La douche froide !

Amorphe et dépressif sont probablement les adjectifs qui résument le mieux la prestation servettienne pour le tant attendu baptême du feu. C’est sans aucun fond de jeu, sous la pluie et devant un public moins nombreux que lors du dernier Servette-Chiasso que les Genevois sont complètement passés à côté de leur première sortie de la saison. S’agissait-il véritablement d’un match de Super League ?

Ne pas tirer sur l’ambulance

A une demi-heure du coup d’envoi de la première saison en SL depuis 79 mois, lorsque la tant attendue feuille de match parvient entre nos mains, on se dit que quelque chose ne va pas. En plus des lourdes absences (Vitkieviez, Baumann et Yartey), Issaga Diallo, ce joueur dont l’étrange transfert demeure redouté, figure parmi le onze de base, au cœur de la défense centrale. Hélas, ce que l’on craignait s’est bien produit, Diallo a été à la ramasse 94 minutes durant. Mais il ne sert à rien de tirer sur l’ambulance. Le défenseur franco-sénégalais était dépaysé, crispé par le fait de devoir jouer un match en LNA. Rappelons qu’il s’agit d’un saut de deux catégories pour le numéro 4 du SFC, puisque l’an dernier il jouait à Locarno dans les abysses de la Challenge League, dont le niveau est très proche voire égal à celui d’une bonne équipe de 1ère ligue. Il faut donc s’en prendre à ceux qui sont allés dénicher ce joueur ainsi qu’à ceux qui lui ont donné un rôle si important au sein d’une équipe qui joue au plus haut niveau suisse, faut-il le rappeler.
Mais surtout, l’index doit se pointer vers celui qui est le plus mauvais dans son rôle. Vers celui qui met à disposition une enveloppe si misérable, qu’il en devient même impossible de recruter des bons joueurs de CHL, tel Montandon. Diallo n’a pas triché, il était tout simplement cuit psychologiquement et plus le temps passait, plus il sombrait dans une crise profonde. Il n’aurait souhaité qu’une chose : se doucher et rentrer chez lui au plus vite. Mais hélas, la pluie avait probablement humecté les lunettes de Luvas Pretas Alves, qui n’a pas su déceler l’évidence. Reste à espérer que Diallo saura réparer sa boussole, prendre de la bouteille et de la confiance en soi. Il ne faut jamais juger un joueur après un seul match officiel, rappelons-le.

C’est grave, docteur ?

Les Genevois étaient très pâles dimanche, et ce dans tous les sens du terme. En effet, les Grenat arboraient les maillots away pour l’occasion, probablement parce que l’équipementier Trentadue n’a pas pu fournir à temps les maillots grenat.  Digne d’un club de CFA française. Malheureusement, la pâleur n’était pas simplement une question de maillot. Dans le jeu aussi et surtout, les Grenat étaient inexistants et désespérants. Les visiteurs de l’Oberland bernois ont su profiter de la grave apoplexie du SFC lors des dix premières minutes en inscrivant deux buts sur autant d’occasions. Le match, pour le club du bout du lac, s’apparentait dès lors à la montée de l’Alpe d’Huez : raide et interminable. Fébrile derrière, sans aucun fond de jeu au milieu, s’emmêlant les pinceaux çà et là et jouant une bonne partie de la deuxième mi-temps sans un véritable attaquant, si ce n’était De Azevedo, inscrire un but, après celui inespéré de Routis, devenait mission impossible pour les hôtes. Le public léthargique, s’enfonçant dans les sièges roses de la Praille, ne trouvait même plus la force d’espérer quoi que ce soit. C’était trop évident, Servette méritait de perdre et si la tête d’Eudis en toute fin de rencontre avait trouvé la faille, deux points auraient été volés au FC Thoune. Les hommes de Challandes ont su profiter de la faiblesse défensive de leurs adversaires. Puis, ils ont pris les rênes du match et ne se sont jamais fait inquiéter par le SFC.

17’000 absents

Du côté des gradins, on le savait, l’affiche n’était pas alléchante et n’aurait jamais attiré plus de 10’000 personnes. Cependant, on ne se lasse pas de le répéter, tant le paradoxe est grand, tant cette attitude est scandaleuse. Il y avait 23’000 personnes le mythique soir du 31 mai à la Praille. Des opportunistes, les pires spécimens de Glory Hunter. Mais en même temps, des gens intéressés à voir le club de leur ville rejoindre la Ligue A. Tous soulevaient les cartons pour former le grand «A» dans la nord. Tous se sont rués sur le terrain en scandant euphoriquement : «On est en Ligue A !». Très peu sont revenus dimanche à la Praille, alors qu’il s’agissait, malgré les apparences, d’un match de Ligue A. Il n’y a pas d’excuses. Le 31 mai était un jour de semaine, un mardi soir pluvieux. Hier c’était un dimanche pluvieux de juillet. L’incompréhension et le désarroi coulent dans les veines encore plus vertigineusement lorsque l’on pense que pour le match amical Servette – Benfica, plus de 12’000 personnes ont répondu présents. Eh oui, dont environ 11’000 pseudo-Benfiquistes, ces gens qui n’ont jamais vu Lisbonne et le Stadio Da Luz, pas même en carte postale et qui se sont octroyés le droit de siffler l’équipe de la ville où ils vivent. Décidément, j’espérais que l’époque des Portugais qui nous sifflaient (voir l’article SFC-ACB) était derrière nous. Visiblement je me trompais, cette triste ère n’est pas encore révolue.
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Servette FC – FC Thoune 1-2 (1-2) 

Stade de Genève, 6’712 spectateurs. 
Arbitre : M. Jaccottet.
Buts : 2e Schneuwly 0-1, 9e Lustrinelli 0-2, 30e Routis 1-2. 
Servette FC : Gonzalez; Schneider (19e Pizzinat), Routis, Diallo, Schlauri; Rüfli, Nater (57e Eudis), Kouassi, Karanovic (46e Varela); Esteban, De Azevedo. 
FC Thoune : Da Costa; Lüthi, Matic, Schindelholz, Reinmann; Schneuwly, Bättig, Hediger, Andrist (68e Wittwer); Lezcano (87e Sanogo), Lustrinelli (79e Demiri).
Cartons jaunes : 56e Pizzinat, 59e Lüthi, 65. Matic, 74. Eudis, 85e Kouassi, 92e Rüfli, 91e Wittwer.

Écrit par Grégory Soldati