LS, as-tu du cœur ?

Yverdon remporte un derby de petite qualité, tirant profit des cadeaux offerts par les généreux Lausannois qui, comme à leur habitude, ont péché à tous les niveaux. Une première mi-temps médiocre, un sursaut d’orgueil vain après la pause : le règne de l’impuissance. Sans force de frappe, Lausanne sombre. Et commence à penser à la barre…

Un derby, ça se gagne ou se perd avec le cœur. Et même si l’on était loin des ambiances chaudes de Manchester, Rome ou Milan, c’est bien l’équipe qui voulait le plus la victoire qui l’a emportée. Et surtout, ce n’est pas tellement Yverdon qui a gagné la partie mais bien Lausanne qui l’a perdue. La nuance est de taille. Opportunistes et solides, les protégés de Didi Andrey ont su profiter des errements de la défense lausannoise pour gérer ensuite la rencontre à la perfection. Il faut dire qu’avec la force de frappe du LS actuellement et sa propension à balancer de longs ballons en avant alors que Thurre, seul en pointe, ne gagne pas un duel, c’était du régal pour la défense yverdonnoise.

Mouiller le maillot

La première mi-temps, d’une impressionnante platitude, montra bien la différence entre les deux équipes. Deux réelles occasions, une de chaque côté, et deux réalités. Peu après le quart d’heure, Manu Buehler récupéra une relance catastrophique de Miéville qui transgressait la règle numéro 1 que tout junior saurait vous recracher : «pas dans l’axe !». Le tir de l’Yverdonnois, précis et puissant, heurta le poteau intérieur et finit au fond des buts de Favre, exaspéré. Yverdon ouvrait le score sur sa première – et seule ! – occasion de la première mi-temps.  
A l’inverse, décalé par Malgioglio sur un coup franc, Bugnard expédia également le cuir sur le poteau, mais le ballon ne voulut pas rentrer. De la chance ? Non, de la réussite. Et la réussite, ça se provoque. Avec les pieds, bien sûr, avec la tête aussi, histoire de se placer intelligemment sur le terrain, mais surtout avec le cœur. Avec les tripes. Avec l’envie de mouiller le maillot. Et dans sa vaste majorité, Lausanne avait perdu son cœur. En première mi-temps tout du moins.

Quand l’orgueil ne suffit pas

Car après la pause, c’est avec un autre visage que Lausanne se présenta. Avec l’envie résolue d’aller chercher l’égalisation. Sous l’impulsion d’Alexandre Pasche, le seul à se battre véritablement et, du coup, ô miracle, à récupérer des ballons perdus, ou encore de Gilberto Reis, entré à la mi-temps, les Lausannois poussèrent. Ou tout du moins, ils essayèrent. Car parfois, l’orgueil ne suffit pas. Sans force de frappe, sans vitesse ni puissance dans la phase offensive, la mission était impossible.


Léonard Thurre : bien seul à la pointe de l’attaque

Que dire du seul véritable attaquant à disposition, Léonard Thurre ? Certes bien esseulé, l’ex-Sédunois fait vraiment peine à voir sur un terrain : jamais dans le bon timing, toujours mal placé, pas un duel remporté. Pis, dès que le ballon dévie de sa trajectoire initiale, Thurre n’est plus dans le coup. Il s’arrête. Et quoi ? Et rien. Tant pis. On fera mieux la prochaine fois. Belle mentalité.

La hargne de Pasche

Alors bien sûr, il y avait beaucoup d’absents, notamment un Didier Crettenand qui sait, lui, accélérer le jeu lausannois qui en a bien besoin. Et bien sûr, Thurre n’est pas plus coupable que le reste de l’équipe. Il est juste symptomatique du mal qui ronge actuellement le Lausanne-Sport. En mal de confiance, en mal de réussite aussi, les joueurs baissent trop facilement les bras. Et s’entêtent dans la défaite. Dans la grisaille lausannoise, seul Pasche sort du lot. Puissent les vétérans s’inspirer de la hargne et du cœur du jeune prodige lausannois.
Yverdon a donc joué un sacré tour aux Lausannois. Sans génie, mais avec une solidité défensive et avec de vrais attaquants, les protégés de Didi Andrey continuent sur leur lancée. Cinq victoires consécutives, on en connaît à qui cela doit faire envie. Car pour les Lausannois, à ce rythme-là, la barre, qui est certes toujours à distance raisonnable, commence à refaire surface dans les esprits. Et ça, ce n’est jamais bon signe…

Lausanne – Yverdon 0-1 (0-1)

