Un avant-goût d’Afrique du Sud ?

En cette fin d’année vous êtes censés savoir que se déroule la Coupe du Monde de football des M17 au Nigeria. Ou pas… Notre équipe nationale y participe pour la première fois et n’y est pas allée pour faire de la figuration.

Tous les deux ans depuis 1985, la FIFA organise une grande réunion d’adolescents footeux, non-alcooliques et non-fumeurs, qui ont choisi la voie du sport pour essayer de faire quelque chose de leur jeunesse. C’est vrai que quand on a un certain talent footballistique, autant essayer de le développer que de tenter vainement de convaincre le videur du MAD que tu as réellement 18 ans sur ta fausse carte d’identité. Ainsi, ce sont 24 équipes de jeunes qui se défient actuellement au Nigéria pour le titre suprême de champion du monde de football junior et succéder au palmarès au pays organisateur.

La Suisse outsider

Après s’être brillamment qualifiée pour la compétition suite à sa demi-finale au récent championnat d’Europe (et ceci après avoir fini 1ère de poule devant l’Italie, la France et l’Espagne, excusez du peu), la Suisse a obtenu son ticket pour les 8ème de finale de la compétition mondiale. La Nati ou les mini Rougets possèdent d’excellentes individualités, il est vrai renforcées par des joueurs d’autres fédérations européennes qui ne manqueront pas de les appeler en sélection A, d’ici 2 à 3 ans, après que ceux-ci aient effectué trois matches et demi avec le FC Bâle et aient été formés dans notre pays. Quoique notre équipe nationale A, avec ses quatre qualifications de suite dans les tournois majeurs, pourrait commencer à devenir très attirante pour les stars binationales de demain… A vérifier !

Le tout est cadré et dirigé par Dany Ryser qui a su imposer une certaine discipline dans une équipe très homogène grâce à une excellente assise et discipline tactique. Nos jeunes ont battu le Mexique, champion du monde en 2005, 2-0, dans un match où elle a excellé tactiquement et défensivement. La Nati s’est ensuite débarrassée des jeunes mangeurs de sushi japonais (4-3) au terme d’une rencontre passionnante. Le dernier match de groupe contre le Brésil (vendredi 19h en direct sur FIFA.com si vous êtes intéressés) comptera pour beurre pour une Suisse d’ores et déjà qualifiée, mais qui souhaite réaliser un «coup» contre l’équipe Auriverde selon Ryser.
Si l’on retient les buts marqués et le nombre d’occasions lors de ses deux premiers matchs, l’équipe pêche encore par son inexpérience, avec beaucoup de déchets techniques, tout comme les autres équipes, et des approximations défensives qui feraient concurrence à la charnière centrale du FC Sion. Cependant, après ce premier tour, force est de constater que cette formation helvétique a des bonnes chances de bien figurer dans ce Mondial, pour une première expérience à ce niveau, et pourquoi pas accéder à un grand titre junior, 7 ans après le titre européen de Senderos & cie en M17 également.

Du potentiel individuel

Des qualités techniques, cette équipe de Suisse M17 en possède. Certains ont déjà des qualités aussi physiques qui impressionnent déjà. Une charnière centrale Veseli (Bâle) – Chappuis (GC) très redoutable et un trio offensif  Xakha (Bâle) – Seferovic (GC) – Ben Khalifa (GC) capable de marquer à tout instant, sont les pièces maitresses de ce onze helvétique. De plus, en ayant vu les matches de poule, on remarque une jouerie et une excellente ambiance de groupe. Des éléments qui pourraient leur permettre d’aller très loin dans cette compétition. Coupe du Monde des moins de 17 ans qui a déjà révélé par le passé des joueurs comme Fabregas, Donovan, Bojan ou les jumeaux Fabio et Rafael qui jouent à Manchester United, alors pourquoi pas l’un de nos joueurs pour cette édition ?
Le contingent suisse est très homogène, avec 4 éléments qui jouent déjà dans des équipes de jeunes à l’étranger : le gardien Siegrist (Aston Villa), le défenseur Hajrovic (Arsenal), le capitaine Veseli (ManCity) et le milieu Kasami (Lazio). Et au vu des premiers matches, nul doute que certains joueurs ont tapé dans l’œil de certains recruteurs, à l’image du latéral Rodriguez ou du milieu de couloir Kamber.

