Le Sentier, invité d’honneur

Bonne nouvelle : les Genevois sont en avance sur leur temps. En effet, ils affichent déjà la forme qui leur est habituellement caractéristique lors des matches de préparation. Avec un peu de chance, ils seront en pleine crise de novembre pendant les Hockeyades, ce qui leur permettra d’aborder la saison prochaine plus sereinement. Chris McSorley est décidément diabolique.

C’est à un bien triste spectacle qu’ont assisté les seize mille spectateurs de la BernArena. La majorité d’entre eux, les supporters inconditionnels du SCB, trouveront quand même un gros motif de satisfaction avec la nette victoire de leurs favoris, qui leur confère une avance désormais quasiment irréversible dans la série. Les fans genevois, en sont maintenant réduits à espérer un miracle pour les sauver d’un départ en vacances précoce.Dès le début de la partie, les approximations commençaient. Tout d’abord celles de l’arbitre, qui offrait un 5 contre 3 aux Bernois en expulsant Rytz, coupable d’avoir envoyé le puck dans les tribunes alors qu’il venait pourtant de sortir de sa zone de défense. Ce dont les Ours, une fois n’est pas coutume, ne profitaient pas. Monsieur Stalder se «rachetait» ensuite en pénalisant deux Bernois coup sur coup, puis rangeait son sifflet.


Photo Pascal Muller

Alors que cette période de supériorité numérique genevoise touchait à sa toute fin, Yorick jouait au malin derrière le but et trouvait un rebond favorable pour ouvrir le score. La rencontre démarrait ainsi idéalement pour des Grenat un peu plus concernés. Cela n’allait hélas pas durer, comme depuis le début de la série.
Ainsi, les visiteurs relâchaient imperceptiblement l’étreinte pour se replier. Et en toute logique, Éric Landry égalisait trois minutes plus tard en déviant un tir de la bleue de Michal Barinka. La partie alors s’équilibrait, ou plutôt s’endormait gentiment.
Les spectateurs étaient tirés de leur torpeur peu avant la pause, alors qu’un long puck se dirigeait semble-t-il sans danger vers Gianluca Mona. Celui-ci, manquant d’agressivité, préférait attendre le puck. Problème : les défenseurs genevois avaient oublié de protéger le puck et, surtout, de contrôler Rolf Ziegler. Le bourrin bernois se retrouvait seul pour pousser le palet d’entre les jambières du gardien pour, affront suprême, inscrire son premier but depuis près de trois ans et demi. Un peu plus que le temps d’engager et Ivo Rüthemann se payait un petit solo dans la défense très passive, repiquait dans le slot et ajoutait le troisième. En un peu plus d’une minute d’inattention, ce match pourtant mieux engagé que les précédents était réglé.
Il y aurait certes pu, et même dû, y avoir une réaction genevoise. Si elle a certainement germé dans les têtes, elle ne s’est jamais traduite sur la glace. La faute à des joueurs éprouvant une peine folle à se trouver, multipliant les passes dans le dos ou vers des zones désertes. Et quand par hasard elles arrivaient à destination, les nombreuses erreurs techniques faisaient le reste. Si l’on ajoute le manque de créativité offensive dont font preuve les Aigles depuis le début de la saison, il était effectivement difficile de bousculer des Ours fort bien campés sur leurs positions.
Au contraire, à la 24e minute, Rüthemann, encore, menait un 2 contre 2. Comme des juniors, les Grenat se laissaient aspirer et allaient presser le porteur du puck. Pas assez toutefois, puisqu’il parvenait à déclencher un tir. Mona lâchait alors un rebond dont il est coutumier. Qui arrivait pile sur la palette de Marc Reichert, comme on l’a vu délaissé plein centre par les défenseurs.
4-1, les joueurs locaux pouvaient plier les gaules et attendre sagement la sirène. Ce dont, minimalistes comme à leur habitude, ils ne privèrent certes pas. Avec une équipe qui ne pouvait pas bousculer une autre qui n’avait aucune envie d’en faire plus, le niveau des débats était presque aussi insupportable qu’une rencontre de présaison.


