Ode aux play-off

A l’heure du début des séries finales, une petite analyse de la fin de saison des Dragons s’imposait. Que les aigris de tous bords contiennent leur fiel un court instant : les équipes qui se trouvent au-dessus de la barre ont le droit de se réjouir de jouer pour le titre.

P comme pitié

C’est le sentiment qui revient irrémédiablement en pensant à Biel/Bienne et G’nèèèève/Genève. Etre contraints de devoir guerroyer jusqu’au bout pour avoir la possibilité de finir huitième, c’est triste. Bien sûr, lorsque l’on se trouve, tel l’empereur, en position d’observer deux bêtes qui se battent pour ne pas mourir, cela a un petit côté amusant, presque grisant. Bon prince, Gottéron avait pourtant offert, au mois de février, trois points à chacune des deux équipes moribondes. Un partage et une solidarité tout droit sortis d’un conte. Heureusement, comme dans toutes les belles histoires, la vertu est sortie triomphante. La vista offensive biennoise a finalement été récompensée. C’est le hockey sur glace et le beau jeu qui en ressortent grandis.
(Inutile de s’indigner comme trop souvent, amis du bout du lac. Ce point sera le seul et unique vous concernant. On vous aime bien, mais le fait de vous savoir luttant pour votre survie dans l’élite force à une certaine retenue. Cela doit être déjà suffisamment difficile à vivre.)

L comme léthargie

Malgré un troisième rang final tout à fait honorable, la fin de saison qualificative des Dragons n’a pas été aussi sereine qu’espérée. Rien de fondamentalement inquiétant, mais quelques signes de faiblesses à prendre au sérieux. Le mot léthargie est, certes, un peu fort, mais les Fribourgeois n’ont pas trouvé le rythme nécessaire en play-off. Nul ne sert d’être performants en saison régulière pour se ramasser dans les séries, on est d’accord. Mais une saison parfaite se déroule sur le mode crescendo. Ce n’est pas vraiment le cas actuellement à Fribourg. Certains joueurs se croient-ils déjà arrivés ? Hans Kossmann a dû amener, en plus d’un fond de jeu et d’un lecteur DVD, une nouvelle culture de la gagne à Saint-Léonard. Puisse son état d’esprit être transmis définitivement à ses ouailles.

A comme ambition

La question est sur toutes les lèvres : jusqu’où peut aller ce Fribourg-Gottéron ? Battre Lugano ne représente pas, a priori, une tâche insurmontable. Mais la suite paraît beaucoup plus aléatoire. L’assise défensive des Dragons semble en effet bien instable. Si elle est, dans l’ensemble, assez surprenante, certains arrières sont toujours capables du pire. Entre les sorties de zone de Gerber, le placement de Birbaum, la lenteur de Barinka ou la capacité à réfléchir plutôt absente de Heins, la défense ne donne toujours pas les garanties suffisantes pour espérer battre Zoug, Davos ou Kloten dans une série.

Y comme yé-yé

C’était la belle époque. Tout le monde était pote dans le vestiaire. L’entraîneur n’osait pas dire aux joueurs ce qu’il pensait d’eux (en partant du principe qu’il était capable d’analyser leurs performances). Les membres de l’équipe préparaient la saison comme ils pouvaient, bref, c’était le «Club Med».
Tout ça c’est fini ! Hans Kossmann a amené rigueur et précision, labeur et détermination. Celui qui est encore trop qualifié d’«apprenti» ou de «néophyte» par les médias fait déjà montre de ses preuves. Chaque joueur sait maintenant ce qu’il doit faire (on se demande comment cela se passait avant) et doit tirer à la même corde. Les résultats d’«Hansi» parlant d’eux-mêmes, le coach a certainement su préparer ses troupes comme il le fallait.

O comme orgueil

Première ombre dans le ciel bleu et blanc, la capacité de Cristobal Huet à se sublimer en play-off. Même régulier durant toute la saison, le portier n’a pas rassuré les plus sceptiques lors du match contre Bienne (3-5). Impossible également de ne pas se remémorer la saison passée où il avait pris l’eau comme tous ses coéquipiers. De plus, la question de son transfert (ou non) reste sans réponse officielle. De quoi se demander si Huet aura complètement la tête aux play-off. Mais l’orgueil, pas toujours opportun, de Cristobal Huet pourrait bien lui permettre de réaliser les prouesses qu’on attend de lui.

F comme fragilité

Fribourg-Gottéron présente un hockey fait de vitesse et de technique. A la tête de cette volonté de créer du beau jeu, Andrei Bykov et Pavel Rosa sont les créateurs censés amener une touche de folie. Lors de leurs indisponibilités, le constat était sans appel : toute l’équipe est dépendante de leur présence. Le problème, c’est qu’autant l’un que l’autre sont victimes de blessures à répétition. Une certaine fragilité qui sera forcément (et pas seulement contre Zoug) mise à rude épreuve. Le club a beau user et abuser de formules toutes faites («blessure dans le haut du corps», «blessure dans le bas du corps»), les adversaires peu scrupuleux savent très bien que Bykov et Rosa sont facilement blessés. Et il est peu probable que l’éthique prenne le pas sur la volonté de gagner par tous les moyens.

F comme frustration

Pour terminer ce petit tour d’horizon d’avant play-off, un petit mot sur le nouveau statut de Gottéron. Pour beaucoup de supporters du pays, le club de Saint-Léonard est apparemment passé dans le camp des méchants. Il aurait franchi la ligne rouge et pactisé avec les nantis. Bouh, c’est pas bien ! Sales riches ! Sauf que cette soudaine levée de boucliers cache mal une grosse frustration. Fribourg-Gottéron possède un très large soutien des personnes et entreprises de la région. Celui-ci va même bien au-delà, de quoi attiser encore plus certaines rancœurs. La BCF verse effectivement de gros montants au club, mais cela reste très loin du mécénat. Point de faillite, mise en demeure ou autre retrait de points à l’horizon, c’est même tout le contraire !
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Écrit par Louis Rémy

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4 Commentaires

  1. Bienne pratique le jeu le plus moche à regarder de Suisse, tout connaisseur et semi-connaisseur le sait. C’est pourquoi je me suis arrêté de lire l’article après le premier paragraphe, en me demandant sérieusement comment CartonRouge a accepté de le publier.

    Dire que Bienne a mérité les play-off au détriment de Genève car son jeu est plus joli, c’est comme de dire que le Real mérite d’être leader en Espagne car il joue mieux que le Barça. Ni le foot, ni le hockey ne ressortent grandis de ce genre d’épilogues. Et c’est un Lausannois qui vous parle.

  2. Quelle lucidité, Setzinger^^
    Bon, comme l’a dit McSorley, pour créer une équipe, il faut bien commencer par quelque chose… Et au vu du contingent de Bienne, les dirigeants ont fait le bon choix en misant sur la défense… Attendons 2-3 ans et je vous promets qu’offensivement, Bienne sera nettement meilleur!

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