Le petit volcan n’a pas rugi

Pour mon premier jour de vacances en Corse, je n’ai pas hésité à braver la chaleur accablante de l’Ile de Beauté pour t’offrir un reportage exclusif au sein du «petit volcan». Ajaccio–St-Etienne, on y était et on a transpiré !

Il fallait être sacrement motivé pour sortir de la piscine fraîche sur le coup des 15h50, monter dans une voiture transformée en sauna, partir dans les bouchons d’Ajaccio, se parquer au bord d’une route principale et monter à pied, 20 minutes durant, au joli stade François-Coty, perché sur une colline. Mais comme on dit : quand on aime, on ne compte pas ! Et, après la virée à Wil dimanche passé, je ne pouvais pas rater l’occasion de découvrir un autre stade, en l’occurrence tout aussi sympathique que le Bergholz.
Canal+ oblige, le match est programmé à 17h. Le soleil cogne et on plaint déjà les joueurs qui devront évoluer sous les plus de 30 degrés annoncés. La foule est dense devant le stade et les queues sont conséquentes aux caisses. Entre odeurs de transpiration et de crème solaire, l’attente pour acheter notre billet est particulièrement pénible. On avait choisi cette caisse-là un peu par hasard et on se retrouve du coup sur la seule tribune non-couverte, à quelques mètres des nombreux supporters de St-Etienne. A 30 euros la place derrière les buts, le cagnard en pleine tête de la première à la dernière minute, ce n’est pas forcément donné. Mais on bénéfice toutefois de la plus belle vue sur la baie d’Ajaccio depuis nos sièges au dernier rang…

Comme évoqué, le kop des visiteurs est impressionnant. Les Stéphanois sont au moins 400 et ne cesseront pas de chanter durant tout le match, lançant parfois des «Ajaccio van fanculo» qui ont eu le don d’exciter les quelques nationalistes présents autour de nous. Des bagarres entre ultras verts et CRS ont d’ailleurs éclaté avant le match, faisant une quinzaine de blessés. Pitoyable, tout comme le comportement de certains «fans» de l’ASSE qui ont fêté le but de Brandao en nous gratifiant d’une série de bras d’honneur. Mais bon, je ne vais pas critiquer davantage, je suis capable d’en faire autant, voire plus, en d’autres circonstances…
Pour ce premier match de la saison, le stade François-Coty – du nom d’un célèbre industriel ajaccien – est aux trois quarts plein avec près de 8’000 spectateurs annoncés. Cette enceinte de 10’500 places dispose de trois tribunes couvertes et d’une quatrième – la nôtre – sans toit et montée sur des échafaudages. Autre particularité de notre tribune, il n’y a pas de toilettes et la sortie y est définitive (heureusement qu’on n’avait pas trop picolé avant d’arriver…). La bière est prohibée et la seule buvette des lieux ne propose que sandwiches et minérales, le tout sans disposer de frigo ! Autant dire que la tournée d’eau gazeuse effectuée sur le coup des 18 heures est aussi chaude que la température de notre jacuzzi ou qu’un défilé de lingerie avec Laetitia Casta, l’icône locale…

Des joueurs cramés

L’ambiance est chaude à l’entrée des joueurs, le kop acéiste est plein à craquer et on sent que ce stade pourrait vite se transformer en petit volcan en cas de victoire des rouge et blanc. «Ce n’est pas un derby aujourd’hui mais quand on reçoit Nice, Marseille et surtout Bastia, le stade est en ébullition. Dans ces matches-là, des bombes agricoles peuvent exploser à tout moment !» m’explique Ange, un habitué des lieux qui m’accueille cette semaine dans sa maison de Porticcio. L’AC Ajaccio entame la rencontre avec son transfert vedette de l’été, l’ex-Lillois Benoît Pedretti, qui est arrivé durant la semaine dans l’effectif. Johan Cavalli et Adrian Mutu sont également alignés par Fabrizio Ravanelli, le nouveau coach des Ajacciens qui lançait ce dimanche sa carrière d’entraîneur au plus haut niveau. Du côté de l’ASSE dont la saison a débuté avec deux nets succès en Europa League, pas de surprise avec la titularisation du seul Brandao en attaque et des intéressants Lemoine et Hamouna sur les côtés, dans un 4-1-4-1 assez frileux.
Les locaux dominent globalement les débats en ce début de rencontre. Un coup-franc de Cavalli oblige Ruffier à se coucher (4e) tandis que Mutu rate sa reprise dans les 16 mètres peu avant le premier «water break» de la partie (24e). En face, St-Etienne est amorphe et semble complètement sonné par la chaleur. Christophe Galtier, l’entraîneur des Verts, ne manquera pas de critiquer le choix de la Ligue de programmer ce match à 17h. On le comprend : jouer un match en Corse à cette heure-ci, c’est aussi intelligent qu’organiser une Coupe du Monde au Qatar en plein été, mais passons… Pourtant, c’est bien les visiteurs qui vont ouvrir la marque sur leur première occasion de la rencontre : décalé sur le flanc droit, Hamouma enrhume Bonnart et parvient à centrer pour Brandao qui crucifie Ochoa de près. Une action, un but, efficacité maximale pour des Verts opportunistes. Le Brésilien inscrit là son quatrième but de la saison et fait (un peu) oublier Aubameyang, parti dans la Mecque du football.

