il a beaucoup de déchet dans son jeu. Favre, Bilibani, Rey, Marazzi et Balthazar font du bon boulot mais le tout bon au LS c’est Pasche, je souhaiterai le voir titulaire, mais je crains un peu que l’entraineur privilégie plutôt les joueurs physiques que les créatifs.
    Pour autant que les deux Brésiliens délivrent le boulot que l’on est en droit d’attendre de renforts étrangers, une place dans les cinq premiers est possible.

  4. Faire le choix dun seul homme en pointe….cest faire comme Kobi avec tous les matchs de préparation et les résultats qui en ont découlés.
    Comme je regrette lépoque dun homme au centre avec ses ailiers, les mouvements, le spectacleet les gradins pleins.

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