Vivement octobre !

Les années impaires, c’est nul. Pas d’Euro, pas de Coupe du Monde, pas de JO… On se réjouit donc des semaines de matches internationaux. D’autant plus lorsqu’on approche du dénouement final. La tension régnait sur tous les terrains d’Europe cette semaine et certaines choses ont changé. Voilà le nouveau visage des groupes qualificatifs, à deux journées du point final.

Groupe 1 – Complot scandinave, le retour !

Tu es fan de la Squadra Azzura et tu avais accusé, il n’y a pas si longtemps (en 2004), les Danois et les Suédois de s’être arrangés pour bouter ton équipe hors de la compétition ? Alors réjouis-toi, il est probable que quelques millions de klaxonneurs compulsifs rejoignent ta croisade pour faire éclater la vérité au grand jour !
Cette vérité ? Les Danois et les Suédois sont d’ignobles comploteurs venus du Nord pour empêcher tous les Méditerranéens de se qualifier, quelle que soit la compétition. Le Danemark-Suède de la prochaine journée sera d’ailleurs précédé d’un sommet entre gouvernements scandinaves, sous l’égide des Nations Unies, pour décider à l’avance du score qui serait le plus défavorable à leurs rivaux portugais…
Outre ce complot, les matches de cette semaine ont été terribles pour la sélection hongroise, jusqu’alors deuxième et barragiste, qui s’est inclinée deux fois à domicile face à ses concurrents directs suédois et portugais. Le Danemark mène la danse et ira probablement en Afrique du Sud. Entente scandinave oblige, la Suède jouera les barrages alors que le Portugal s’est réveillé un peu tard (c’est fou ce que les rues seront calmes l’été prochain). Les faux espoirs que la Seleçao A’ (Liedson, Deco et d’autres sont Brésiliens) donne à ses supporters sont cruels et coûteront sa place à l’apprenti Ferguson, Carlos Queiroz.

Groupe 2 – Andronic, ce héros !

Son nom ne vous dit rien et pourtant, Valeriu Andronic, le milieu de terrain du Bohemian Prague, en égalisant pour la Moldavie à la dernière minute face à la Grèce, a rendu un fier service à la Suisse, mais aussi à la Lettonie, en mettant sa tête au bon endroit et au bon moment. Le nul entre Moldaves et Grecs devrait également calmer la presse hellène, qui accusait l’arbitre d’être l’unique responsable de la défaite à Bâle, propulsant ainsi la «Suisse de Blatter» en Coupe du Monde…
Notre Nati va donc, suite à ses deux bonnes opérations (oui oui, DEUX bonnes opérations), finir en tête du groupe, à condition, cette fois, de ne pas perdre face à l’ogre luxembourgeois le mois prochain. Israël peut toujours espérer jouer les barrages, puisque les extra-Européens pourraient profiter de ramasser les miettes laissées par les Lettons et les Grecs pour leur ravir la place de barragiste sur le fil… Mais ça semble quand même peu probable. Mon prono ? Suisse en tête et Lettonie en barrages.

Groupe 3 – L’élève loin devant le maître

Sauf cataclysme, la Slovaquie terminera en tête de son groupe, loin, très loin devant son grand frère tchèque. La victoire en Irlande du Nord donne en effet 5 points d’avance aux Slovaques sur leur nouveau dauphin, la Slovénie.
Derrière le leader, tout le monde (sauf St-Marin, mais ai-je besoin de le préciser), peut encore espérer accrocher les barrages. En effet, Slovénie, Irlande du Nord, Tchéquie et Pologne se tiennent en trois points et les matches d’octobre seront tendus jusqu’à la dernière seconde. Mais avec une rencontre de plus à son actif, l’Irlande du Nord n’a plus son destin en mains et devrait échouer aux portes de l’exploit. La Slovénie, qui doit encore affronter la Slovaquie et St-Marin, semble bénéficier d’un calendrier plus ouvert et devrait accrocher les barrages.

Groupe 4 – Le fossé

La sérieuse Mannschaft a fait son travail en s’imposant sans briller (4-0 quand même) face au cauchemar de Rolf Fringer, l’Azerbaïdjan. Les Russes ont également fait leur travail en glanant 6 points face au Liechtenstein, puis au Pays de Galles.
Nos voisins préciputaires… ah non, principautaires, c’est à souligner, ont fait aussi bien que la Mannschaft en début de qualifications, en accrochant la Finlande à domicile. Le but de Polverino (Aarau) répondant au pénalty de la légende Jari Litmanen (ex Barça, Liverpool et Ajax, aujourd’hui à Lahti) a anéanti les maigres espoirs finlandais de revenir à la deuxième place.
La prochaine journée verra enfin le dénouement de ce groupe soporifique, avec le sommet Russie-Allemagne. Au sein du groupe, l’enjeu est la première place. Pour les futurs barragistes, il s’agira de toute façon de prier pour éviter de tomber sur un de ces deux gros morceaux…

