Les Stars ravivent la Flam(m)e

On brûlait d’impatience de la faire celle-là

Si vous suivez les résultats de hockey via RTS Sport, vous pensez probablement que les playoffs de NHL sont terminés depuis belle lurette. En effet, nos trois derniers Mohicans Nino Niederreiter, Dean Kukan et Jonas Siegenthaler étant moins glamours que Roman Josi et Nico Hischier, difficile de trouver un prétexte pour parler d’Amérique du Nord sur le Télétexte 3.0 (oui, c’est le même contenu et on n’a pas besoin de lire en vert sur fond noir, vous devriez essayer). C’est pour cette raison que Carton-Rouge a décidé, une fois de plus, de mettre les mains dans le cambouis et de sacrifier ce qui reste de sa santé mentale pour vous proposer une affiche du premier tour à première vue aussi alléchante qu’un derby des Highlands à huis clos entre les M21 d’Inverness et de Ross County sous le crachin d’un dimanche soir de novembre. Bienvenue à Edmonton dans notre salon d’où nous avons assisté au quatrième acte d’une série entre les Calgary Flames et les Dallas Stars dont la simple perspective aurait probablement procuré des accès de priapisme à Heinz Ehlers (en tout cas en théorie).

Préambule

Il n’en reste que 16. Exit les Penguins, Maple Leafs, Panthers, Rangers, Oilers, Predators, Jets et Wild au cours d’un processus de qualification folklorique qui a plus ou moins rendu caducs en l’espace d’une semaine les points arrachés de haute lutte lors de préliminaires écourtés. Tant pis. Il est temps de passer à l’acte. La NHL présentera ses excuses aux mathématiques et à la logique plus tard. Ce ne sont pas les Vegas Golden Knights qui s’en plaindront, eux qui sont passés de la troisième à la première place à l’Ouest en gommant un déficit de 8 points au passage sur ce qui pourrait s’apparenter à un coup de dés. Vous nous direz fort justement que les pensionnaires de la cité aux 136 casinos ne sont pas à un jeu de hasard près.

On notera par ailleurs que les supporters d’Edmonton et Toronto ont non seulement été privés de stade alors que la ligue entière a déposé ses valises à deux pas de chez eux, mais qu’en plus tout se passera dorénavant sans leurs clubs favoris éliminés sans gloire. Vous vous souvenez de cette fameuse finale de Coupe de Suisse entre Ajoie et Davos disputée à la Vaudoise aréna juste avant l’apocalypse ? Imaginez la même chose à huis clos sur une durée de deux mois, sous le nez de supporters lausannois désœuvrés. C’est bon ? OK, maintenant imaginez que ladite Coupe de Suisse n’est pas une sous-compétition ayant autant de valeur que la parole de Richard Virenque et vous aurez une partie du tableau.

Quelques réactions après la première ouverture du score des Stars en 12 matches dimanche soir.

Mais revenons à nos moutons (non, pas ceux qui respectent les règles sanitaires, bande de complotistes). Depuis le 25 février et avant le duel qui nous occupe, les Stars ont disputé 13 matches, en ont perdu 11 dont 9 consécutivement et se sont retrouvés à 31 secondes d’aligner une dixième déconvenue d’affilée avant d’arracher un succès aux tirs au but face aux Blues grâce à leur première réussite en… 146 minutes. Ils ont même réussi l’exploit de concéder l’ouverture du score dans 11 des 13 parties susmentionnées pour un total de 20 buts marqués et 38 encaissés. La dernière fois que les hommes de Rick Bowness étaient parvenus à faire trembler les filets 4 fois dans la même rencontre avant l’Acte II de jeudi dernier ? Le 25 février justement. Et 5 fois ? Ce n’était arrivé qu’à une reprise en 2020 avant ce même match numéro deux. Franchement, ça vous donne pas envie de les suivre ? Notre cœur de supporter du LHC bat la chamade à la simple évocation de ces chiffres.

Allez, on laisse notre confrère de The Athletic porter l’estocade avec une statistique qui nous a instantanément mis la larme à l’œil en nous remémorant l’inoubliable saison 2004/2005 du côté de feu la patinoire de Malley. Bill Stewart, si tu nous lis…

Pour ceux qui n’ont rien capté, pas d’inquiétude pour votre niveau d’anglais, vous n’aurez qu’à dire que c’est à cause des maths.

