Clubbing : Sporting CP

En consultant les archives de clubbing, je me suis rendu compte qu’aucun club portugais n’avait encore été mis à l’honneur. Il est donc grand temps de réparer cette injustice totale, puisque ce mois-ci c’est le club qui a le maillot du Celtic mais les shorts de Manchester United qui se fait la part belle dans notre rubrique.

Surnoms et appellation à la con :

Troisième plus grand club du Portugal, tout le monde à l’étranger le nomme à tort Sporting Lisbonne. En réalité, son nom officiel est Sporting Clube de Portugal ou plutôt Chporting Club de Poutougal. Ce qui en fait à ma connaissance, le seul club en Europe à posséder le nom de son propre pays. Racing Club France, England United FC, FC Suisse voilà des noms qui claqueraient eux aussi et dont on aurait dû s’inspirer. Côté surnom, le SCP n’a que pâlement copié le LHC en surnommant ses joueurs et ses supporters les lions (Leões). Toujours est-il qu’avec un lion debout sur son blason, le Sporting fait partie du cercle assez répandu des clubs qui croient qu’un lion ça peut marcher sur ses deux pattes arrière. Encore un peu et ils nous le faisaient carrément jouer au football.

Encore un club où on croit qu’un lion ça peut marcher debout et qu’on en croise parfois dans la rue

Stade et supporters :

Les lions évoluent au stade José Alvalade XXI, du nom du fondateur du Sporting. Une belle enceinte, construite pour l’Euro 2004 qui peut accueillir environ 50’000 spectateurs, mais dont la renommée est totalement éclipsée par le Estadio da Luz du Benfica. Les deux stades ne sont d’ailleurs distants que de trois kilomètres. Côté ambiance, l’arène du Sporting n’a rien à envier aux plus grands stades européens. On y trouve le classique déploiement d’écharpes en début et en fin de match ainsi que d’impressionnants tifos, surtout lors des grandes affiches. Et puis on aime bien mettre son téléphone sur le mode lampe de poche parce que c’est joli de voir des tribunes illuminées.

Comme à chaque fois dans clubbing, j’ai envie de dire que les supporters du Sporting sont de grands tarés et de vrais fanatiques. Tiens, il n’y a même pas un an de cela, des pseudo-supporters cagoulés ont agressé leurs propres joueurs durant un entraînement car les résultats ne suivaient pas. Bon, il s’est avéré qu’en fait les cinglés étaient couverts par l’ancien président du club Bruno Carvalho qui est désormais sous les verrous. Cela illustre néanmoins la passion qui règne autour de ce club. Et puis sinon pour différencier le supporter du Sporting de celui de Benfica il suffit de regarder la bière qu’il tient à la main. Le premier boit de la Super Bock et le second de la Sagres.

Le frigo d’un supporter du Sporting et en tout cas pas celui d’un benfiquiste

Les grands rivaux du club :

Le football au Portugal se résume à une rivalité, celle entre le nord (FC Porto) et le sud (Benfica). Alors où se situe le Sporting dans tout ça ? Bien évidemment le fan du Sporting ne peut absolument pas blairer les deux géants du foot portugais, les accusant d’ailleurs souvent de truquer le championnat. Ce qui est le cas, car si on réfléchit bien, voir Seferovic marquer autant de buts ne peut que signifier que les dés sont pipés en faveur de Benfica. Le derby de Lisbonne demeure sans doute le match le plus important de l’année pour les Branco-Verdes (les verts et blancs) et surpasse de peu la rencontre face au FC Porto. Si le derby reste très chaud aussi bien sur le terrain quand dans les tribunes, la situation s’est heureusement quelque peu calmée par rapport aux années 90 où il y avait eu quelques incidents avec des morts, un vrai derby quoi.

Le Sporting est en réalité bien meilleur en futsal qu’en futebol

Le ou les joueurs qui pourraient avoir leur statue à l’entrée du stade :

Le Sporting est un des meilleurs clubs formateur au monde, c’est très bien, mais ça ne fait pas véritablement gagner des titres dira-t-on. Oui, Cristiano Ronaldo, Luis Figo, Nani, Simão, Quaresma, João Moutinho et encore beaucoup d’autres grands joueurs portugais ont été formés au club. De plus, le club peut également se targuer de ne pas avoir formé un joueur comme Pepe. Sur les quatorze joueurs ayant participé à la finale de l’Euro 2016 face à la France, dix ont été formé chez les lions, ce qui constitue évidemment une grande fierté. Cependant, en règle générale, on se forme au Sporting et ensuite on prend la poudre d’escampette, une sorte de Harvard du footballeur en fait.

Si tu veux vraiment une légende on peut citer Rui Patricio, champion d’Europe 2016. Le portier de l’équipe nationale était bien parti pour ne connaître qu’un seul et unique club durant sa carrière. Après dix-huit ans passés au Sporting et plus de 300 matchs disputés en professionnel, les incidents impliquant supporters cagoulés et joueurs en mai 2018 l’ont finalement fait migrer en Angleterre, à Wolverhampton où il dispute actuellement une bonne saison.

Le match d’anthologie du club dont on se souviendra dans 50 ans encore :

Difficile de trouver un match référence sur la scène européenne, puisqu’il faut remonter à Mathusalem pour voir le Sporting soulever un trophée européen, c’était en 1964. Il a bien failli y avoir des succès références mais à chaque fois tout semble tourner en eau de boudin. On pense à cette finale de coupe UEFA, perdue dans son propre stade en 2005 face au CSKA Moscou ou encore à un huitième de finale en Ligue des Champions face au Bayern qui a tourné à la correction 12-1 sur l’ensemble des deux matchs. C’est donc au Portugal qu’on trouve notre bonheur avec une demi-finale de coupe du Portugal remportée 5-3 face au rival Benfica. Un succès qui remonte à 2008 tout de même, mais qui a vu le SCP planter 5 buts dans la dernière demi-heure au grand rival. Ce jour-là Yannick Djalò, Liedson et Derlei sont notamment de la fête. Un mois plus tard, le Sporting remportera la coupe en prolongation face à Porto pour ce qui reste un des seuls titres majeurs du club de ces vingt dernières années.

Une longue vidéo mais c’est le prix à payer quand il y a 8 buts dans une rencontre

Bon ok, et actuellement :

Comme l’a illustré le ridicule épisode d’agression de la fin de saison 2017-2018, le Sporting est en grande crise aussi bien sportivement que financièrement. Suite à cette affaire, le président n’a pas été renouvelé dans ses fonctions (au Portugal le président de club est élu un peu comme en Espagne) et plusieurs joueurs ont voulu tout simplement rompre leur contrat et fuir le club. L’avenir ne s’annonce donc pas tout rose du côté du stade José Alvalade et le nouveau président Frederico Varandas a du pain sur la planche.

Certes, le Sporting représente la 3e puissance du pays, mais sa dernière victoire en championnat remonte à 2002, soit une époque folle où Delémont évoluait en première division et où on enfermait des gens dans une villa pour en faire une émission télé. Depuis cette période, le championnat portugais n’a connu que deux vainqueurs, soit encore moins que la Liga espagnole. Ce n’est visiblement pas cette année que l’ordre établi semble être prêt de changer. Le Sporting lutte actuellement pour la troisième place avec Braga, tandis que les deux gros se tirent la bourre pour le titre. Bon de toute façon, tous les fans du Sporting te le diront, Porto et Benfica trichent.

Une fois de plus, ça ne va pas fort cette année