LHC : monte ou crève !

L’objectif est clair : la LNA à tout prix. Un soupçon bipolaires, légèrement schizophrènes mais assurément masochistes, les plus fervents partisans du LHC commencent à trouver le temps long ; de promesses en espérances en passant par de nombreuses désillusions. La patience version lausannoise est un concept décidément bien atemporel.

Le seul club de LNB pouvant se targuer d’être viable dans l’élite tentera cette saison, une fois de plus, de faire oublier ses ratés précédents. Pas question de spéculer sur la situation précaire de Langnau ou sur un effectif biennois pas franchement renforcé. Les Lausannois devront impérativement aller chercher une promotion face au bonnet d’âne de LNA sans pouvoir bénéficier d’un mécénat genevois à la sauce yankee ni d’un adversaire fantomatique façon Läckerli.

Le fraîchement remercié conseil d’administration du LHC misait sur une promotion dans les trois ans au moment de son entrée en fonction. Il est vrai qu’il n’a pas fallu grand-chose, mais force est de constater que l’objectif n’a pas été atteint. Exit donc Messieurs Scheidegger, Tosi et consorts et place à une nouvelle équipe dirigeante menée par l’ancien numéro 85 du LHC Sacha Weibel, affublé de membres qui suscitent de polies interrogations.
Si ce nettoyage au Kärcher a provoqué beaucoup de remous et d’inquiétudes, il répond à une logique aisément compréhensible en dépit de l’expérience nulle de Weibel dans ce secteur d’activité. La vague de départs qui s’en est suivie – entre contrats non-renouvelés et autres éléments ayant été priés gentiment d’aller voir ailleurs – a contribué à maintenir les sceptiques dans la direction du doute.
Pourtant, en voyant un club engager successivement Jan Alston, Alain Reist et Oliver Setzinger, on imagine bien qu’il s’agit d’un honnête club de l’élite, voire une escouade luttant pour une place en play-off. Mais certainement pas un club de LNB. Avec ces acquisitions, le club vaudois se dote d’une première ligne de feu, ce qui lui a cruellement fait défaut par le passé. Le LHC peut en outre compter sur deux blocs à vocation défensive, mais pouvant jouer avec une certaine flexibilité. Le premier avantage numérique vaudois – avec un Fedulov qui ne devrait être utilisé qu’avec parcimonie et principalement dans ce type de situation – constituera également une force indéniable. 

L’arrière-garde lausannoise quant à elle sera au pire aussi performante que celle de 2009-2010. Dans ce domaine, Reist, Keller, Leeger et Stalder constitue un top-4 loin d’être moche pour cette catégorie de jeu. Avec Chavaillaz – qui pourrait se voir confier davantage de responsabilités – et Villa, l’arrière-garde vaudoise semble la mieux armée du championnat. Parallèlement, avec l’engagement des prometteurs frères Fischer, le directoire lausannois a persisté dans la voie zougoise instiguée par feu Jim Koleff et tentera de gommer le flop Zeller. Finalement, l’enrôlement de Dostoinov constitue une bonne alternative pour pallier de départ de Gailland, lui qui évolue dans le même registre où l’altruisme semble toutefois manquer.
Dans l’imagerie populaire, seul un très bon gardien et un excellent duo de mercenaires suffisent pour faire bonne figure dans l’antichambre de l’élite. Au regard de clubs comme Ajoie ou Sierre, le raisonnement se tient, d’autant plus que l’argument de la carbonisation physique de ces pièces maîtresses au moment d’aborder les séries finales se révèle souvent erroné. Cela suffit donc pour faire un parcours honorable en LNB, mais certainement pas pour viser plus haut – à tout hasard la promotion dans le cas du LHC. Idéalement fourni au niveau de ses étrangers et de son portier, il manque encore au minimum deux attaquants de deuxième bloc pour que l’effectif vaudois puisse raisonnablement être paré pour le grand saut. À ce niveau, la perte de Miéville est la seule pouvant être qualifiée de réellement dommageable.
L’intégration des juniors formés au club au sein de l’équipe fanion est aussi une problématique récurrente dans les travées de Malley ; cet aspect n’étant pas foncièrement compatible avec les objectifs élevés de Lausanne. La présence du talentueux Bays comme doublure de Mona va pourtant dans ce sens. Aussi, la direction du LHC a clairement émis la volonté d’insérer certains juniors élites (Lecoultre par exemple) dans le cadre de la première équipe du LHC – si leurs performances sont jugées suffisamment bonnes – et ainsi créer une concurrence que l’on espère saine.

Après avoir crevé deux fois au poteau, le LHC se voit ici contraint de monter cette saison. Soyons réalistes : Reist et Setzinger n’ont pas signé pour s’emmerder plus d’une année en LNB et il est fort probable de les voir aller ailleurs en cas de nouvel échec. Ce cas de figure pourrait d’ailleurs être étendu à John van Boxmeer. Le cas d’Alston est cependant différent, lui qui est impliqué dans le secteur du mouvement junior. En revanche, personne parmi les rivaux du Lausanne HC ne souhaite voir le club de Malley accéder à l’élite. Tout simplement car une promotion du LHC tuerait la LNB. Cette année sera-t-elle enfin la bonne ?
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Écrit par Alexandre Krimine