Coupe du monde 2023: Présentation du groupe F

À quelques jours du coup d’envoi de la neuvième édition de la Coupe du monde féminine de football, nous vous présentons les forces en présence. Aujourd’hui, place au groupe F que nous avons décidé unilatéralement d’appeler groupe de la mort (eh oui, il en fallait bien un).

La star actuelle

Khadija « Bunny » Shaw. Dire que l’avant-centre de Manchester City marque des goals est l’euphémisme du siècle: 55 buts en 38 sélections (ceci n’est pas une faute de frappe) avec la Jamaïque et 31 réussites en 30 matches cette saison avec les Citizens, ça claque. Son mètre 82 sous la toise en impose dans tout le Commonwealth malgré un surnom qui lui colle à la peau depuis l’enfance pour cause d’affection prononcée pour les carottes (véridique !).

Sans vouloir courir plusieurs lièvres à la fois, ajoutons quand même que son père s’appelle George, encore un truc qui ne s’invente pas. En revanche, l’histoire ne dit pas si son deuxième prénom est Bernard ni si le théâtre irlandais est sa tasse de thé.

La Shaw d’hier (2019).

La star sur le retour

Marta. 37 ans, GOAT de son état, 6 fois joueuse FIFA de l’année (pas de bol, le Ballon d’Or féminin n’existait pas encore), 115 buts en sélection. Le Brésil, quoi. Sauf que chez les filles, le Brésil ne gagne pas de Coupes du monde (finaliste en 2007) et on part jouer en Floride dans la force de l’âge plutôt que pour s’offrir une retraite dorée. Entre 2017 et 2020, le vénérable Orlando Pride (fondé en 2015) pouvait même se payer le luxe d’inscrire Alex Morgan et Marta sur une seule et même feuille de match. Imaginez, c’est un peu comme si Messi, Neymar et Mbappé jouaient dans la même équipe. Le nombre de trophées continentaux que ces trois-là empocheraient… *soupir*

Hakuna Martata, mais quelle frappe magnifique !

La joueuse préférée de la rédac’

Selma Bacha. À force de vous parler de buts, vous alliez finir par croire que ces équipes n’avaient pas de défense. Que nenni ! Avec un premier contrat pro dans le meilleur club du monde, celui de sa ville natale, à 17 ans, 4 Ligues des Champions et 5 titres de championne de France à 22 ans, une latérale gauche tire également son épingle du jeu. Et qu’on ne dise pas que Selma Bacha avant de remporter un titre mondial, ce serait insultant.

Selma sans Louise ni fuite au Mexique, mais avec une sacrée patte gauche.

La magnitude sur l’échelle du groupe de la mort

10/10. Vous avez pas lu le chapeau ou bien ? Pénible ces gens qui lisent pas les consignes.

Le surnom classé au patrimoine immatériel de l’UNESCO

Aucun. L’originalité vient tout juste de rendre son dernier soupir en lisant les sobriquets des membres de ce groupe. Les Bleues, The Reggae Girlz, La Seleção et les Filles du Canal. Yawn.

Allez, on vous parle quand même des Reggae Girlz: figurez-vous que l’équipe a cessé d’exister entre 2008 et 2014, faute de fonds suffisants. Devinez quel genre de mécène est venu à son secours. On vous le donne en mille: Cedella Marley, la fille d’un certain Robert. Tout cela est bien joli, mais on ne roule toujours pas sur l’or en Jamaïque. On en est même à se demander: « could we be loved ? » Du coup on a mis en place deux plateformes de crowdfunding pour obtenir les 175’000 dollars nécessaires pour couvrir les frais de l’équipe nationale en Australie et en Nouvelle-Zélande. Bref, no woman, no cry, ça va le faire.

Puisqu’on est dans le hit parade de Bob Marley, on peut officiellement vous annoncer ici que le brassard de capitaine « One Love » ne sera toujours pas autorisé lors de ce tournoi. A la place, il y aura un choix de huit brassards « Unite » proposés par la FIFA, ce qui est en effet nettement moins insultant que les horribles termes « One Love ». Quel geste de bravoure de la part de la FIFA quand même, largement de quoi faire oublier le scandale qatari dans son ensemble. On peut par contre toujours espérer que les filles seront un brin plus courageuses que leurs collègues masculins et risqueront le carton jaune en portant le brassard original malgré tout. Il paraît qu’il y a moins de risques de finir en prison pour ça aux antipodes.

La minute droits des femmes sponsorisée par Visit Saudi™

Le 22 mars 2023, le jeu FIFA23 a décidé d’ajouter la Women’s Champions League à son tableau de chasse. Sauf qu’il y avait comme deux-trois petits problèmes: premièrement, seuls deux championnats européens féminins sont actuellement sous licence: la Barclays Women’s Super League et la D1 Arkema. Donc pas de problème pour Chelsea, Arsenal, Lyon et Paris. Quid des autres ? Facile. Comme on n’y connaît pas grand chose, on ajoute Wolfsburg (good guess !), Francfort (nope, le Bayern est qualifié cette année), le Real Madrid (mais pas le Barça, vainqueur ou finaliste des trois dernières éditions, pour une raison obscure) et la Juventus. Et on s’arrête là parce qu’on est en panne d’inspiration. Donc on se contentera de jouer cette compétition depuis les quarts de finale, hein ? Bref, ça n’a rien à voir avec cet article, mais parfois ça fait du bien de gueuler sans raison.

