Football: un derby romand nul, ou presque

Merci ! Merci mille fois ! Merci à Xamax d’être remonté en Super League et de nous offrir à nouveau des derby romands dans l’élite. Le cadre des retrouvailles entre Sion et Neuchâtel – 15 mois après le barrage qui avait vu les Sédunois reléguer les Xamaxiens – était tout simplement parfait: Tourbillon était bien garni (16 000 spectateurs annoncés), la pelouse était en bon état (profitez-en, ça ne dure jamais très longtemps) et le soleil
rasant donnait un cachet supplémentaire au décors montagneux qui se dessinait aux alentours.

Un match nul 1-1, et des regrets de part et d’autre. Je serai tenté de dire que Xamax a été bien payé, tant Sion a dominé la rencontre physiquement et tactiquement, notamment en première mi-temps. Mais comment pourrait-on s’estimer bien payé en encaissant un but dans les arrêts de jeu ? Comment pourrait-on se satisfaire d’un point alors que la première victoire de la saison tendait les bras à la troupe de «Gégé les yeux bleus» ? «On a été volé, putain de merde ! Il faut écrire qu’on a été volé !» s’exclamait Julio Hernan Rossi en sortant des vestiaires. Un peu exagéré, mais parfait
témoignage de la frustration qui régnait en fin de partie dans le camp «rouge et noir».Le problème se pose également du côté sédunois. Compte tenu de la maîtrise des hommes de Bigon et d’une certaine supériorité, j’aurais envie de dire que ce point du nul n’est pas vraiment une bonne affaire. Mais, menés 1-0 après l’expulsion de Chedli, les Valaisans avaient presque des allures de vainqueurs au sortir du terrain. «A dix contre onze, égaliser c’est comme une victoire», se satisfaisait Germano Vailati, visiblement remonté contre son coéquipier renvoyé aux vestiaires par M. Laperrière.

Le Tunisien est maladroit…

Pour le portier du FC Sion comme pour beaucoup, le carton rouge adressé au Tunisien était justifié. «Il a pété les plombs, mais ce qui est dommage, c’est que ce sont les autres qui paient, comme toujours», concluait le dernier rempart valaisan. «Ca c’est Talel, on le connaît. Il n’en est pas à son coup d’essai», rappelait le retraité Alain Gaspoz à la mi-temps. Le principal intéressé criait lui étrangement à l’injustice. «On s’accroche un peu et puis je veux dégager le ballon. Mais je ne touche pas le cuir et mon pied arrive dans son estomac. J’ai dû lui faire mal, mais c’était de la maladresse.» Vous m’en direz tant. Filer, par derrière, un coup de pied dans le ventre à un type alors que le ballon est pratiquement au sol, c’est une sacrée maladresse. Surtout pour un joueur professionnel, vous ne trouvez pas ?


Chedli le maladroit en action…
(Photo Pascal Muller)

Finalement, le football n’est pas sorti grand vainqueur de ce derby. Mais ce type de rencontres n’est que rarement propice à l’élaboration d’un jeu bien léché. La force de ce premier duel 100% romand de la saison a avant tout résidé dans l’aspect émotionnel. C’est déjà pas mal. Côté football, force est de constater qu’autant Sion que Xamax ont encore passablement de travail à fournir.
Les Sédunois ont été meilleurs. Très solides en défense avec les molosses Nwaneri et Kali, puissants et travailleurs au milieu de terrain à l’image de Chedli et Beto, c’est surtout en phase offensive que la troupe du Mister a déçu. S’obstinant à chercher des ailiers qu’ils ne trouvèrent jamais, les Valaisans n’ont pas vraiment réussi à mettre hors de position le collectif solidaire des Neuchâtelois. Dominguez n’est pas encore dans le coup, Obradovic était à côté de la plaque, Saborio inexistant. Seul en vue,
Virgile Reset a surtout bénéficier des lacunes incroyablement criardes de Mounir El Haimour, qui est, paraît-il, un renfort important dans l’effectif «rouge et noir».

