Give Chris a chance

Face à un Dragon cuit à point, l’Aigle n’aura (peut-être) tremblé qu’une grosse minute hier soir. Alternant buts opportunistes et actions léchées, il n’aura laissé aucun espoir à un adversaire vite résigné. Le volatile se retrouve donc en finale, contrariant les pronostics les plus optimistes, et donnant raison une bonne fois pour toutes à son entraîneur.

Fribourg, qui fut longtemps partenaire de La Chaux-de-Fonds, serait-il capable de revenir d’un 0-3 dans la série qui l’oppose à Genève-Servette, dont l’équipe-ferme est Lausanne ? Telle était la question qui se posait après la belle réaction des hommes de Serge Pelletier samedi dernier.

You’ve got to hide your Law away

Premier élément de réponse : Chris McSorley revenait à la formation qui avait si bien réussi lors du troisième match et renvoyait donc Kirby Law, pourtant buteur à Fort-Béton, en tribunes, au profit du puncheur Jean-Pierre Vigier. Il n’aura pas à le regretter, comme nous le verrons par la suite. Mais n’anticipons pas.
L’incertitude ne durait que peu. Dès les premières minutes, Genève-Servette faisait le siège du but gardé par Reto Pavoni. Et quand les visiteurs réagissaient enfin… ce sont les locaux qui ouvraient le score, grâce à deux des grands bonshommes de la rencontre : John Gobbi lançait parfaitement Thomas Deruns en 2 contre 1. Le Chaux-de-Fonnier, comme de coutume, ignorait totalement son camarade (Savary) et préférait le tir. Sauf qu’en l’occurrence, il trouvait la lucarne.


Savary jubile suite au premier but

You never give me your Mona

Accusant le coup, les Dragons tentaient pourtant une réaction, voyant Bärtschi, puis Botter buter sur un Gianluca Mona attentif malgré le peu de travail qui lui était proposé. Mais les Grenat reprenaient bien vite l’initiative. Et l’on retrouvait les mêmes suspects que sur le premier but, dans un ordre différent. Thomas Deruns récupérait et lançait Paul Savary, lequel laissait à la bleue pour John Gobbi, qui avait tout le temps de crucifier un Pavoni abandonné par les siens.
Dix minutes, et l’affaire paraissait presque réglée. L’inévitable Toni Mäkiaho offrait pourtant un regain d’espoir inattendu aux siens en glissant en pivot un rebond entre les jambières du rempart genevois juste avant le premier coup de sirène.

Lovely Reto

Mais un autre des bons joueurs de cette série allait prestement assassiner sauvagement dans l’œuf ce début de suspense : Shawn Heins remisait en effet un tir anodin d’Igor Fedulov sur la palette de Jean-Pierre Vigier, qui n’avait qu’à le pousser (le puck, pas Heins) dans le but béant.


Scène de liesse aux Vernets

La partie était alors jouée, et on n’allait voir qu’une équipe sur la glace désormais. La deuxième ligne genevoise en profitait pour faire mumuse avec la défense adverse et concocter un but magnifique, conclue une nouvelle fois par Laurent Meunier. Après avoir extrait le palet de la bande, le Grenoblois lançait Fedulov, qui trouvait Florian Conz en haut de la zone. Le Jurassien fixait les restes de la défense fribourgeoise et transmettait au deuxième poteau à Meunier qui glissait le palet entre les jambières du prédécesseur de Mona en ces lieux.
Pour donner une idée du récital des Aigles, ceux-ci se permettaient même de poser un bref jeu de puissance en infériorité numérique.

Getting Botter

À la deuxième pause, on se disait qu’au curling, les équipes se seraient serré la main, et que ça n’aurait pas été plus mal. La dernière période ne fut en effet que pur remplissage entre des Genevois peu soucieux de forcer outre-mesure et des Dzodzets totalement au bout du rouleau.
Pour la bonne mesure, les hommes de McSorley ajoutaient le 5-1 sur un bel effort de l’omniprésent Gobbi. Le Léventin, au prix d’un plongeon, remettait un puck qui semblait perdu dans le slot, et Vigier, toujours en mode renard des surfaces, expédiait un backhand par-dessus l’épaule du maçon de Bülach, de plus en plus solitaire. Igor Fedulov récoltait au passage son troisième assist de la soirée, ce qui lui permettait de rejoindre Ryan Gardner en tête du classement des compteurs.


Un McSorley tout sourire

Lüssy in the sky with diamonds

L’affaire tournant au match d’entraînement, Chris McSorley pouvait lancer dans le bain ses «renforts» de LNB, Fernando Heynen et Silvan Lüssy. L’ancien joueur de Gottéron marquait même un point sur son premier shift de la soirée, lorsque Vigier dénichait un trou de souris entre le poteau et le patin de Pavoni pour conclure son wraparound.
Et l’on pouvait donc festoyer, faire la ola et tutti quanti. À la fin du match, à leur retour sur la glace pour saluer leur supporters, les joueurs fribourgeois recevaient une ovation méritée du public genevois pour leur exploit contre Berne comme pour la belle résistance affichée en demi-finale, malgré le score de la série et les circonstances contraires (blessures, suspensions).

