Un bel esprit de corps en réponse aux sanctions

Christian Constantin a très longtemps joué avec le feu. Au profit du club, certes, mais à quel prix ? Après avoir usé de tous les moyens juridiques possibles et inimaginables, il a logiquement fini par se brûler les doigts, entraînant du même coup le club dans sa chute.

Le FC Sion s’est en effet  vu refuser la qualification de ses huit nouveaux joueurs et, sauf nouvelle contraire, devrait encore être privé de toute nouvelle qualification lors de la prochaine période de transfert. Si avec l’abnégation qu’on lui connaît, le président compte bien sortir le club de ce bourbier  en reprenant d’assaut les tribunaux, ses chances de réussite ne sont pour l’instant que très hypothétiques. En attendant le verdict, Sion s’affichait en victime en jouant sous protêt. Trêve de tragi-comédie, Laurent Roussey n’aura jamais tenté dans sa préparation de prévenir un risque pourtant archi connu des moins bien renseignés supporters lambdas. Et c’est bien là que le bas pouvait le plus blesser au coup d’envoi de ce nouveau championnat. Car avec un excellent contingent de base, les Sédunois s’offraient une stabilité forcée contre une équipe qui, sans nouveau transfert, se voyait quant à elle privée de cinq potentiels titulaires.

Des formations quasi classiques

Au final, les deux équipes n’alignaient qu’une seule véritable surprise chacun, soit Josip Drmic, un néophyte zurichois de 18 ans et Didier Crettenand, un Valaisan étrangement aligné au poste de milieu gauche et qui tentera une énième fois de relancer sa carrière. Un pari fou encore gagnant pour l’ami Laurent, car décisif dans ses passes, à l’origine de nombreuses fautes adverses et très actif sur son côté, Crettenand s’en sera sorti avec les honneurs au terme d’une excellente première mi-temps. L’autre grand gagnant de cet imbroglio judiciaire se nomme Arnaud Bühler. Par sa bonne performance, il lance le défi à Laurent Roussey d’oser prochainement faire sans lui.
Tactiquement, Sion avait opté pour un 4-4-2 bourriné dans l’axe. Milieu droit, Zambrella a rarement pris le couloir et Crettenand aura également dû se ranger dans l’axe lors de la seconde période, laissant ainsi les couloirs à la totale responsabilité de Vanczak et Bühler. Présent partout malgré ses poumons noirs et ses 35 ans, Obradovic proposa de nombreuses solutions sur les côtés. Mais il faut bien le dire, le jeu sédunois passa essentiellement dans l’axe. Et dans des couloirs parfois délaissés, certains errements dans le replacement défensif auraient pu coûter cher. On pense notamment  à cette action manquée par Drmic à la 65ème. Osera-t-on en faire de même face aux puissants ailiers bernois ? La question mérite d’être posée.

Des débuts dans la douleur

Même composé de nombreux titulaires, ce onze de base était considéré comme une décevante équipe B  dont le sort semblait déjà scellé. C’était peut-être sous-estimer le groupe de l’année passée.  Stimulante, la pression était grande. Et dans un tel contexte, on ne fut guère surpris de voir un FC Sion nerveux, très loin d’entamer cette partie fleur au fusil. Dans le style qu’on leur connaît, les Zurichois prirent rapidement le jeu à leur compte. Impuissants durant les premières minutes, les Valaisans auront beaucoup couru derrière un ballon qui, à l’image d’un Zambrella peu convaincant, semblait leur brûler les pieds. On pouvait alors craindre le pire, mais Vanins ne manqua pas de remettre ses gars sur les rails à de nombreuses reprises. Menés par un Serey Die hyperactif – contrôlé négatif à la cocaïne – et très propres dans des relances portées vers l’avant, les Sédunois reprirent alors peu à peu confiance et la domination du match changea de camp au fil des évènements.

