Bundesliga : un deuxième tour qui s’annonce passionnant

Après six longues semaines de pause, la Bundesliga reprend ses droits ce week-end pour un 2e tour qui s’annonce absolument passionnant. Les fans trépignent déjà d’impatience : ainsi, les derniers matches amicaux Schalke 04 – Zénith Saint-Pétersbourg et Hambourg – Bayern se sont déroulés à guichets fermés devant respectivement 61’482 et 57’000 spectateurs !

Tous les records d’affluence devraient donc être battus dans ce 2e tour où de très nombreux matches sont déjà annoncés «ausverkauft». Malgré une qualité technique médiocre et l’absence presque totale de joueurs de classe mondiale, la Bundesliga s’affirme, au niveau des affluences dans les stades, comme le championnat le plus populaire d’Europe. Les centres derrière les buts, les bourdes défensives et les scores de hockey sur glace vont se multiplier sur les pelouses allemandes devant un public conquis qui engloutira des hectolitres de bière dans une ambiance festive et bon enfant. C’est ça la Bundesliga et ça nous plaît bien !Les enjeux de ce 2e tour sont les suivants : le premier sera sacré champion, le 2e directement qualifié en Champion’s League, le 3e disputera les qualifications de la Champion’s League, le 4e et le 5e la Coupe UEFA, le 6e la Coupe Intertoto et les trois derniers seront relégués. Une dernière place européenne sera attribuée dans une Coupe d’Allemagne décapitée de ses ténors, puisque les quarts de finale opposeront : VFB Stuttgart – Hertha Berlin, Nuremberg – Hannover 96, Wolfsburg – Aachen et Kickers Offenbach – Eintracht Francfort.

Quatre formations se disputeront le titre et les deux autres places en Champion’s League. Une fois n’est pas coutume, le Bayern Munich ne fait pas figure de favori. Ce statut est plutôt dévolu au champion d’automne, le Werder Brême (1er, 36 points). Les Brêmois ont démontré au 1er tour un potentiel offensif impressionnant, inscrivant 47 buts en 17 matches. Avec Diego et Klose, le Werder compte sans doute dans ses rangs les deux meilleurs joueurs du championnat allemand. En outre, malgré les départs à Mainz de l’Egyptien Zidan et du Danois Andreasen, l’entraîneur Thomas Schaaf peut compter sur un contingent quantitativement fourni qui lui permet de faire tourner son effectif et de disposer de nombreuses solutions de rechange de qualité sur le banc. Sur les douze dernières saisons de Bundesliga, dix fois le champion d’automne a été sacré en fin de saison. Seul petit défaut dans l’impressionnante machine brêmoise : ses gardiens et sa défense ne sont pas toujours exempts de tout reproche, ce qui pourrait s’avérer fatal dans les matches décisifs. Moins flamboyant mais tout aussi efficace que le Werder, Schalke 04 (2e, 36 points) partage la tête du classement avec les Brêmois. Ces dernières saisons, lorsqu’un joueur brillait en Allemagne mais n’était pas jugé assez bon pour aller au Bayern, il finissait à Schalke. Le problème, c’est qu’une fois arrivé à Gelsenkirchen, ces joueurs perdaient leurs moyens (Ailton, Kuranyi, Bordon, Krstajic, Ernst…). Si, en treize ans de pouvoir absolu à la tête des Königsblaue, l’arrogant manager au cigare Ruedi Assauer a beaucoup fait pour développer le club (notamment la construction d’un stade phénoménal), il s’est aussi pas mal fourvoyé dans ses choix. Sa démission forcée en juin dernier (pour avoir dissimulé la situation financière délicate du club) sonne comme un nouveau départ pour Schalke 04. Certains joueurs ont retrouvé leur niveau d’antan et l’arrivée, comme sponsor principal, du géant énergétique russe Gazprom, aux moyens financiers illimités, a permis de conjuguer les soucis de trésorerie au passé. Avec l’appui de son formidable public, Schalke est sur orbite pour conquérir son premier titre de l’histoire moderne de la Bundesliga et ainsi définitivement effacer le traumatisme de 2001, où une égalisation du Suédois Andersson à la 94e du dernier match de la saison à Hambourg avait permis au Bayern de souffler le titre au club de la Ruhr.