Revenons à nos moutons du groupe F. Vous vous souvenez des grèves espagnoles ? Eh bien le même problème existe en France (comment ??? Des grèves en Hexagone ???). 24 février 2023: Wendie Renard, capitaine des Bleues et cadre de l’équipe depuis 2011, claque la porte de la sélection via un message sur ses réseaux sociaux. Elle est rapidement suivie par Amandine Henry, Marie-Antoinette Katoto (un sacré coup de collier !), Kadidiatou Diani et Perle Morroni (un diamant brut). Comme pour l’Espagne, on ne parle pas ici de seconds couteaux: c’est un total de 360 sélections en équipe A qui se font la malle. La raison ? Les méthodes de la sélectionneuse Corinne Diacre.

Le fameux Renard des surfaces.

Quatre jours plus tard, le président de la FFF Le « Not So » Graët est (enfin) congédié. Le 9 mars, Diacre, ayant perdu son soutien principal, est également écartée. Le début d’un renouveau au sein d’une équipe de France au potentiel incroyable mais dont la gestion à l’interne n’a somme toute pas grand chose à envier au FC Sion depuis bien des années ? Hervé Renard, le nouveau sélectionneur, nous apportera peut-être bientôt une réponse définitive après des débuts prometteurs. Ce qui est sûr, c’est qu’avec zéro expérience dans le foot féminin et un dernier job comme sélectionneur de l’équipe masculine d’Arabie saoudite (mais ils font exprès ou quoi ?), il a toutes les chances de savoir quoi faire en termes de droits des femmes.

On se moque, mais en quelques semaines, le playboy d’Aix-les-Bains en a fait plus que sa prédécesseur en six ans, avec notamment la création d’une structure pour accueillir les enfants de joueuses comme Amel Majri lors de rassemblements.

La déchirure des ligaments croisés présentée par Sergio Ramos

Celle de Marie-Antoinette Katoto, assortie d’une fissure du ménisque, lors du match du premier tour de l’Euro 2022 face à la Belgique. Ce n’est rien de dire que le retour de celle qui est devenue la meilleure buteuse de l’histoire du PSG à 23 ans (tiens, ça nous rappelle quelqu’un) avec 108 goals en 113 apparitions aurait presque fait autant de bien à son pays que les récents départs conjugués de Noël Le Graët et Corinne Diacre.

La France est littéralement décapitée sans sa reine Marie-Antoinette.

Elle n’est que partielle, mais la rupture du ligament commun antérieur droit du genou de Delphine Cascarino lors de l’avant-dernier match de la saison (PSG-OL, 0-1) offrant le doublé coupe-championnat à la Lyonnaise et son club de coeur la privera de Coupe du monde. On aurait dû faire un bingo des blessures pré-tournoi, sûr qu’on remplissait facilement les 25 cases.

L’instant dyslexie parrainé par la Fédération internationale des logopédistes

Si elle avait été sélectionnée, Griedge Mbock aurait probablement présenté un challenge pour les commentateurs de la RTS, surtout s’il s’agit de son nom entier Griedge Yinda Colette Mbock Bathy Nka. Dommage.

Mbock avec Amel Majri, Delphine Cascarino et la fameuse Coupe aux petites oreilles décollées.

Le pronostic de Chat GPT

Même si elle nous rappelle encore une fois pour la forme qu’elle ne peut pas prédire l’avenir avec certitude, notre intelligence artificielle favorite ne manque pas de remarquer que Panama est la seule des quatre équipes à se trouver hors du top 50 du classement FIFA (ça tombe bien, ça n’a pas changé depuis 2021 et la dernière update des circuits de notre chatbot). On dirait bien que notre groupe de la mort nous promet une lutte à trois pour la qualification.

 

Crédits photographiques :

Bunny Shaw: Dianaatflourish/CC0/Wikimedia Commons https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Khadija_Shaw.jpg

Marta: Amerpear/CC0/Wikimedia Commons https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Marta_Brazil.jpg

Selma Bacha: Steffen Prößdorf/CC0/Wikimedia Commons https://commons.wikimedia.org/wiki/File:2019-03-27_Fußball,_Frauen,_UEFA_Women%27s_Champions_League,_VfL_Wolfsburg_-_Olympique_Lyonnais_StP_3424_by_Stepro.jpg

Wendie Renard: Ailura/CC0/Wikimedia Commons https://commons.wikimedia.org/wiki/File:20131031_FR02_Wendie_Renard_9245.jpg

Marie-Antoinette Katoto: Pierre-Yves Beaudouin/CC-BY-SA/Wikimedia Commons https://commons.wikimedia.org/wiki/File:20150503_PSG_vs_Rodez_121.jpg

Griedge Mbock: Steffen Prößdorf/CC0/Wikimedia Commons https://commons.wikimedia.org/wiki/File:2019-05-18_Fußball,_Frauen,_UEFA_Women%27s_Champions_League,_Olympique_Lyonnais_-_FC_Barcelona_StP_0122_LR10_by_Stepro.jpg

A propos Raphaël Iberg 175 Articles
"Chaque matin on prend la plume parce que l'on ne peut plus faire autrement sous peine de malaise, d'inquiétude et de remords." Maurice Leblanc

Commentaires Facebook

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.