Les Verts en Europe, 26 ans après !

Après une attente interminable de 26 ans, Saint-Etienne et tout le peuple vert vont donc enfin connaître les joies de la Coupe UEFA. Auteurs d’une fin de saison remarquable, les Verts ont donc obtenu ce droit aux détriments de Lille et Rennes lors de l’ultime journée de championnat. Belle récompense pour Laurent Roussey, souvent décrié tout au long de la saison.

Petit rappel historique tout d’abord. Nous sommes le 3 novembre 1982, et lors du match retour des 1/16e de finale de la coupe UEFA, les Verts s’écroulent sur le terrain des Bohemians Prague (4-0), club qui aura réussi l’exploit de sortir en une seule saison les deux plus grands clubs du monde (Saint-Etienne, donc, et Servette, bien sûr). Il s’agit là de la dernière soirée européenne vécue par les supporters stéphanois.Lorsque j’arrive devant Geoffroy-Guichard un peu plus d’une heure avant le coup d’envoi, l’atmosphère est particulière. Plus encore que pour un derby, tout le monde semble tendu. Et pour cause : une victoire stéphanoise ce soir conjuguée à une contre-performance lilloise à Lorient enverrait directement les Verts en Europe. Quand on se rappelle du classement des hommes de Roussey avant la trêve, on peut presque assimiler ça à un petit miracle.

Au moment où je pénètre dans le stade, fait assez rare, les chants résonnent déjà dans les travées du stade. Habituellement, seuls les derbys ont le droit à ce traitement. Au fur à mesure que le coup d’envoi approche, la tension monte, les visages se crispent. Il est difficile d’imaginer ce que représenterait une qualification pour l’UEFA dans cette ville. Peu ont eu l’occasion de vivre la grande épopée, et ceux qui l’ont vécue en sont encore nostalgiques. Alors qu’une place en UEFA est à peine fêtée dans nos contrées, ce serait ici un véritable événement.
La tension est donc à son comble au début du match, mais elle ne le sera pas très longtemps. Il a effectivement fallu moins de 7 minutes aux Verts pour prendre un double avantage, grâce à un étincelant Gomis. 2-0, face à des monégasques qui ne jouaient rien, la messe était d’ores et déjà dite. Ce d’autant plus que, plus tard dans le match, Dernis et Feindouno se chargèrent de donner au score des allures de correction.
Alors qu’après les deux premiers buts, le stade se retrouva dans un état de folie pure, la suite de la mi-temps sera un tantinet plus calme, l’UEFA étant liée au résultat lillois. Et étonnamment, les rumeurs concernant le score du côté du Moustoir se font très rares. Et lorsque, à la mi-temps, le speaker annonce que Lille perd 1-0, la folie reprend. Cette fois, il ne restait que 45 minutes avant de retrouver l’histoire.

45 minutes de promenade sur le terrain, de tension dans les tribunes. Le coup de sifflet final est donné, les occupants du Kop Sud envahissent le terrain, sans vraiment savoir quelle serait l’issue de la soirée. Les joueurs se réunissent autour d’un poste radio et suivent les derniers instants du match de Lorient. Et quand tous ces hommes verts se mirent à exulter, le stade comprit. Et fût rassuré définitivement par le speaker, annonçant le résultat nul en Bretagne.
Tandis que les plus âgés des occupants de la Tribune Nord avaient du mal à contenir leurs larmes à la pensée de ce passé glorieux qui renaissait, les plus jeunes rêvaient eux de pouvoir enfin découvrir les joies des déplacements européens tout en foulant la mythique pelouse de Geoffroy.
La soirée allait se poursuivre très tard dans la nuit, avec un immense cortège amenant les supporters à la place de l’hôtel de ville où les joueurs feront leur apparition quelques instants après. Et de savourer, de manière disproportionnée pour certains, cette qualification. Si, vu de l’extérieur, fêter de telle manière une simple qualification pour l’UEFA peut paraître exagéré, à Saint-Etienne, lorsqu’on parle de foot, rien ne se passe comme ailleurs. Cette ville respire le foot et espère maintenant retrouver une équipe compétitive l’année prochaine, avec des ambitions grandissantes.
Tremble, Europe, les Verts sont de retour !

Écrit par Robin Dousse