Servette vainc le signe indien

Après avoir égaré lamentablement quatre précieuses unités dans les porcheries – transformées en stades pour l’occasion – du Petit Terrain de Kriens et de la Montagne de Bois de Wil, Servette se retrouvait ainsi démuni de jokers dans la manche de ses beaux maillots trentadue. Les Genevois, dont la victoire face à Aarau à domicile était escomptée, puisque quand le terrain n’est pas «um campo do papatach» (Joao Alves ®), étaient attendus à Colovray.

Le côté particulièrement tabou de ce déplacement (pour tomber sur une victoire du SFC, en Coupe de Suisse et en prolongations qui plus est, il faut revenir en arrière de 6 ans !) devait être brisé afin de faire perdurer l’espoir d’une ascension. C’est sans la houlette de João Alves qui a suivi la rencontre depuis sa chambre d’hôpital, mais avec un Majid en plus dans la surface technique, présent pour épauler le duo Carlos Alves – Londono, que le Servette FC se présente à Colovray pour essayer de faire sauter le verrou nyonnais, bétonné par un milieu de terrain très physique (on pense surtout à ce diable de Bertrand Ndzomo), mis en place par Dragani.Le même onze qui avait convaincu João Alves suite à la sortie de Routis pour Karanovic dimanche passé, était donc reproposé en banlieue calviniste. En effet, l’idée de titulariser Goran Karanovic apparaît comme la plus logique dorénavant. Par le biais des matchs amicaux et de sa performance face à Aarau, il a démontré être le joueur offensif le plus en forme et en verve du club grenat.

Concernant le match en soi, ce derby de très petite cuvée a offert bien peu à se mettre sous la dent à des supporters qui ont dû se refournir à la buvette pour satisfaire leurs papilles gustatives. Malheureusement, les 2’015 spectateurs présents (dont un millier de Genevois) ont assisté à un bien piètre spectacle tant le jeu a été haché.
Il serait intéressant d’avoir les statistiques du temps de jeu effectif sous la main, car entre les remises en touche et les innombrables petites fautes sanctionnées et les joueurs se roulant au sol, je doute qu’on l’on ait atteint les 40 minutes de jeu.
Les 22 acteurs sont bien entendu les principaux responsables de cette misère footballistique, mais il ne faut pas sous-estimer un autre facteur : l’arbitre.
Effectivement, M. Carrel a perdu le contrôle de la partie en étant trop mou et en se contentant de sanctionner les dizaines de petites fautes sans sévir par le biais d’avertissements.
Jusqu’à la 39e minute de jeu, il n’y a pas eu de grosses frayeurs. De part et d’autre, des actions souvent velléitaires et inoffensives ont été crées. La plus dangereuse a sans doute été celle du numéro 9 du SFC, Karanovic, mais Mathieu Debonnaire répondait présent en sortant le ballon en coup de pied de coin. Et c’est justement à la 39e que ce taureau endiablé de Croato-Suisse parvenait à trouver la faille, suite à un corner botté par De Azevedo. Dans un premier temps, le dernier rempart nyonnais détournait la sphère qui retombait sur Schneider. Ce dernier tentait une reprise de volée et voyait son essai contré par un défenseur. Et c’est là que la balle arrivait vers Karanovic qui de la tête mettait ainsi au fond son 2e but du second tour.
Ami lecteur, je m’excuse mais j’ai estimé essentiel de bien décrire l’action du but, pour souligner deux choses. La première c’est qu’il s’agit d’un but fort chanceux et que les Vaudois ne méritaient pas, au vu du jeu exprimé, de le subir.

