Pas revanchards les Lausannois !

Le cinquième volet des rencontres de poésie entre des Lausannois perdus dans leurs doutes et des Ajoulots en pleine confiance se termine sur une victoire fleuve et sans appel des hommes à Boxy 6-3. Il ne faut parfois pas grand chose pour renverser une situation «perdue d’avance». Sur la glace… et au dehors.

Un grand merci !

Sur CartonRouge.ch et pour relater les événements du Lausanne HC, nous avons de la chance ; ce ne sont pas moins de deux rédacteurs qui se partagent les rencontres du club le plus populaire de Suisse Romande. Alors, lorsqu’il s’est agi de savoir qui écrirait le papier du dernier match de la saison régulière contre le HC Ajoie, mon éminent collègue et ami Yves de St-Aÿ s’est fendu d’un simple «Ben c’est toi Vince, il me semble que tu as un bon feeling avec les Ajoulots». Comment lui donner tort ? Permettez-moi donc, ici, de vous remercier pour vos nombreux commentaires et mails d’encouragement, ce n’est que le début ! A ce sujet je tiens à préciser : nous ne sommes pas «subventionnés pour écrire de la merde», nous prenons sur notre temps libre pour vous faire plaisir, et vous nous le rendez bien. Connaissant la légendaire ouverture du Peuple Jurassien, nul doute que nous trouverons un sympathique amateur de Damassine pour relater les exploits de Barras et des siens. Alors, te sens-tu d’attaque, cher lecteur ? Ce d’autant plus qu’on devrait se revoir au moins quatre fois avant de fêter le titre de champion de Ligue B.

Le public lausannois n’est pas rancunier

Le match n’avait pas encore commencé que le Virage Ouest souhaitait la bienvenue à l’enfant terrible de la seconde division de hockey hélvétique : «Pecker : on (n’)oublie pas ton majeur, tu ne mérites plus de porter nos couleurs». Bon, si l’on se téléporte à samedi dernier sous le coup des 22h30, les lausannois avaient balbutié leur hockey, perdu contre de bien modestes soleurois, et avaient été hués par le public. Les noms de Florian Conz, de Sven Helfenstein et de Cory Pecker (justement) avaient circulé dans les travées de Malley et cerise sur le gâteau, le restaurateur en chef du club avait annoncé que cette année serait une énième saison de transition, pas de quoi s’enthousiasmer donc. Pourtant l’histoire récente du LHC a souvent montré que la relation entre ses supporters les plus fervents (nos hooligans préférés par exemple, qui se tapent des Grands Chelems, même s’ils sont frappés d’une IDP) et l’équipe était basée sur l’émotion. Un joueur porté aux nues une saison et haï celle d’après parce qu’il a signé «chez l’ennemi» est quelque chose de normal dans ce contexte. Cory n’a pas à s’en faire : qu’il livre la marchandise et il fera la holà avec le Virage Ouest. S’il se plante par contre…

Une entame «à la lausannoise»

Il n’a pas fallu longtemps aux visiteurs pour débloquer le score. Après moins de 2 minutes, Tuffet sur une assistance de Desmarais trouait un Mona fébrile. C’est dans la norme du LHC lorsque celui-ci connait une totale absence de confiance. On se dit alors qu’on aurait mieux fait de rester à la maison avec bobonne plutôt que d’assister à une énième défaite des Rouge et Blanc. Puis, la fameuse montée en puissance des lausannois se fit sentir. Mine de rien, la glace semblait plus griffée du côté Est, les passes plus précises, le danger devant Simon Ritz plutôt – et c’est tant mieux – que devant Gian-Luca Mona. Au moment où Orlando revenait de la Panchina di Penalita pour une bête obstruction, Benjamin Antonietti reprenait un tir dangereux de l’idole des Lausannois Julien Staudenmann : 1-1. Le match était lancé et son tournant allait intervenir durant cette première période. Sur un contre ajoulot, l’arbitre décida d’annuler une réussite jurassienne pour un hors-jeu. Cette décision arbitrale, pourtant indiscutable, eut l’heur de rendre fou le banc Jaune et Noir. Particulièrement le PostFinance TopScorer Roy qui – soyons honnête – a eu de la chance de terminer le match autrement que par une pénalité de match. A croire qu’en Ajoie le casque jaune ne représente pas le meilleur compteur de l’équipe, mais le plus stupide.

Méchants Genevois !

