TDF 2020 : bilan

Ennuyeux pendant 19 jours en raison de l’ultra-domination de l’équipe Jumbo-Visma, le Tour de France a basculé dans la folie le dernier samedi sur le contre-la-montre de la Planche des Belles Filles, sauvant cette pâle édition 2020 qui aura encore montré les limites du cyclisme français dans toute sa largeur sur son grand rendez-vous de l’été.

Le confinement pour cause de coronavirus au printemps et le décalage du sacro-saint Tour de France au mois de septembre n’aura donc rien changé à nos habitudes. Comme chaque année, on a regardé la plus grande course du monde avec beaucoup d’attentes, et comme très souvent on s’est ennuyé ferme devant notre téléviseur. Le duel Jumbo – Ineos tant prometteur (et surtout tant annoncé par les prétendus spécialistes qui feraient passer l’incertitude du sport cycliste pour de la mécanique de précision) n’a jamais eu lieu, la faute à une formation britannique complètement hors sujet.

Sans opposition, les éléphants de Jumbo ont marché sur le Tour pendant trois semaines comme leurs congénères piétinent habituellement la savane africaine, c’est-à-dire en mode bulldozer. Au lieu de se contenter d’assurer la victoire finale de leur leader Primoz Roglic, ils ont couru sur tous les fronts avec un appétit féroce, parfois démesuré (même pour un pachyderme de cette envergure) et le dernier week-end, ils ont fini logiquement par se faire punir par un gamin de 21 ans roulant, lui, quasiment sans équipiers. Retour en 6 points sur les faits marquants de ce 107ème  Tour de France particulier.

La chute de l’empereur Primoz 1eraprès avoir glissé sur une planche à la veille de Paris…

1. La suffisance de Jumbo préparait la débâcle de Roglic

Avec sa dream team alignée au départ de Nice, l’équipe Jumbo-Visma et son leader Primoz Roglic partaient comme les immenses favoris de ce Tour de France disputé anormalement au mois de septembre. En raison de la faiblesse de l’équipe Ineos et du vainqueur sortant Egan Bernal, les hommes en jaune ont d’entrée de jeu pris le contrôle d’une course devenue rapidement imperdable, notamment dans leurs esprits.

Roglic, qui avait laissé planer le doute sur sa participation au Tour jusqu’au dernier moment en raison d’une chute sévère lors du Dauphiné deux semaines auparavant, voltigeait dès le départ sur la Côte d’Azur. Le Slovène avait donc bluffé, menti sur son état de forme, pour s’enlever probablement de la pression. Dès la première arrivée en altitude à Orcières-Merlette, il s’imposa au sprint avec une facilité déconcertante devant une opposition médusée. Après seulement 4 étapes, la cause semblait entendue.

« Rogla » aurait pu enfoncer le clou quelques jours plus tard à la Lusette ou dans les Pyrénées, d’autant plus qu’il faisait rouler chaque étape son équipe de façon démesurée. Mais en froid calculateur, le vainqueur de la dernière Vuelta comptait ses coups de pédale au lieu d’écraser la course lorsqu’il semblait en avoir véritablement les moyens. Dans quel but ? Avait-il peur d’éveiller les soupçons dans une saison particulière de confinement où les contrôleurs antidopage n’avaient pas pu effectuer leurs tests habituels ? Se sentait-il tellement supérieur à ses adversaires qu’il n’avait pas besoin de prendre deux minutes d’avance à l’issue de la première semaine ? Au contraire, son faciès impassible comme toujours cachait-il le fait qu’il était déjà en vérité à son maximum ?