While my Chouinard gently weeps

Du côté genevois, on vit, moment exceptionnel, un grand sourire barrer le visage de Chris McSorley au coup de sirène final. Il faut dire que pour le coach ontarien, la revanche doit être douce face à tous les spécialistes.
Pas de défenseur étranger, un gardien en qui peu de monde croyait vraiment et qui n’avait jamais gagné la moindre série de play-off, une équipe dépendant uniquement de ses renforts importés, un Français (horreur !) figurant parmi ceux-ci, etc. Genève-Servette ne pouvait prétendre à beaucoup mieux qu’une place au dessus de la barre conquise de haute lutte.


McSorley et ses hommes : l’osmose parfaite

Alors certes, il reste encore une marche à gravir pour faire définitivement taire les critiques. Mais voici les Aigles en finale. Avec une défense d’acier cornaquée par un Keller affolant d’assurance. Avec un Meunier et un Vigier qui, non contents d’être de véritables pestes en box play, enquillent les buts, obligeant le pauvre Law à se contenter d’avaler des petits fours chez les VIP alors qu’on ne peut pourtant lui reprocher grand-chose. Avec un Gianluca Mona toujours aussi serein et impeccable, véritable force tranquille. Avec, et c’est sans doute le plus incroyable, des Suisses qui répondent présents en phase offensive à l’image d’un Deruns survolté, d’un Gobbi qui a retrouvé la réussite affichée lors de sa première saison aux Vernets, ou d’un Fedulov décidément inoxydable. Avec enfin un mental impressionnant, qui leur permet de se sortir de pratiquement toutes les embûches, sans parfois qu’on ne sache vraiment comment.
Si tout cela n’est pas qu’un rêve, qui sait quelles surprises encore cette belle équipe nous réserve ?
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

GE-Servette – FR Gottéron 6-1 (2-1 2-0 2-0)

Patinoire des Vernets, 6’837 spectateurs.
Arbitres : D. Kurmann ; R. Arm, P. Küng.
Buts : 4’56 T. Deruns (J. Gobbi) 1-0, 10’06 J. Gobbi (P. Savary, T. Deruns) 2-0, 19’01 T. Mäkiaho (P. Seydoux, G. Montandon) 2-1, 20’41 J.-P. Vigier (I. Fedulov, J. Mercier) 3-1, 24’42 L. Meunier (F. Conz, I. Fedulov) 4-1, 47’06 J.-P. Vigier (J. Gobbi, I. Fedulov) 5-1, 51’22 J.-P. Vigier (S. Lüssy, L. Meunier) 6-1.
Genève-Servette : G. Mona ; G. Bezina, J. Mercier ; O. Keller, J. Gobbi ; R. Breitbach, M. Hoehener ; F. Heynen ; F. Conz, S. Aubin, J. Kolnik ; I. Fedulov, L. Meunier, J.-P. Vigier ; T. Deruns, M. Trachsler, P. Savary ; Jér. Bonnet, G. Augsburger, C. Rivera ; S. Lüssy. Absents : J. Cadieux (blessé), S. Schilt (malade), K. Law, Jul. Bonnet, F. Hecquet, T. Rüfenacht (surnuméraires).
Fribourg-Gottéron : R. Pavoni ; A. Birbaum, S. Heins ; A. Reist, W. Snell ; M. Ngoy, P. Seydoux ; M. Abplanalp, P. Marquis ; A. Rizzello, M. Chouinard, C. Neuenschwander ; B. Plüss, A. Bykov, D. Bärtschi ; A. Laaksonen, G. Montandon, T. Mäkiaho ; C. Botter, C. Bielmann, A. Lauper. Absents : S. Caron, G. Vauclair, S. Abplanalp (blessés), J. Sprunger (suspendu), A. Selivanov (surnuméraire).
Pénalités : 3 x 2’ contre Genève-Servette, 4 x 2’ contre Fribourg-Gottéron
Notes : 10’06 Temps mort Fribourg-Gottéron.

Écrit par Yves Grasset

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15 Commentaires

  1. Bravo aux Genevois qui méritent amplement leur victoire sur Fribourg.
    Je regrette juste la stupidité de Goran Bezina qui a vraiment du recevoir beaucoup de coup sur la tête pour être aussi con!
    Bonne chance pour la finale et vivement septembre prochain pour nous fribourgeois

  2. Jimagine que Heinz a recu le mème nombre de coup sur la tète que Bezina pour être aussi con et vicieux sur la glace…

    Bravo Gotteron pour votre parcours!
    Et alleeeeeeeeez Servette!!!

  3. Merci pour cet article et pour ses références « culturelles »; le sourire de la victoire sajoute à celui du commentaire ! Bravo.

  4. références « culturelles » ???!!!???

    même entre guillemets, jvois pas trop où tu veux en venir, ya un message caché?

    joli article sinon 🙂

  5. je citerais cette référence :
    « Lüssy in the sky with diamonds »

    magnifique!

    Et tout le reste de larticle est excellent.

  6. Bel article et bravo aux clubs romands dabord et plus spécialement aux genevois et pourquoi pas le titre … vive GSHC champion suisse.
    De la part dun fribourgeois-lausannois.
    JP

  7. Spartak.c t vraimen con!!!!!
    BEZINA il a très bien joué
    en tt cas BRAVO A TOUTE LéQUIPE DU GSHC POUR 7 SUPER SAISON ET A L ANNéE PROCHAINE
    BISOUS

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