Groupe 5 – Ticket validé pour la Roja

En survolant son groupe et en écrasant les modestes Belgique et Estonie, le champion d’Europe a tout naturellement validé son ticket pour l’Afrique du Sud. Avec un jeu séduisant et une force offensive impressionnante, les hommes de Del Bosque n’ont jamais été inquiétés par la faible concurrence que le tirage de ce groupe lui réservait. A noter que le portier Iker Casillas a battu l’impressionnant record du légendaire Andoni Zubizarreta en signant son… 57ème blanchissage en équipe nationale.
Faible concurrence ? Il suffit de lire le classement et de constater la deuxième place de la Bosnie d’Edin Dzeko pour s’en rendre compte. D’ailleurs, le nul entre Turcs et Bosniaques semble avoir définitivement figé les positions. Suite à ce résultat, les Ottomans n’ont plus leur sort entre leurs mains et les 6 points probables en octobre (contre la Belgique et l’Arménie) pourraient ne pas suffire à envoyer un cinquième représentant asiatique en Afrique du Sud.
La Belgique, battue en Espagne et en Arménie sans avoir jamais rien montré, a atteint le sommet du ridicule. D’ailleurs l’entraîneur intérimaire Vercauteren a démissionné arguant que le «ressort était cassé»… Qui d’autre que Gilbert Gress, autoproclamé meilleur entraîneur du monde, accepterait de mener la Belgique vers ses deux défaites en octobre, sachant que Dick Advocaat n’entrera en fonctions qu’en janvier ?

Groupe 6 – La revanche anglaise

Privé d’Euro 2008 suite à une défaite gag contre la Croatie, l’équipe aux trois lions a remis les choses au point en atomisant cette même Croatie 5-1, résultat qui reflète mieux la valeur réelle de ces deux équipes, quoi qu’on en dise. OK, les Croates, sans Modric et Corluka, ont un peu démissionné à 2-0. Mais l’Angleterre peut afficher de grandes ambitions pour cette prochaine Coupe du Monde. Lampard et Gerrard au milieu, s’ils arrivent à s’entendre, c’est du lourd, du très lourd.
La revanche anglaise est même double. Avec cette défaite, le sort des Croates est désormais suspendu au bon vouloir des Ukrainiens. Mais, vu le niveau affiché hier par l’équipe à damiers, le toujours périlleux déplacement au Kazakhstan risque d’être plus difficile que l’exotique promenade que les joueurs imaginaient. L’Ukraine, quart de finaliste en 2006, aura sa chance de défendre ce statut, s’ils passent les barrages.

Groupe 7 – Les Bleus sauvés malgré eux

Moi, Domenech, j’adore. Pourquoi ? Parce que tant que Domenech est là, l’équipe nationale française et les Guignols de l’Info me garantissent quelques fous rires. Après avoir réussi l’exploit de concéder le nul à la Roumanie, sans pourtant que celle-ci ne se soit créée la moindre occasion, la maison française semblait vaciller. Déclarations dans la presse, démenties, reniées, mais déclarations quand même, bonne ambiance de façade (qui mériterait d’ailleurs une couche de vernis)… Avant d’affronter la coriace équipe de Serbie, le moral et la situation des Bleus n’étaient pas au beau fixe.
Arrachant un match nul, les Hexagonaux se retrouvent deuxièmes et quasiment assurés de jouer les barrages. Domenech, s’il parvient à qualifier ses Bleus au Mondial, pourra toujours remercier la Roumanie, qui a tenu l’Autriche, étonnant poursuivant, en échec. Mais nul doute que dans un groupe plus consistant, les Raymond Boys, vu ce qu’ils présentent, ne s’en seraient pas tirés si facilement.
Pour l’anecdote, notons l’historique succès des Iles Féroé face à la Lituanie. Cela faisait en effet plus de 5 ans que les insulaires n’avaient pas inscrit deux buts en un match.

Groupe 8 – Le Brésil a Kaka, l’Italie a Kakha

Deux buts en un match, les deux contre son camp, c’est la performance que Kakhaber Kaladze a dû sortir pour permettre à une Italie peu inspirée de venir à bout d’une Géorgie très limitée. Cette performance est tellement exceptionnelle et tombe tellement à point pour la Squadra, qu’on en viendrait à douter de l’honnêteté du défenseur du Milan AC… Je pense que je me ferais incendier en supposant que Kaladze est un vendu, alors je ne le ferais pas. Mais…. Enfin, ce doublé a au moins le mérite de changer des pénaltys imaginaires et des hors-jeux permanents d’un certain Pipo.
Trêve de sous-entendus, la victoire de la Squadra face à la Bulgarie ne doit par contre rien à personne. Avec 7 (!) joueurs de la Juve titularisés, l’Italie est tranquillement venue à bout de son opposant, jusqu’alors invaincu dans ces qualifs. Cette défaite sonne le glas des ambitions bulgares.
En allant s’imposer à Chypre, l’Eire a conforté sa deuxième place. Trop loin de la Squadra pour l’inquiéter et trop loin des Bulgares pour être inquiétés, les Irlandais n’ont plus qu’à attendre le tirage au sort des barrages et à croiser les doigts pour tomber sur un petit…

Groupe 9 – Terminus, tout le monde descend

Toutes les rencontres de ce groupe 9 ont été jouées. Si la qualification des Pays-Bas était déjà acquise, la petite victoire en Ecosse permet aux Néerlandais de rendre une carte parfaite.
La Norvège a arraché la deuxième place du groupe à cette même Ecosse lors de la dernière journée. Cependant, il est inutile de parler de barrages. Les Scandinaves ne comptent que 10 points et devraient finir à la plus mauvaise place imaginable, celle de pire deuxième de groupe.
Pas trop de regrets à nourrir, néanmoins, puisque les chances des Norvégiens en barrages auraient été – à l’image de celles de la Lettonie – quasi nulles.

Écrit par Arnaud Antonin