Pendant ce temps-là, son équipe accumulait les bouquets, avec Wout Van Aert en fer de lance. Après avoir remporté brillamment les Strade Bianche et Milan-San Remo en août, le puncheur belge de 26 ans martyrisait maintenant le Tour de France en septembre, que cela soit dans la plaine en s’octroyant deux nouvelles victoires d’étape au sprint que dans la montagne en menant un tempo démentiel pour ses leaders Primoz Roglic et Tom Dumoulin. Dumoulin justement, qui s’est sacrifié dès le col de Peyresourde au huitième jour tellement Roglic semblait au-dessus du lot, enlevant de ce fait le fameux plan B initial de Jumbo-Visma dès le premier tiers de la Grande Boucle. Le col de Peyresourde, là où Roglic a tendu la première joue en remettant inexplicablement dans le jeu son jeune compatriote Tadej Pogacar, écarté de la victoire finale après le coup de bordure de la veille à Lavaur lui ayant coûté 81 secondes.

Malgré ces errements tactiques, la situation restait largement favorable pour « Rogla » à mi-course. A l’instar de l’US Postal et de la Sky tant décriées ces 20 dernières années, son équipe Jumbo-Visma semblait parfois tellement sûre de sa domination qu’elle empêchait même les baroudeurs d’aller au bout sur les étapes de transition leur étant traditionnellement promises. Courir en patron est un choix mais courir en patron sans porter le coup fatal est une erreur. Parfaitement tracté en montagne par Van Aert, Bennett, Kuss et Dumoulin, Roglic ne plaça pas le moindre démarrage des trois semaines. Il se contenta juste de répondre épisodiquement aux accélérations de Pogacar pour lui rappeler qui était l’aîné (ou le père), mais toujours à moins de deux kilomètres de l’arrivée, dans le souci de perdre (ou de gagner) le moins de temps possible : le cyclisme à l’économie poussé dans ses ultimes retranchements.

Dans ce Tour de France se jouant à coups de bonifications, il était écrit que tout se déciderait sur le seul contre-la-montre de la course, placé la veille de l’arrivée à Paris. Si la Planche des Belles Filles attendait depuis dix mois le passage de son héros local Thibaut Pinot, elle sera témoin de la débâcle inattendue de Primoz Roglic et donc de l’un des renversements les plus spectaculaires de l’histoire du cyclisme. En effet, Tadej Pogacar, l’autre grand coureur slovène du XXIème siècle, réalisa le chrono de sa vie et colla près de deux minutes à Roglic en seulement 36 kilomètres, lui qui comptait 57 secondes de retard au départ de l’avant-dernière étape. Insensé, irréel, hallucinant, à tel point que Laurent Fignon finira par avouer depuis sa tombe qu’il se sentait enfin vengé des fameuses 8 secondes lui ayant coûté le Tour de France 1989 face à Greg LeMond !

Un coureur du dimanche fier de rapporter à ses parents un bouquet de fleurs et une peluche.

2. Tadej Pogacar, le braquage du siècle

Tadej Pogacar est un crack précoce qui, la veille de ses 22 ans, a donc déjà remporté le Tour de France, comme Egan Bernal l’an dernier, lui qui était alors âgé de quelques mois supplémentaires. Les deux hommes partagent également la particularité d’avoir gagné le Tour de l’Avenir deux ans avant leur triomphe sur la plus grande course du monde.

Le coureur d’UAE Emirates s’était révélé l’an dernier en s’adjugeant les Tours d’Algarve et de Californie avant d’éclabousser la Vuelta de toute sa classe en fin de saison. En Espagne, il avait réussi l’improbable exploit de s’imposer à trois reprises en altitude, tout en finissant troisième à Madrid de son premier Grand Tour. Visiblement, le jeune Slovène est un homme qui aime les règles de trois puisque cette année, pour ses grands débuts sur le Tour de France, il aura réussi la performance stratosphérique de remporter également trois étapes, ainsi que trois maillots distinctifs : celui de meilleur grimpeur assorti de celui de meilleur jeune et donc du tant convoité maillot jaune.

