Bienne contre Lugano ou David contre Goliath

Bienne contre Lugano. Rien que l’énoncé des forces en présence avait de quoi préparer au pire le très nombreux public du Stade de Glace, peut-être déjà trop vite satisfait de son week-end après le bon tour joué à Zoug vendredi soir.

Je m’y suis rendu dans le même état d’esprit que pour revoir Le Soldat (Kevin) Ryan ou un épisode de Massacre à la tronçonneuse, l’humeur voyeuse et avide de frémir au spectacle repoussant mais fascinant de litres d’hémoglobine déversés et de boyaux arrachés vifs par les méchants sadiques du soir – comprenez les Tessinois – à leurs innocentes victimes (les Biennois, forcément gentils, comme chacun sait…). Je m’étais préparé au pire et conditionné à me contenter de saluer les inventives et élégantes manières des bourreaux tout de blanc vêtus de torturer et tourmenter leur proie du soir. C’est limite si je n’avais pas emporté avec moi un petit sachet papier pour le cas ou trop de gore et de tripes de Seelandais allègrement déversés aurait eu raison de mon équilibre gastrique.


La destinée d’un Biennois ?  

Las, les premières minutes ne firent que donner raison à ce sentiment après que sur deux bévues d’une bêtise n’ayant d’égale que celle des victimes de début de métrage des slasher movies à la «Scream», Lugano n’ai pris deux buts d’avance dans les sept premières minutes déjà sans que quiconque puisse y trouver à redire.
Mais le Biennois n’aime rien tant que faire l’exact opposé de ce qu’on attend de lui, et la suite des événements devait fort heureusement de distancer irrésistiblement d’un scénario linéaire qui aurait fait d’eux de trop conciliants beefsteaks dans les griffes du prédateur. Mieux, ce sont eux qui au fil des minutes et profitant des balbutiements et multiples hésitations à la conclusion des hommes d’un Slettvoll au hockey d’un autre âge ont commencé à semer le doute sous les casques bianconeri.
Quelqu’un parmi l’équipe biennoise avait incontestablement du louer récemment le DVD de 300 et en insuffler le message à ses coéquipiers, celui de résister à l’ennemi jusqu’à la mort, de ne tomber que le glaive à la main en jetant toute son énergie vitale dans la bataille. Car de victimes désignées les Biennois sont devenus de bien gênants empêcheurs d’éviscérer en rond, luttant farouchement et obtenant à la mi-match un but de retour au score fidèle aux grands classiques des épopées héroïques, obtenu après s’être installés à l’arrière du camp adverse et avoir démarqué le Little Big Man Matthieu Tschantré dans le slot. L’exécuteur local ne se fit pas prier pour priver Aebi d’une nouvelle fiche vierge.


le Little Big Man

On eut cependant souhaité que le remake d’un soir ne fût pas si dramatiquement fidèle à l’original. Comme dans le lyrique péplum sur grand écran, l’épilogue ne devait pas faire honneur à la générosité dans l’effort du «faible» officiel. Comme dans la fresque épique signée Zack Snyder, Bienne a donc été vaincu samedi soir. Et tout comme dans le modèle, ses hommes ont montré leur visage de guerriers courageux refusant d’accepter la défaite avant la dernière seconde de la bataille.
Bienne contre Lugano. David contre Goliath. Le premier nommé devait trembler de terreur dans ses jambières. Il devait s’attendre à aucun autre destin que de se voir dynamité, dispersé, ventilé aux quatre coins de la patinoire mais hier il n’en fut rien. Hier c’est Goliath qui a terminé la rencontre la peur au ventre, tout heureux de compter dans ses rangs un gardien du temple de la trempe d’un Aebischer en passe de retrouver toutes ses sensations. Sans son ultime rempart, hier, Goliath se serait pris une trempe.
Face à cet intraitable cerbère, Bienne a eu le mérite de combattre jusqu’à la fin sans relâcher son emprise naissante. De quoi conseiller aux Luganais de se livrer à quelques confidences à leur psy et largement de quoi permettre à tous les hommes d’Ehlers d’être fiers. Fiers de leur combat. Fiers de leur tout jeune parcours dans l’élite. Fiers d’être biennois.

Photo Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

HC Bienne – Lugano 1-3 (0-2 1-0 1-1)

Stade de Glace : 5221 spectateurs.
Arbitres : MM. Stalder, Wehrli et Wirth.
Buts : 1re Domenichelli (Näser) 0-1, 7e Thoresen (Sannitz) 0-2, 31e Tschantré (Nüssli) 1-2, 60e Thoresen (Sannitz, Pohl/cage vide) 1-3.
Pénalités : 7 x 2′ contre Bienne; 6 x 2′ contre Lugano.
HC Bienne : Wegmüller; Kamerzin, Hill; Gossweiler, Reber; Kparghai, Schneeberger; Tschantré, Fata, Nüssli; Ehrensperger, Peter, Bärtschi; Truttmann, Himelfarb, Ling; Tschannen, Brägger, Beccarelli. Entraîneur: Ehlers.
Lugano : Aebischer; Nodari, J. Vauclair; Chiesa, Helbling, Cantoni, Nummelin; Näser, Romy, Domenichelli; Thoresen, Pohl, Sannitz; T. Vauclair, Conne, Paterlini. Entraîneur: Slettvoll.
Notes : Bienne sans Meyer, Steinegger (blessés), Neff (malade) ni Tortuomainen (dans la tribune). Lugano sans Hirschi, Lemm, Suter (blessés) ni Robitaille (surnuméraire). 

Écrit par Jean-Philippe Ritz

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7 Commentaires

  1. Dommage les biennois, mais continuer comme ça et vous serez peut-être la bonne surprise de ce championnat, ce que je vous souhaite !

    Tortue omainen (excellent Jean-Philippe) dans la tribune, ny a til pas de vivarium dans la région biennoise ??? Ou alors un petit terrarium dans un coin du stade de glace !

    Bon championnat encore à vous…Chri-LHC-mani, cest pas incompatible !!!

  2. Précision : je ne peux rien dire sur les événements daprès-match. Je nai rien vu personnellement étant déjà sur le chemin du retour. Il semble juste que le lancer de barrière de police puisse devenir une prochaine discipline olympique ! A quand une surtaxe de sécurité sur le prix des entrées ? Affaire à suivre…

  3. Bel article, résume parfaittement le match.
    Bravos au public Biennois qui encore une fois à été génial tout au long de la partie.
    Bravos à cette équipe qui fait honneur à sa nouvelle cathégorie de jeux et progresse à chaque rencontre.
    Genève, Fribourg, Bienne …..vive la romandie!!

  4. @ Chrimani : Merci pour les roses, mais lexcellent « Tortuomainen » nest pas de moi, les compliments sont à adresser à mes rédacs en chef 🙂

  5. Si jétais Ehlers, je ferai un essai avec une ligne, pas de coke, mais TNT, Tschantré-Nüssli-Truttmann, qui pourrait être un cocktail explosif !!!

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