Une préparation à l’italienne

La suite de la partie ne va pas redorer le blason de la Ligue 1 avec une kyrielle de mauvais choix, tirs mal cadrés, passes à l’adversaire, hors-jeu évitables, petites fautes à mi-terrain et néant technique. Les Verts et surtout Brandao vendangeront quelques occasions de tuer le match en seconde période. De leur côté, les locaux se montreront aussi menaçants qu’une racaille de la Bourdonnette face à des terroristes du FLNC et n’auront pas réussi à faire bouger la défense centrale articulée autour de l’impérial Zouma, 19 ans seulement et courtisé à hauteur de 14 millions par Manchester City. Les Ajacciens étaient-ils fatigués après une préparation physique harassante ? Possible.
Fabrizio Ravanelli a en effet pris dans ses valises le fameux Giampiero Ventrone, l’ancien préparateur de la Juventus de Marcello Lippi, surnommé «Il Marine». Selon leurs dires, les joueurs acéistes en ont bavé comme rarement à l’entraînement. Certains ont d’ailleurs avoué avoir vomi leur déjeuner sur le terrain et même fait des nuits blanches la veille des grosses séances ! Bref, on ne rigole pas avec les préparateurs physiques italiens… En tout cas, les joueurs de Ravanelli ont paru très émoussés dimanche après-midi. Pas de quoi inquiéter l’ancien attaquant de l’OM : «Ils seront au top physiquement en septembre» a-t-il rassuré dans la presse locale. A l’image des joueurs corses, le public s’est liquéfié au fil du match, n’encourageant quasiment plus ses couleurs. Le kop stéphanois, lui, ne lâchera rien et égayera notre après-midi avec quelques chorégraphies plutôt réussies.

Bref, on ne regrettera pas ce déplacement à François-Coty. On a aimé la charmante boutique du club, le sourire des nombreuses hôtesses, les spectateurs en costume de bain, les gueulées de Ravanelli sur le banc, l’ambiance à l’entrée des joueurs, la patate du kop stéphanois et la vue sur la mer. On a moins aimé la faiblesse du match, l’eau gazeuse chaude et les deux-trois coups de soleil… Allez, ce fut un plaisir de te conter ce match, il est temps pour moi de rejoindre mon transat et ma bouteille de rosé, bons baisers de Corse et bonne semaine à tous !

AC Ajaccio – AS St-Etienne 0-1 (0-1)

Stade François-Coty, 7’948 spectateurs.
Arbitre : M. Varela.
But : 34e Brandao 0-1.
Ajaccio: Ochoa; André, Zubar, Perozzo, Bonnart; Mostefa (53e Diarra), Pierazzi, Pedretti, Lasne; Cavalli, Mutu (74e Oliech).
St-Etienne: Ruffier; Clerc, Zouma, Perrin, Brison; Clément (78e Diomandé); Lemoine, Cohade (83e Corgnet), Tabanou (46e Nicolita), Hamouma; Brandao.
Cartons jaunes : André (20e), Brandao (89e).
Carton rouge : André (91e, deuxième carton jaune).

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2 Commentaires

  1. Très sympa l’article, merci beaucoup. 🙂 ! Mention pour une coupe du monde au Qatar, t’as été chercher où une idée pareillement farfelue? 😉

    Voici l’accueil Corse, donc avant de toujours utiliser le terme ultra à tout va, cherche aussi à savoir le pourquoi du comment. 😉

    http://www.youtube.com/watch?v=8-mCbdHour0

    Car je te cite « je suis capable d’en faire autant, voire plus, en d’autres circonstances » ! Pas sûr que si t’es accueilli comme cela à Genève il n’y ait que les « ultras » qui réagissent. 😉

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