Schalke nul et fier

Lors de débats généraux autour du football, il est bien rare d’évoquer le FC Schalke 04. Pourtant le club est l’un des plus grands d’Allemagne. Il ne compte pas moins de 7 titres de champion, 5 coupes nationales ou encore une coupe de l’UEFA. Mais ces derniers mois, il semblerait que le club ait remarqué son absence lors des conversations passionnées sur le foot et ait trouvé un excellent moyen de combler ce manque : en devenant extrêmement nul. Au travers de cet article, je vais tenter de vous résumer au mieux comment ce club emblématique en Bundesliga est devenu apathique et surtout dramatique…

L’idée de rédiger un article sur le FC Schalke 04 qui, sans vous mentir, m’intéresse très peu en temps normal, m’est venue tout récemment. Pépère devant ma télévision un vendredi soir, je me disais qu’il serait sympa de visionner le match d’ouverture de la Bundesliga entre le Bayern Munich, champion en titre, et Schalke 04, plutôt habitué, dans mon esprit, à jouer les premières places du championnat. Mon idée, que je trouvais pertinente, s’est très vite fait rattraper par la réalité… Une première grosse occasion pour les Gelsenkirchenois (la francisation de l’allemand peut parfois se montrer atroce) à la première minute de jeu qui me laisser espérer un beau match. Une jolie réponse des Munichois dès la 4ème (1-0) et un score l’étant bien moins à la 90ème minute (8-0). Avec une lose pareille, j’ai vite compris qu’il y aurait certaines choses à dire au sujet des Königsblauen.

Quand le staff vous fait comprendre que votre match est exemplaire et qu’il faut absolument tenir le score alors que la rencontre vient de débuter.

Lors de ces dernières saisons, Schalke 04 a montré qu’il était un club parfois capable du meilleur (seconde place du classement en 2017-18), mais qu’il excellait aussi particulièrement dans le pire. Pour faire simple, les derniers mois du club sont désastreux. Quelques chiffres seront plus éloquents que des mots : 14ème place du championnat en 2018-19, 12ème place en 2019-20, dont 16 matches consécutifs sans victoire au coeur de cette même saison, et j’en passe. Ajoutons à cela un club dont la dette s’élevait à environ 200 millions d’euros (avant la crise sanitaire qui plus est). Le mélange de tous ces éléments vous procure un cocktail mortel qu’on appelle « la crise » et autant vous dire que ceux qui y ont goûté y ont succombé. A commencer par le président Clemens Tönnies, en poste depuis 2001, qui s’est vu dans l’obligation de démissionner pour divers motifs. Un de ces griefs a particulièrement attiré mon attention de par son caractère injuste. L’homme, grand orateur à ses heures perdues, a été mis sous pression car ses logorrhées en dérangeaient plus d’un. Un exemple de son lyrisme pour vous mettre l’eau à la bouche (contexte : durant une réunion au sujet de constructions de centrales électriques en Afrique) : « Comme ça, les Africains arrêteraient d’abattre des arbres et cesseraient, lorsqu’il fait sombre, de faire des enfants ». Décidemment un artiste incompris. Ajoutez à cela le coach David Wagner, limogé il y a peu, ou encore la démission du directeur sportif, Christian Heidel, la saison précédente. Personnellement, je ne souhaiterais même pas à mon pire ennemi de signer à Schalke 04.

Il faut dire que la situation actuelle de l’équipe n’a pas de quoi rassurer les supporters. Au moment où j’écris cet article, elle poursuit sa magnifique série de match sans victoire, débutée la saison précédente, avec déjà 4 défaites et un nul, 19 buts encaissés pour deux marqués et une belle avant-dernière place au classement. Et pour célébrer au mieux la fête nationale locale (3 octobre), le club a décidé de rendre hommage à son « 04 » en s’inclinant 4-0 face au RB Leipzig. Une prouesse ! Des résultats fort décevants pour un club habitué par le passé à jouer les premiers rôles en Allemagne. Néanmoins la formation de la Ruhr peut tout de même se targuer d’avoir développé d’excellents jeunes joueurs ces dernières années tels que Manuel Neuer, Mesut Özil, Benedikt Höwedes, Julian Draxler (tous champions du monde) ou encore Leroy Sané et Joël Matip pour ne citer qu’eux. Cependant je tiens quand même à préciser que nous parlons d’un club dont le transfert le plus élevé est celui de Breel Embolo (26,5 M€). La vanne s’arrête ici.

Certains mettent leur t-shirt sur le visage pour se protéger du Covid-19.  D’autres mettent leur maillot sur la tronche pour ne pas être témoin d’une fessée à l’allemande. 

L’effectif à ce jour est bien loin de celui qui savait se faire respecter en Allemagne. En 2011, l’équipe avait impressionné tout le vieux continent en se hissant en demi-finale de la Ligue des Champions, en éliminant notamment les champions en titre Intéristes. Cette formation avait fière allure avec de beaux noms comme Neuer, Draxler, Farfán ou même Raúl. Aujourd’hui les joueurs de renommée se font aussi rares que les victoires du côté de Gelsenkirchen. A vrai dire, je n’imagine même pas cette équipe pouvoir inquiéter une formation comme le FC Bâle (et encore moins le CSKA Sofia par conséquent, c’est humiliant en effet). Il faut quand même préciser que le dernier rassemblement de la Nationalmannschaft (en octobre) ne présentait pas le moindre élément issu des Knappen. Pour un club emblématique du pays, c’est une sérieuse contre-performance. Nous parlons tout de même d’une des équipes totalisant le plus grand nombre de supporters à domicile en Europe. D’ailleurs, ils sont sûrement les seuls à ne pas blâmer dans cette histoire tant ils sont nombreux à soutenir encore leur formation. Je ne vous avais pas menti lorsque j’avais titré « nul et fier ».

Finalement, il apparaît difficile de prédire les années futures de l’équipe de Gelsenkirchen. La situation sportive actuelle pourrait nous laisser perplexe mais elle résulte d’un désir (volontaire ?) de reconstruction de l’équipe. Le club en a besoin et de nombreux aspects vont devoir être revus et améliorés afin qu’il puisse reprendre son envol sur les plans sportif et financier. En attendant, je conseille aux partisans du club de se tourner vers d’autres maillots bleus et blancs, ceux du Lausanne-Sport. L’ambiance est loin d’être la même mais je vous promets que cela se verra à peine cette saison.

 

Crédits photographiques: 

Photo de couverture: Mocky04/CCO/Wikimedia Commons : https://commons.wikimedia.org/wiki/User:Mocky04#/media/File:Parkstadion_1998-09-12.jpg

A propos Bastien Ndo 13 Articles
Petit, j'étais un grand fan des blagues de Toto et de football. Du coup je me suis retrouvé chez Carton-Rouge.

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