Sans réel soutien dans son équipe (Fabio Aru et Davide Formolo, les deux meilleurs grimpeurs d’UAE après lui, ont été rapidement contraints à l’abandon), Pogacar aura donc construit son succès patiemment, profitant de la supériorité de l’équipe Jumbo-Visma de son compatriote Primoz Roglic. Dans l’ombre de son aîné, il n’aura cessé de rattraper le temps perdu sur la bordure de Lavaur après une semaine de course. Il aura d’abord commencé par reprendre la moitié de son débours dès le col de Peyresourde, le lendemain, en développant plus de 460 watts dans l’ascension, écrasant le record de puissance développé par Alexandre Vinokourov ici-même en 2003 sur le seul Tour de France où huit des dix premiers du classement général furent reliés par la suite à des affaires de dopage.

Vainqueur surpuissant au sprint à Laruns et au Grand Colombier, le Slovène continua de remonter le temps et ce n’est pas le relatif coup de moins bien qu’il dût subir sur les pentes inhumaines de l’inédit col de la Loze qui allait le décourager dans son entreprise de remontada. Connaissant la frilosité de Roglic en troisième semaine (son adversaire s’était déjà effondré dans le money time sur le Tour de France 2018 comme sur le Giro 2019), Pogacar comptait sur le chrono de la Planche des Belles Filles pour renverser la table à la veille de l’arrivée.

Parti très vite, il fit d’entrée douter Roglic qui n’eut d’autre choix que de se mettre dans le rouge pour tenter de colmater le temps qui, inexorablement, fuyait sous ses roues. Au pied de la Planche, Pogacar avait déjà refait les deux tiers de son retard sur son compatriote. C’est alors qu’il décida de changer de monture pour escalader la dernière difficulté de ce Tour de France avec un vélo traditionnel. Dès lors, le débours s’accéléra et devint même par moment surréaliste puisque Pogacar grimpait en moyenne 14 secondes plus vite au kilomètre que son aîné en perdition sur la pente, casque d’empereur vissé de travers sur sa tête qui pour la première fois du Tour paraissait meurtrie.

Vainqueur le lendemain de son premier Tour de France à sa première participation pour 59 secondes devant Roglic après n’avoir porté le maillot jaune qu’une seule journée, le triomphe de Pogacar s’apparente clairement à un braquage de premier choix. Il est pour le moment difficile de savoir si celui-ci résistera à l’épreuve du temps tellement on connait encore finalement peu ce garçon d’apparence sympathique venu d’un tout petit pays, la Slovénie, s’étant ouvert récemment au cyclisme, mais traînant déjà derrière lui un passé sulfureux.

En effet, 42% des coureurs de cet État situé au nord de l’ex-Yougoslavie se sont retrouvés mêlés à des scandales de dopage ces dernières années. L’affaire Aderlass est passée récemment par là et les dirigeants de son équipe UAE Emirates ne sont également pas réputés pour être les plus fréquentables du peloton. Il faut dire que Mauro Gianetti et Joxean Fernández Matxín, ravis du triomphe de leur poulain Pogacar à Paris, ont dirigé dans les années 2000 la diabolique équipe Saunier Duval, marque commercialisant des chaudières comme une allégeance provocatrice aux multiples coureurs dopés qu’elle rémunérait à l’époque en son sein : ses leaders Riccardo Riccò, Leonardo Piepoli, Juan José Cobo ou Iban Mayo ont tous été confondus pour dopage lourd lors de leur passage chez Saunier Duval.

Le moment où Egan Bernal réalise que l’hiver est plus agréable en Colombie que l’été en France…

3. La faillite totale d’Ineos Grenadiers

Il ne fallait pas avoir inventé l’EPO pour savoir que l’équipe Ineos Grenadiers allait vivre une fin d’été compliquée sur les routes du Tour de France. Déjà malmenés l’an dernier après une domination sans partage entamée en 2012 via Bradley Wiggins, les hommes en noir ont perdu le peu de certitudes qui leur restaient en cette saison 2020.

Décédé tragiquement à 40 ans au mois de mars dernier, leur principal directeur sportif Nicolas Portal n’a pas été remplacé. Le Français était réputé pour établir des stratégies de course infaillibles comme pour composer avec des egos surdimensionnés. Ce management audacieux et reconnu de tous permettait à l’ex-formation Sky de remporter chaque année le Tour de France en plaçant le coureur le plus fort du moment sur la plus haute marche du podium.

