Le lion rugit encore

L’ultime tiers de l’acte V mardi à Lausanne laissait présager le meilleur pour le HCA. Les Ajoulots sous l’impulsion de la RBD (Roy-Barras-Desmarais) comme on l’appelle dans le Jura avait démontré un caractère, une envie et surtout une rage qui pouvait les emmener bien loin dans cette série.

Or, vendredi, il n’en a rien été. Une ambiance rare sous le grand chapiteau de Porrentruy, plus de 4000 personnes entassées dans cette misérable patinoire pour applaudir la fierté d’un canton et porter leurs troupes vers une victoire historique. En préambule du match, on sentait les Lausannois sereins et maîtres de leur destin. On dira surtout qu’ils ont cette expérience du haut niveau qui leur permet de prendre du recul vis-à-vis de cet acte VI crucial ! Côté ajoulot, le capitaine Stéphane Roy avait pris la parole dans la gazette locale et avait prôné l’envie de son équipe poussée par tout un peuple. Elle allait tout donner et mouiller le maillot, sans aucun doute. «Et alors, ce match ?», allez-vous me demander. En trois mots, je vous répondrai : «Ennuyant à mourir.»

Comme souvent, on a senti le LHC patron sur la glace. Patients, les joueurs ont prouvé que l’expérience à ce niveau est une valeur irremplaçable, même la fougue des jeunes pousses ajoulotes ne peut pas la contrer, pas au moment de conclure une série en tous les cas. D’entrée de match, Lausanne imprimait un rythme soutenu que des Ajoulots visiblement émoussés ne pouvaient pas toujours suivre. Les actions devant le gardien Rytz se multipliaient et c’est bien logiquement que Miéville pouvait profiter des largesses défensives de la troupe à Paiement. L’avantage lausannois était largement mérité tant le HCA paraissait amorphe et tétanisé par l’enjeu de ce sixième match. En tous les cas, le premier tiers ne restera pas dans les annales. Il fut pauvre en occasions de but et riche en dégagements interdits !
Mais la pause semblait tomber à point nommé et redonner un élan à la formation jurassienne. Revenus sur la glace avec plus d’envie et portés par un public des grands soirs, ils revenaient au score grâce à la fameuse RBD qui profitait d’un rebond inopportun dans la bande qui surprit Mona. Mais, alors que le HCA avait désormais la mainmise sur le match, l’expérience du LHC fit encore la différence. Attentiste, la troupe de van Boxmeer laissait passer l’orage pour revenir encore plus fort. Et c’est très logiquement que Lausanne prenait le large dans cette rencontre par l’intermédiaire de Randegger. La suite du match n’était que remplissage. Ajoie tentait tant bien que mal quelques incursions dans le camp vaudois, mais elles n’étaient pas bien franches. Le LHC, surtout par l’intermédiaire de Zalapski et Stalder, parvenait à cadenasser la première triplette magique du HCA, ce qui compromettait fortement les chances jurassiennes. Les autres lignes n’ont que rarement été en mesure de se sublimer pour espérer rivaliser avec des joueurs lausannois tactiquement parfaits. Nul doute que le fin tacticien Van Boxmeer y est pour beaucoup dans ce succès vaudois !

Le dernier tiers ne débouchait pas sur le sursaut d’orgueil tant attendu par le public ajoulot. C’est un HCA bien pâle qui revenait sur la glace, avec de l’envie mais vraisemblablement trop court physiquement pour espérer quoi que ce soit. Lausanne fermait le jeu et procédait par contre. Défensivement, sa rigueur et sa discipline permettait à Mona de passer une soirée bien tranquille tant les Ajoulots ont eu de la peine à franchir le rideau défensif vaudois. Le but de Schnyder ruinait définitivement les derniers espoirs jurassiens en tombant à point nommé, en milieu de dernier tiers. Les deux derniers buts (un de chaque côté) ne sont qu’anecdote.
L’ampleur du score reflète assez mal cette partie fermée où le HCA n’a pas su saisir sa chance tant il avait peur de mal faire. Il a manqué cette émotion des play-off, cette rage de vaincre qui vous fait renverser des montagnes du côté ajoulot. Car Lausanne, sans briller, n’a pas eu de peine à venir à bout de cet HCA-là. Il faudra afficher un tout autre visage dimanche pour le dernier acte, celui de tous les espoirs pour Ajoie et de tous les dangers pour le LHC. Après tout, Lausanne demeure un adversaire accessible bien que redoutable…

Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Ajoie – Lausanne 2-4 (0-1 1-1 1-2)

Voyebœuf, 4017 spectateurs.
Arbitre : M. Küng.
Buts : 17e Miéville (Gailland, Fedulov) 0-1, 28e Barras (S.Roy/5c4) 1-1, 33e F.Randegger (Gailland, Leeger/5c4) 1-2, 49e St.Schnyder (Bonnet, Staudenmann) 1-3, 59e St.Schnyder (5c6/cage vide) 1-4, 60e Fey (Posse) 2-4.
Pénalités : 2 x 2’ contre chaque équipe.
Tirs cadrés : 24-24 (5-10 10-9 9-5)
Engagements : 35-30
Ajoie : Rytz; Studer, Voisard; Hauert, Rauch; Hostettler, D’Urso; Fey, Orlando; Portmann, E.Chiriaev, Beccarelli; Desmarais, S.Roy, Barras; Bartlomé, Posse, Ruhnke; Pedretti, Chételat, R.Lüthi.
Lausanne : Mona; Stalder, Zalapski; Schilt, Leeger; Villa, Chavaillaz; O.Keller, Kamerzin; Bonnet, Staudenmann, St.Schnyder; Banham, J.Roy, F.Randegger; Gailland, Miéville, Fedulov; Hendry, Augsburger, Lussier.
Notes : Lausanne sans Tremblay, Frunz (blessés), Abplanalp, Cadonau ni Chabloz (surnuméraires).

Écrit par Michel Leoni

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2 Commentaires

  1. Etant Lausannois, je suis étonné de voir à quel point vous nous placez sur un piédestal :

    « Ils ont cette expérience du haut niveau qui leur permet de prendre du recul vis-à-vis de cet acte VI crucial » –> c’est une blague!? Regardez comme on a flippé lors des matchs 2, 3 et 4…

    Vous vous sentez donc si inférieur que ça dans vos contrées ber… euh… jurassiennes?

  2. ça m’a tjs impressionné la fierté que vs avez à ns traiter de bernois…on n’est pas tous des amateurs du slogan « Jura libre » vs savez! Bref pr revenir à votre question, c’est vrai que ds les premiers actes vs avez subi la pression mais mon avis est que lors de ce 6e match, vs avez eu assez de sang-froid et d’expérience pour ns contrer et attendre le moment opportun. Encore une fois, c’est mon avis et si le votre est différent tant mieux!
    C’est plutôt un forum ou on parle de sport il me semble alors pas besoin de faire des réflexions sur notre infériorité, on le vit bien…Quand vs et votre budget de ligue A y serez réellement et que vs ne passerez pas 7 matches sur la glace pr venir à bout d’un HCA qui tourne à une ligne et demi (voire moins quand celle-ci est fatiguée), je vous permettrai d’en dire un peu

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