Retour sur le Bol d’Or 2010 avec Greg Junod

Cette année, Greg Junod est passé par tous les états d’âme au Bol d’Or. Après avoir été annoncé titulaire sur la Yamaha officielle trois semaines avant la course, il apprend qu’ils changent de manufacturier quatre jours avant le départ pour passer de Bridgestone à Michelin. Pour Greg, la semaine s’est avérée aussi mouvementée que la course elle-même. Entretien exclusif !

Salut Greg ! Tout d’abord comment cela se fait-il qu’on te retrouve d’un coup au guidon d’une machine officielle ?

Il y a comme toujours une part de chance, d’être au bon endroit au bon moment. Et les résultats ont aussi aidé puisque depuis deux ans, je me montre régulièrement aux avant-postes dans ce championnat du monde d’endurance. Après la blessure de Gregorio Lavilla, Arnaud Larose, le manager du RAC 41, mon team habituel, a beaucoup poussé pour qu’on me laisse ma chance. Grâce à ça, j’ai pu faire plusieurs journées de tests qui se sont bien passées et ils ont décidé de me faire confiance pour remplacer Lavilla sur cette course.

Et ton intégration dans le team, comment s’est-elle passée ?

Super bien. Tout le monde m’a tout de suite fait me sentir comme un membre à part entière de l’équipe. Après, je vais pas te cacher qu’au début c’était un peu intimidant d’être managé par Christophe Guyot, qui est une personnalité en France et qui a entre autres remporté le titre de champion du monde avec son team en 2007. C’est aussi intimidant de faire équipe avec David Checa et Kenny Foray, qui font vraiment partie des tout meilleurs pilotes du monde. Mais ils m’ont très vite aidé à me sentir à l’aise. J’ai mis un peu plus de temps qu’eux à m’adapter aux pneus, mais tout le monde m’a montré qu’ils ne doutaient pas de moi, c’est très agréable de travailler dans ces conditions.

Un team officiel, ça change beaucoup d’un team privé ?

Oui, c’est un autre monde. Déjà quand tu roules dans un team privé, les banderoles que tu vois pour ton team dans le public c’est toujours les potes et la famille. Là c’est différent, on voit partout des t-shirts et des casquettes du GMT 94. En termes de performances de la machine, la différence est importante. Ensuite l’équipe dans les stands, on sent que ce sont des professionnels. Ils changent les roues et font le plein en 14 secondes, et quand j’ai ramené la moto après ma chute, ils l’ont complètement refaite en à peine 8 minutes. Dans un garage, on te facture 15 heures de main d’œuvre pour ça. (Rire)

Ta chute justement… C’était un peu la boucherie cette année…

En effet. Pour dire, sur mes deux premiers relais de 50 minutes, j’ai du faire en tout et pour tout 25 minutes libre sans safety car. Il y a eu une grosse chute au départ. Ensuite, à 17 heures, on n’est pas passés loin du drame lors de l’accident de Raphaël Chèvre. Ensuite, il y avait de l’huile à peu près dans chaque virage. C’était vraiment éprouvant, il fallait rester concentré à 100%.

On te sait très pote avec Chèvre. Que s’est-il passé et comment va-t-il ?

Effectivement, Raph est plus un ami qu’un adversaire même si sur la piste on ne se fera pas de cadeaux. Je ne sais pas exactement ce qu’il s’est passé, mais d’après les personnes qui ont vu le crash, il se fait percuter par l’arrière. Moi je roulais en même temps, et je peux te dire que c’est flippant de passer chaque tour à côté et voir ton pote qui reste par terre inconscient. Là aux dernières nouvelles, il sort gentiment de son coma, il ouvre de temps en temps les yeux, il arrive à serrer la main, dire son numéro de téléphone, sa date de naissance. Ça évolue plutôt bien d’après les nouvelles que j’ai, je suis rassuré et j’espère qu’il émergera bientôt complètement pour pouvoir lui parler.

En effet, nouvelles plutôt rassurantes. Et toi, ta chute, tu t’es aussi fait mal non ?

Oui, en fait en prenant un tour à un pilote, il s’est raté et nous a fait tomber. En tombant, j’ai senti mon cou craquer. J’ai perdu connaissance quelques secondes parce que j’ai un blanc entre le moment où le cou craque et le moment où je me retrouve debout avec la moto. Je me souviens juste que j’ai eu toutes les peines du monde à la relever. Au final je m’en sors pas trop mal avec une luxation des cervicales. J’espère être sur pieds pour la finale de la coupe du monde STK 1000 les 2-3 octobre.

Et malgré ça tu as poussé la moto sur plus d’un kilomètre pour la ramener jusqu’au box ? Tu es un héros, un surhomme !

(Rire)… Ni l’un ni l’autre. C’est flatteur que les gens pensent ça mais ça vient du fait qu’on est plus habitués à voir du football que les courses d’endurance moto à la télé. Les mecs, même sans qu’on les touche ils se roulent par terre pendant 10 minutes. Y en a même qui arrivent à pleurer avec des vraies larmes… Si tu interroges les 171 pilotes au départ de cette course, il y en a aucun qui te dira que c’est héroïque ou surhumain. C’est normal que si tu peux marcher, tu ramènes la moto. C’est un sport d’équipe, et le mec qui ne pense pas comme ça, il n’est pas à sa place en endurance. C’est simplement que moi, on en a plus parlé parce qu’on est confortablement deuxièmes au moment où ça arrive mais même pendant cette course, il y en a pleins qui l’ont fait.

Aussi avec les cervicales luxées ?

(Sourire en coin)… Tant que c’est chaud ça va, c’est quand tu t’arrêtes que tu fais moins le malin…

Ben perso, en tant que fan de foot je te tire quand même un grand coup de chapeau !

(Rire) Merci. Alors viens une fois à une course, on essaiera de te sauver du foot…

La suite de la saison pour toi, c’est quoi ?

Il y avait les deux dernières manches du championnat suisse ce week-end. Malheureusement je ne suis pas en état, donc je vais très certainement offrir le titre à Muff qui n’a qu’à marquer 5 points sur deux courses. Ensuite j’avais reçu une très bonne proposition pour aller à Imola en coupe du monde, mais je n’ai pas reçu l’autorisation de mon physio. Du coup je dois prendre mon mal en patience et j’espère que je serai fit les 2-3 octobre pour la coupe du monde, et sinon pour le championnat d’Europe les 23-24 octobre.

Merci Greg et bon rétablissement !

Merci à toi, et je t’attends sur une course…
Je te prends au mot !

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