L’ombre de Gress

Certes, les Sédunois se sont créé un bon nombre d’occasions, surtout en première période. Avec un peu de réussite, ils se seraient certainement mis à l’abris d’une mauvaise surprise et du coup de sang de Chedli. D’autant plus qu’ils remportaient tous les duels sur la pelouse et qu’ils exerçaient une domination indiscutable sur des Xamaxiens venus avant tout pour obtenir un match nul.
Neuchâtel n’a pas produit de jeu. Par manque d’envie, probablement. Par manque de moyens, sûrement. Il faut relever l’excellente prestation de la paire d’axiaux Quennoz-Besle, qui sauvait la baraque à quelques reprises. En revanche, la présence sur le terrain d’El Haimour représente un réel danger pour la mécanique bien huilée des hommes de Castella.La tactique de «Gégé les yeux bleus» est bien trop souvent à mon goût une anti-thèse du football. Il y a assurément du Gilbert Gress en Castella. Comme un dommage collatéral des années où la blonde alsacienne avait encore un certain renom. Un jeu stérile, frileux, sans risque. Je vous l’accorde, ce que l’ami de Zubi (qui a d’ailleurs été de nouveau très bon sur le 1-1…) propose à Xamax est de bien meilleure qualité que ce qu’il avait mis en place aux Charmilles lors du dernier titre de Servette. Mais quand même.


Bigon avec Chassot
(Photo Pascal Muller)

Pour sa défense, «Gégé les yeux bleus» a dû faire avec les moyens du bord. Notamment financiers. Car, bien loin du chiffre articulé par Bernasconi l’enrhumé pour faire l’intéressant, il manque quelque millions à Xamax pour véritablement compléter son effectif.

Encore le temps

Le compartiment offensif est bien pauvre. Chihab, Bättig et Everson son précieux dans l’organisation, mais ne sont pas des créateurs à proprement parler. Rossi n’est pas encore – OU PEUT-ÊTRE PLUS DU TOUT – celui qu’il était à Bâle. Szlykowicz est encore un peu tendre. Si Nuzzolo a tiré son épingle du jeu, la pauvreté des rares contres neuchâtelois peut susciter quelques craintes.
Mais, autant pour les Xamaxiens que pour les Sédunois, la saison ne fait que commencer. Tous ont encore le temps de corriger les erreurs. Enfin, Neuchâtel plus que Sion, qui va jouer très gros dès le 16 août en Coupe de l’UEFA. Et un déplacement à Ried, comme l’année dernière. Je sais que vous vous en foutez, mais je dois me soulager un peu : ça fait chier de retourner dans ce trou alors que j’aurais pu me faire un petit voyage sympa en Pologne !! Pardonnez-moi cette épanchement de sentiments très personnels, mais ça fait du bien. A bientôt.

Sion – NE Xamax 1-1 (0-1)

Tourbillon : 16’000 spectateurs.
Arbitre : M. Lapperrière.
Buts : 42e Chihab 0-1, 93e Nwaneri 1-1.
Sion : Vailati; Alioui (65e Geiger), Kali, Nwaneri, Bühler; Beto (82e Vanczak), Chedli; Reset, Obradovic, Dominguez (56e Zaki); Saborio. Entraîneur : Bigon.
Neuchâtel Xamax : Zuberbühler; Bah, Besle, Quennoz, El Haimour; Baettig; Nuzzolo (86e Rak), Chihab, Everson, Rossi (60e Szlykowicz); Malenovic (46e Coly). Entraîneur : Castella.
Cartons jaunes : 66e Quennoz, 72e Zuberbühler, 80e Kali, 82e Baettig, 87e Zaki. 
Carton rouge : 39e Chedli
Notes : Sion sans Joao Pinto, Di Zenzo, Germanier. NE Xamax sans Jaquet.

Écrit par Psyko Franco

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1 Commentaire

  1. Triste constat en effet… Pour le foot romand dabord, pour Neuchâtel ensuite. Une analyse un peu plus fine du FC Sion démontre aussi que le panache ne sera pas romand cette saison.

    Commençons par derrière (lhabitude sans doute en Valais…). Kali et Nwaneri sont des tours, solides, efficaces, dures au mal. RIen de très alléchant. Alioui est un porteur deau, classique, teigneux. Reste Arnaud Bühler… Eternel espoir, maintes fois décevant. Bon au moins il est tout à fait constant, dans la médiocrité.

    Le milieu de terrain, possède le seul joueur lumineux de leffectif: Goran Obradovic. Parce que pour ce qui est du reste, les chevilles adverses risquent plus que le ballon. Beto et Chedli pensent toujours à deux (ils nont probablement pas la possibilité de faire autrement). Taper, retenir, coup de coude, empêcher, détruire. Des vrais petits Jeremies. Superbe, mais pour le panache, zéro pointé. Oublions Dominguez, il na pas eu demprise sur le jeu. Restent Reset et Saborio pour dynamiser lattaque. Entre un feu-follet hexagonal qui na quune feinte et un trax sud-américain maladroit, y vont se marrer à Tourbillon…

    Bon, les résultats et le classement leur donne raison. Wait and see…

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