L’essentiel, c’est les trois points

Entre deux équipes qui pratiquent le hockey champagne, on pouvait s’attendre à un match accroché. Et comme me le signala mon collègue et néanmoins ami Robin Dousse, ce fut bien le cas, puisqu’on dénombra pas moins de huit pénalités pour ce seul motif.

Tout d’abord, cher lecteur, ami fidèle, toi qui supportes patiemment mes calembours vaseux et mes statistiques précises sur le nombre de buts de Bezina – ce qui n’est pourtant pas bien difficile –, laisse-moi m’expliquer sur l’absence de comptes rendus pour les matches du week-end dernier. C’est en effet que ton rédacteur préféré fut victime lors du match contre Berne de ce qu’il est convenu d’appeler la malédiction du deuxième tiers. Lequel se révéla si passionnant que je fus instantanément plongé dans un sommeil qui aurait bien pu durer une centaine d’années. Voire un millier, comme Lou Reed lors de ses expériences masochistes. Une comparaison tout à fait adéquate vu le spectacle proposé lors du match susmentionné. Mais je m’égare. Fort heureusement, Carton Rouge, qui ne recule devant rien pour le bien-être de ses collaborateurs, n’hésita pas une seule seconde à dépenser ses dernières économies et faire appel à S.O.S. Princesse Charmante Express afin de m’extraire à temps de ma torpeur pour ce match au sommet du ventre mou, le pseudo-derby contre les pseudo-Romands de Biel.

Et ce match ne ressembla pas aux précédents, en cela que ce fut dès le premier tiers qu’on éprouvait une envie irrésistible de plonger dans les bras de Morphée. Face à des néo-promus qui rappelaient furieusement Genève-Servette lors de sa première saison de Ligue A, avec un jeu pour le moins fruste et simpliste, mais terriblement efficace, les Aigles se montraient totalement infoutus d’apporter ce petit brin de folie capable de désarçonner le bloc en béton armé qui leur était opposé. Et comme le jeu de puissance se révèle de plus en plus indigent à chaque sortie (ce qui n’est pas un mince exploit), la solution paraissait difficile à trouver. Les Biennois ayant eux trouvé deux fois la faille sur une demi-occasion de la troisième ligne, puis sur un but de Tschantré façon Pascal Schaller de la grande époque, les perspectives grenat paraissaient pour le moins sombres.


Conz a marqué ! (si, si…)

L’éclaircie fut apportée par la quatrième ligne, qui fut la seule à amener un tant soit peu d’animation jusque là. Si Pépé Fedulov éprouve de plus en plus de peine à se procurer des occasions, on sait en revanche qu’il n’est pas homme à laisser traîner bêtement un puck revenu on ne sait trop comment dans le petit slot. Et sur l’action qui suivait, on assistait à une double rareté : un but de Conz sur une passe de Deruns. (Générique de la «Quatrième Dimension» en musique de fond.)

En attendant, on s’en doutait à peine, mais le match avait complètement basculé en l’espace de dix-neuf secondes. Les Seelandais n’auraient désormais plus voix au chapitre, assommés de surcroît par une fatigue due à la présence répétée des mêmes joueurs sur la glace.

Ce qui ne signifiait pas pour autant que les choses allaient être simples pour les Genevois, toujours aussi forts pour se compliquer la tâche. Il fallait ainsi attendre l’extrême fin de la cinquante-septième minute pour que Byron Ritchie ne profite d’un excellent travail préparatoire de Daniel Rubin, très remonté face à ses anciens coéquipiers, pour envoyer un backhand à la trajectoire surréaliste par-dessus l’épaule de Pascal Caminada.

Et le reste n’était qu’anecdote, avec des Biennois aussi empruntés que les Servettiens dans le premier tiers et qui créèrent plus d’occasions à leur adversaire qu’à eux-mêmes lors de la minute et demie qu’ils disputèrent à six. Juraj Kolnik, sans doute aveuglé par les ors du maillot de topscorer, tirant à bout portant sur son alter ego Thomas Nüssli, ce fut finalement à Jan Cadieux qu’il revint de se faire dégager dessus et de pousser le puck dans le but vide pour sa première réussite de la saison. (Cette fois, j’en suis sûr.)


…et Jan Cadieux aussi !

Les hommes de Chris McSorley présentent donc toujours un spectacle aussi affligeant, mais continuent d’enquiller les points, gardant les équipes de tête en ligne de mire et creusant l’écart avec la barre. Ce qui est bien l’essentiel, à part pour les malheureux spectateurs que nous sommes.

Prochaines aventures mardi contre les Ligres de Tangnau, pour un match placé sous le signe annuel de lutte contre le cancer du sein. Hélas, cette juste cause signifie, sans doute pour compenser, le retour des immondes maillots roses. On espère qu’ils auront cette année des numéros vaguement lisibles. Votre serviteur se munira quand même de jumelles par précaution.
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Genève-Servette – EHC Biel 4-2 (0-2 2-0 2-0)

Patinoire des Vernets, 6’095 spectateurs (soi-disant).

Buts : 4’45 A. Küng (G. Ehrensperger, J. Reber) 0-1, 16’34 M. Tschantré (E. Peter, J. Reber / 5 gäge 4 / M. Hoehener) 0-2, 32’25 I. Fedulov (G. Augsburger, C. Rivera) 1-2, 32’44 F. Conz (T. Deruns) 2-2, 56’56 B. Ritchie (D. Rubin, J. Kolnik) 3-2, J. Cadieux (sans assistance / but vide) 4-2.

Arbitres : R. Looker ; T. Wehrli, D. Wirth.

GE-Servette : G. Mona ; G. Bezina (+3), J. Mercier (+2) ; S. Schilt (0), J. Gobbi (+1) ; R. Breitbach, M. Hoehener; D. Vukovic ; J. Kolnik (0), B. Ritchie (0), J.-P. Vigier (0) ; T. Deruns (+2), F. Conz (+1), D. Rubin (+1) ; P. Savary, M. Trachsler (+1), J. Cadieux (+1) ; I. Fedulov (+1), G. Augsburger (+1), C. Rivera (+1). Absents : S. Aubin (suspendu), T. Salmelainen, O. Keller (blessés), F. Heynen, R. Suri, J. Gailland (à Lausanne) et B. Conz (avec les juniors élite).

EHC Biel : P. Caminada ; J. Reber (0), S. Hill (0) ; C. Kparghai (-1), J, Kamerzin (-1) ; M. Gossweiler (-2), N. Schneeberger (-1) ; M. Truttmann (-4), E. Himelfarb (-4), M. Tschantré (-3) ; T. Nüssli (-1), R. Fata (-1), D. Ling ; A. Küng (+1), E.Peter (0), G. Ehrensperger (+1) ; R. Gerber, M. Zigerli, P. Wetzel. Abwesend : M. Steinegger, S. Meyer, M. Beccarelli, C. Neff, D. Bärtschi, S. Tschannen, S. Fischer, M. Brägger (alle verletzte) und M. Tuomainen (ii Langitaal).

Pénalités : 8 x 2’ contre Genève-Servette, 7 x 2’ gäge d EHC Biel.

Notes : 7’44 Lattenschüss vom E. Himelfarb. 51’30 Temps mort pour Genève-Servette. 58’38 Uusziit für d EHC Biel. 58’38 D P. Krrraminada verlässt ds Iis bis le but de J. Cadieux.

Écrit par Yves Grasset

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