Secondement, je tenais à mettre en relief le fait qu’autant en football que dans la vie, la chance doit être provoquée. Et ce n’est pas un hasard si au bon moment et au bon endroit, ce n’est rien d’autre que l’homme à la forme physique et mentale époustouflante qui a répondu présent et mis au fond des filets un but qui s’est avéré être primordial.
En deuxième mi-temps, les hôtes n’ont quasiment rien fait du très beau ballon de Champions League offert par Michel Platini. Le visage de la rencontre était toujours autant grotesque, rythmé par des fautes et des erreurs techniques.  Hélas, ce match n’avait de la Ligue des Champions que les ballons et les deux lettres abréviatifs de la catégorie de jeu (CL).
Défensivement parlant, Servette s’en est bien sorti face aux actions concoctées par les pieds du chef d’orchestre vaudois, Manuel Bühler, et les essais de finalisation de l’incontournable ex-grenat, Besseyre.
Or, pour ce qui concerne la phase strictement offensive, le SFC a de quoi se faire du souci. En effet, le milieu de terrain titularisé samedi après-midi a rarement été en mesure de distiller des bons ballons pour le duo Eudis – Karanovic. De Azevedo, se contentant de sa maîtrise de l’art juninhesque, s’est permis durant toute la rencontre de trottiner et de manifester son désarroi de façon continue envers M. Carrel.
Le duo Nater – Kouassi a été rudement essentiel pour sauvegarder ce résultat, mais rares ont été leurs actions immaculées d’erreurs techniques. Le Grenat le plus décevant a cependant été Carlos Varela. Le numéro 13 a enchaîné les mauvais contrôles, les passes mal dosées et a mis en exergue un sérieux manque de condition physique. Or, cette dernière est une condition sine qua non pour que l’Espagnol parvienne à déborder sur l’aile droite et à apporter du danger concret en phase offensive.

Espérons aussi qu’Eudis retrouvera sa grinta et qu’il aille ainsi virevolter autour des défenses adverses comme son compagnon Karanovic le fait. De plus, il faudrait que Rüfli comprenne que lorsque l’on marque un eurogoal (face à Aarau), ça ne veut pas dire que l’on se répétera à chaque match. En effet, si le latéral droit des Grenat a bien tenu la baraque défensivement, en attaque, ses seules apparitions ont débouché sur des tirs depuis des positions excentrées. Sur le côté droit, il est impossible que Varela parvienne à se rapprocher de la zone propice aux centres. C’est pourquoi Rüfli aurait dû tenter de jouer plus avec ses coéquipiers lors des rares fois qu’il s’est aventuré en avant.
Enfin, la victoire acquise de haute lutte sur un terrain normal, dans un vrai-faux déplacement et face à une équipe du FCSN qui a confirmé jouir désormais d’une bonne stabilité défensive (1 but encaissé, celui de Karanovic, en 4 matchs : l’arrivée de Sarni n’y est pas étrangère), pourrait booster le moral de la troupe.
Les Servettiens peuvent dédier les 3 points au coach convalescent ainsi qu’à Majid Pisyhar. Le président est en train de prendre une place toujours plus importante au sein des supporters genevois qui, au lendemain de l’obtention de la gestion du stade, ont pu fêter avec lui la victoire ! Tel un bulldozer, affrontons nos 12 prochains matchs couperet endiablés et la chance nous sourira. Et qui sait…Karanovic the witch, bien que non-lusitanien, sera peut-être le fou du volant de ce gros tracteur !
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Stade Nyonnais – Servette FC 0-1 (0-1)

Colovray, 2’015 spectateurs.
Arbitre : M. Carrel. 
But :  39e Karanovic 0-1. 
Stade Nyonnais : Débonnaire; Ngindu, Cavaglia, Sarni, Domo; Ndzomo, Andreu; Pimenta, Bühler, Luongo (64e De La Loma); Besseyre.
Servette : Gonzalez; Rüfli, Baumann, Schneider, Moubandje; Varela (68e Camara), Nater, Kouassi, De Azevedo; Eudis (73e Vitkieviez), Karanovic (81e Pizzinat).
Cartons rouges : 88e Sarni (2e carton jaune), 94e De La Loma.
Cartons jaunes : 29e Sarni, 38e Domo, 38e Rüfli, 58e Nater, 60e Ngindu, 74e De Azevedo, 77e Kouassi.

Écrit par Grégory Soldati

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3 Commentaires

  1. Il manque l’expulsion de Sarni en fin de match.

    On pourrait aussi souligner le manque de calcul des Stadistes, qui vont jusqu’à se sacrifier en toute fin de match (2 rouges) alors qu’ils perdent déjà 1-0 contre Servette.

    Je veux bien que Matt Moussilou ne fasse pas peur, mais de là à se priver de deux titulaires pour le deuxième derby en trois jours du Stade Nyonnais…

  2. les porcheries transformées en stades… c’est minable comme commentaire… on dirait du Isoz… ce sont ces petits stades campagnards qui font le charme de la LNB… Peut-être notre commentateur préfèrera t-il Xamax-SFC en LNB à la Maladière la saison prochaine ???

  3. Je plussoie Marc. Sérieusement, Kriens et Wil sont des stades au niveau de la ligue, ni plus ni moins. Et c’est vrai que Nyon samedi, après plus d’une semaine sans gel ni pluie, c’était un modèle de terrain.

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