Clubbing : The Strongest

Clubbing est l’une des rubriques mythiques de votre site préféré. Elle a la signature de l’immense Olivier Di Lello, qui a gentiment accepté de me la prêter. Comprenez par là que la pression est grande. Mais bon, au moins, vu le club présenté aujourd’hui, il est peu probable que les coquilles et imprécisions soient remarquées. Car on va parler d’un club du terrible championnat bolivien. Une équipe dont le nom inspire la crainte à ses adversaires: The Strongest La Paz.

L’histoire complètement improbable du club

Si l’on se fie à Wikipédia, The Strongest doit son nom à un groupe de jeunes qui voulait, en 1908, protéger son territoire dans certains quartiers de La Paz, capitale de la Bolivie. Du coup, pour inspirer le respect, ils ont fondé un club de foot et se sont appelés The Strongest, soit littéralement « les plus forts ». Nul doute qu’avec ça, personne n’a osé les emmerder. Notez au passage comme ces jeunes gens étaient précurseurs dans la façon d’utiliser l’anglais, alors parlé par absolument personne dans les Andes, afin de mieux se vendre à l’international.

Ils étaient tellement fiers de leur nom qu’ils ont voulu voir si cela rendait les membres du club immortels. En effet, The Strongest a, lors de son histoire (véridique pour le coup), été confronté à pas mal de drames. Notamment à la guerre du Chaco, dans les années 30, conflit territorial qui opposa la Bolivie et le Paraguay. Lors de celui-ci, de nombreux membres et supporters du club étaient engagés dans l’armée de leur pays d’origine. Tant et si bien que l’une des batailles principales de cette guerre porte le nom de Cañada Strongest. Sans que l’on ne connaisse trop le rapport avec le pays de Wayne Gretzky. Plus tard, en 1969, ils ont cette fois éprouvé leur patronyme en se lançant dans ce qui deviendra une malheureuse spécialité sud-américaine, la catastrophe aérienne d’équipe pro. Las, ils ont pu constater à cette occasion que, même s’ils sont les plus forts, la paroi de la montagne est encore plus forte.

Depuis cet évènement, ils ont arrêté de tester la solidité de leurs joueurs et se sont focalisés sur le foot. Plutôt bien d’ailleurs, puisque The Strongest est le deuxième club le plus titré en Bolivie, à distance respectable quand même du recordman qu’est le Club Bolivar, le grand rival car aussi issu de La Paz, la capitale.

Couleurs, symboles et surnoms à la con

Le symbole du club est incroyablement audacieux puisqu’il s’agit ni plus ni moins que d’un tigre. Ce qui est très rare dans le sport de haut niveau. Enfin sauf pour Hull City, les Langnau Tigers, les Bengals de Cincinatti, les Tigers de Detroit, Tigres UANL, les Jeux Olympiques de Séoul puis de PyeongChang, les Tigres de Victoriaville, les équipes nationales du Bangladesh et de Malaisie, les Nürnberg Ice Tigers ou encore les céréales Frosties. Mais attention, sur le logo de The Strongest, le tigre fronce les sourcils. Pour montrer qui est le plus fort probablement. En plus du félin susmentionné, les mascottes du club sont un condor et une vigogne, sorte d’alpaga, ce qui est déjà un peu plus recherché même si ça fait moins peur.

Pour les couleurs, en toute logique, on est cohérents et on s’habille en jaune strié de noir. Comme des tigres (ou des joueurs du FC Châtel-Saint-Denis). Ce qui nous amène aux surnoms, encore une fois très recherchés : Tigre, Tigré ou Gualdinegro (jaune et noir).

Stade et supporters

The Strongest est l’un des clubs les plus populaires de Bolivie, avec le susmentionné Club Bolivar. Ce qui lui confère donc une cohorte impressionnante de fans qui garnit un stade immense et en fusion. Enfin non. L’Estadio Rafael Mendoza Castellon compte 14’000 places selon les estimations les plus optimistes. En pratique, on dirait un vieux terrain de banlieue agrémenté de gradins qui semblent n’avoir jamais été achevés et qui ne sont guère plus hauts que ceux du Stade de Copet à Vevey. Il ne s’agit ni plus ni moins que du dix-septième plus grand stade de Bolivie. Ce qui fait un peu crouille pour un club qui se veut le plus fort.

Même la Pontaise est imposante à côté du Rafael Mendoza Castellon.

Bon, on est mauvaise langue. Les Tigres jouent dans deux stades. Celui susmentionné mais aussi l’Estadio Hernando Siles, bien plus grand (entre 40’000 et 45’000 places selon l’envie de la police locale de respecter les normes), partagé toutefois avec le rival local qu’est le Club Bolivar, encore lui. Ce stade est notamment connu pour être situé à 3’637 mètres d’altitude et pour faire régulièrement parler de la ville quand Messi vient y vomir avec sa sélection nationale ou quand Neymar pleurniche parce qu’il a du mal à y respirer.

Concernant les supporters, difficile de glaner la moindre info. Mais on présume qu’ils sont très fiers et arrogants parce que selon eux leur équipe est la plus forte.