Attention : les ailes peuvent brûler

Lorsque tu as tout juste l’âge de pouvoir boire une bière et que tu participes à un tournoi de ce genre, où tous les regards de «vilains» vautours de recruteurs ou agents sont braqués sur toi, il y a un risque que tu te prennes légèrement la tête. A cet âge, les perspectives de pouvoir rejoindre les rangs d’un club d’un grand championnat européen sont plus excitantes sportivement et financièrement que de se pavaner avec les M21 du FC Aarau. Ainsi ces jeunes joueurs, aussi brillants soient-ils, devront penser à ne pas se faire charmer par des paroles et des promesses d’un transfert à l’étranger qui pourrait les griller. Dany Ryser et ses acolytes de l’ASF font d’ailleurs une très bonne campagne de sensibilisation pour les joueurs et leurs parents. Le but étant que les joueurs se forment en Suisse, intègrent petit à petit les équipes premières de Super ou Challenge League, gagnent leur galon de titulaire, et seulement à ce moment-là, ils pourraient commencer à envisager un départ à l’étranger.
On ne compte plus le nombre de joueurs obnubilés par l’argent de grands clubs, partis beaucoup trop tôt, pour revenir vers les 22 ans jouer à Vaduz ou à Lucerne. Parmi les champions d’Europe M17 de 2002, seuls Barnetta, Ziegler et Senderos jouent (plus ou moins) régulièrement à l’étranger et font partie de notre équipe nationale. Que sont devenus les Yann Verdon, Goran Antic ou Christian Schlauri à qui on prédisait un bel avenir ? Ainsi que les Bühler, Bürki et autre Siqueira, partis tenter leur chance trop vite à l’étranger et qui garnissent aujourd’hui les rangs de Sion, Aarau et Bellinzone ? Alors je conseille à ces jeunes de rester prudents et de ne pas considérer à tout prix une expérience loin de la maison qui souvent ne réussit pas, de se concentrer sur ce qu’ils font actuellement et d’aller nous chercher la Coupe du Monde des M17, en attendant celle de Beach-Soccer en novembre et celle des grands en juin 2010 !
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Écrit par Johan Tachet

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10 Commentaires

  1. bon article et belle performance des p’tits.

    En espérant que la pluspart choisirons la Nati. Déjà que Petric et Rakitic se sont trompés de pays…ahhahah (Kuzmanovic aussi, mais pour lui ça marche…et merde…)

  2. Quel potiel offensif cette équipe (et c’est rare pour une équipe de Suisse)!!! C’est clair que les défenses des mexicains et des japonais étaient loin d’être impressionnantes mais quand même!! Cette équipe a la faculté de se créer un nombre d’occasions impresionnantes… Ce trio Xhaka – Ben Khalifa – Seferovic est pas mal du tout et est à mon avis capable de mettre KO n’importe quel défense..

  3. Pour avoir été voir un match des moins de 16 à Echallens (contre l’Estonie), je peux vous dire que le niveau des « petits suisses » (rougets comme surnom c’est aussi pourri que le service des sports de la TSR) est excellent !

    Ok l’équipe en face était faible, mais une telle maîtrise a fait plaisir à voir ! J’encourage vivement les amateurs de bon football à aller voir ces matchs-là !

  4. excellent article.

    Dommage que l’ASF ne puisse rien mettre en place de vraiment concret pour retenir les bi-nationaux avec l’équipe A du pays qui les a formé.

  5. @ Moudugenou
    « Rouget » : ce surnom c’est justement l’équipe de la TSR qui l’a trouvé lors de la campagne de Challende, mais je crois que c’était pour les moins de 21 ???

  6. Tout à fait Johnny Be Good, c’est pour cela que j’ai fait l’allusion à la TSR…

    Et oui c’était pour les moins de 21 quand ils étaient « hype » il me semble ! :o)

    Et le problème des bi-nationaux, va se poser, dans ces classes d’âge, pour avoir lu les feuilles de match, c’est vrai que bons nombres d’entre eux doivent avoir la double nationalité (je présume, au vu des noms de famille, je ne sais pas si c’est vrai) !

  7. Tres bon article…
    Qui ouvre la voie a un bon gros débat comme on les aime… comment des types qui ont écumé les séléctions juniors d’un pays pendant près de 10 ans peuvent ensuite avoir la possibilité de jouer pour une autre équipe nationale une fois passé les M21. Cette « liberté de mouvement » pose en tout cas de nombreux problemes:
    – Les sélections à la va comme je te pousse (du genre je sélectionne le jeune une fois pour être sur qu’il joue plus ailleurs) et ensuite on l oublie (pour un moment voir pour toujours pour cetains). Une méthode très efficace pour stoppé le developpement d’un joueur.
    – Une course et une surenchère pitoyables pour s’attacher les services des jeunes en devenir. (on félicitera en passant les donnateurs croates pour les deux danseuses R et P)
    – Un dénigrement total des centres et méthodes de formation. A quoi bon former des renards des surfaces en sachant qu’il y a 50% de chances que les buts qu’il va marqués seront contre toi.

    Bref à quand une prise de conscience de la part de la FIFA et de Seppi…

  8. +1 avec Poutre

    On ne peut qu’espèrer que le voyage en Afrique de la Nati révèle une équipe moins frileuse que par un récent passé. Car pour l’instant elle ne fais vibrer que les Suisses, et encore les plus complaisants. Hors de nos frontières, la Nati n’a aucune crédibilité.

    Je peux bien imaginer que ces jeunes pousses émigrées et bi-nationales se sentent plus mercenaires de leur pays d’origine que Rougets et futures doublures de Huggel ou Streller!

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