Une modeste troisième place à Noël, cela sonne comme un camouflet pour le grand Bayern Munich (3e, 33 points), double champion en titre. On n’a pourtant pas l’impression, malgré le départ de Ballack, que ce Bayern 2006/2007 soit inférieur à celui des deux saisons précédentes mais la concurrence est plus relevée cette année. Toutefois, on connaît la rage de vaincre et la culture du succès qui animent les Bavarois : il faudra compter avec eux jusqu’au bout, surtout si Makaay retrouve son sens du but et si Podolski a enfin récupéré de sa Coupe du Monde. L’invité surprise de cette lutte pour le titre est le VFB Stuttgart (4e, 32 points), que l’on n’attendait pas si bien placé après une saison passée médiocre et un début de championnat difficile. Mais l’entraîneur Armin Veh a su faire l’amalgame après un recrutement plutôt insolite (l’Ivoirien Boka, les Mexicains Osorio et Pardo, le retour de notre Marco Streller national…). Sur le papier, Stuttgart devrait finir 4e mais on ne sait jamais : sans pression, avec l’enthousiasme de la jeunesse et de Ludovic Magnin, avec le retour de blessure du Danois John Dahl Tomasson, les Souabes peuvent continuer à surprendre et venir arracher une place en Ligue de Champions, voire même, mais on n’y croit pas trop, fêter leur premier titre depuis 1992.
Refuge pour footballeurs en quête de rachat après une carrière tortueuse (Gimenez, Pantelic, Bastürk), le Hertha Berlin est atypique en Bundesliga (5e, 27 points), avec l’équipe la plus cosmopolite de la ligue. La recette fonctionne plutôt bien, les Berlinois peuvent viser une qualification en Coupe UEFA et, s’ils passent l’obstacle Stuttgart en quart, une finale de Coupe dans leur Olympiastadion, qui est trop souvent à moitié vide. Il y a eu beaucoup de suppositions sur la date du limogeage de Michael Skibbe, mentor d’un Bayer Leverkusen (6e, 25 points) auteur d’un début de saison catastrophique. Finalement, le manager Rudi Völler a maintenu sa confiance à son entraîneur et le Bayer a remonté la pente avec une qualification in extremis en Coupe UEFA et une remontée aux portes des places européennes en championnat. Les banlieusards de Cologne peuvent difficilement prétendre à mieux : il serait illusoire d’espérer retrouver la Ligue des Champions et renouer avec une gloire récente lorsque la ligne d’attaque se compose de Voronin et Barbarez. Le 1. FC Nuremberg (7e, 23 points) et l’Arminia Bielefeld (8e, 22 points) ont connu une trajectoire similaire lors du 1er tour : un excellent début de saison qui les a vu truster les places aux avant-postes avant de rentrer dans le rang sur la fin. Les deux clubs auront de la peine à aller chercher une place européenne mais paraissent déjà assurés de leur maintien. Avec seulement deux victoires à domicile en neuf matches, le Borussia Dortmund (9e, 22 points) a réalisé un premier tour médiocre qui a fini par être fatal à l’entraîneur Bert Van Marwijk. Révélé par une victoire en Coupe UEFA avec Feyenoord contre… Dortmund, le technicien hollandais ne laissera pas un souvenir impérissable en Westphalie : sous sa houlette, le BVB a stagné dans le ventre mou du classement et s’est retrouvé écarté des compétitions européennes. Inadmissible pour l’un des clubs les plus populaires du continent. Pour remplacer Van Marwijk, le Borussia a fait appel à Jürgen Röber, qui avait notamment mené le Hertha Berlin de la 2e division à la Ligue de Champions, éliminant au passage l’AC Milan, avant de voir son étoile pâlir après une élimination en Coupe UEFA contre le Servette de Lucien Favre. En lieu et place du 4-3-3 académique et un peu stéréotypé de Van Marwijk, Röber devrait imposer un Kampffussball plus en rapport avec les qualités que l’on attend d’une équipe de la Ruhr. Le nouvel homme fort du BVB a d’ailleurs soumis ses joueurs à un programme d’entraînement musclé durant les Fêtes. Pour tenter de combler les cinq points d’écart qui sépare le club d’une qualification européenne.

