Depuis le premier match de la série de playouts contre Zurich la saison dernière, Genève-Servette s’est imposé au moins une fois dans l’antre de tous les clubs de Ligue Nationale A. Tous ? Non, une patinoire orange aux trois quarts vide résiste encore et toujours.
Alors qu’ils viennent d’enchaîner quatre défaites consécutives, les Aigles s’apprêtent aujourd’hui à effectuer le long déplacement de Lugano, dernière patinoire de LNA à se refuser à eux. S’ils y ont pris quelques claques, notamment un fameux 8-2 pour le retour de Larry Huras au Tessin (déjà !), ils ont généralement fait bonne figure. Cette maigre consolation n’attenue cependant pas le bilan des Genevois dans la cité où les présidents de clubs sportifs aiment à se baigner dans leur voiture : un misérable point ramené il y a un an grâce à un miracle de Björn Bjurling pendant la prolongation.Vu comme ça, difficile d’imaginer les deux mauvaises séries genevoises se terminer en même temps. Il y a pourtant quelques raisons d’espérer.
Tout d’abord, le Lugano de cette année n’est plus le même. La caisse noire a fini par être découverte, ce qui ne permet plus les mêmes facilités de recrutement. Quant aux Petteri Nummelin, Glen Metropolit et autres Ville Peltonen, ils se sont empressés de retourner en NHL, alors même que certains d’entre eux déclaraient à qui voulait les entendre qu’ils n’y remettraient plus jamais les pieds. C’est bien connu, il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis, et ces joueurs sont réputés comme particulièrement intelligents.
Conséquence de tout cela, l’effectif s’est sérieusement déplumé, et il a été difficile de l’étoffer. Pour en juger, on songera que les dirigeants bianconeri ont fait appel à nul autre que Wes Snell soi-même pour renforcer la défense. Ou encore que leur gardien est un dénommé Simon Züger, dont même Ambri ne voulait plus.
Photo © Pascal Muller
Si les étrangers recrutés ne sont, à la notable exception de Jason Strudwick, pas des manches, on est tout de même bien loin des standards «éverestiens» des saisons précédentes. Le curieux autant que soudain fléchissement des statistiques de Ryan Gardner en constitue sans doute la meilleure preuve.
Alors bien sûr, le contingent suisse ferait saliver n’importe quel manager de LNA. Cela n’empêche cependant pas les Panthères de vivre un championnat pour le moins chaotique, avec comme seul réconfort la situation encore plus pathétique de leurs cousins léventins.
Autre élément favorable aux Genevois : longtemps impériaux sur leurs terres, les Luganais restent sur deux défaites consécutives à domicile. Certes, me rétorqueront les mauvaises langues, mais c’était contre Berne et Davos. Mais si maintenant on ne peut même plus détourner les statistiques à son avantage, je me demande bien à quoi celles-ci peuvent encore servir.
Pour tempérer un peu ce bel optimisme, on se souviendra bien sûr que les Aigles ne peuvent actuellement pas vraiment faire les malins. Avant la pause de l’équipe nationale, le jeu était moche, mais efficace. Depuis, il est devenu horrible et stérile. Le système Chris McSorley s’est hélas vu substituer le système Jean-Claude Dusse, qui consiste à tenter sa chance le plus possible même dans les situations les plus désespérées, parce que ça peut éventuellement passer, sur un malentendu. Avec le même succès, d’ailleurs.
Comme la défense s’est de surcroît singulièrement relâchée, à l’image d’un Olivier Keller qui rajeunit à vue d’œil au point de commettre régulièrement des erreurs de débutant, le tableau n’est pas véritablement brillant. Fort heureusement, les retours de Bezina et Horak (!!!) ont amené un brin de sérénité plus que bienvenu.
En somme, l’optimisme du côté servettien naît surtout de la forme actuelle de Lugano. Et ce qui incite plutôt au pessimisme, c’est le jeu proposé par les Genevois ces derniers temps. On s’attend donc à un match de haute volée.
Écrit par Yves Grasset
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