Un mur letton

Si l’équipe a pu se racheter d’un mauvais début de match, elle le doit en grande partie à son portier. Il la sauvait une première fois d’un arrêt réflexe sur un coup-franc dévié par son propre défenseur, puis du pied quelques minutes plus tard sur un tir de Schönbächler. Une frappe de Rodriguez fut également déviée à bout portant. Mais Vanins ne cédait toujours pas et n’allait pas en rester là. Sur un centre zurichois, Dingsdag remettait de la tête sur Djuric, mais l’ange-gardien était là. Coupable de deux égarements, son défenseur hollandais aura quoi qu’il en soit livré un match énorme, faisant preuve notamment d’une toute grande classe dans ses relances et contrôles. Sûr et précis dans toutes ses sorties aériennes, on se dit alors qu’il ne pouvait finalement rien arriver à ce Vanins des grands soirs, soutenu par une défense qui fonctionne à la niaque. Mais c’était sans compter sur un penalty gracieusement offert au vice-champion.

Le penalty de la honte

Adailton n’aura pas toujours fait dans la finesse. A son contact, de nombreux Zurichois auront eu l’occasion de goûter du gazon. Ayant subi un petit pont à mi-terrain, le Brésilien se faisait vengeance d’un tacle risqué dans les 16 mètres, mais dont la faute était très discutable hormis aux yeux de l’arbitre. Vanins ne bénéficiait alors que d’une infime chance de pouvoir réparer l’erreur de son coéquipier. A cet instant, le plus important de la partie, Margairaz s’en allait affronter le roc et des supporters hystériques qui le poussèrent à l’excès d’orgueil et au pathétique. Dans les rangs valaisans, d’aucun n’imaginait ce penalty finir au fond tant le mur letton en avait déjà bloqués l’année passée. Mais d’aucun n’imaginait non plus une arrogante panenka tentée sur l’un des tout meilleurs gardiens de ce championnat. Personne sauf Vanins. Le petit tenta de se foutre du grand, mais il repartit la queue entre les jambes. Très classe, son vis-à-vis ne le chambra pas, mais le public s’en chargea. La leçon ne pouvait pas être plus cruelle et les Zurichois ne s’en remettront pas.

Une inefficacité qui ne s’invente pas

Après un début de match catastrophique, les coéquipiers de Vanins multiplièrent les énormes occasions de but, sans parvenir toutefois à les concrétiser. Dingsdag voyait son coup-franc dévié de peu au-dessus de la latte. Ensuite Prijovic entra en scène. La suite était écrite dans le précédent article. Extrêmement habile pour abuser de ses défenseurs, flirtant parfaitement bien avec le hors-jeu et toujours à l’origine de bons appels, il allait s’offrir deux énormes occasions de but. Il échouait néanmoins deux fois et dans la même minute en frappant coup sur coup sur Leoni, sans la moindre esquisse de feinte. Puis, sur l’une des traditionnelles excellentes relances de 50 mètres signées de la patte du maestro hollandais, Prijovic remettait le couvert en frappant sur un défenseur après avoir pourtant fait le plus dur d’un superbe contrôle. Etonnamment, à sa sortie, les applaudissements remplacèrent les sifflets. Le public semble avoir bien compris qu’il mérite son appui et la centaine de duels quotidiens qu’exécutait Thierry Henry, pour ne citer que lui, pourrait peut-être lui donner des idées. Aligné à ses côtés, Sio suivait la tendance en manquant le cadre, pourtant seul dans les 5 mètres après un travail combiné de Crettenand et Prijovic. Le pari de faire entrer à 30 minutes du terme un Afonso intéressant dans le jeu, mais peu décisif pouvait laisser sceptique. Mais par son physique déjà et surtout par sa technique, l’équipe parvint à mieux conserver le ballon dans la phase offensive.

Le but de la persévérance

Et à force de persévérance, parfaitement bien symbolisée par un capitaine héroïque hier soir, Sion allait finir par trouver la faille dans un match qu’il méritait de remporter. Au départ d’une magnifique action collective, Vanczak récupérait un ballon de guerrier à l’arrachée et Afonso faisait preuve d’une inspiration géniale pour lancer en profondeur un Giovanni Sio très peu en réussite avant le dernier quart d’heure. Mais le Français ne tremblait pas et Goran terminait le travail en déviant le centre au terme d’une course énorme. C’est finalement le papa de l’équipe qui montra la voie du but à ses coéquipiers. Ayant couru partout du haut de ses 35 ans, mais avec peu de réussite dans ses essais, il avait frappé le terrain de rage quelques minutes auparavant. Totalement grillé, ce but vient finalement récompenser le travail d’un tout grand.