Et maintenant en selle pour un derby du rodéo entre la fort subtilement surnommée « Cowtown », théâtre du Calgary Stampede (« The Greatest Outdoor Show on Earth » à en croire leur site Internet) annuel annulé en 2020 et les cowboys de Big D, dont on espère toujours naïvement qu’une soudaine verve offensive désarçonnera leurs adversaires. Mais pour cela il faudrait que la triplette Benn-Seguin-Radulov lâche les chevaux, sinon adieu veau, vache, cochon, couvée.

Le power play des Stars est facilement éteint par la défense des Flames.

Le match en deux mots

Feu libre !

Les trois étoiles du match

⭐️ Joe Pavelski. Premier triplé en playoffs à 36 ans. Premier coup du chapeau en séries finales de l’histoire de la franchise également (elle fout vraiment les boules celle-là si on y réfléchit un peu). Sous le feu des critiques avec seulement 14 goals en 64 matches de saison régulière, l’un des rares joueurs américains de la ligue a déjà 5 réussites à son actif en 7 apparitions depuis le début des playoffs. Le département comptabilité des Stars commence à respirer un peu plus librement au sujet du contrat du finaliste de la Coupe Stanley 2016, véritable feu follet dans la défense des Flames pendant 76 minutes.

⭐️⭐️ Cam Talbot. Après avoir été franchement mauvais lors de ses deux premières sorties dans cette série, l’Ontarien a pris feu avec un blanchissage lors de l’Acte III et 57 arrêts dont quelques miracles dimanche soir. En fin de troisième période, Esa Lindell était le seul des 18 joueurs de champ texans à n’avoir pas tenté sa chance au moins une fois. De là à dire que le goalie a livré la Cam ou qu’il sera la Talbot secrète des Flames à l’avenir, il n’y a qu’un pas.

⭐️⭐️⭐️ Anton Khudobin. On a beaucoup hésité avec la triplette de feu Gaudreau-Monahan-Bennett (7 points à eux trois) du côté des chandails rouges, mais on préfère attribuer ce troisième astre au dernier rempart russe de la franchise texane. Celui qu’on surnomme Dobby a été bien trop souvent réduit au statut d’elfe de maison derrière l’indéboulonnable Ben Bishop pour ne pas mériter une mention pour avoir tenu la baraque dans la prolongation en l’absence de celui qui a été déclaré « unfit to play » lors de trois des quatre derniers matches pour des raisons qui restent aussi obscures que les choix de carrière de Nicolas Anelka.

On signalera encore que si le fort vorace Andrew Mangiapane se jette sur tous les pucks comme un mort de faim, il a encore du pain sur la planche pour mériter de faire partie de cette constellation. La rédaction de Carton-Rouge adresse ses excuses aux familles des lecteurs pour cette série de jeux de mots acquis pour une bouchée de p… enfin à deux balles quoi. Pour ceux qui ne mangent pas de ce pain-là, courage, il y en a pour tous les goûts dans la suite de cet article long comme un jour sans pain. C’est pas notre faute si Mark Giordano et ses coéquipiers sont du pain béni en ce qui concerne les calembours de bas étage après tout.

Le tournant du match

L’instant où Tyler Seguin, dont l’impact depuis le début des séries éliminatoires est aussi important que celui de Federico Tamo au GSHC en son temps, a effectué un triple Lutz suivi d’un double Salchow pour garder le patin sur la ligne bleue et ainsi éviter le hors jeu sur l’action menant au 4-4 à 12 secondes de la fin du temps réglementaire. L’égalisation avait déjà été refusée une première fois aux Stars moins de deux minutes auparavant à cause d’une présence suspecte de Corey Perry sur son lieu de travail habituel: la zone du gardien. Une deuxième intervention du corps arbitral aurait certainement mis Dallas à feu et à sang.

Même si on l’a beaucoup traité de chèvre récemment, le sens du sacrifice n’est pas un vain mot chez Monsieur Seguin.

Le slapshot en pleine lucarne du match

Celui de John Klingberg qui scellait le score après 16 minutes et 5 secondes de prolongation (5-4) au nez et à la barbe de Talbot qui n’y a vu que du feu. Un moment comme un autre pour marquer son premier but sous la bulle d’Edmonton.*

*Le game-winning goal a ensuite été attribué à Radulov, mais comme on s’apprête à être très méchant avec lui juste en-dessous, on a décidé d’ignorer ce détail appelé « réalité » dans la plus pure tradition des disciples d’Ema Krusi.

Le vieux rotoillon en cloche du match

Ce moment où Alexander « Visilab » Radulov a raté la cage vide à bout portant pour la deuxième fois en deux parties en première période. A l’instar de ses deux compères de ce qui fut jadis une ligne de parade, il semble avoir perdu le feu sacré.

