Le grand sommeil

Quatre unités de plus au classement, une quatrième place désormais à portée de fusil, des Fribourgeois complètement distancés, et même, comble du luxe, un but en powerplay ! Que demande le peuple ? La manière ? Vous êtes exigeants, quand même.

Bon, d’accord, les matches du week-end n’ont pas vraiment atteint des sommets de spectacle ni de technique. Il faut dire que Genève-Servette se voyait proposer deux de ses plus fidèles fournisseurs officiels de somnifères.Comme première lame de ce week-end rasoir, les Vernets accueillaient les Tigres fromagers de l’Emmental. Lesquels sont avides de points, entrevoyant la porte des playoffs avec, pour la première fois en onze saisons dans l’élite, un réel espoir de ne pas se la prendre dans la figure.
Mais depuis qu’ils sont privés de leur génie sur un patin Jeff Toms, ils n’ont plus grand-chose à offrir en terme de jeu, sinon une grosse présence physique et un cœur certain. Un cocktail qui fait plus penser à une équipe de playout, mais n’anticipons pas.
Pour apporter un plus, les gens de l’Ilfis ont su profiter des largesses d’Arno del Curto, dont le HC Davos, entre les départs annoncés de joueurs plusieurs mois avant la fin de la saison, le débauchage avec effet immédiat de rivaux sous contrat ou le prêt «yo-yo» de joueurs surnuméraires, ressemble moins à un club de hockey qu’à une entreprise d’import/export. Cette fois, c’est Sven Helfenstein qui changeait de club, ce qui n’est pas vraiment une surprise. Les Grisons semblent d’ailleurs donner des idées à leurs petits camarades, puisqu’on retrouvait également dans l’effectif des visiteurs un certain Reto Kobach, qui doit en être à son 1253e aller-retour entre la ville et la campagne. On pourrait presque lui attribuer le titre de pendulaire.
Ces changements d’effectifs portaient leurs fruits puisque ce brave «Elephantstein» mettait à profit deux largesses de la défense genevoise pour inscrire les deux réussites de son équipe.
Et Genève-Servette dans tout ça ? Eh bien ils ne furent pas loin d’inexistants pendant tout le temps réglementaire. Preuve qu’il n’étaient pas dans leur assiette: ils s’égarèrent à inscrire un but en supériorité numérique, qui plus est par la deuxième unité. Mais quand même pas par Jonathan Mercier, il ne faut pas pousser l’incongruité trop loin non plus. Les Aigles montrèrent le bout de leur bec pendant la prolongation, sans succès. Conscients du devoir accompli, ils pouvaient retourner faire la sieste pendant la séance de penalties la plus soporifique de l’histoire du hockey. Dans un instant de distraction, l’homme qui échange des plantes vertes par la poste avec Peter Guggisberg battait Benjamin Conz pour donner la victoire aux siens.
Dans le rôle de la deuxième équipe qui nous arrache leeentement les poils sans parvenir à sauver sa peau venaient ensuite les Lacustres de Rapperswil et de Jona. Englués en fond de classement, menaçant d’être rejoints par Ambrì et même – suprême déchéance – par Bienne et attendant comme le Messie l’arrivée de leur nouvel entraîneur, les gens de la Cité des Roses turquoise ne paraissaient pas une proie bien consistante. Ce qui sembla se confirmer rapidement. Suite au troisième but genevois, certains supporters quittaient déjà leur antre si bien décoré, alors même que la rencontre n’avait pas encore assez vécu pour afficher un nombre de minutes à deux chiffres. Au premier thé, les Grenat affichaient quatre unités d’avance et l’on se dirigeait vers une g’osse t’ipotée.
C’était mal connaître Genève-Servette, qui se laissait sagement endormir par les marchands de sable saint-gallois. Tous les parents rêveraient d’enfants aussi disciplinés. Vivant sur le seul talent de Stacy Roest et de Niklas Nordgren (ce qui est déjà pas mal), Rappi marquait un puis deux buts avant la seconde pause.
Lorsque Canard WC et ses copains revenaient à une longueur, quelques gouttes de sueur perlaient enfin sur les fronts genevois. Fort heureusement, en resserrant un peu le jeu, les Aigles parvinrent sans trop de difficulté à contenir un adversaire qui retombait dans ses travers du début de match. Tony Salmelainen se trouvait ainsi totalement seul dans le slot pour tromper imparablement un Marco Streit qui n’en demandait pas tant.
Afin de jauger l’engagement incroyable de cette partie, il suffit de jeter un œil au tableau des pénalités: trois contre les hommes de McSorley (dont une pour équipement incorrect et une pour un dégagement dans les tribunes), rien, nada, nichievo, peau de balle contre Rappi.
Mais voici enfin la pause de l’équipe nationale pour récupérer de tous ces efforts.
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Genève-Servette – Langnau Tigers 2-3 tab (0-1 1-0 1-1)

