Le but le plus laid de l’histoire du foot

Le Borussia Dortmund est plus que jamais orphelin d’Alexander Frei. Samedi, contre l’Eintracht Francfort, les attaquants du BVB ne sont pas parvenus à concrétiser la large domination de leur équipe. Il a fallu un but affreux (et litigieux) de Florian Kringe pour permettre au Borussia de sauver un point après l’ouverture du score signée Amanatidis pour SGE.

Cette fois-ci nous arrivons largement en avance au Westfalenstadion, même si le trajet entre l’hôtel et le stade a été mouvementé dans un U-Bahn plongé dans l’obscurité et ballotté de toute part, à cause de hordes de supporters éméchés ayant dévissé les néons et sautillant pour tenter de faire dérailler la rame. Sans succès. L’avantage, c’est que l’on ne risque pas de se tromper : quand les fans braillent «hinein ! hinein ! hinein !», c’est que le métro en direction du stade arrive et qu’il faut monter, lorsqu’ils hurlent «hinaus ! hinaus ! hinaus !» c’est que l’on est parvenu à destination et que l’on peut descendre.Du coup, on assiste à tout le cérémonial d’avant-match au Westfalenstadion : une bonne demi-heure de chansons du club, d’écharpes tendues ou tournoyantes, de drapeaux agités, de Never Walk Alone et de Heja BVB. A Dortmund, la préparation du match laisse toujours penser que l’on va assister au choc de l’année. Ce n’est pas vraiment le cas en ce samedi froid et pluvieux du mois de novembre. Le BVB déçoit depuis le début de la saison, l’adversaire, l’Eintracht Francfort, n’est pas des plus attractifs, ce n’est même pas un derby et l’affiche n’oppose que le 12e au 8e du classement. Bref, tous les ingrédients sont réunis pour avoir un stade à moitié vide. Sauf que l’on est à Dortmund : nous sommes donc plus de 75’000 dans le Westfalenstadion pour assister à cette rencontre. La saison passée, malgré un championnat complètement raté, passé à batailler dans la deuxième moitié du classement, le BVB a enregistré la troisième moyenne de spectateurs en Europe derrière Barcelone et Manchester.

Le match démarre sur les chapeaux de roue : après 90 secondes de jeu, Petric lance Kuba lequel sert un caviar à Klimowicz qui n’a plus qu’à marquer dans le but vide. Mais l’Argentin oublie qu’il a un pied gauche et sa reprise du droit passe largement à côté. Un but précoce du BVB aurait incontestablement bouleversé la physionomie du match car Francfort, avec sa défense à cinq, est manifestement venu pour réaliser le même hold-up qu’une semaine auparavant à Munich : SGE avait obtenu le 0-0 en dépassant une fois et demi le milieu de terrain de tout le match. A l’Allianz Arena, le héros francfortois avait été le gardien remplaçant Oka Nikolov, dont les parades avaient fait le désespoir des attaquants bavarois. Néanmoins, à Dortmund, l’entraîneur de SGE Friedhelm Funkel a rendu sa place au titulaire, Markus Pröll, de retour de maladie. Le dernier rempart de l’Eintracht justifiera pleinement la confiance de son entraîneur en étant le meilleur homme sur la pelouse du Westfalenstadion.
Le gardien francfortois a toutefois dû attendre avant de se mettre en évidence car, après ce départ tonitruant, le match sombre dans le néant, comme cela est parfois le cas dans ces matchs de ventre mou du classement de Bundesliga. Le déchet technique est considérable. Imagine : Philipp Degen a touché 96 fois le ballon (véridique) ! Le latéral suisse se met particulièrement en évidence en tentant d’enchaîner un contrôle aérien suivi d’un centre sans que le ballon ne touche le sol. Tu imagines sans doute le résultat : le cuir est allé se perdre parmi les supporters de l’Eintracht massés dans la Nordtribüne.
Si je mentionne cette action, c’est qu’il ne se passe vraiment pas grand-chose. N’eût été la vue plongeante sur le plus grand kop d’Europe, on se serait presque ennuyé. On s’occupe en comptant le nombre de choppes de DAB que l’on peut accrocher aux barres métalliques prévues à cet effet devant chaque siège du Westfalenstadion : la réponse est quatre, trois par mi-temps et la quatrième place pour empiler les vides. Les débats s’animent avant la pause avec un tir d’Amanatidis dévié par Weidenfeller (40e), un essai de Petric superbement arrêté par Pröll (42e) et une frappe de Dede juste à côté (45e).