La ribambelle de chiffres à la con

3. Comme le nombre de buts concédés par les Stars lorsqu’ils évoluaient à 5 contre 4 dans cette série après en avoir ajouté un ce soir. 3, c’est aussi le nombre de buts qu’ils ont réussi à marquer en power play dans le même temps. C’est ce qui s’appelle jouer avec le feu.

La prochaine fois que vous mangerez la serviette qui accompagne vos frites par mégarde, vous vous trouverez dans un état proche de celui d’un supporter des Stars en fin de troisième période.

Dans le feu de l’action, on a failli oublier de mentionner le taulier de la défense de Dallas, déjà vétéran du haut de ses 21 ans. Miro Heiskanen, puisque c’est de lui qu’on parle, a joué la bagatelle de 35 minutes et 35 secondes lors de cet Acte IV pour un total de 87’06’’ sur les 3 dernières parties disputées en l’espace de 65 heures. En gros l’équivalent du temps de jeu de Tim Traber en carrière. C’est 9 minutes de plus que le deuxième sur la liste, John Klingberg. Tout en vous rappelant que le jeune Finlandais a gagné l’Acte II à lui tout seul ou presque et qu’il en est à 8 points (2 goals, 6 assists) en 7 apparitions en playoffs cette année. Un p’tit Norris Trophy pour la route ?

L’anecdote

Les Dallas Stars et les Calgary Flames évoluent tous deux sous la houlette d’un coach ad interim dont l’avenir immédiat sur le banc de son équipe dépend beaucoup de l’issue de cette série. En ce qui concerne le remplacement de Jim Montgomery par Rick Bowness chez les hommes vêtus de Victory Green, on a déjà tenté de vous expliquer les tenants et les aboutissants de cette sombre histoire ici. Pour les développements plus récents de l’enquête, c’est , en texte, en vidéo et en québécois. Du côté de l’Alberta, c’est Bill Peters qui a dû faire ses valises au profit de Geoff Ward le 29 novembre dernier, pris dans la tourmente du mouvement #MeToo ou #BalanceTonCoach, comme vous voudrez. Accusé de racisme par Akim Aliu (un comble pour celui qui a commencé sa carrière d’entraîneur aux Spokane Chiefs) puis de violence physique par un joueur tchèque nommé Michal Jordán (ça non plus ça ne s’invente pas), l’actuel chauffeur de l’Avtomobilist Yekaterinburg a rapidement retrouvé les feux de la rampe en KHL.

On mettrait notre main au feu que le budget Zoom de la chaîne Sportsnet est assez misérable.

Et sinon dans les tribunes ?

Comme il ne se passe toujours strictement rien dans les tribunes, on va meubler cette rubrique avec une photo de l’un des héros de notre enfance: Capitaine Flam.

Vous avez la musique du générique dans la tête là, hein ?

La minute Jonas Junland

L’honneur d’occuper ce créneau prestigieux revient à Jamie Oleksiak. Ce brave homme, défenseur de son état et buteur décisif lors de l’Acte II, s’est fait l’auteur de deux séjours parfaitement évitables sur le banc d’infamie. Comme il n’y a pas de fumée sans feu, les Canadiens en ont profité pour égaliser à deux reprises (1-1 et 2-2). Pas assez pour faire basculer la rencontre toutefois. N’est pas Jonas qui veut après tout.

La rétrospective du prochain match

Nous en sommes à 2-2 dans une série qui pourrait déjà avoir basculé dans le camp de Jamie Benn et ses boys si ces derniers n’avaient pas passé le confinement à s’entraîner au tir avec des buts de rugby. Tout ce beau monde retournera au feu mardi soir pour l’Acte V. Calgarira bien qui rira le dernier.

 

Crédits photographiques:

Merci à mon pote Matthias qui est allé se geler les couilles en Alberta en 2018 pour me ramener la partie supérieure de la photo de tête. La partie inférieure ne doit rien à personne hormis votre serviteur.

Le power play des Stars est facilement éteint par la défense des Flames: Skarabeusz/CC0/Wikimedia Commons https://commons.wikimedia.org/wiki/User:Skarabeusz

Capitaine Flam: Michael Miller/CC0/Wikimedia Commons https://commons.wikimedia.org/wiki/User:Pens_Through_My_Lens

A propos Raphaël Iberg 175 Articles
"Chaque matin on prend la plume parce que l'on ne peut plus faire autrement sous peine de malaise, d'inquiétude et de remords." Maurice Leblanc

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