Grâce au LHC, les supporters du HC Ajoie ont souvent la chance de voir évoluer une équipe format LNA face aux leurs. L’année dernière déjà, ils se sont délectés de la technique fabuleuse de Tony Salmelainen, en ce mardi soir ils ont pu admirer leur ancien junior Florian Conz sous le prestigieux maillot lausannois. Voilà le centre qui manquait à la première ligne permettant au Gretsky des Alpes de retrouver la place qu’il affectionne à l’aile gauche. Une arrivée qui a relégué le père Igor en tribune. Personne ne s’en plaindra. C’est pourtant Ajoie qui a repris l’avantage par le truchement de sa première ligne. Le convalescent James Desmarais profitant de la faiblesse du banquier lausannois, un tir au raz de la glace depuis la ligne bleue qui a fait mouche. Mais comme dit plus haut, la sérénité était définitivement du côté des locaux, l’énervement de celui des visiteurs. C’est donc Julien Staudenmann (élu meilleur homme du match avec raison) qui remit les deux équipes à égalité sous les acclamations d’un public ravi (on n’avait plus entendu une telle ambiance à Malley depuis longtemps). Puis Setzinger, puis Augsburger et finalement Conz permirent au LHC de prendre le large. La lassitude des 5 premières minutes du match avait laissé place à un enthousiasme contagieux. Quand on disait que les supporters du LHC ne sont pas rancuniers.

Alors qu’il restait 10 minutes de jeu et Ajoie se décidait enfin à essayer de jouer au hockey et laisser l’énervement de côté. C’était trop tard. Malgré un joli but de Corey Ruhnke profitant d’une magistrale erreur de Jérémy Kamerzin à l’entrée de sa zone de défense, les carottes étaient cuites. Enfin, pas pour Paul Adey qui décidait de sortir son gardien à 3 minutes de la sirène finale alors que son équipe était menée de deux longueurs. On ne critiquera pas le choix du coach jurassien, au contraire, c’est couillu et c’est ça qu’on vient voir ! Malheureusement, et comme c’est souvent le cas dans pareille situation, Bernie Siegrist profita d’une rondelle flottante à la ligne rouge pour marquer le sixième.

Plus que 5 matchs

Cinq rencontres, c’est le nombre de matchs qu’il reste aux Lausannois avant de pouvoir attaquer les quarts de finale. 15 points en jeu et 11 de retard sur le leader chaux-de-fonnier. Les Vaudois ne tiennent plus leur destin entre leurs mains pour ce qui est de la première place. La seconde est à leur portée. Garyméro ayant déjà annoncé qu’il choisirait le huitième «parce qu’il est contre le système», Boxy serait bien inspiré de choisir Ajoie. L’équipe est largement prenable et les matchs émotionnels en diable. En tout cas, pour votre serviteur le choix est fait.

Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

LHC – Ajoie 6-3 (1-1 2-1 3-1)

Malley : 4346 spectateurs.
Arbitre : M. Clément.
Buts : 2e Tuffet (Desmarais/à 5 contre 4) 0-1, 14e Antonietti (Staudenmann, Stalder/à 5 contre 4) 1-1, 22e Desmarais (Tuffet, Roy) 1-2, 25e Staudenmann (Kamerzin, Leeger/ encore à 5 contre 4) 2-2, 32e Setzinger (Frunz) 3-2, 44e Augsburger (Alston, Antonietti) 4-2, 46e Conz (Tremblay, Setzinger) 5-2, 52e Ruhnke (Maret, Orlando) 5-3, 58e (Sigrist/à 4 contre 6, dans la cage vide) 6-3.
Lausanne : Mona; Kamerzin, Reist; Leeger, Keller; Schäublin, J. Fischer; Stalder; Chavaillaz; Sigrist, Hürlimann, Staudenmann; Tremblay, Setzinger, Conz; Antonietti, Augsburger, Alston; Schnyder, Dostoinov, Frunz.
Ajoie : Rytz; Hauert, Rauch; Hostettler, D’Urso; Maret, Stämpfli; Orlando; Desmarais, Roy, Tuffet; Pedretti, Tschuor, Barras; Chabloz, Posse, Ruhnke; Chételat, Gasser; Boillat.
Pénalités : 8 x 2 min contre LHC et 5 x 2 min + 1 x 10 min (Hauert) contre Ajoie.

Écrit par Vincent Keller