Roger Federer aurait-il cessé de rugir ?

Deux défaites de suite et aucun tournoi gagné à l’heure actuelle ; il y a bien longtemps que Rodgeur n’avait plus connu pareille mésaventure. De plus, il est désormais fort probable qu’il fléchisse psychologiquement, tant ses performances vont à l’encontre de son immense talent et de son palmarès inégalé. Les vacances sont terminées, bienvenue dans la cruelle réalité !

Il fallait bien que cela se produise un jour. Les premiers signes du déclin apparaissent et Rodgeur est au plus mal en ce début de saison. Évidemment, beaucoup de joueurs sauraient se satisfaire d’une demi-finale à l’Open d’Australie, mais pas notre héros national, car on sait qu’il peut faire tellement mieux et tellement plus beau. Si des raisons de santé physique l’ont peut-être empêché de défendre son titre en Australie, il n’en est rien à Dubaï, où il a montré ses limites non seulement physiques mais aussi et surtout, mentales.

Murray crée la surprise

Une condition physique en déclin et un mental friable

Un petit ventre qui apparaît sous le t-shirt et des déplacements parfois maladroits, Rodgeur n’a d’évidence plus la forme des années de gloire. Alors même qu’il a pris d’assaut le filet dans son match contre Murray, on est en droit de se demander si cela ne trahit tout simplement pas son manque de condition physique.
Plus inquiétant, Rodgeur est apparu lassé et fatigué moralement. Quelques sursauts lui ont permis ses coups de génie habituels mais dans l’ensemble, son jeu souffre d’une démotivation. Car le talent ne s’exprime qu’au prix d’un mental d’acier et d’une condition physique irréprochable et le génie naît de cette parfaite alchimie. Rodgeur avait tout sauf la tête des grands jours.

Rodgeur est-il démotivé ?

Il est difficile d’épiloguer sur la forme mentale du numéro un. Il assène à chaque conférence de presse son appétit d’ogre mais pour le moment, ses résultats contredisent malheureusement ses propos. Mats Wilander avait déclaré il y a déjà bien longtemps : «le pire ennemi de Rodgeur est la lassitude». Et si cela se vérifiait aujourd’hui…
Il est impossible de mesurer l’ampleur de la tâche effectuée par Federer à ce jour, tant elle est immense et extraordinaire. Une perte de motivation serait compréhensible. De notre côté, nous pensons que c’est dans cette situation qu’un entraîneur ou un coach se révèle être primordial. Même pour un type aussi doué et expérimenté que Rodgeur…

Le Maître est fatigué

La suite…

Là aussi, difficile de se risquer à un pronostic. On aimerait trouver des réponses pour se rassurer, pour se dire que «c’est passager». Force est de constater qu’il n’a plus la grinta, mais peut-on réellement lui jeter la pierre ? Non, car en y regardant de plus près, bon nombre de numéros un ont passé par cette fameuse phase dépressive et s’en sont relevés. Le dernier en date est d’ailleurs un certain André Agassi…

Nous sommes tentés de croire que l’arrivée plus ou moins programmée d’un entraîneur et que l’enchaînement d’un ou deux tournois lui permettront de se refaire une petite santé. De plus, la perspective très alléchante des Jeux Olympiques devrait lui rappeler à ses bons vieux souvenirs. Quant au vif débat sur les priorités de Rodgeur, il reste bel et bien d’actualité. Pourtant, ses priorités ne concernent que lui (et son argent de poche !).
À l’heure du bilan, il n’est pas encore temps de paniquer, quoique si Nadal réalise un bon parcours à Dubaï, la passation de pouvoir pourra intervenir à n’importe quel moment. En effet, en cas de victoire, l’Espagnol se retrouverait à 100 points du Suisse, autant dire rien du tout. Malgré tout, les tournois suivants donneront un avantage certain au Bâlois : il a nettement moins de points à défendre que son dauphin et on espère le voir revenir lors des Masters se déroulant aux USA plus motivé que jamais. Ainsi même si Rodg devait laisser sa couronne à l’un de ses rivaux durant le prochain mois, il faudrait véritablement attendre la fin de Wimbledon pour confirmer le maintien ou la perte de son règne.

Attention danger…

Wawrinka, le second Suisse engagé dans cette épreuve, n’a lui non plus pas passé le cap du premier tour à Dubaï. Face au qualifié (!) Jan Hernych, le Vaudois n’a jamais paru en mesure de venir à bout de son adversaire, malgré deux balles de break converties et une bonne première balle. Après son revers lors du second tour du tournoi de Marseille face à… Andy Murray, Stan a les capacités de faire mieux, beaucoup mieux. Malgré cette défaite attristante, on imagine mal le Vaudois ne pas réagir après l’excellent début de saison réalisé jusque-là. Toujours est-il qu’en ajoutant la défaite de Patty à celle des deux hommes, le tennis suisse était au fond du gouffre à Dubaï.

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Le résumé de Federer – Murray

Écrit par Jérôme Nicole avec la participation de Nicolas Jayet