Alors lorsque Dave Brailsford annonça une dizaine de jours avant le départ de Nice qu’il écartait Geraint Thomas et Chris Froome de la sélection, tout en adjoignant à celle-ci les services de Richard Carapaz, initialement prévu à la défense de son Giro, on comprit immédiatement que l’horloge britannique s’était déréglée pendant le confinement. Ce qui avait fait la force des Anglais ces dernières années, à savoir s’élancer avec deux gars capables de remporter le classement général de la Grande Boucle, tombait à l’eau.

Auteur d’une rentrée des classes moyenne en août (il avait dû notamment abandonner le Dauphiné pour un prétendu mal de dos), le vainqueur sortant Egan Bernal se retrouvait donc catapulté leader unique du mastodonte pétrochimique Ineos à Nice détenant également en ces mêmes lieux un club de football abonné au ventre mou du championnat français. Tout ce contexte ne semblait pas être le meilleur des présages pour le tenant du titre colombien.

En cette année 2020 particulière, les maux de dos sont d’ailleurs revenus souvent sur la table pour tenter de cacher un état de forme précaire (n’est-ce pas Thibaut Pinot ?). Colonne vertébrale en vrac ou pas, Egan Bernal n’a jamais pesé sur ce Tour de France qui l’avait consacré roi dans des Alpes l’an dernier. Après plusieurs revers en première partie de course, le jeune Colombien a finalement rendu les armes dans le Grand Colombier, asphyxié par le rythme effréné des Jumbo-Visma et de leur champion tout-terrain Wout van Aert.

Bernal non-partant au matin de la 17ème étape, son équipe Ineos a bien tenté de changer de stratégie en envoyant ses différents lieutenants à l’avant. Si Richard Carapaz  a sauté dans toutes les échappées en troisième semaine, il a manqué la victoire aussi bien à Villard-de-Lans (battu par Lennard Kämna après l’avoir sous-estimé dans la montée de Saint-Nizier) qu’au col de la Loze (après une résistance héroïque, il s’est finalement fait avaler par Superman Lopez dans les trois derniers kilomètres) ainsi qu’à La Roche-sur-Foron. En effet, son arrivée épaule contre épaule avec son fidèle équipier Michał Kwiatkowski n’occulte pas le fait que l’Équatorien s’effondrera deux jours plus tard sur la Planche des Belles Filles dans sa quête de maillot à pois face à l’intenable Tadej Pogacar, ce qui lui aurait permis de sauver son Tour de France ainsi que celui des hommes de Brailsford.

En ne plaçant aucun coureur dans le top 10 et en ne remportant qu’une seule victoire d’étape en toute fin de Tour de France, l’équipe Ineos a anormalement été méconnaissable sur cette Grande Boucle 2020. L’année prévisible de transition a tourné à la faillite générale. De plus, l’avenir incertain de ses différents leaders ne semble pas prêter à un rétablissement rapide des Grenadiers face à la nouvelle armada Jumbo-Visma, appelée à régner en maître sur le Tour ces prochaines années.

Qui de Pinot, Bardet, Alaphilippe ou Barguil finira meilleur Français du Tour ? Réponse Martin !

4. Le Tour de France moyen des Français

Après un beau Tour de France réalisé conjointement par Julian Alaphilippe et Thibaut Pinot l’an passé, les Français sont rentrés dans le rang en ce mois de septembre 2020. Ils avaient pourtant bien commencé, notamment grâce à leur tête de gondole Alaphilippe, vainqueur à Nice et maillot jaune dès le deuxième jour malgré une énorme pancarte dans le dos. Mais l’Auvergnat marche décidément moins fort depuis qu’il fréquente la pétillante Marion Rousse.