En 2e mi-temps, le Borussia attaque face au mur jaune de ses supporters et ne peut décemment  se contenter d’une production offensive aussi faible qu’en 1ère période. C’est donc un BVB beaucoup plus conquérant qui revient sur le terrain : un coup franc de Petric est dévié juste à côté par le défenseur francfortois Chris (49e). Promu capitaine depuis que Wörns est relégué sur le banc des remplaçants, le Brésilien Dede adresse une frappe détournée par Pröll (50e). Le gardien de SGE est à nouveau héroïque une minute plus tard avec un double arrêt devant Kruska et Kringe. A la 53e, après un relais avec Kuba, Tinga se présente seul devant Pröll qui s’interpose une nouvelle fois. On se dit qu’à ce rythme-là, cela finira bien par rentrer.
Et c’est rentré. De l’autre côté : un centre d’Ochs, Brzenska oublie le marquage et Amanatidis a tout loisir de placer son coup de tête hors de portée de Weidenfeller. Deux incursions dans le camp adverse, un but, c’est un salaire royal pour l’Eintracht. Ce goal va faire très mal à ce BVB au moral chancelant, qui déplore en plus la sortie sur blessure de ses attaquants Klimowicz et Petric. La Südtribüne, comme souvent lorsque son équipe est menée au score, est apathique et la réaction du BVB bien timide : Pröll réalise une nouvelle parade décisive sur un tir de Tinga (61e), alors qu’un coup de tête de Kovac heurte le poteau après un corner de Federico (71e).
C’est finalement sur une action rocambolesque que le BVB trouvera la faille : tout part d’une balle en cloche expédiée dans le paquet par Kovac. A la lutte avec un défenseur, Federico heurte fortuitement le ballon de la main. Le cuir échoit tout aussi fortuitement à Dede, dont le tit dévié prend Pröll à contre-pied. Le gardien francfortois parvient néanmoins à sauver du pied mais Florian Kringe surgit pour égaliser en ramassant tout sur son passage, le ballon comme le défenseur Chris. Pour être honnête, le blond milieu de terrain du BVB a surtout pris le pied du Brésilien et un peu le ballon, juste ce qu’il faut pour le pousser dans le but. Bref, le but le plus laid de l’histoire du foot, ou, en tous les cas, le but le plus laid qu’il m’ait été donné de voir depuis celui de Stéphane Chapuisat contre la Roumanie à Detroit en 1994. Cette égalisation est mille fois méritée pour le BVB mais, en toute objectivité, il n’y aurait pas eu matière à crier au scandale si l’arbitre avait signalé une faute de Kringe et annulé le but. Mais, comme l’a dit Friedhelm Funkel, on n’annule pas un goal du BVB devant la Südtribüne.

Cette dernière sort de sa torpeur après ce goal d’anthologie et pousse à nouveau très fort son équipe, espérant revivre le même scénario que lors du match de Coupe dix jours auparavant, dans le même stade et entre les deux même formations : mené 0-1 sur un but de la tête d’Amanatidis, le BVB était parvenu à s’imposer 2-1. L’histoire a failli se répéter à la 86e, lorsque Kuba s’est présenté seul devant Pröll, qui a réalisé un nouveau miracle. Federico récupère le ballon et sert Valdez, seul à cinq mètres du but vide, mais le Paraguayen rate complètement son contrôle. Une nouvelle fois, le manque de réalisme de ses attaquants a coûté cher au BVB, qui s’éloigne de plus en plus des places européennes.
Même si son égalisation est sujette à caution, Dortmund aurait largement mérité de l’emporter mais l’Eintracht a confirmé qu’il était bien une sangsue à l’extérieur : en sept matchs de Bundesliga hors de ses terres cette saison, SGE a récolté cinq match nuls, ne s’inclinant qu’à Brême et Nuremberg.

Borussia Dortmund – Eintracht Francfort 1-1 (0-0)

Signal Iduna Park : 75’300 spectateurs.
Arbitre : M. Stark.
Buts : 55e Amanatidis (0-1), 80e Kringe (1-1).
Dortmund : Weidenfeller ; Degen, Kovac, Brzenska, Dede ; Blaszczykowski, Tinga, Kruska (62e Buckley), Kringe ; Klimowicz (30e Valdez), Petric (67e Federico).
Francfort : Pröll ; Ochs, Galindo, Kyrgiakos, Chris, Spycher ; Preuss, Thurk, Köhler (71e Inamoto) ; Takahara, Amanatidis (67e Mahdavikia).
Cartons jaunes : 51e Ochs, 58e Tinga, 66e Blaszczykowski, 78e Spycher, 81e Chris.
Notes : Dortmund sans Frei ni Gordon (blessés) ni Ziegler (malade) ; Eintracht privé de Streit, Meier, Weissenberger, Heller et Vasoski (tous blessés).

Écrit par Julien Mouquin

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4 Commentaires

  1. oui magnifique match super ambiance, mais noublions pas de relever les 4 dernier points realises par lEINTRACHT BRAUNSCHWEIG (moyenne spectateur 15 000 en regional liga!!!!!¨) dont un match nul dans lantre du FORTUNA DUSSELDORF.
    auf wiedersehen…

  2. Dortmund decoit depuis plusieurs annévves, tout comme Liverpool en Championnat…grand paradoxe quand on pense quils ont les soit-disants meilleurs Kop européens…
    Nest-ce donc pas la faute de ces kops detre trop chauvins et partisans et doublier de mettre la pression sur leur équipe et dirigeants pour obtenir des résultats a la hauteur de lengouement des supporters…?

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