Tampere vos ardeurs

Si Carton-Rouge sort de sa retraite hockeyistique, il y a de fortes chances que ce soit pour jouer les oiseaux de mauvais augure. La rédac’ avait couvert la première défaite (et quelle défaite !) de la Nati lors du Championnat du monde 2021 à Riga. Il était donc naturel de ressortir du bois un an plus tard à Helsinki, à l’occasion du premier match à élimination directe de l’immense (par la taille) Marco Miranda et ses coéquipiers, historiquement souvent synonyme de piteuse déconfiture. Pas cette année, juraient tous les observateurs, en s’appuyant de tout leur poids sur des victoires étriquées face aux cadors italiens, kazakhs, français, slovaques et allemands et des triomphes il est vrai plus que convaincants aux dépens d’un Danemark aux performances qui nous la coupent cette année et d’une douzième garniture canadienne qui peine à se refaire la cerise (sur le sundae). 

Le match en deux fois deux mots

« La rue est juste. »

Signé Lars Weibel en zone mixte après la défaite. On subodore qu’il tentait d’expliquer que la sélection avance malgré tout toujours dans la bonne direction.

On se tue à chanter sur tous les tons que les interviews d’avant-match, après un tiers, avant un tiers, après deux tiers, avant le dernier tiers et d’après-match ainsi que les interventions « entre les deux bancs » (« Steve, je me permets de vous interrompre pour vous dire que Patrick Fischer vient de hausser le sourcil gauche de 45 degrés ! ») sont aussi insipides qu’inutiles. Il faut par contre bien admettre que les approximations syntaxiques en trois langues y ajoutent un peu de sel sous nos latitudes.

L’homme du match

Le portier américain Jeremy Swayman a envoyé valser les attaquants adverses, mais on ne va pas non plus aller jusqu’à dire qu’il a dû sortir le match de l’année tant les entrechats de l’offensive helvétique manquaient de rythme.

Denis Malgin n’a décidément rien à faire dans le championnat suisse tellement il est au-dessus du lot. Sa pointe à 36 km/h qui a laissé tout le monde sur place (33ème) n’a toutefois pas débouché sur la réduction du score qui aurait pu lui octroyer cette distinction.

En désespoir de cause, il nous restait donc cet homme, stoïque en toutes circonstances, même pendant un interrogatoire en anglais fédéral (et pas très catholique):

« – On sait que votre papa était belge donc vous comprenez un petit peu le français. – … » Pas de bol, papa était flamand.

La buse du match

Timo Meier. D’une précision diabolique dans l’ajustement des poteaux et barres transversales en tous genres depuis quelques jours (encore une fois à la 21ème minute de ce Suisse-USA), le numéro 28 était sur le banc d’infamie lors de l’ouverture du score (et game-winning goal) de Ben Meyers du patin de Calvin Thürkauf en power play (13ème).

Le tournant du match (et du tournoi)

L’élimination improbable de la Suède une heure et demie avant l’entrée en scène des hommes de Patrick Fischer. Plus de syndrome de Stockholm qui tienne, la Suisse allait être championne du monde !

Blague à part, si on était américain, on dirait qu’on n’a jamais vu la Suisse et la Suède sur la glace au même moment cette année et que c’est drôlement louche.

Le geste pourri du match

L’extraordinaire double assist contre leur camp concocté par Leonardo Genoni et Dominik Egli sur le 2-0 d’un Adam Gaudette très bien payé (17ème). 

Le chiffre à la con

7. Promis, on y avait pensé avant de lire ça: 

L’anecdote

Un très jeune Andre Agassi participait à la rencontre d’hier soir.

Après vérification, il s’agit en fait de Thomas Bordeleau, fils de Sébastien Bordeleau, petit-fils de Paulin Bordeleau (on a l’impression de présenter un personnage de Tolkien) et détenteur d’un passeport américain par la grâce de sa naissance à Houston pendant la pige de son père sous les épouvantables couleurs des défunts Aeros.