Anormalement distrait, le leader de la Deceuninck eut le malheur, trois jours plus tard, de s’emparer d’un bidon dans les 20 derniers kilomètres de la 5ème étape vers Privas alors que tout ravitaillement était proscrit dans le final. Cela lui valut une pénalité de 20 secondes qui le contraignit à rendre son beau maillot jaune plus rapidement que prévu. Dès lors, Alaphilippe ne fera plus que courir à contre-temps en songeant aux Mondiaux fin septembre et aux classiques disputées anormalement cette année au mois d’octobre.

Romain Bardet effectua également un début de Tour intéressant. Notre célèbre tête de Turc assumée à Carton-Rouge profita d’une bonne dynamique de course (avec notamment la victoire de son équipier Nans Peters à Loudenvielle) pour tenter de remonter sur le podium à Paris. Malheureusement pour lui, il tomba sur ses terres lors de la 13ème étape se finissant au Puy Mary. Sonné comme un boxeur à même le sol, Bardet eut le mérite de remonter sur son vélo et de finir l’étape à fond alors qu’il venait d’endurer une commotion cérébrale. Par précaution, il ne repartit pas le lendemain de chez lui à Clermont-Ferrand. Sa fin de mandat chez AG2R La Mondiale aurait probablement mérité meilleur sort, lui qui fit de cette petite équipe savoyarde le principal adversaire de l’imbattable Sky entre 2016 et 2018.

Guillaume Martin, quant à lui, effectua une belle première semaine de course. Il finira cependant par rentrer dans le rang après plusieurs chutes pour terminer à une honnête 11ème place, synonyme de premier coureur français à Paris.

A l’heure du bilan, on n’ose évoquer Thibaut Pinot, sur qui beaucoup d’espoirs étaient fondés. Celui-ci perdit le Tour dès le premier jour à Nice, en se prenant le vélo d’un concurrent dans le dos, sur une chaussée détrempée transformée en vulgaire patinoire. Le Franc-Comtois aurait dû abandonner la course dans les Pyrénées dès lors qu’il comprit qu’il n’avait aucune chance de bien y figurer.

Mais Thibaut traîne un contentieux lourd avec la Grande Boucle qu’il n’a plus terminée depuis 2015 (trois abandons successifs pour lui en 2016, 2017 et 2019). Alors il a continué sa route pour l’honneur, pour faire taire les statistiques comme pour s’offrir un bain de foule mémorable l’avant-dernier jour sur sa Planche des Belles Filles privatisée. Malgré son courage, il se fit une nouvelle fois critiquer, notamment dans la presse par Bernard Hinault qui ne comprendra décidément jamais rien à rien. Mais Pinot garda son calme et finit ce Tour 2020 en attendant des jours meilleurs qui pourraient advenir dans un mois sur le Tour d’Espagne.

En ce qui concerne Warren Barguil, ce dernier n’aura jamais véritablement existé dans l’ombre de son leader colombien Nairo Quintana déclinant jour après jour suite à ses habituelles cabrioles en Grand Tour. Le Breton finit ce Tour de France à une anonyme 14ème place qui symbolise également l’échec de son équipe Arkéa-Samsic, visée par une enquête de police pour soupçons de dopage de sa filière colombienne.

En souffrance chez Movistar ces dernières saisons, Quintana était venu en France pour se relancer, voire pour remonter sur le podium de la Grande Boucle. Après un début de saison canon dans le sud de la France qui avait ravivé les espoirs de ses fans (comme les soupçons des suiveurs), le petit Colombien se retrouve à 30 ans dans la tourmente. Son bail en Bretagne comme sa carrière au plus haut niveau ont peut-être pris fin sur ce Tour de France catastrophique en tout point pour lui.

Attention : Marc Hirschi descendant un col pyrénéen à 100 km/h dans le coffre d’une moto.

5. Le show Marc Hirschi

En Suisse, nous connaissions déjà Marc Hirschi pour sa brillante carrière chez les amateurs et ses débuts intéressants chez les professionnels l’an passé. Le grand public, lui, ignorait encore son talent. Il l’a découvert cette année sur les routes du Tour de France. Il faut dire que le Bernois a crevé l’écran tout au long des trois semaines de compétition, lui qui disputait là son premier Grand Tour.