La Pontaise : 1055 spectateurs (!).
Arbitre : M. Bernold.
But : 16e Bühler 0-1.
Lausanne : Favre ; Kaissi (78e Arona), Lacroix, Miéville, Scalisi ; Cabral (46e Reis) ; Ebe, Bugnard, Pasche (79e Basha), Malgioglio ; Thurre.
Yverdon : Bauch ; Jenny, Diouf, Malacarne, Gétaz ; Sejmenovic (68e Moser), Sing ; Carrupt (90e Pekic), Marazzi, Bühler; Koum. 
Notes : LS sans Rey, Crettenand, Mora, Comisetti, Mauro, Balthazar (suspendus). Yverdon sans Oppliger, Milicevic (suspendus), Nyarko, Edo, Furtado, Casarotto (blessés).

Écrit par Benjamin Corbaz

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5 Commentaires

  1. Merci à Geiger davoir fait les points quil fallait pour sauver ce bien pâle LS. Que ceux qui ont réclamé sa démission à tue-tête cet automne mesurent létendue de leur erreur!

  2. Le problème nest pas forcément sur le banc, même si on a pu sinterroger sur certains choix du duo dentraîneurs… Geiger disposait de Mauro (6 buts) et Balthazar (7), aujourdhui blessés, et même de Eudis en début de saison (6 goals lors des 8 premiers matches). Aujourdhui, le LS na plus quun attaquant nominal (Thurre, qui ny arrive pas), qui peut être épaulé par Arona (de retour de blessure, qui tient au max une heure) et par Gabriele, un jeune des moins de 18. La différence se fait là, et il faut rajouter un Bugnard hors de forme et qui na plus envie, lui qui a planté 5 buts avant Noël, et plus un seul en 2007. Geiger a fait le minimum avec un bon groupe, alors que Isabella/Hunziker tentent le maximum avec une équipe très affaiblie.

  3. Jaimerai bien savoir combien de points le LS a fait au 2ème tour. Cest une honte. Car sur le papier même sans les blessés, il y a encore une marge. Si des Miéville, Favre, Rey, Bugnard, Comisetti, Reis ou Thurre ça ne suffit pas, je comprend plus rien. Vous croyer que Locarno, Wohlen, Delémont, YF Juventus, Chx-de-Fds, Baulmes ou même Yverdon ont une meilleure équipe? Non, il faut juste avoir un poil plus de fierté et arrêter de faire jouer des « vieilles gloires ». On est pas le variété club de France!

  4. LS a fait 11 points en 2007 (3 contre YF, Wohlen et Servette, 1 à Wil et contre Concordia). Sur le papier, léquipe a indéniablement de lallure, et devait viser les 5 premières places. Une équipe type Favre; Mora, Scalisi, Miévile, Kaissi; Comisetti, Bugnard, Balthazar, Crettenand; Mauro, Thurre a le niveau pour truster les premières places. Sans compter les solutions quapportent Rey, Magioglio et Cabral, permettant dadapter le milieu de terrain au gré des circonstances. Pendant cette saison, il a fallu composer avec beaucoup de blessures (Mauro deux fois, pour ne citer que lui) et actuellement LS se déplace avec 12-13 joueurs de champ renforcés par 2 ou 3 M18 (Pasche na pas encore 16 ans !). Le coaching erratique de Geiger, la fronde du public, le traumatisme de la défaite à Genève, les événements dans la vie du Club (Président qui démissionne, Administrateur unique surchargé, plus personne dans les bureaux…) ont savonné la planche. Il nempêche que le classement est indigne du LS, et que cette saison, le LS a clairement démissionné sur certains matches, ce qui est inacceptable (contre Kriens et Delémont, à Lugano, Vaduz et Locarno…) Quand les cadres ne jouent pas le jeu, il est impossible dintégrer les jeunes dans de bonnes conditions, et le naufrage de Locarno en a été le meilleur exemple. Ceci dit, faire jouer les jeunes sans les encadrer revient à les flinguer. Le salut passe par un sursaut dorgueil des quelques anciens, afin de faciliter lintégration des jeunes qui feront lavenir du LS, espérons bientôt soutenus par une équipe de M21.

  5. Je te rejoins dans ton analyse. Ce quil manque à léquipe, cest du coeur. Si chacun suivait lexemple de Pasche et piochait pour récupérer les ballons perdus, était attentif, suivait le ballon des yeux et pouvait donc réagir à une déviation favorable, si sur 5 milieux 2 soutenaient activement lunique attaquant et empêchaient des trous de 30 mètres, si enfin le jeu sans ballon était plus important, alors LS pourrait être au sommet! Cest difficile sans la confiance mais obligatoire pour la retrouver…

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