Photo Philippe Rayroud

Tout cela faillit pourtant se retourner contre les Bernois. Jamie Wright redonnait ainsi un semblant d’espoir à ses couleurs en déviant un tir d’Igor Fedulov en début de troisième tiers. Et à huit minutes de la fin, l’Hélvético-Russe avait une occasion en or de relancer la partie, avec le contrôle du palet derrière le but et Bührer aux fraises. Malheureusement, le numéro 28 genevois ne bénéficie plus de ses jambes de vingt ans et laissait juste le temps au gardien bernois d’un arrêt de la crosse à la Hašek.
Les Aigles avaient alors laissé passé leur chance. Le ronron de la partie pouvait reprendre de plus belle, gagnant même Chris McSorley qui n’estimera pas opportun de sortir son gardien.
Qu’espérer à l’heure du match de samedi aux Vernets ? Un succès ou deux semblent toujours possible si les Genevois parviennent à montrer quelque chose offensivement. Après tout, chaque match de ce quart de finale aurait pu à un moment ou à un autre basculer de leur côté. Mais pour cela, il faudra faire preuve à la fois de discipline et d’imagination. Deux éléments totalement absents à la BernArena. Pire, les performances des Genevois ne semblent pas évoluer dans le bon sens. Ils ont par ailleurs apporté un sérieux démenti aux allégations de leur entraîneur, qui affirme à qui veut l’entendre que son équipe est meilleure à 5 contre 5. Or ce match qui ne s’est pas décidé sur les jeux de puissance fut aussi le plus déséquilibré. On espère toutefois enfin voir une réaction.
Quant à renverser complètement la série, c’est une autre paire de manche.

Berne – Genève-Servette 4-2 (3-1 1-0 0-1)

BernArena : 16’291 spectateurs.
Arbitre : Roland Stalder ; Jürg Simmen, Adrian Sommer.
Buts : 6’32 Y. Treille (L. Meunier, M. Knoepfli / 5 contre 4 / S. Gamache) 0-1, 9’39 É. Landry (M. Barinka, C. Camichel) 1-1, 16’56 R. Ziegler (P. Bärtschi, C. Dubé) 2-1, 18’08 I. Rüthemann (M. Reichert, T. Ziegler) 3-1, 23’22 M. Reichert (I. Rüthemann, B. Gerber) 4-1, 46’32 J. Wright (I. Fedulov, K. Law) 4-2.
Berne : M. Bührer ; Dom. Meier, M. Barinka ; D. Jobin, T. Söderholm ; B. Gerber,  M. Steinegger ; R. Kobach, R. Ziegler ; P. Bärtschi, C. Dubé, S. Gamache ; C. Camichel, É. Landry, C. Berglund ; T. Ziegler, I. Rüthemann, M. Reichert ; Dan. Meier, A. Rötheli, R. Raffainer. Entraîneur : John van Boxmeer.
Genève-Servette : G. Mona ; G. Bezina, J. Mercier ; P. Rytz, J. Gobbi ; R. Breitbach, O. Keller ; S. Schilt ; J. Wright, I. Fedulov, K. Law ; T. Déruns, S. Aubin, J. Cadieux ; Y. Treille, L. Meunier, M. Knoepfli ; G. Augsburger, M. Trachsler, C. Rivera ; Jér. Bonnet. Entraîneur : Chris McSorley.
Pénalités : 7 x 2′ contre Berne, 9 x 2′ contre Genève-Servette.
Notes : Berne sans P. Furrer, S. Bordeleau (blessés), P. Hubáček, N. Perrott, P. Berger et M. Gautschi (surnuméraires). Genève-Servette sans J. Horák, P. Savary (blessés) et J. Hübl (surnuméraire).

Écrit par Yves Grasset

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