Il a d’abord fini 2ème de la seconde étape autour de Nice remportée par le grand favori Julian Alaphilippe. Il a remis ça ensuite dans les Pyrénées en s’extrayant du peloton dans le redoutable col de la Hourcère. 90 kilomètres plus loin, il ne lui a manqué que deux kilomètres pour s’imposer à Laruns face aux surpuissants Slovènes Tadej Pogacar et Primoz Roglic revenus pleine balle sur lui après la descente de Marie-Blanque.

Hirschi aurait pu se décourager après ces deux échecs difficiles à vivre pour un débutant. Il n’en fut rien puisqu’il remit ça lors de la 12ème étape vers Sarran. Ce coup-ci, il termina seul le travail, en échappé, pour s’adjuger à 22 ans sa première victoire chez les professionnels, la première également pour un Suisse sur le Tour de France depuis un certain Fabian Cancellara en 2012, aujourd’hui voisin et agent de Hirschi à Ittigen.

En troisième semaine, le jeune Helvète s’échappera une nouvelle fois dans les Alpes à l’assaut du maillot à pois. Malheureusement pour lui, il tombera ensuite dans la descente du col des Saisies et ne pourra jamais revenir sur la tête de course emmenée ce jour-là par une équipe Ineos Grenadiers en rédemption. A défaut du maillot de meilleur grimpeur, il remportera à Paris trois jours plus tard le prix de la combativité récompensant le coureur le plus téméraire de cette Grande Boucle. De bon augure pour ce gamin complet et ambitieux dont on ignore encore véritablement les limites.

Apparemment, Christian Prudhomme aurait oublié d’enfiler son masque FFP2 au moment de réciter sa traditionnelle science infuse…

6. Le COVID-19 largement battu à l’arrivée

Au départ de Nice, tous les observateurs s’interrogeaient pour savoir si ce Tour de France 2020 pourrait aller à son terme en raison des risques sanitaires de contamination liés au coronavirus. Les organisateurs avaient mis en place pour cela une bulle très restrictive qui n’aurait pas donné envie à Benoît Paire de se mettre au cyclisme sur un malentendu le temps d’un été au retour d’un Goulag de New York.

Le cyclisme, sport populaire par excellence pratiqué par des champions simples et respectueux des règles (enfin dès lors qu’il ne s’agit pas de s’enfiler des perfusions intraveineuses dans le creux des fesses), n’a vu aucun de ses coureurs testé positif au coronavirus sur le Tour en cette année de pandémie. Cela tranche avec les multiples contaminations révélées dans le milieu du football, comme notamment au Paris Saint-Germain avec ses joueurs ayant attrapé le COVID-19 dans une discothèque branchée d’Ibiza alors qu’ils fêtaient dignement leur défaite en finale de Ligue des Champions acquise brillamment une semaine plus tôt à Lisbonne.

Ironie du sort, la seule vraie personnalité contrôlée positive au coronavirus sur ce Tour de France 2020 ne fut autre que le propre directeur de la course, l’omnipotent Christian Prudhomme, toujours en première ligne pour nous déblatérer ses théories en tout genre, avec une grande solennité, dans le même style qu’un certain Romain Bardet. A vrai dire, cela ne fut pas pour nous déplaire et nous rappela une nouvelle fois que les forçats de la route font la course pendant que les vieux dirigeants de ce sport passent leur temps à serrer des paluches tout en se gavant de petits fours à l’arrière de berlines climatisées. Alors si le COVID-19 n’avait dû contaminer qu’une seule personne sur ce Tour 2020, il avait manifestement choisi la bonne.

A propos Thierry Bientz 47 Articles
Après avoir parcouru 250 000 kilomètres à vélo en 20 ans, j'ai décidé de prendre un peu la plume pour raconter le cyclisme...

Commentaires Facebook

2 Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.