Par un superbe tifo, le public valaisan demandait à son équipe de décrocher la lune. Avec une victoire contre Zurich qu’elle attendait depuis une décennie, elle a déjà décroché les étoiles. Mais dans le ciel valaisan, la lune symbolise une régularité pour l’heure inatteignable. Et samedi prochain, la mission s’avère extrêmement compliquée. Il s’agira avant tout de ne pas céder à l’euphorie, car joué sur d’infimes détails, le match aurait très bien pu tourner dans l’autre sens. S’il entend pouvoir rivaliser face à YB, le FC Sion devra assurément une nouvelle fois faire preuve du même état d’esprit.

Sion – Zurich 1-0 (0-0)

Tourbillon, 10’500 spectateurs.
Arbitre : M. Bieri.
But : 74e Obradovic 1-0.
Sion : Vanins; Vanczak, Dingsdag, Adailton, Bühler; Serey Die; Zambrella, Obradovic, Crettenand (78e Sauthier); Sio (88e Ogararu), Prijovic (59e Afonso).
Zurich : Leoni; Stahel (80e Kukuruzovic), Raphaël Koch, Teixeira, Rodriguez; Schönbächler (67e Nikci), Aegerter, Margairaz, Djuric; Drmic (58e Mehmedi), Alphonse.
Cartons jaunes : 30e Stahel (faute). 40e Adailton (faute). 76e Nikci (faute). 94e Raphaël Koch (faute).
Notes : Sion sans Mrdja et Yoda (blessés) ainsi que Gabri, Mutsch, Glarner, Feindouno, Gonçalves et Ketkeophomphone (non qualifiés), Zurich sans Béda, Chermiti, Magnin, Zouaghi et Chikhaoui (blessés). 42e Vanins retient un penalty de Margairaz.

Écrit par Eric M.

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11 Commentaires

  1. Merci pour cet excellent article M’sieur Mettan !!!
    J’avais déjà fort apprécier ta présentation sur Sion…et là c’est un régal de lire ton compte rendu.

    HHooPp SiOn !!

  2. Très bon article. Sauf en ce qui concerne l’aspect pessimiste quant aux chances de CC de gagner devant les tribunaux. Juridiquement, le cas de l’AS Roma risque bien de faire jurisprudence dans le cas du FC Sion et c’est la SFL qui partira la queue entre les jambes.

  3. Le texte est bon.
    Par contre, les images ne me semblent pas vraiment d’actualité, si l’on songe que Laurent Roussey était vêtu d’une chemise blanche et non d’un haut de training, que l’équipement de Vanins était de couleur jaune et que notre équipe arborait des maillots dont les numéros étaient gris…

  4. Désolé, mais tu as tort. Les joueurs seront de toutes façons qualifiés pour le mercato hivernal.

    De plus, je suis persuadé qu’après que l’instance de recours de la ligue aura aussi refusé, le TAS donnera raison à CC. La Roma a ouvert la voie dans ce sens.

  5. @ Grizzli :

    En effet, les photos sont celles de la saison dernière. Si un photographe sédunois veut rejoindre la rédac, qu’il nous fasse signe, on est preneurs !

    Sportivement,
    La rédac

  6. En fait, là c’est la SFL contre CC. Mais dans ce cas là SFL n’est là uniquement pour mettre des bâtons dans les roues du club et faire trainer les choses. D’ici 10-15 jours tout sera réglé, le TAS devrait prononcer au moins l’effet suspensif. Pour mémoire je rappelle que CC a gagné tout ces combats juridiques contre la league.

  7. Le péno est généreux. Adailton joue clairement le ballon. Dans le mouvement, il effleure à peine (le touche-t-il vraiment ?) le pied de Rodriguez, qui ne fait rien pour rester debout.

  8. A noter le commentaire du pénalty par Joel Grivel : « Et puis c’est un ballon complètement raté de Margeiraz. Je sais pas ce qu’il a voulu faire. Il a voulu faire du Zidane à la Coupe de Monde. […] Il cherchait la lucarne et s’est complètement raté ! »
    Merci tsr sport.

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