Les neuf autres équipes lutteront contre la relégation : compte tenu de la valeur modeste de son contingent, l’Eintracht Francfort (10e, 20 points) a réalisé un premier tour tout à fait honorable. Les fans ne s’y trompent d’ailleurs pas : lors de l’annonce de la formation des équipes, le plus acclamé est l’entraîneur Friedhelm Funkel. Le maintien paraît largement à la portée des Francfortois, avec en prime un joli coup à réaliser en Coupe, à condition de bien négocier le derby à Offenbach (2e Bundesliga) en quart. Le seul regret du 1er tour pour l’Eintracht vient d’une élimination en Coupe UEFA dans des circonstances litigieuses à Istanbul face au Fenerbahce : le but turc décisif a été inscrit alors qu’un joueur allemand était blessé et à terre. Le fair-play restera décidément une notion à jamais inconnue au stade Sükrü Saraçoglu. Hannover 96 (11e, 20 points) a eu de la peine à digérer le départ au Werder du pilier de sa défense, l’international Per Mertesacker et a longtemps squatté les places de reléguable, ce qui a conduit au remplacement de l’entraîneur Peter Neururer par Dieter Hecking. Depuis, le club est remonté au classement et, tout comme Francfort, peut espérer un maintien tranquille et un exploit en Coupe. C’est également le cas du VFL Wolfsburg (12e, 19 points), qui compte sur l’arrivée du fantasque Brésilien Marcelinho (ex-Marseille, Hertha et Trabzonspor) pour renforcer une attaque anémique (12 buts en 17 matches). En conservant la révélation du 1er tour, le néo-international Jan Schlaudraff (il rejoindra le Bayern en juin), le néo-promu Alemania Aachen (13e, 19 points) a remporté une première bataille dans sa course au maintien. Le club d’Aix-la-Chapelle, qui joue toutes ses rencontres à domicile à guichets fermés, a dix-sept matches de Coupe à disputer pour sauver sa place : cela tombe bien, c’est la spécialité locale, puisqu’Alemania, alors en 2e Bundesliga, avait atteint la finale en 2004, puis passé plusieurs tours en Coupe UEFA, et a éliminé le grand Bayern cette saison (4-2). Autre néo-promu, le Vfl Bochum (14e, 18 points) a dû cravacher tout le premier tour pour finir au dessus de la barre. Il faudra beaucoup de courage et de combativité aux pensionnaires du Rewirpowerstadion pour sauver leur peau. On souhaite qu’ils y parviennent : déjà parce qu’ils ont un entraîneur suisse qui avait réussi des choses intéressantes avec GC, Marcel Koller. Ensuite, parce que ce club a beaucoup de mérite d’exister, coincé entre les deux géants de la Ruhr, Dortmund et Schalke (il n’y a guère plus de vingt minutes d’autoroute entre les trois stades). Enfin, la présence de Bochum assure quelques derbies supplémentaires dans la Ruhr. Le troisième néo-promu Energie Cottbus (15e, 17 points) va lui aussi au devant d’un 2e tour difficile. La relégation du dernier rescapé d’ex-Allemagne de l’Est ne serait toutefois pas politiquement incorrecte, puisque la promotion quasi certaine du Hansa Rostock assurera la représentation de l’ex-RDA en 1ère Bundesliga la saison prochaine.

Premier reléguable, le Borussia Mönchengladbach (16e, 15 points) laisse une formidable impression de gâchis car son effectif, constellé d’internationaux (Keller, Jensen, D. Degen, Neuville, Bogelund, Helveg, Sonck…), est largement supérieur à celui d’une bonne moitié d’équipes de Bundesliga. Champion d’Europe avec le Real Madrid en 1998, l’entraîneur Jupp Heynckes doit sans doute à son glorieux palmarès d’être encore en place. Sa mission pour le 2e tour est simple : assurer le sauvetage de ce qui reste l’un des grands noms du championnat allemand. L’autre monument du football germanique en péril est bien sûr le SV Hambourg (17e, 13 points). Le club hanséatique a été éliminé sans gloire en Ligue des Champions et accuse quatre points de retard sur la barre alors qu’il visait ouvertement le titre. Ce qui était un brin présomptueux car le recrutement estival n’avait pas été fameux : un remplaçant du Bayern (Guerrero), un relégué avec Kaiserslautern (Sanogo), un éternel espoir belge (Kompany) etc… Le HSV a aussi pâti des blessures, suspensions et contre-performances de sa superstar hollandaise, Rafael Van der Vaart. Si le Néerlandais retrouve son niveau de la saison dernière, Hambourg devrait rapidement sortir de la gonfle. Dans le cas contraire, le pire est à craindre. Toujours soutenu par ses joueurs, l’entraîneur Thomas Doll a miraculeusement survécu à cette débâcle mais il a épuisé tous ses jokers. Bon dernier, le FSV Mainz (18e, 11 points) fait figure de relégué en puissance. Les arrivées de deux réservistes du Werder et du puissant Roumain Niculae (ex-Sporting), alliées à la fougue et à l’enthousiasme du charismatique entraîneur Jürgen Klopp, permettront-elles au club de Mayence d’inverser la tendance ? Il est permis d’en douter.
Ce 2e tour démarrera en beauté vendredi soir avec un duel entre les monstres sacrés du football allemand, Borussia Dortmund et Bayern Munich, dans un Westfalenstadion qui sera entendu sûr archi-comble. Pour ceux qui ne possèdent pas les précieux sésames, le match sera retransmis en direct sur la chaîne publique ARD. Alors enregistre-le et regarde-le en rentrant de «Malley Frissonne 2», ce sera un bon condensé de ce que sera ce 2e tour en Bundesliga.

Écrit par Julien Mouquin

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