Patinoire des Vernets, 6’059 spectateurs.
Arbitres : D. Stricker ; R. Arm, P. Küng.
Buts : 5’10 S. Helfenstein (M. Joggi, M. Bayer) 0-1, 33’44 J. Gobbi (T. Deruns, I. Fedulov / 5 contre 4 ! / M. Stettler) 1-1, 43’53 B. Ritchie (J. Gobbi, T. Salmelainen) 2-1, 44’36 S. Helfenstein (M. Joggi) 2-2.
Tirs au but : T. Salmelainen (arrêt), D. Steiner (arrêt), I. Fedulov (arrêt), F. Sutter marque 0-1, B. Ritchie (arrêt), M. Kariya tire à côté, J. Kolník se prend les pieds dans le tapis, M. Joggi tire à côté, D. Rubin (arrêt).
Pénalités : 3 x 2’ + 10’ (J. Kolnik / méconduite) contre Genève-Servette, 4 x 2’ contre Langnau.
Genève-Servette : B. Conz ; G. Bezina (-1), D. Vukovic (‑) ; O. Keller (‑), J. Gobbi (+1) ; R. Breitbach (0), S. Schilt (-1) ; J. Mercier (-1), F. Heynen (‑) ; J. Kolník (+1), B. Ritchie (+1), D. Rubin (‑) ; T. Deruns (-1), S. Aubin (‑), T. Salmelainen (+1) ; R. Suri (‑), M. Trachsler (-1), J. Cadieux (-2) ; I. Fedulov (-2), T. Kast (‑), F. Debrunner (‑). Absents : M. Hoehener, G. Mona, P. Savary, F. Conz, C. Rivera, G. Augsburger (blessés) et J.-P. Vigier (surnuméraire).
SCL Tigers : M. Schoder ; R. Kobach (-1), M. Stettler (0) ; J. Niinimaa (+1), E.-R. Blum (+1) ; C. Moser (‑), S. Gmür (‑) ; M. Bayer (+1) ; E. Healey (-1), M. Kariya (-1), Si. Moser (-1) ; O. Setzinger (‑), F. Sutter (‑), D. Steiner (‑) ; C. Moggi (‑), A. Camenzind (‑), A. Gerber ; M. Joggi (+2), M. Bieber (+2), S. Helfenstein (+2). Absents : J. Toms, C. Murphy, M. Zeiter, S. Moggi, S. Lüthi (blessés), A. Tallarini (à Olten) et St. Moser (à Langenthal).
Notes : 27’13 B. Conz arrête un penalty peu inspiré d’O. Setzinger consécutif à une faute de G. Bezina. 31’29 Pour une fois que J. Cadieux marque, son but est annulé pour cause de rebond sur le casque du gardien.

Rapperswil-Jona Lakers – Genève-Servette 3-5 (0-4 2-0 1-1)

Diner’s Club Arena, 4’357 spectateurs, mais moins après 9 minutes et demie.
Arbitres : S. Eichmann ; J. Dumoulin, N. Fluri.
Buts : 2’44 T. Kast (R. Suri, F. Debrunner) 0-1, 6’44 B. Ritchie (J. Kolník, D. Rubin) 0-2, 9’31 G. Bezina (T. Salmelainen, S. Aubin) 0-3, 11’29 D. Rubin (B. Ritchie, J. Kolník) 0-4, 32’16 S. Friedli (N. Nordgren, S. Roest) 1-4, 34’21 N. Nordgren (S. Roest) 2-4, 49’43 N. Nordgren (C. Berglund, S. Roest) 3-4, 56’18 T. Salmelainen (B. Ritchie, O. Keller) 3-5.
Pénalités : 0 x 2’ contre les Lakers, 3 x 2’ contre Genève-Servette.
Rapperswil-Jona Lakers : M. Streit ; G. Voisard, C. Geyer ; S. Berger, P. Fischer II ; P. Parati, K. Mitchell ; P. Svensson, M. Schefer ; N. Sirén, S. Roest, N. Nordgren ; C. Berglund, L. Burkhalter, S. Friedli ; A. Rizzello, M. Bütler, S. Voegele ; K. Lindemann, S. Tschuor, S. Hürlimann. Absents : S. Reuille, N. Guyaz, R. Raffainer (blessés) et S. Lindström (suspendu).
Genève-Servette : B. Conz ; G. Bezina, D. Vukovic ; O. Keller, J. Gobbi ; R. Breitbach, S. Schilt ; J. Mercier, F. Heynen ; J. Kolník, B. Ritchie, D. Rubin ; T. Deruns, S. Aubin, T. Salmelainen ; I. Fedulov, M. Trachsler, J. Cadieux ; R. Suri, T. Kast, F. Debrunner. Absents : M. Hoehener, G. Mona, P. Savary, F. Conz, C. Rivera, G. Augsburger (blessés) et J.-P. Vigier (surnuméraire).
Notes : 34’21 Temps mort pour Genève-Servette.

Écrit par Yves Grasset