Les grands rivaux du club

Tout naturellement, au vu de la situation géographique et de ce qui a été dit plus haut, The Strongest La Paz a développé une intense rivalité avec le Werder Brême. Ce club, situé dans la ville allemande du même nom, est connu pour son maillot vert et blanc et pour avoir fait éclore les légendes que sont Miroslav Klose et Mesut Özil notamment. Il compte à son palmarès 4 Bundesliga et 6 Coupes d’Allemagne, mais évolue depuis 2021 en deuxième division.

Bien sûr que c’est n’importe quoi. Le grand rival est bien entendu le Club Bolivar, largement recordman du nombre de titres nationaux (23). Fondé en 1925 du nom de la monnaie nationale du Venezuela, il joue, lui, en bleu clair. L’affrontement entre les deux clubs de la capitale est nommé, on est toujours dans l’originalité, le Clasico. Le Club Bolivar est également connu pour être devenu en 2021 membre du City Football Group, le fameux consortium possédant entre autres Manchester City et le New York City. Ce qui rend le Club Bolivar nettement moins sympathique que The Strongest. On pourrait changer d’ailleurs son nom, par opposition, en The Richest.

Le ou les joueurs qui pourraient avoir leur statue à l’entrée du stade

Le meilleur buteur de l’histoire de the Strongest, donc le plus fort des plus forts, est un certain attaquant du nom de Pablo Escobar. Né en Colombie en 1949, Pablo Escobar est principalement connu pour avoir été l’un des barons de la drogue les plus riches et influents du monde, via son tristement célèbre cartel de Medellin, avant d’être abattu en 1993. Sa vie, son ascension et sa chute ont été illustrés par la célèbre série Netflix Narcos.

Pablo Escobar signant un autographe à un jeune fan lors d’un camp d’entraînement à Potosi avec The Strongest.

En dehors d’Escobar, on citera également Oscar Sanchez, ancien capitaine de la sélection bolivienne, ou Milton Melgar, ancien grand joueur bolivien également. Mais un nom sort encore plus du lot. Celui de Rolando Vargas. Alors capitaine du club mais suspendu pour un tournoi se déroulant à l’autre bout du pays en 1969, Vargas décide de ne pas faire le déplacement. Il sera l’un des rares survivants à la tragédie aérienne qui frappera son club ce jour-là. Puis, il devient le joueur autour duquel l’équipe est reconstruite pour gagner le titre seulement 5 ans après le drame. Mais il est probable que The Strongest n’ait pas voulu construire sa statue devant son stade Rafael Mendoza Castellon afin d’éviter que cela ne fasse trop d’ombre sur le terrain.

Le joueur qui a joué pour le club mais qui se ferait balancer des tomates à la gueule s’il osait revenir

Étant donné que The Strongest s’est fait prêter de nombreux joueurs à la suite de la tragédie qui a frappé son équipe, il semble qu’il soit relativement commun depuis lors de passer de ce club aux rivaux et vice-versa. De manière assez arbitraire, on va donc citer Zack Flores, un Américano-bolivien ayant évolué en jaune et noir entre 2004 et 2007 avant de partir du côté du Club Bolivar. Puis de rejoindre un club nommé Crystal Palace Baltimore, filiale du vrai Palace, en D2 Américaine. Club qui a été fondé en 2006 avant de disparaître en 2010. Et ça, c’est tellement la lose que ça mérite des tomates.

Le match d’anthologie du club dont on se souviendra dans 50 ans encore

Comme on n’a pas d’envoyé spécial en Colombie, on va se fier à ce que l’on peut trouver dans les récits de ce club de légende. À ce petit jeu, il semblerait qu’un certain match de Copa Libertadores en 2016 ait valu le détour. En effet, en déplacement sur la pelouse du célèbre Sao Paulo FC, The Strongest bat les locaux 1-0. Ça n’a l’air de rien, mais il s’agit ni plus ni moins que de la première victoire à ce niveau à l’extérieur depuis 34 (!) ans pour les Boliviens, qui plus est face à un club mythique d’Amérique latine. Parce que oui, depuis le début on dit que The Strongest est un grand club au niveau national, mais la Bolivie est un nain au niveau continental. Si l’on reporte ça à l’Europe, c’est un peu comme si on parlait du BATE Borisov, le côté communiste en moins.

Bon ok, et actuellement ?

À ce jour, The Strongest occupe naturellement, parce que c’est eux les plus forts, la première place du groupe A du championnat d’ouverture de Bolivie. Oui, c’est compliqué le championnat bolivien. Sinon, ils ont disputé l’an dernier la Copa Libertadores, gagnant puis perdant face à l’inénarrable Barcelona Guayaquil. Mais de toutes façons, on sait que The Strongest ira bien gagner le championnat encore cette année. Parce que c’est eux les plus forts.

 

Crédits photographiques:

Image de tête : Page Facebook du Club The Strongest : https://www.facebook.com/clubthestrongestoficial/

Estadio Rafael Mendoza Castellon: Ladysmen/CCO/Wikimedia Commons https://commons.wikimedia.org/w/index.php?title=User:Ladysmen&action=edit&redlink=1

Pablo Escobar : Juan Pablo Escobar/CC-BY-SA/Wikimedia Commons https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Pablo_Escobar_y_su_hijo_en_el_a%C3%B1o_1979.jpg

A propos Joey Horacsek 84 Articles
Bon ça va, je vais pas vous sortir ma biographie

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