Le Texas se souvient d’ailleurs doublement du numéro 38 de la draft de 2020. En effet, le coéquipier de Timo Meier (lui-même auteur de l’égalisation à la 60ème minute) avait marqué il y a un mois le tir au but vainqueur des San Jose Sharks face aux Vegas Golden Knights, actant pratiquement la qualification des Dallas Stars pour les playoffs et par là même l’élimination de la franchise du Nevada à qui tout avait réussi ou presque depuis leur fondation en 2017. L’hilarité revancharde du reste de la ligue n’avait pas manqué d’enflammer Twitter.

L’anecdote bis

Rien à voir avec la partie qui nous occupe, mais on annonce l’arrivée imminente de l’honnête tâcheron de quatrième ligne de NHL Alex Chiasson (631 matches pour 224 points entre Dallas et Vancouver en passant par Ottawa, Calgary, Washington et Edmonton) dans un championnat de Suisse qui devient de plus en plus attractif. Le natif de Montréal hésiterait encore pour des raisons logistiques: en effet, son agent n’arrête pas de lui répéter que le passage à 6 étrangers en National League implique une mystérieuse clause pour les imports n°5 et 6: arriver à pied depuis la Slovaquie.

Alex vivait un vrai conte de fées à Cedar Park entre 2012 et 2014.

Soyez sans crainte: en marge de cette rumeur de transfert, la rédac’ de Carton-Rouge jure solennellement qu’elle évitera toute tentative de jeu de mots foireux autour du patronyme de l’ailier au transit (dans les deux sens de la patinoire) le plus rapide de la grande ligue. Le fait que son nom se prononce /ˈtʃeɪsɔːn/ (CHAY-sawn) dans la partie anglophone du continent explique d’ailleurs probablement pourquoi l’Augustinois n’a jamais évolué qu’à l’ouest et au sud du Fleuve Saint-Laurent depuis la fin de sa carrière chez les juniors. Son hypothétique arrivée au HC Lugano semblerait donc découler de la même logique implacable, nette et sans bavure. 

Et sinon, dans les tribunes ?

Tous les suiveurs semblent être tombés raides dingues de Tristan Scherwey à l’occasion de ce Championnat du monde. La narration est parfaite. Entre son tir bloqué contre la Slovaquie salué par moult accolades de ses coéquipiers, sa blessure contre la France suivie d’un retour anticipé à la maison et son numéro 60 qui flotte quand même dans un coin du banc helvétique lors de la rencontre suivante, un vestiaire fédéré autour de son valeureux soldat tombé au combat qui lui dédie ses victoires à venir. On en aurait presque la larme à l’œil. Presque.

Loin de nous l’idée de remettre quoi que ce soit en question. Fabrice Herzog, Christian Marti et Claudio Cadonau sont certainement excessivement sympathiques eux aussi, pour autant que vous ne vous trouviez pas à portée de colonne vertébrale de la bande. On n’en doute pas une seule seconde.

La minute Pierre-Alain Dupuis

Brian Wakker au moment de passer l’antenne au duo un tantinet asymétrique Steve Roth – Félicien Du Bois à Helsinki: « Je vais pas vous cacher que là, j’ai l’impression qu’on dresse (sic) de gros (sic) louanges à cette équipe de Suisse. J’espère très honnêtement qu’on va pas en prendre deux dans les dix premières minutes parce que sinon on aura l’air fin… »

Positivons, on les a pas pris dans les dix premières minutes.

La rétrospective du prochain match

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Crédit photographique:

Alex vivait un vrai conte de fées au Texas entre 2012 et 2014: Ross Bonander/CC0/Flickr/https://www.flickr.com/photos/47472921@N07/8554431026

A propos Raphaël Iberg 174 Articles
"Chaque matin on prend la plume parce que l'on ne peut plus faire autrement sous peine de malaise, d'inquiétude et de remords." Maurice Leblanc

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