Coup de froid sur le Cirque blanc

Et ce qui devait (re)arriver (re)arriva : un drame. Cet hiver, plusieurs skieuses et skieurs ont eu de grosses frayeurs en chutant. Ils s’en sont finalement pas trop mal sortis. Matthias Lanzinger n’a pas eu cette chance. L’Autrichien de 27 ans a perdu sa jambe gauche.

Dimanche 2 mars. Lanzinger s’élance avec son dossard 30 dans le super-G de Kvitfjell. Sur la dernière bosse, il est déséquilibré. Il percute une porte. Il s’écrase. Il part en tonneaux. Sa jambe gauche se tord dans tous les sens. Lanzinger s’immobilise enfin. Il est en sang. Il est inconscient. Les images de sa chute, et notamment la façon dont sa jambe se vrille, ont fait le tour du monde. Elles sont effroyables. 
 
Héliporté à Oslo, Lanzinger est plongé dans un coma artificiel. Il est opéré deux fois. Comme son pied s’est retourné plusieurs fois sur lui-même, la jambe et les tissus sont irrémédiablement endommagés. Le sang ne circule plus. Sa vie est en danger. Les médecins n’ont plus le choix : mardi, ils amputent en dessous du genou gauche. Depuis, Lanzinger a repris connaissance. Il n’est plus en danger de mort. Mais bon…
Matthias Lanzinger

Comme toujours en cas de catastrophe, les critiques fusent. Elles sont adressées aux organisateurs des épreuves de Kvitfjell. Les secours ont été lents. Beaucoup trop lents quand on sait que dans ce genre de situation chaque minute compte.
 
Lanzinger a été évacué plus d’une demi-heure après sa chute. Mais en luge ! Pour la simple et bonne raison qu’il n’y avait pas d’hélicoptère… Selon les médias autrichiens, il a fallu réquisitionner un hélico réservé aux VIP pour enfin transporter le blessé. Et ensuite, impossible d’aller à Lillehammer où se trouve l’hôpital le plus proche. Pas les bons équipements. Finalement, c’est après six heures (!) d’un micmac scandaleux que Lanzinger a pu être opéré à Oslo.
 
Cette saison, près de 30 skieuses ou skieurs se sont gravement blessés. On pense par exemple à Axel Lund Svindal inconscient et en sang à Beaver Creek, ou à Scott McCartney pris de convulsions après son crash à Kitzbühel, ou encore à Resi Stiegler qui passe sous les filets de sécurité à Lienz.
 
L’histoire du ski alpin est entachée d’épisodes encore plus dramatiques. Des skieurs sont devenus paraplégiques en pratiquant leur passion (Silvano Beltrametti, Thomas Fogdoe, etc). D’autres sont morts (Ulrike Maier, Régine Cavagnoud, Gernot Reinstadler, etc).

Svindal a aussi été victime d’une terrible chute

Certes, le ski alpin est un sport extrême. Les coureurs savent qu’ils jouent avec leur santé et leur vie. Mais. Mais la FIS ne peut-elle pas faire davantage pour la sécurité ? Doit-elle par exemple se contenter de légiférer avec minimalisme sur les skis profilés ? Doit-elle laisser certains traceurs faire n’importe quoi pour un peu plus de spectacle ? Doit-elle accepter que des sauts envoient les athlètes à plus de 50 mètres ? Doit-elle tolérer que des descentes comme Kitzbühel et Bormio se disputent ouvertement le titre de course la plus difficile du circuit ?
 
Bref, ça va beaucoup palabrer ces prochains jours chez les instances du Cirque blanc. Pour quels résultats ? On verra. Mais en tout cas, quoiqu’il arrive, rien ne rendra jamais sa jambe à Matthias Lanzinger.

Écrit par Alex DeLarge

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4 Commentaires

  1. cest dur pour lui,cest moche, mais ce nest quun bout de jambe.Il est encore en vie! Moi, je vois ça comme de la chance…
    Comme tu dis, ce sport est extrême,et les skieurs savent les risques quils prennent.Ca peut aller de la simple blessure à la mort.Quand on voit laccident de Lanzinger, je crois quil sen sort même bien.
    Bref. On ny changera rien, mais jespère au moins qua lavenir, les secours seront bcp plus présents tout au long du parcour afin déviter de graves complications aux accidentés.

  2. Très beau papier, mais il y a un sujet qui na pas été abordé… On parle là des organisateurs, de la FIS, etc…

    Il y a quelque chose qui ma choqué en revoyant cette chute impressionnante; comment se fait-il que la fixation nait pas lâchée au vu des pressions faites latéralement………. ?

  3. bonjour,
    vous qui analysez souvent avec beaucoup de pertinence, je serais vraiment intéressé de lire une de vos analyses sur les contorsions sémantiques ou autres grands écarts de cogitation des dirigeants du ski suisse entre leur intérêt à sauver leurs places, trouver des poux dans le clan Gut qui prouve quil est NETTEMENT meilleur (Girardelli, Kostelic ou Miller lont déjà eux aussi prouvé), ou encore gérer les quelques « cas » sociaux qui nont pas encore compris quils navaient plus rien à faire dans Swiss-ski.

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